La fraternité vue dans la Bible

LA FRATERNITE VUE DANS LA BIBLE

Retraites à Montréal 2013

Préambule

Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours été porté par le Canada de façon ou d’une autre. En effet, dès l’école primaire j’étudiai à l’aide des manuels scolaires où il était mentionné : « Papiers donnés par le gouvernement canadien ». Alors je gardais une certaine reconnaissance au Canada que je n’avais jamais vu. A la fin de mes études de philosophie et de théologie au Scolasticat Bx Jean XXIII, le Ministre Provincial me remit une adresse et me demanda de remercier la personne qui a supporté mes études. Et c’était : YVETTE GRISE ; 38 HEBERT ; STE THERESE (QUEBEC) ; J7E 3W5. A ma lettre de remerciement, Yvette réagit en écrivant : « Je suis heureuse d’avoir contribué à la formation d’un prêtre ». Alors je me suis rappelé la pensée de Martin Luther King qui disait que quand nous prenons notre déjeuner, nous sommes redevables à plusieurs personnes : 1° le chinois qui a fabriqué la tasse ; 2° le cubain ou le congolais qui a produit le sucre ; 3° le brésilien qui a produit le café ; 4° le kenyan qui a produit le thé ; 5° le canadien qui a fabriqué la cuillère et le papier serviette, etc…

Pendant mon séjour de six ans à Jérusalem, j’ai eu alors des occasions de contacts avec Yvette, mais depuis 1997 que je suis rentré au Congo, alors Zaire, j’ai perdu ces traces car les désordres de 1990 ont eu pour conséquence la destruction de toutes les infrastructures de communication. Arrivé en Italie en 2009, j’ai tenté de renouer les contacts mais je n’ai plus reçu de réponse.

Aujourd’hui une occasion providentielle m’est offerte pour dire merci et partager les fruits de ma formation sacerdotale et franciscaine avec des Canadiennes et des Canadiens. C’est avec gratitude et joie que je me trouve ici réalisant un rêve suscité par le Canada de mon histoire du primaire et de ma formation sacerdotale. L’expression de ma fraternité universelle franciscaine plonge ses racines dans ma relation avec le Canada.

C’est providentiellement que le Fr Frédéric a porté son choix sur moi pour le représenter à cette retraite annuelle. J’ai choisi comme thème principal, avec quelques sous points à caractère franciscain : Les relations fraternelles dans la Bible à la lumière de la foi

  1. Les récits bibliques sur la fraternité : avertissement pour les chrétiens
  2. Considérations sur la fraternité universelle dans la foi monothéiste juive
  3. Considérations sur la fraternité universelle dans le monothéisme traditionnel africain
  4. Considérations sur la fraternité à la lumière de la foi de Saint François
  5. A la découverte de la Parole de Dieu avec Saint François
  6. Discernement franciscain en fraternité
  7. Accompagnement des frères désemparés
  8. Envoyés évangéliser en fraternité

Premier jour : la foi

Matin : « Je crois en Dieu » ne se réduit pas à « Dieu existe » ou « je crois à l’existence de Dieu ». L’expression implique successivement : Je crois en l’existence de Dieu ; je crois et j’acquiesce au plan de Dieu dans ma vie.

Le mot « foi », dans la Bible, est l’un des mots utilisés pour décrire l’attitude de l’homme devant Dieu. Il est traduit par le latin fides et le grec pistis qui ont le sens premier de « confiance », et ne sont donc pas des mots du vocabulaire religieux, ni du vocabulaire de la croyance. Ces mots sont eux-mêmes la traduction de termes hébreux qui dérivent de la même racine aman, un radical qui évoque la solidité, la fermeté. La foi biblique est donc d’abord affaire de confiance en Dieu, avant de concerner une croyance ou un contenu dogmatique : voir par exemple 1 Samuel 3,20.

Dans l’Évangile, Jésus compare le croyant à un homme qui construit sa maison sur le roc et qui lui confère ainsi un caractère vraiment indestructible (Lc 14, 28-30). Il donne à Simon, le premier disciple à reconnaître en lui le Messie et fils de Dieu, le surnom de « Pierre », allusion à la foi qui fait de lui un roc.

Pour caractériser la relation du croyant à son Dieu, la Bible n’utilise pas, dans ses traductions grecques et latines, le mot de religio qui est habituellement employé dans le monde antique (et qui insiste sur l’observance des rites, l’obéissance aux commandements et le respect scrupuleux des coutumes). Elle marque de cette manière le caractère profondément original de l’attitude croyante en Israël : le croyant n’est pas celui qui croit que Dieu existe, mais qui croit EN Dieu, formulation reprise à dessein dans les symboles de foi chrétiens et sur laquelle reviendra Saint Augustin. Cette foi se vérifie dans la vie quotidienne, par l’observation des commandements. Elle donne la certitude de la réalité de Dieu et de sa vérité.

Pour parler de la foi, plutôt que des énoncés théoriques, on trouvera dans la Bible des récits : le modèle du croyant est ainsi Abraham, que la foi-confiance en Dieu poussera à quitter son pays et à sacrifier son fils. Un autre modèle est Job, qui conserve la foi malgré la souffrance injuste dont il est victime.

Le Nouveau Testament propose, lui aussi, un modèle de croyant : Jésus, dont Paul nous dit dans la Lettre aux Galates que, par sa foi, il est l’auteur de notre salut. Le geste dans lequel Jésus manifeste ce qu’est la foi est l’offrande qu’il fait de sa propre vie, dans un acte de confiance totale en Dieu. La foi est ainsi, pour les Écritures chrétiennes, le lieu du salut de l’humanité. La foi n’est pas innée selon Paul, « elle vient de ce que l’on entend et on entend par une parole du Christ » (Romains 10:17) [9]

Une définition, sous forme de parallélisme, est proposée dans la lettre  aux Hébreux (11, 1) comme suit : « La foi est la garantie de ce qu’on espère (la solide confiance en ce qu’on espère), la preuve de réalités qu’on ne voit pas »[9]. L’auteur montre ensuite, en citant de nombreux exemples du passé d’Israël, qu’une foi vivante pousse à l’action, quelles que soient les difficultés, l’opposition, les menaces, les tortures, voire la mort.

L’apôtre Jacques (4,26) précise quant à lui que « la foi sans œuvres est morte ». Un autre modèle de croyante est Marie, mère de Jésus, qui a cru, la première, en la réalisation de la promesse qui lui était faite par l’ange Gabriel.

La foi biblique, si elle concerne d’abord la confiance en Dieu, n’exclut nullement la dimension de connaissance des réalités divines. Cette connaissance se situe simplement dans le contexte plus fondamental d’une relation inter-personnelle à Dieu.

 Cain et Abel

I.Les récits bibliques sur la fraternité : un avertissement pour nous chrétiens

 « Un jour en marchant dans la plaine, j’ai vu au loin une bête. En m’approchant je me suis aperçu que c’était un homme. En arrivant près de lui, j’ai vu que c’était mon frère.« 

Ce proverbe illustre bien la route à parcourir pour rencontrer et reconnaître le frère.

La fraternité est dans ce désir d’étendre les liens familiaux à toute la famille humaine[1].

Pour les chrétiens, elle indique que nous sommes tous frères en Jésus-Christ et que nous avons tous le même Père. La notion de fraternité dans les premiers chapitres de la Bible : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Gn 4, 9-10. « Tu n’endurciras pas ton coeur ni ne fermeras ta main à ton frère pauvre » Dt 15, 7. « Tu dois ouvrir ta main à ton frère, à celui qui est humilié et pauvre dans ton pays » Dt 15, 11. La fraternité est aussi au coeur du message de Jésus. D’un point de vue strictement humain, on la retrouve comme une « obligation » dans l’article premier de la Constitution Universelle des Droits de l’Homme : « Tous les êtres humains (…) doivent agir les uns les autres dans un esprit de fraternité« . Cependant, la fraternité ne va pas forcément de soi : discerner le visage de l’autre est un chemin long et difficile qui nous oblige à renouveler notre regard chaque jour.

Epreuve d’une relation fraternelle : paradigme Caïn et Abel prise de note Cf. paroisse pdf

Ici, le Seigneur est un Dieu qui se fait proche de l’homme. L’importance des dialogues en est le signe. Dès la tentation, le Seigneur Dieu se manifeste pour avertir Caïn de façon à ce qu’il se ressaisisse[2].

La tentation

Dans le chapitre précédent, on voyait le serpent tentateur agir auprès de la femme. Ici, au contraire, c’est le SEIGNEUR qui met en garde Caïn contre elle et rappelle qu’il est possible de la dominer.

Cela redit d’abord que la tentation, d’une part n’est pas un péché, d’autre part n’aboutit pas inéluctablement au péché : elle est une épreuve contre laquelle il est possible de lutter. Au début de son ministère, Jésus y sera affronté et saura la dominer.

En même temps, le texte nous dit le sérieux de la tentation avec une formule saisissante : si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi… Ce faisant, l’histoire de Caïn et Abel nous remet devant notre responsabilité, c’est-à-dire notre liberté de choisir entre le bien et le mal : ce dernier n’est pas une fatalité.

Après le meurtre, l’intervention de Dieu n’est pas présentée d’abord pour condamner Caïn, mais pour le mettre face à son acte, lui permettre de faire la vérité.

  • Conséquences du meurtre. Le dialogue aboutit à l’annonce du châtiment : la malédiction. Curieusement, elle n’est pas dite venir de Dieu, mais de la terre : même le sol ne peut admettre l’acte de Caïn. La terre ne peut plus donner de nourriture à l’homme qui agit contre la vie.
  • Protection sur Caïn : il en appelle au Seigneur d’un châtiment qu’il juge trop lourd, et le Seigneur entend le cri du meurtrier : malgré son crime, Dieu ne permet pas qu’il soit traité n’importe comment ni qu’il soit mis à mort.
  • Culte rendu à Dieu : Si Genèse 4 mentionne des offrandes au Seigneur (v. 3-5), ou l’invocation de son Nom, c’est que l’idée d’un culte rendu à Dieu va de soi pour les auteurs du Livre des origines.

Entre Caïn et Abel, le texte fait bien des différences :

  • Quand Eve enfante Caïn, elle exulte avec un jeu de mots sur son nom, mais quand elle enfante Abel, elle ne dit rien…
  • Quand Caïn a tué Abel, le Seigneur a un long dialogue avec lui, et il nous est même dit où Caïn s’en va : au pays de Nod, à l’Orient d’Eden. Le Seigneur ne parle pas avec Abel…
  • Après le meurtre d’Abel, le texte nous présente toute la descendance de Caïn : d’abord un fils, Hénok – et nous voyons Caïn bâtir une ville du même nom – puis les descendants de son fils…
  • enfin, le nom que porte Abel est bien pâle…

Alors ? Elémentaire ! Le texte s’intéresse à Caïn et non à Abel ; pourquoi ? Le texte en donne aussi des indices :

  • Gn 4,1 présente la naissance du premier enfant d’Adam et Eve,
  • Immédiatement après le meurtre d’Abel, il y a encore des généalogies : celle de Caïn puis de son descendant Lamek. Enfin, le chapitre présente une autre branche généalogique à partir d’Adam,
  • Pour nombre de ces personnages, on dit de qu’ils furent les ancêtres : pasteurs, agriculteurs, forgerons, musiciens…

Mais c’est bien sûr… qu’une des préoccupations du texte est de montrer comment l’humanité commence à se structurer, à acquérir ses modes de vie : comme il y a Adam et Eve, ancêtres de toute l’humanité, il faut des ancêtres à chaque groupe humain, des généalogies. C’est à elles que vient peut-être s’ajouter le récit du meurtre.

Des noms évocateurs

Parce qu’on sait que, dans la Bible, le nom dit l’identité de la personne, on recherche la signification de ceux des acteurs du texte.

  • Eve donne une une signification au nom de Caïn, faisant un jeu de mots sur lui : j’ai procréé un homme avec le Seigneur. Jeu de mots entre Caïn et le verbe procréer ou, mieux, acquérir, acheter. Mais le terme a sans doute aussi à voir avec le travail du métal, et il sert alors à présenter Caïn comme l’ancêtre de ceux qui travaillent les métaux : ce fut sans doute un tel progrès pour la civilisation qu’il fallait donner un père à cette corporation.
  • Quant à Abel, le nom peut se traduire par buée, souffle ou sans valeur, attribué à celui qui n’est présenté que pour être tué par son frère…

Message de se texte

  • Genèse 4 ne s’intéresse pas à l’existence des deux frères : nous ne savons presque rien sur Abel et nous ne les voyons pas se disputer, même si, souvent, pasteurs et agriculteurs sont en conflit – les bêtes des uns pouvant abîmer les terres des autres. Le texte porte donc sur la question du meurtre : sa genèse et ses conséquences.
  • A travers le récit de la chute en Gn 3, il était question de la relation à Dieu, ici, il s’agit des relations avec le frère, mais les deux textes sont construits de la même façon : tentation, chute, dialogue avec Dieu, châtiment qui n’est pas la mort, enfin exil.

 L’histoire de Cain et Abel n’exprime pas l’échec de la fraternité, mais l’échec de son anéantissement, elle doit être une relation à construire et non donnée d’emblée[3]. Dieu continue à désigner le défunt Abel comme « ton frère », lorsque il s’adresse à Cain et les enfants de Cain seront appelés « frères et sœurs ». Tous ceux qui ont tenté un génocide ont échoué, car ils n’ont pas pu exterminer toute la nation ou l’ethnie qu’ils programmaient d’exterminer. Il reste toujours un rescapé qui reconstruira … et qui deviendra témoin de l’échec du génocidaire. Le plan de Dieu résiste et échappe à la tentative de l’homme à le supprimer.

Dans la version du Coran on a des échos de ce récit.

Allah dit :

« Et raconte-leur en toute vérité l’histoire des deux fils d’Adam. Les deux offrirent des sacrifices; celui de l’un fut accepté et celui de l’autre ne le fut pas. Celui-ci dit : “Je te tuerai sûrement”. “Allah n’accepte, dit l’autre, que de la part des pieux”. Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n’étendrai pas vers toi ma main pour te tuer : car je crains Allah, le Seigneur de l’Univers. Je veux que tu partes avec le péché de m’avoir tué et avec ton propre péché : alors tu seras du nombre des gens du Feu. Telle est la récompense des injustes. Son âme l’incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants. Puis Allah envoya un corbeau qui se mit à gratter la terre pour lui montrer comment ensevelir le cadavre de son frère. Il dit : “Malheur à moi ! Suis-je incapable d’être, comme ce corbeau, à même d’ensevelir le cadavre de mon frère ? ” Il devint alors du nombre de ceux que ronge le remords. »

[Sûrate 5, V- 27-31).

Pour réfléchir…

  • Personnellement, par quoi suis-je particulièrement frappé dans le texte ?
  • Comment Dieu se révèle-t-il dans ses dialogues avec Caïn ?
  • Quelle signification donner à la protection mise sur Caïn ?
  • Comment comprendre que le premier récit de la Bible sur les « fils d’homme » soit celui d’un meurtre ?

Cette question de Caïn est toujours actuelle : sommes-nous responsable de la personne qui vit à côté de nous, qu’il soit membre de notre famille ou qu’il soit le SDF croisé chaque jour ?

(http://www.etdieudanstoutca.com/bible/cain-et-abel-le-premier-fratricide/suis-je-le-gardien-de-mon-frere, (19 aout 2013)

Dieu demande à Caïn : « Où est ton frère ? »  La réponse est agressive ; la colère semble encore bouillonner. Caïn tente alors de se dégager de toute responsabilité à l’égard de son frère : « Je ne sais, répondit-il, suis-je le gardien de mon frère? » A vrai dire, il ne manifeste aucun regret sincère. Il ne veut pas avouer son crime et à la question posée par Dieu s’il savait où était son frère, il répond par une autre question, montrant qu’il refuse tout sens de responsabilité dans son acte meurtrier.

Responsable de tous ?
Suis-je le gardien de mon frère? Et bien, oui, nous sommes le gardien de notre frère nous dit Jésus à chaque page d’Évangile… Ce n’est pas une question de sang. Que nous le voulions ou non, que nous y soyons sensible ou pas, que cela heurte nos opinions ou nos affinités, Dieu fait de chaque être humain mon frère ou ma sœur.
Mais comment pourrais-je être gardien des six milliards d’êtres humains ? C’est justement en cela que le message du Christ est incroyable. Il responsabilise et libère à la fois. Chacun doit choisir par lui-même, à chaque moment de sa vie, de qui il se reconnaît responsable et comment.
Chacun est responsable de ces choix, puisqu’ils sont libres. Chacun est responsable de ce qu’il fait, mais aussi responsable de ce qu’il n’a pas fait et aurait pu faire.

Certes la vie serait bien plus simple si Dieu nous donnait sans cesse des ordres : «voici la liste des choses que tu dois faire». Nous serions alors un rouage pour que l’ensemble de la machine « terre » fonctionne bien. Nous ne pourrions avoir aucune initiative personnelle. D’un certain côté, cela serait peut-être reposant, mais moi, je finirais par exploser.

Devenir frères, comment faire ?


Il s’agit pour nous de dépasser les rancunes, les amertumes, les haines, les peurs, les convoitises, et de passer de la jalousie à la louange, de la vengeance au pardon.
Il s’agit pour nous d’entrer en étroite solidarité humaine, de laisser la grâce du pardon de Dieu traverser toutes les zones de refus qui habitent notre propre cœur. Il s’agit de ne pas nous dérober au combat des ténèbres et de la lumière qui se joue en notre propre vie … Il s’agit en vérité de nous asseoir à la table des pécheurs et de nous reconnaître l’un d’eux, enfant de Dieu pardonné, fils dans le Fils Unique, frère dans le Christ notre Frère.

Qu’as-tu fait de ton frère? demandent les évêques de France
Le 18 octobre 2006, les évêques de France ont adressé une lettre à la population française. Que nous soyons chrétiens ou non, la question qu’ils nous posent nous concerne tous : «Qu’as-tu fait de ton frère?».  Tous les humains sont frères, parce qu’ils habitent la même terre. Les croyants des grandes religions monothéistes ajoutent que c’est à Dieu que nous devons la Vie. Les chrétiens l’appellent ‘Père’.
Le monde d’aujourd’hui est devenu comme un village où tout se sait immédiatement! Et dans ce village le sang continue à couler, la mort continue à frapper, violente, à cause de la guerre ou la famine… Plus personne ne peut dire comme Caïn : «Je ne sais pas !»
Pourquoi cette lettre des évêques? La France est alors comme un quartier de ce village mondial.

Soir : Le récit des Descendants de Noé, indice d’une fraternité universelle

Les descendants de Noé

Voyons : Japhet a 7 fils, le premier d’entre eux en ayant à son tour 3 ; Sem a 5 fils ; Cham n’en a que 4, mais son petit Canaan lui donne 11 petit-fils… Bref, si vous comptez bien, vous parvenez à 70 ‘nations’ (72 dans certaines versions) qui descendent de Noé.

Ce nombre n’est pas un hasard : pour l’homme biblique, il évoque la totalité, qu’il s’agisse de 72, multiple de 12 – comme les tribus d’Israël – ou de 70. Ainsi, ce sont bien toute les nations sur la terre qui sont issues de Noé, celui qui a déjà sauvé le genre humain. Pour la foi biblique tous les hommes sont frères et sœurs[4].

Dieu fait alliance avec toute l’humanité

Quand on évoque l’Alliance, on pense à Abraham ou à Moïse, rarement à Noé. Et pourtant, l’alliance particulière que rapporte le Livre des origines garde trace de la volonté de Dieu de contracter une alliance, non seulement avec quelques élus ou avec un peuple, mais avec toute l’humanité. Dès les premières pages du livre de la Genèse, nous sommes ainsi invités à avoir pour horizon possible un universalisme du salut qui conteste tout particularisme. François d’Assise y sera très attentifs car il découvrira en Dieu le Père de toute l’humanité.

On comprend alors pourquoi les descendants de Noé portent des noms qui sont aussi ceux de territoire. Parmi les fils de Cham, il y a Miçraïm (l’Egypte !) puis Canaan dont on repère que Sidon est le premier-né. Mais Sem n’est pas en reste, lui dont naquit le père de tous les fils de Eber : faut-il voir en eux les Hébreux ? En tout cas, de Sem naîtront aussi Assour (l’Assyrie) et Aram…

L’Ancien Testament comporte plusieurs alliances entre Dieu et les hommes, et nous voyons que quand Dieu contracte une alliance dans la Bible, c’est…

  • avec un homme, comme Abraham : C’est à ta descendance que je donne ce pays, du fleuve d’Egypte au grand fleuve, le fleuve Euphrate… (Gn 15,18), ou encore : Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi… Voici mon alliance avec toi : tu deviendras le père d’une multitude de nations… (Gn 17,2…4)
  • avec un peuple : Israël sur le Sinaï : Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait à l’Egypte… Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez ma part personnelle parmi tous les peuples… (Ex 19,4-5)

Dans chacun des cas, Dieu choisit, c’est-à-dire élit un partenaire. Il n’y a d’ailleurs pas que Dieu qui noue des alliances (ainsi Abraham avec le roi Abimelek).

Mais en Gen 9, Dieu parle à Noé de l’alliance que je mets entre moi et toute chair qui est sur la terre : c’est l’humanité qui ne sera jamais plus détruite par le déluge. Ce n’est pas seulement avec Noé que Dieu fait alliance…

Ici, l’alliance déborde Noé pour être conclue avec l’humanité tout entière. Cela confirme ce que nous constatons depuis le début : nous ne sommes pas encore dans l’histoire du salut, mais toujours dans celle des origines : c’est-à-dire cette histoire qui ne nous est pas immédiatement accessible et déborde les personnes.

Nous refermons ici le Livre des origines. L’homme et la femme ont été créés, ils ont éprouvé leur frargilité et, simultanément, la présence miséricordieuse de Dieu au coeur même de cette fragilité.

Dans cette lecture apparaissent des constantes : la passion de la diversité que manifeste Dieu, sa sollicitude pour toutes les espèces : Dieu n’aime jamais en général, mais toujours au singulier : c’est moi qui suis aimé de Dieu… comme tous mes frères.

Cet amour de la diversité se conjugue avec un universalisme : Gn 1-11 essaie de rendre compte de l’origine de tous les hommes de la terre, affirmant ainsi dès le début qu’aucun n’est étranger au projet créateur de Dieu et ne peut être laissé de côté.

Deuxième jour : Considération de la fraternitè universelle dans la foi monothèiste juive

Considérations du judaïsme (matin)

Fraternité, altérité et similitude (Gabiel Hagai)[5] pdf (matin)

Considération africaine[6] de la fraternité universelle dans le monothéisme traditionnel (soir)

Ubuntu : Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes, philosophie zulu 
19/09/2005  http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=823&PHPSESSID=88e24c84d05c13da8afd61b93a5189e8 (15-6-2013)

Il n’est que trop rare de lire ou relire les proverbes, dictons, philosophies d’Afrique sous le prisme de leur contribution au questionnement sur les fins ultimes de l’homme, ses attentes fondamentales, ses certitudes, son infinitude. Avec le concept zulu d’Ubuntu, les Africains proposent une vision radicalement novatrice de la conscience de soi et simultanément de l’Altérité, disposant à une éthique collective où respect, dialogue, compassion, consensus sont des conséquences évidentes.

Le concept philosophico-religieux d’Ubuntu provient d’Afrique du Sud, de la culture zulu précisément et a acquit progressivement, avec la fin de l’Apartheid, une notoriété internationale. La transition relativement pacifique [après la longue et sanglante lutte d’indépendance] du régime d’Apartheid à la démocratie One man One vote n’avait pas suscité dans les années 90 l’explosion de violence anti-blancs et de revanche incontrôlée que beaucoup d’observateurs avaient prédit. Au contraire l’Afrique du Sud s’était engagée dans une difficile et émouvante thérapie collective, mise en œuvre par la commission Vérité et Réconciliation, chargée de panser les plaies ouvertes des milliers de familles noires victimes des massacres et horreurs du régime afrikaner. 

Le concept d’Ubuntu par sa force et sa singularité, particulièrement moderne, a exercé une séduction sans précédents dans les milieux solidaires planétaires au point d’offrir involontairement son nom à un programme gratuit sur internet, un logiciel Ubuntu distribué par Linux.

Umuntu ngumuntu ngabantu : une personne est ce qu’elle est à travers les autres, par les autres, c’est ainsi que cette philosophie s’énonce, explicitée à l’échelle de la pratique individuelle par Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix sud-africain : « Quelqu’un d’ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi -qui vient de la connaissance qu’il ou elle a d’appartenir à quelque chose de plus grand- et qu’il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou oppressés. » Si l’humanité entière se sentait solidaire on aurait résolu la tragédie des 500000 Femmes violées dans quelques années en République Démocratique du Congo[7]. Le phénomène est une conséquence directe du génocide Rwandais. L’humanité est liée et subit le même sort. Une injustice dans quelque région a des conséquences sur l’humanité entière.

Dans cet ouvrage, l’auteur, Louis Guinamard, a recueilli les récits de celles qu’on nomme les « survivantes », ces femmes violées qui luttent pour que leur vie préservée reste une chance, non une souffrance. Cet ouvrage livre ces paroles dans leur brutalité, les retranscrivant au silence près…

« Il faut entendre l’intime de ces vies pour mesurer l’ampleur du traumatisme, mesurer l’impact du viol ».

Isabelle, Faïda, Cécile, Rachèle, Minie, Devota… Ces femmes habitent l’est de la République démocratique du Congo, une région en guerre depuis plus de quinze ans. Un jour, alors qu’elles allaient aux champs ou qu’elles étaient chez elles avec leurs enfants et leur mari, des hommes armés ont fait irruption et les ont violées. Depuis 1996, elles sont au moins 200 000 à avoir subi ces crimes dans cette région. Avec un courage exceptionnel, elles prennent la parole pour dire au monde ce qu’elles ont enduré, pour dénoncer leurs bourreaux, membres des diverses milices qui se sont battues pour le contrôle de ce territoire riche en matières premières suite au génocide rwandais de 1994. Ils sont miliciens Interahamwe venus du Rwanda, Maï Maï, militaires de l’armée régulière congolaise, enfants soldats perdus dans la guerre, parfois aussi civils qui s’affranchissent des tabous avec un sentiment d’impunité inouï.

Dans ce livre, des femmes parlent de leur chaos intérieur, de celui qui défait toute la société, de leurs enfants nés du viol, de la lente instruction de la Cour pénale internationale et de la justice congolaise. Elles font entendre leur cri, racontent aussi leurs espoirs et témoignent d’une ténacité extraordinaire pour tenter, avec l’aide d’associations, de revivre. La voix de ces femmes est un fil fragile d’humanité par-delà l’indicible. Les écouter, c’est commencer à leur rendre justice.

Louis Guinamard est journaliste. Au cours de deux séjours, l’un en 2006 et l’autre en 2010 de trois mois dans l’est du Congo, il a rencontré longuement ces femmes victimes de viols, mais aussi des militants associatifs locaux, des acteurs de la mobilisation internationale, qui tentent d’endiguer l’expansion du phénomène de viol.

Si dans un monde pluriel où les références identitaires se croisent en permanence ce concept d’Ubuntu[8] peut servir de modèle de respect mutuel, de compassion, d’empathie, etc.…, il peut se hisser au-delà d’un ethos communautaire pour proposer une philosophie politique de l’altérité.

Je ne suis ce que je suis que parce que vous êtes ce que vous êtes. Cette phrase articule deux niveaux donnés généralement comme inconciliables, le niveau individuel, qui mène à toutes les formes d’individualisme [philosophique, méthodologique, …] et le niveau collectif [holisme, collectivisme, …]. La surprise ne provient pas de l‘identification de ces moments, mais de leur conciliation.

L’habitude et le réflexe philosophique depuis Descartes veulent que l’individu se révèle à lui-même par le seul fait de son existence, de sa conscience, de son acte de penser, le canonique cogito ergo sum, je pense donc je suis.  La perspective offerte par la philosophie Ubuntu est toute autre. Dire que je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes change totalement le modèle d’identification et de prise en charge de sa conscience. Le solipsisme qui reconnaît l’individu seul et qui fonde un individualisme philosophique est substitué par une reconnaissance simultanée de l’être par l’autre, l’altérité. Nul n’existe de façon exclusive en tant que tel, l’individu a besoin de la reconnaissance de l’autre pour exister et vice versa. Une conception presque d’école de l’individu social, de l’individu politique qui vient au monde, pour lui et par les autres, par les autres et pour lui.

L’altérité, sa reconnaissance sont autant fondées que le sont l’existence de l’être au monde. Il n’y a plus une ontologie détachée du groupe, mais il n’y a pas d’indifférenciation par rapport au groupe non plus.

Cette vision du monde pourrait concourir à produire des institutions inclusives, solidaires, en recherche de consensus, de réconciliation, de dialogue. Elle se prête à une extension de son champ premier d’interprétation, en étendant la relation entre le moi et les autres à celle du moi avec les ascendants, les ancêtres. L’altérité peut se concevoir comme intergénérationnelle, décalée dans le temps, affirmant aussi l’irréductibilité des ascendants, et la solidarité entre classes d’âges, mânes et vivants, histoire et présent, présent et futur.

L’Ubuntu se propose de protéger l’individualité, ses particularités, son historicité, sans nier celles des Autres, des individus et collectifs autres. C’est la double reconnaissance, c’est le lien double entre l’individu et son environnement, son altérité. En réintroduisant de telles approches de la vie et de tels concepts philosophiques, il est possible que l’Afrique, se  dote d’instruments philosophiques appropriés à ses problématiques de résorption des conflits, de représentations des minorités, de modernité de son vivre-ensemble.

Monothéisme traditionnel africain et fraternité universelle

En 1923, le pape Pie XI subventionna une expédition au cœur de la forêt africaine[9] pour étudier les Pygmées (1). L’entreprise n’était pas missionnaire : il s’agissait de vérifier la théorie du « monothéisme primitif » selon laquelle les Pygmées croyaient en un dieu unique. C’est ainsi que des missionnaires ethnologues furent envoyés à la rencontre des petits hommes de la forêt. Parmi eux, il y avait le révérend père Paul Schebesta, missionnaire autrichien, qui fit plusieurs expéditions au Congo chez les Pygmées bambuti et leur consacra de nombreux ouvrages. Dans son livre Les Pygmées (Gallimard, 1940), il déclare avoir trouvé des coïncidences troublantes entre le dieu suprême des Pygmées, créateur de toutes choses, et celui de la Bible.

Les notions d’animisme, de totémisme et de chamanisme sont l’héritage d’un long passé de recherches savantes. Chacune de ces étiquettes reflète l’intérêt porté par les anthropologues sur telle ou telle facette des religions étudiées : les mythes totémiques chez les Aborigènes d’Australie, le personnage du chamane en Asie, les croyances animistes des religions d’Afrique noire. Or la focalisation sur les différents types de pratiques religieuses nous a rendus aveugles à une réalité plus simple et fondamentale. Derrière la diversité des formes, ces religions possèdent une forte homogénéité reposant sur un noyau commun de pratiques et de croyances.


Ce noyau commun comporte quatre éléments fondamentaux : 1) toutes les religions traditionnelles admettent l’existence d’un monde invisible peuplé de divinités : dieux, esprits, ancêtres, âmes ou forces surnaturelles ; 2) les hommes cherchent à se rendre favorables ces esprits à l’aide de rituels – prières, cérémonies collectives, rites propitiatoires ; 3) la religion impose aux individus des règles de conduite, des devoirs et interdits qui règlent la vie de la communauté ; 4) des médiateurs du sacré – chamane, prêtre, devin ou maître de cérémonie – sont chargés de présider aux rituels et de transmettre les connaissances relatives au monde du sacré. Au-delà de leurs différences, l’animisme, le totémisme, le chamanisme seraient bâtis sur cette même architecture commune.
• Le monde des esprits. Edward B. Tylor considérait que l’existence des âmes, des esprits invisibles n’était pas une caractéristique des « religions sauvages », mais un trait universel de toutes les religions. Que l’on se rende chez les Pygmées, les Bushmen, les Nuers ou que l’on aille partout ailleurs en Afrique noire, on découvrira un panthéon de divinités qui se ressemblent. Dans la plupart des sociétés africaines, il existe un dieu créateur – assez abstrait et distant. Mais ce dieu fait rarement l’objet d’un véritable culte. Dans les pratiques quotidiennes, on invoque plutôt toute une faune d’êtres invisibles – ancêtres, esprits de la brousse, héros fondateurs, divinités du clan. Dans la langue fon, parlée au Bénin (ex-Dahomey), ces esprits s’appellent les vodun : ce sont les forces mystérieuses et invisibles qui peuvent agir sur le sort des humains. Chez les Yorubas du Nigeria, le culte traditionnel est celui des orisha : ce sont des héros et ancêtres divinisés. Chez les Baoulés de Côte-d’Ivoire, les autres divinités sont les amuin. Ces esprits sont souvent représentés à travers les masques ou statuettes qui sont sortis à l’occasion des cérémonies. Ces sculptures en bois prennent alors des formes humaines, animales ou hybrides, parfois monstrueuses. On ne peut qu’être troublé par leur ressemblance avec des divinités que l’on trouve dans les îles océaniennes, ou dans le Grand Nord sibérien. Dans chacune de ces sociétés, on retrouve un panthéon complexe de divinités, ancêtres, esprits représentés sous forme de statuettes et de masques. Chez les Aborigènes d’Australie, ces divinités totémiques sont souvent peintes sur les parois rocheuses et régulièrement rénovées lors des grandes cérémonies totémiques. Que l’on se rende en forêt amazonienne, chez les Inuits ou dans les sanctuaires de Chine ou du Japon, on retrouve des personnages similaires. Que les visages des esprits varient partout (9) mais pas leur existence est un trait universel. A ces divinités sont associées des mythologies (cosmogonie, théogonie, anthropogénie) qui racontent la naissance et la structure de l’univers, la naissance des divinités, l’apparition des hommes et la raison d’être des choses.

Le pape et les Pygmées. À la recherche de la religion première  par Jean-François Dortier in, http://www.scienceshumaines.com/le-pape-et-les-pygmees-a-la-recherche-de-la-religion-premiere_fr_15091.html (20-12-2012)

Les recherches actuelles corrigent les anthropologues du 19 siècle en notant que :

L’Afrique berceau de l’humanité[10] et par conséquent berceau de la religion, nous y décelons la première forme de monothéisme qui s’est répandue progressivement dans les cultures successives : le judaïsme, le christianisme et l’islam.

« Dans la lutte pour le rétablissement de la mémoire collective Africaine … Pierre Nillon, un chercheur éclairé, qui à force de travail nous amène sur un terrain inattendu, et nous invite à nous interroger d’abord sur les questions religieuses africaines, mais surtout sur l’origine des religions dites révélées, telles : le Judaïsme, le Christianisme, et l’Islam.

 
Si Cheik Anta Diop dans Nations Nègres et Culture nous pousse vers un univers scientifique afin de prouver l’origine des anciens Egyptiens à savoir qu’ils étaient noirs et les cheveux crépus, Monsieur Pierre Nillon, s’attarde quand a lui sur le point de vue spirituel de l’Egypte antique. Pour lui la religion est la base de tout. Car, lorsque l’on parle de l’Egypte antique il faut aussi remonter le temps pour entrer dans les lieux les plus sacrés, là ou le savoir noir a connu tout son superbe. L’Égypte est aussi l’endroit ou l’on a trouvé les plus anciennes traces du monothéisme Africain pratiqué par le pharaon noir Akhenaton …  alors que les religions connues aujourd’hui n’existaient pas »[11].

Malgré la diversité culturelle en Afrique traditionnelle, aucune ethnie ne considérait son Dieu comme différent de celui de l’autre. Le même Etre Suprême, Dieu Unique, Créateur de l’Univers était connu par toutes les nations africaines (appelés tribus ou ethnies par les ethno-anthropologues du 19 siècles) sous différents noms selon les langues utilisées.

L’Afrique a été moins lente qu’Israël, réputé premier monothéiste, à reconnaitre qu’il n’y a qu’un seul Dieu créateur de l’univers, mais à qui l’on va parfois à travers des intermédiaires qui pourtant ne prennent pas sa place.

Puissions-nous nous servir de la conception traditionnelle africaine du monothéisme pour ouvrir un dialogue franc intra parmi les confessions chrétiennes, d’une part et avec les religions dites monothéistes ? L’Afrique et ses religions nous l’enseignent. Toute foi monothéiste devrait conduire à la fraternité universelle.

Le Dieu d’Akhenaton se trouve dans le soleil et se nomme Aton, mais plus vraisemblablement Atona. Le Dieu de Moïse se trouve également dans le soleil, et malgré le tétragramme Yhwh employé dans la Bible hébraïque, les juifs prononcent ce nom Adonaï (Nb 25,4). Par ailleurs, Joseph Flavius nous apprend que les Esséniens, considérés comme les juifs les plus pieux au 1er siècle considéraient toujours le soleil comme leur Dieu (La guerre des juifs, Liv II, chap. 8, par. 2 à 13).

Au nom de son Dieu, Akhenaton combattit violemment les dieux égyptiens notamment le dieu Amon. Idem, selon la tradition biblique le Dieu de Moïse combattit également les dieux égyptiens (Ex 12,12).

Certains juifs réclament, à tort, leur originalité par rapport au Deus latin en prônant ceci :

«Le mot DIEU s’est glissé dans la langue française, au 9ème siècle, après avoir fait, comme on l’a vu, ses classes en grec puis en latin. Il a donc des origines païennes. L’ancêtre du mot Dieu, DEI, a de tout temps exprimé la lumière du soleil et les phénomènes naturels qui s’observent dans et sous le ciel. L’aîné de la famille DEI est notre mot Jour -du latin DIURNUS, qui par érosion phonétique a successivement donné : DI-OURNOUS, I-OURNOUS, I-OUR, puis enfin JOUR en français. Le second mot de la famille DEI qui a aussi bénéficié d’une belle promotion est JUPITER, formé de I-OUR et de PATER, le JOUR PERE, pour ainsi dire le JOUR qui, par la lumière solaire, engendre tout ce qui existe. Les Romains ont par la suite adopté, sous le nom de JUPITER, le ZEUS des Grecs. Dans la foulée, le ZEUS grec, qui se prononçait ZE-OUS, a glissé jusqu’au DEUS latin, prononcé DE-OUS. Et c’est ainsi que, recentré en français sur la racine DI, déjà relevée dans DI-URNUS et DI-ES, le vocable DIEU a pris naissance du latin DEUS. La Bible hébraïque a été avec les traductions occidentales, transvasée dans des langues qui ne correspondaient pas à son génie propre. Les Ecrits sacrés, c’est le moins qu’on puisse dire, ont été ostensiblement dénaturés, aliénés. Les traductions occidentales de la Bible, ont ainsi enseigné que Dieu, en fait Jupiter, était le créateur de l’Univers. Et cela est, depuis plusieurs siècles, profondément ancré dans nos structures mentales. IHVH-Adonaï, l’entité principale de la vraie Bible, a été, si l’on ose dire, troquée. On l’a habilement échangé contre ZEUS-JUPITER, déguisée avec les oripeaux de DIEU »[12].

Or l’originalité que réclame Yesha’Yahou n’est qu’un héritage égyptien, donc africaine comme nous l’avons souligné. Et les Esseniens du 1e siècle de notre ère ne se trompaient pas en associant Dieu et le Soleil.

Abram et Lot

Deux Frères cheminent dans la foi : paradigme Abram et Lot

L’Éternel avait dit à Abram : «Sors de ton pays et de ta parenté et viens au pays que je te montrerai» (Actes 7:3). C’était un appel personnel, mais les liens familiaux étaient forts, aussi Térakh, son père, un idolâtre (Josué 24:2), et son neveu Lot, sont du voyage. Le groupe s’arrête à Charan. Il faudra la mort du père pour que le Dieu de gloire fasse passer Abram en Canaan. Toutefois «Lot s’en alla avec lui» (Gen. 12:4). C’était un croyant, un «juste», l’Écriture en rend témoignage (2 Pierre 2:7, 8) mais la position qu’il adopte, à l’écart du monde, n’est pas le fruit d’une foi personnelle en Dieu. Elle résulte plutôt de l’influence qu’Abram exerce encore sur lui.

On peut se joindre à la troupe des voyageurs, conformer sa conduite à celle de ceux qui marchent vraiment par la foi, sans tendre pour autant vers le même but. Mais le sentier de la foi est sans attrait pour la chair ; à l’heure de l’épreuve, elle se montrera incapable de s’y tenir.

À la suite d’Abram, Lot traverse le pays de la promesse. Il partage pour un temps la vie de ce croyant qui réalise, lui, son caractère d’étranger et de forain sur la terre. Abram reçoit des promesses. Il bâtit un autel et dresse sa tente «vers la montagne», près de Béthel, avant d’aller vers le Midi. Lot est journellement témoin de cette marche avec Dieu.

Mais la foi d’Abram est mise à l’épreuve, et le patriarche sort du sentier de la dépendance. Il s’était déjà éloigné de Béthel, marchant et allant vers le Midi, et, comme la famine pesait sur le pays, il descend en Égypte, toujours suivi de Lot. Là, Abram perd son caractère d’adorateur et de témoin. Il ne peut plus compter sur le secours divin. Très vite, par crainte de l’homme, il va agir sans droiture et sera finalement renvoyé par le Pharaon. Dieu se sert de ce moyen humiliant pour le ramener, il monte vers le Midi, puis jusqu’à Béthel, «au lieu où était sa tente au commencement… au lieu où était l’autel» (Gen. 13:3, 4). Lot est encore avec lui, leurs biens ont beaucoup augmenté et des querelles s’ensuivent bientôt entre les bergers. Abram, entièrement restauré, sent bien le danger. Il ne faut pas que les richesses acquises en Égypte deviennent dans la main de l’ennemi un moyen de ruiner le témoignage rendu aux incrédules, le Cananéen et le Phérézien qui habitent le pays (Gen. 13:7). De fait, ces circonstances vont jouer un rôle révélateur. Certes Lot et Abram habitaient jusqu’alors ensemble, mais les contestations entre les serviteurs n’auraient pas risqué de gagner les maîtres si une réelle communion avait marqué leurs relations.

Trop souvent on en vient à jalouser les dons spirituels ou même les biens matériels de son frère en Christ. C’est la porte ouverte aux divisions. Les Corinthiens avaient été «enrichis en Christ en toute parole et toute connaissance» (1 Cor. 1:5) mais il en résultait «de l’envie et des querelles» (1 Cor. 3:3) et ils s’enflaient pour l’un contre un autre (1 Cor. 4:6, 7).

Abram va montrer la réalité de sa foi. Les biens ont augmenté, mais il n’y met pas son coeur. Il est le plus âgé, mais il n’insiste pas sur ses droits. Il y a beaucoup de douceur dans ses paroles : «Qu’il n’y ait point, je te prie, de contestation entre moi et toi… car nous sommes frères» (Gen. 13:8). Et toute sa conduite ultérieure, à l’égard de Lot, montrera qu’il ne garde aucun ressentiment. Abram est prêt à renoncer aux perspectives riantes mais trompeuses d’un monde qui mûrit pour le jugement. Il attend «la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur» (Héb. 11:10).

Quoi qu’il en soit, Lot porte devant Dieu la responsabilité de son choix. Il en est ainsi de tout chrétien qui, même si c’est sous l’influence des siens, se laisse finalement enlacer par le monde.

Dans cette plaine du Jourdain un conflit éclate brusquement. Satan est toujours derrière la scène pour exciter chez les hommes qu’il tient dans son terrible esclavage, l’orgueil, la jalousie et l’ambition. Lot a longtemps goûté en compagnie d’Abram les soins et la protection de Dieu. Mais maintenant il va être fait prisonnier «car il habitait dans Sodome» (Gen. 14:12). Il n’est déjà plus question de sa tente, il a perdu jusqu’à l’apparence du pèlerin qu’il n’est plus. Sans doute en s’approchant dangereusement de Sodome, ignorait-il le véritable caractère de ses habitants, «méchants et grands pécheurs devant l’Éternel» (Gen. 13:13). Mais l’ayant découvert, ce juste ne devait-il pas se séparer au plus vite de ces hommes (2 Tim. 2:19) ? De toute évidence, il s’en était accommodé, non sans tourments intérieurs, il est vrai. Alors, dans son gouvernement, Dieu permet qu’il soit emmené captif. Mais en même temps, dans sa grâce, il veille à ce que la nouvelle en parvienne à Abram, l’Hébreu. Cet homme de foi ne manque ni d’énergie ni d’amour fraternel. Il discerne la pensée de Dieu et met en campagne ses hommes exercés, nés dans sa maison. Il poursuit l’ennemi, le frappe et ramène Lot, «son frère» et tout son bien.

Cette épreuve était pour Lot, égaré dans les sentiers du monde, une occasion à saisir. Ce n’est pas volontiers que le Seigneur afflige et contriste les fils des hommes (Lam. 3:33). Lot aurait dû reconnaître qu’il avait suivi une voie de chagrin et rompre délibérément ses attaches avec ces hommes pervers, dont la conduite accablait son âme juste. Il était temps encore de revenir au lieu où était sa tente au commencement. Il pouvait reprendre sa place de pèlerin et d’adorateur, en communion avec Dieu et avec son serviteur, Abram. Ce dernier quant à lui refuse de prendre quoi que ce soit de la main du roi de Sodome (Gen. 14:23). Lot, lui, ne saisit pas cette occasion de faire volte-face, pour marcher dans le chemin de la justice pratique, où ceux qui aiment Dieu héritent des biens réels (Prov. 8:20, 21).

Ainsi Dieu permet souvent qu’un secours spirituel soit apporté à des enfants de Dieu qui gémissent sous les conséquences de leur éloignement du Seigneur. Si les avertissements sont reçus dans la conscience et dans le cœur, il en résultera une réelle restauration. Le chemin de l’obéissance à Dieu sera retrouvé. Sinon ils ne pourront que poursuivre dans leur égarement, jetant de l’opprobre sur le nom du Seigneur et causant de la tristesse à ceux qui ont cherché à leur venir en aide.

Dans la suite de ce récit de l’Écriture, Abram reçoit un nouveau nom, celui d’Abraham, il se voit confirmer les promesses de Dieu, devient le dépositaire de ses pensées et intercède en faveur des autres. Mais Lot est assis comme un juge, à la porte de Sodome. Il reconnaît malgré tout que les anges envoyés pour détruire la ville ne sont pas des hommes comme les autres. Il se lève pour les accueillir et se prosterne. Il les presse d’entrer chez lui, d’autant plus qu’il craint sans doute pour leur sécurité. Mais ils n’acceptent qu’avec beaucoup de réticence son hospitalité. À la différence de Sara (Gen. 18:6), la femme de Lot n’est pas associée à l’accueil reçu par les visiteurs. On peut d’ailleurs se demander quelle atmosphère régnait dans ce foyer, à en juger par la conduite ultérieure de ses habitants.

Abraham et après lui tous les enfants de Dieu qui se retirent du mal, sont eux seuls, pour le Seigneur, ce «trésor caché qu’a désiré son cœur». En esprit, sur la montagne, ils peuvent, en communion avec Dieu, intercéder avec intelligence. Abraham, qui pensait toujours à Lot, avait demandé : «Feras-tu périr le juste avec le méchant» (Gen. 18:23) ? Il n’y avait pas dix justes dans la ville. Le jugement longtemps retenu, va s’exécuter (És. 28:21), mais d’abord Lot doit sortir, sauvé comme à travers le feu. Les anges ne peuvent rien faire avant que ce juste soit à l’abri de la colère qui vient. «Mes brebis… je leur donne la vie éternelle… personne ne les ravira de ma main» déclare Celui qui, par amour, a mis sa vie pour elles (Jean 10:28). Quelle assurance découle pour les siens des paroles du Seigneur Jésus ! De sa part, tout sera grâce quand il nous enlèvera à sa rencontre. Mais quelle sera son appréciation sur notre service pour lui ici-bas ? (voir 2 Pierre 1:11).

Dieu se souvient d’Abraham (Gen. 19:29) et ses envoyés avertissent Lot du caractère judiciaire inéluctable de leur mission : «L’Éternel va détruire la ville» (Gen. 19:14). Rien de comparable avec les douces communications dont Abraham, l’ami de Dieu, a été l’objet (Gen. 18:17-19). La communion dont peut jouir un enfant de Dieu obéissant est absolument inconnue de celui qui se meut dans une atmosphère mondaine. L’intelligence des pensées de Dieu est inséparable d’une marche fidèle.

Il est dur pour Lot de quitter tout son avoir, le fruit de son travail, sa place dans la société, ses relations peut-être (Ézéch. 16:49). Il tardait… il faut l’arracher en quelque sorte à la ville lui, sa femme et ses deux filles non mariées. Dieu magnifie sa grâce et son amour à son égard. L’aube du jour se levait, un jour comme les autres, pensent les hommes de ce monde : «On mangeait, on buvait… il plut du feu et du soufre du ciel, qui les fit tous périr» (Luc 17:28, 29). «Sauve-toi pour ta vie… ne t’arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi sur la montagne» (Gen. 19:17). Mais Lot n’est pas attiré vers la montagne, il voudrait encore vivre dans une ville, si petite soit-elle. Il voudrait garder quelque chose, si peu que ce soit, de ce monde devenu familier. La seule pensée d’une vie de foi remplit son cœur de sombres pressentiments.

Dieu accède au désir de Lot concernant Tsoar. Il ne nous forcera pas à recevoir une bénédiction que nous ne désirons pas. Mais finalement Lot aura peur de vivre là aussi. Pour habiter en sécurité, sans crainte, il faut être dans la communion avec Dieu.

C’est dans une caverne qu’il habitera misérablement, loin d’Abraham et loin de son Dieu.

Quel avertissement qu’une vie comme celle de Lot, ce saint infidèle à l’appel de Dieu ! Il n’y a pas trace chez lui de restauration, mais au contraire un déclin qui ne cesse de s’accentuer. Son sentier si proche semble-t-il au départ de celui d’Abraham, est si différent à la fin. Il n’a pas combattu le bon combat, il n’a pas gardé la foi, il a perdu sa couronne. Dimas aussi, plus tard, aimera le présent siècle et abandonnera la compagnie de Paul, dont la vie et le service avaient pour seul objet Christ.

Le récit solennel de la vie de Lot nous a été conservé «pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Cor. 10:11). Que de chrétiens sont en pratique étroitement liés au présent siècle mauvais et si peu à un Christ glorifié ! Soyons de ceux qui, appuyés sur le bras puissant de leur Sauveur et Seigneur, suivent ce sentier des justes qui est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi (Prov. 4:18).

Dans ce désert je connais une route,

Sentier d’amour et de grâce et de foi,

Que je suivrai sans frayeur et sans doute,

Car, ô Sauveur, tu l’as tracé pour moi.

Sources : http://www.bibliques.com/lr/Penta/gn04.php (1-6-2013)

Jacob et Esaü : 3e jour

Jacob (= « Dieu a soutenu, protégé ») matin

Il est le fils d’Isaac et Rébecca et le petit-fils d’Abraham. Il reçoit également le nom d’Israël après son combat avec l’ange (Gn 32. 28).

Le nom de Jacob signifie « il talonnera », car il est né en tenant son jumeau premier-né Ésaü par le talon. Plus tard, il achète contre un plat de lentilles le droit d’aînesse de son frère Ésaü affamé (Gn 25. 25-34). Avant sa mort, leur père Isaac, devenu aveugle, veut rétablir Ésaü dans ses droits. Rébecca profite de la cécité de son mari pour lui faire donner sa bénédiction à Jacob. Ésaü, furieux, décide de tuer son frère dès la mort d’Isaac. Rébecca découvre ses intentions et implore Jacob de fuir chez son oncle Laban à Harran.

Au cours de son voyage vers Harran, Jacob passe la nuit à Béthel et y a la vision d’une échelle atteignant le ciel et de Dieu se tenant en haut de cette échelle Gn 28. 10-15

D’incessantes querelles éclatent entre Léa et Rachel, les deux sœurs, ainsi qu’entre Laban et Jacob. Voyant que Jacob s’était enrichi, les fils de Laban complotent contre Jacob. Celui-ci choisit de fuir à nouveau avec sa famille et de retourner dans son pays d’origine. Cela coïncide aussi avec la venue du onzième fils de Jacob qui est Joseph. Avant leur départ, Rachel vole les images des dieux de la maison de Laban, qui font office de titres de propriété, et les cache dans le coussin de sa selle. Jacob et sa famille traversent l’Euphrate et marchent vers Canaan. Laban les rattrape, mais ne parvient pas à retrouver les images des dieux. Laban conclut alors un pacte avec Jacob, qui ne devra prendre aucune femme en dehors des filles de Laban.

Au cours de ce voyage de retour, Jacob se bat toute une nuit contre un inconnu. Au matin, cet inconnu refuse de lui donner son nom. Désormais, Jacob sera appelé Israël, c’est-à-dire « celui qui a lutté avec Dieu » (Gn 32. 28). Certaines traditions, influençant les peintres qui ont représenté la scène, considèrent que Jacob a en fait combattu un ange. Jacob rentre au pays de Canaan après vingt ans d’exil et prend le nom d’Israël. Il se réconcilie avec son frère Ésaü.

Jacob part vers Sichem où il acquiert une terre achetée aux fils de Hamor. Sa fille unique, Dinah, est violée par un des fils de Hamor qui accepte de faire circoncire tous les hommes de la ville pour permettre l’union des deux enfants. Pour se venger, les frères de Dinah, Siméon et Levi, tuent par surprise tous les hommes de la ville qu’ils pillent ensuite. Jacob et sa famille doivent partir pour Béthel, où Dieu renouvelle l’Alliance avec Jacob. En chemin vers Bethléem, Rachel meurt en couches. Son fils prend le nom de Benjamin.

Plus tard Joseph, l’aîné de Rachel, passe pour mort car ses demi-frères jaloux l’ont vendu à des marchands ambulants. Jacob, vieillissant, affronte le chagrin et la famine. Certains de ses fils partent pour l’Égypte lors d’une période de sécheresse. Ils y retrouvent leur frère Joseph vendu plusieurs années auparavant et devenu vice-roi d’Égypte. Joseph joue un rôle primordial dans l’histoire du peuple hébreu, telle qu’elle est contée dans la Bible. Son histoire constitue toute la fin du livre de la Genèse (Gn 37-50). Elle est le prélude à l’histoire des Hébreux en Égypte, telle que racontée dans le livre de l’Exode. À sa mort, Jacob bénit tous ses fils et est enterré près d’Isaac et d’Abraham dans le tombeau des Patriarches. Les douze fils sont les ancêtres éponymes des douze tribus d’Israël, à l’exception de Lévi, ancêtre des Lévites, dispersés dans les autres tribus, et de Joseph, dédoublé selon ses fils Éphraïm et Manassé. (Wikipédia)

Jacob se marie à deux sœurs (soir)

Lire « Jacob, Léa et Rachel : relation entre deux sœurs » Cfr JC Perrin,

 http://www.google.it/#gs_rn=15&gs_ri=psy-ab&suggest=p&pq=rachel%20et%20l%C3%A9a%20en%20conflit&cp=16&gs_id=h&xhr=t&q=Rachel%20et%20L%C3%A9a&es_nrs=true&pf=p&sclient=psy-ab&oq=Rachel+et+L%C3%A9a+en&gs_l=&pbx=1&bav=on.2,or.r_qf.&fp=32e39aa25383104&biw=1093&bih=468&bs=1 (4-6-2013) doc Pdf

Au début de la parasha Vayetsé, Jacob est en fuite. D’une part, il essaye d’échapper à la vengeance de son frère Essav, et d’autre part, il doit comme ses parents le lui ont demandé, trouver une épouse adéquate. Il se dirige vers l’Est, en direction de la maison de la famille de sa mère. Là-bas, dans le champ, il trouve l’objet de sa recherche : (Genèse 29:1-2,10-11) Tout semble très simple : Jacob voyage et trouve immédiatement la femme de ses rêves près d’un puits. Cela n’est pas étonnant. Jacob avait sûrement entendu le récit du serviteur dévoué de son grand-père : Eliézer avait voyagé loin pour chercher une femme méritante pour Isaac. Il l’a trouvée en très peu de temps et près d’un puits également. Ce thème du puits comme étant l’endroit où l’on rencontre l’âme sœur réapparaît plus tard dans l’histoire de Moshé.1 DEUX FEMMES Cependant l’histoire ne se termine pas là, il ne s’agit pas simplement d’un « coup de foudre » aboutissant à la fameuse fin « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Jacob est maintenant en exil, hors de la Terre de Canaan. La vie devient plus compliquée. Apparemment, en exil, les règles sont différentes. Avraham n’avait qu’une partenaire à l’origine et Isaac une seule femme, mais le plan divin a voulu que la vie conjugale de Jacob soit plus complexe. Pourquoi Jacob a-t-il dû épouser deux femmes? Cette question se trouve renforcée lorsqu’on s’aperçoit que ces femmes étaient, en fait, soeurs. De plus, Jacob de son côté, ignorait ce plan, et son premier mariage se déroule dans de très étranges circonstances. Il est trahi par celle qu’il aimait, et sans avoir connaissance du scénario. Jacob pense avoir épousé la femme de ses rêves, mais en fait, il se retrouve marié à la sœur de celle-ci. On aurait pu penser que Jacob aller refuser un tel arrangement mais malgré tout, il l’accepte.
Pourtant son argument est de poids : Laban avait donné sa parole qu’à l’issue des sept années de travail que Jacob lui offrait, il pourrait épouser sa fille Rachel. Comment a-t-il pu manquer à sa parole? La réponse de Laban est énigmatique : Laban dit : « on n’agit pas ainsi dans notre contrée, de donner la plus jeune avant l’aînée. » (Genèse 29:26) On se demande si Laban est sincère. Peut être que pour Laban, marier l’aînée avant la cadette est un principe fondamental qui moralement ne peut être rejeté au nom d’une quelconque promesse. Il agirait ici selon les règles de sa morale et pense avec conviction les mots qu’il prononce. Ou peut-être, est-ce encore une tromperie. Quoiqu’il en soit, Laban est un menteur, et Jacob en fera l’expérience durant les années à venir. LA TROMPERIE DE LEA Que Laban soit un escroc passe encore, mais Léa, elle, comment a-t-elle pu jouer un rôle actif dans cette duperie? Comment cette femme peut-elle espérer rester mariée à Jacob dans ces conditions? Elle n’a pas été courtisée. Cette union s’est faite sans amour; cette relation s’est construite sur le mensonge. Le Midrash explique l’attitude de Léa, sans toutefois la justifier
Il [Jacob] lui [Léa] dit : « tu es une menteuse et la fille d’un menteur! Je t’ai appelée Rachel et toi tu m’as répondu! ». « Y-a-t-il un enseignant sans élèves? » rétorqua-t-elle. « Ton père ne t’a-t-il pas appelé Esaü et tu lui as répondu! Alors moi aussi tu m’as appelée et je t’ai répondu! » (Midrash Rabba – Béréshit 70:19) Léa répond en disant que son comportement n’était guère différent de celui de Jacob. Sur le plan moral, ils sont faits pour s’entendre, chacun coupable de tromperie à un moment critique de sa vie. Cependant, cette réponse n’est pas satisfaisante. Peut-être était-ce l’excuse de Léa, mais la question demeure : pourquoi Jacob souhaitait-il rester avec elle? Le Midrash doit être compris au-delà de son sens littéral. Léa ne cherchait pas simplement « à faire ses excuses » ni à « remettre Jacob en place ». Elle expliquait le Plan Divin. Quand Jacob prend la bénédiction d’Ésaü, il doit s’habiller comme Ésaü. Ce n’est pas un simple détail technique, un simple déguisement nécessaire pour arracher à son père la bénédiction. En fait, pour que la bénédiction Divine se réalise, Jacob avait besoin « de devenir » Ésaü. Il fallait une fusion entre les mains d’Ésaü et la voix de Jacob. La conséquence de cette fusion est qu’une facette d’Ésaü continuerait maintenant à vivre en Jacob. Et les yeux de Léa étaient faibles (Genèse 29:17). Le maître de Rabbi Yo’hanan traduit ainsi : Et les yeux de Léa étaient [naturellement] faibles. Il lui dit : « les yeux de ta mère étaient faibles! Mais que signifie « faibles »? Qu’ils sont devenus faibles par les pleurs, parce que [les gens disaient] : tel était l’arrangement : la fille aînée [Léa] est pour le fils aîné [Ésaü], et la plus jeune [Rachel] pour le plus jeune [Jacob]. Elle pleurait et priait « Puisse être Ta volonté que je ne sois pas dans la destinée de cet impie ». Rabbi Houna a dit : « grande est la prière, car elle a annulé le décret. Et elle a même pris la priorité sur sa sœur ». (Midrash Rabba – Béréshit 70:16) Ésaü était destiné à épouser Léa, tandis que Rachel était destinée à épouser Jacob. En trompant son père, Jacob devient Ésaü et doit accomplir le rôle spirituel d’Ésaü. Une partie de ce rôle est l’union avec Léa. Léa explique à Jacob que leur mariage est la conséquence directe de ses propres actions et fait finalement partie des instructions de Rébecca et du Plan Divin. Cette idée peut être confirmée par un passage du zohar. La Torah nous dit qu’un soir Jacob, en rentrant du champ, a été accueilli par Léa et a conçu avec elle cette nuit-là : Jacob vint du champ le soir, et Léa sortit à sa rencontre et dit : « C’est vers moi que tu viendras, car j’ai payé pour toi avec les mandragores de mon fils », et il s’étendit avec elle cette nuit-là. (Genèse 30:16)
Le zohar note que le texte ne dit pas que « Jacob s’étendit avec elle », mais plutôt « il s’étendit avec elle » (zohar Vayetsé 157b). Le Ari z »al souligne que Jacob a deux identités : Jacob et Israël. D’ailleurs le texte biblique utilise alternativement les 2 noms. Le Ari z »al explique que Jacob était marié à Rachel tandis que le « il », dont parle le verset, correspond à Israël qui était marié à Léa.3 Il ne s’agit pas là de schizophrénie. En fait, Jacob incarne deux missions qui doivent se réaliser. Ces missions sont représentées par Léa et Rachel. RACHEL, LA FEMME PRINCIPALE Des deux, Rachel est considérée comme la femme principale et première de Jacob :
Rabbi Elazar a remarqué plus loin : « puisque Jacob devait trouver sa femme près d’un puits, pourquoi n’a-t-il pas rencontré là-bas Léa, qui devait être la mère de tant de tribus? La réponse est que ce n’était pas la Volonté de Dieu que Léa épouse Jacob ouvertement. En fait il l’a épousée sans le savoir, comme il est écrit : « Ce fut le matin et voici, c’était Léa ». C’était aussi pour fixer son regard et son cœur sur la beauté de Rachel, pour qu’il établisse son domicile principal avec elle. » (zohar Béréshit 153a) Le mariage avec Léa faisait partie du Plan Divin, mais il faisait partie d’un plan secret. Néanmoins, le zohar enseigne que la femme principale de Jacob devait être Rachel. De la même façon qu’il y a une identification entre Jacob et Ésaü, les sources mystiques établissent une identification semblable entre Rachel et Léa.4 Beaucoup d’aspects de ce concept sont extrêmement ésotériques et au-delà de l’objet de cette étude. Nous essayerons néanmoins de décrire quelques aspects de ce rapport. Rav Shlomo Elyashiv, dans son œuvre mystique « Leshem », relate que Rachel et Léa ne représentent en réalité qu’une seule âme. S’il n’y avait pas eu la faute de l’Arbre de la Connaissance, ces deux aspects seraient restés unis, 5 ou pour utiliser une image mystique, il n’y aurait pas eu de séparation entre les mondes supérieurs et inférieurs
Viens, regarde, c’est ainsi : les 12 tribus sont une réparation pour le monde inférieur, car lorsque Binyamin est né, Rachel est morte. Et ce monde inférieur a rempli la place qu’elle occupait pour que (les 12 tribus) puissent le réparer…
De plus, tout ce qui concernait Léa est gardé sous un voile, car elle caractérisait le monde supérieur, qui est voilé et non révélé (alors que Rachel caractérisait le monde inférieur, qui lui, est dévoilé). Et c’est aussi une raison pour laquelle la mort de Léa n’est pas divulguée comme celle de Rachel. Cette différence entre les mondes Supérieur et Inférieur explique également pourquoi Léa a été enterrée loin du regard, dans la caverne de Makhpéla, tandis que Rachel a été enterrée sur la route, à la vue de tous, accessible aux voyageurs… De là on apprend que toutes les bénédictions viennent de deux mondes, le révélé et le non révélé, bien que tout provienne du monde supérieur. (zohar, Béréshit, Section 1, Page 158a) Comme nous l’avons vu, Rachel est la femme principale. Dans la littérature mystique, elle représente la Présence Divine, la Shekhina. Au point que, lorsque le douzième fils est né – Benjamin -, la Présence Divine passe de Rachel à la communauté d’Israël. En donnant naissance, elle meurt; elle est enterrée sur la route, attendant les générations d’Israël exilées, priant pour eux et leur assurant que la Shekhina n’abandonne pas ses enfants.
UNITE DES MATRIARCHES

Le rapport entre Rachel et Léa nous permettra également de comprendre un autre concept enseigné dans la littérature midrashique. Il y a une opinion qui dit que Rachel et Léa étaient enceintes en même temps; l’une portait un embryon mâle qui s’appellerait plus tard Joseph, alors que l’autre portait une fille qui serait nommée Dina. Selon le Midrash, Rachel était enceinte de Dina, mais la prière et l’intervention Divine ont permuté les fœtus! (Cf. Midrash Rabba – Béréshit 72:6) Au-delà du miracle qui est décrit dans ce Midrash, nous sommes frappés par l’unité des matriarches; toutes, unies comme une seule, prient pour cette permutation. La jalousie meurtrière qui caractérise le rapport entre Jacob et Ésaü est ici remplacée par la solidarité des femmes de Jacob, travaillant à l’unisson pour une cause commune.

Même lorsque nous étions en droit de penser qu’il y avait une certaine rivalité entre les deux, le Midrash souligne qu’il n’y avait en réalité qu’amour et respect : Et quand Rachel a vu qu’elle n’avait donné aucun enfant à Jacob, Rachel a envié sa sœur (Genèse 30:1). Rabbi Isaac a observé : Il est écrit : « Ne laisse pas ton cœur envier les pécheurs (Proverbes 23:17), pourtant il est dit, « Rachel enviait sa sœur »! En réalité, c’est pour nous enseigner qu’elle enviait ses bonnes actions, et disait : ‘si elle n’était pas juste, aurait-elle eu des enfants? ‘ » (Midrash Rabba – Béréshit 71,6) L’ABNEGATION DE TIMNA L’amour entre Rachel et Léa va avoir d’autres conséquences. La tradition nous enseigne qu’Amalek, le descendant d’Ésaü qui représente le pire ennemi des Juifs, ne tombera que face à un descendant de Rachel.
Ce fut lorsque Rachel donna naissance à Joseph (Genèse 30:25). Aussitôt que l’adversaire d’Essav (Joseph) est né, Jacob dit à Laban : « envoie-moi et je partirai vers ma place et vers mon pays ». Rabbi Pin’has a dit au nom de Rabbi Shémouel ben Na’hman : « c’est une tradition qu’Ésaü ne tombera qu’aux mains d’un descendant de Rachel, comme il est écrit : Certes, les plus jeunes du troupeau (d’Israël), traîneront au loin (les descendants d’Essav) (Jérémie 49:20). Et pourquoi les appelle-t-il les plus jeunes du troupeau? Parce qu’ils étaient les plus jeunes des tribus. » (Midrash Rabba – Béréshit 73:7) Ésaü, l’homme qui devait épouser Léa, épouse finalement une fille d’Ishmael. Elle lui donne un garçon : Eliphaz, qui va à son tour épouser une femme nommée Timna; c’est de cette union qu’Amalek descend.
Pourquoi [avoir écrit] « Et la sœur de Lotan était Timna? ». Timna était une princesse… Désirant se convertir, elle est allée chez Abraham, Isaac et Jacob, mais ils ne l’ont pas acceptée. Alors elle est allée et est devenue une concubine d’Eliphaz, fils d’Ésaü, en disant : « je préfère être une domestique de ce peuple plutôt qu’une maîtresse d’une autre nation ». Amalek est descendu d’elle et a fait souffrir Israël. Quelle en est la raison? Parce qu’ils n’auraient pas dû la repousser. (Sanhedrine 99b)
Rabbi Yonatan Eibeshitz dans son œuvre Ya’arot Dvash (Vol. 1 Drasha 12) explique que la possibilité de vaincre Amalek nous vient de Rachel. En effet, elle devait être l’unique femme de Jacob, mais elle a accepté de s’effacer, de n’être que la seconde, au point même de ne pas être enterrée avec son mari. Si le pouvoir d’Amalek provient du sacrifice de soi de Timna, de cette femme qui a refusé d’être reine et qui s’est « sacrifiée » en devenant la concubine d’Eliphaz, et ce uniquement pour se connecter au peuple Juif, alors le pouvoir de défaire Amalek doit également provenir d’un sacrifice de soi. Voilà pourquoi il doit provenir de Rachel qui elle aussi s’est sacrifiée pour le bonheur de sa sœur. Au moment où Léa en avait besoin, Rachel a fait le nécessaire pour que sa sœur ne soit pas humiliée ‘sur l’autel’ et elle a héroïquement « partagé » son mari avec sa sœur. Quand Rachel était désespérée de ne pas avoir un autre fils, ce furent les prières de sa sœur Léa qui ont permis la permutation miraculeuse. Ces deux sœurs, liées spirituellement depuis toujours, ont créé le peuple connu sous le nom d’Israël. La puissance de leurs actes a fait bien plus que créer la Nation Juive. Leurs actions servent de balise et de protection contre tous les adversaires que nous avons connus jusqu’à ce jour.

Elles sont passées de chosification commerciale à la personnalisation,  de la tromperie à la décision, de la rivalité de jalouse à la découverte de la complémentarité. L’une aspirait à ce que l’autre a, et finalement elles sont devenues les deux matriarches, l’une donnant naissance à l’ancètre de Saul. L’autre à l’ancètre de David.

4eme Jour :Joseph et ses frères[13]

Matin.

Gn 37 : Mauvaise conduite des frères de Joseph

Le livre de la Genèse contient en germe toutes les grandes vérités de l’Écriture. On y trouve plusieurs types de Christ (Jean 5:39), Adam, Noé, Isaac et même Jacob. Mais Joseph est certainement une des figures les plus remarquables du Seigneur. Le début de son histoire préfigure le rejet du Messie. Ensuite, l’amour patient de Joseph à l’égard de ses frères évoque celui du Seigneur vis-à-vis des siens. Il sera le restaurateur de leurs âmes (Ruth 4:15). Son activité pour les amener à la repentance, rappelle le travail de Dieu. À l’aube du millénium, les fils d’Israël en viendront à se lamenter sur Lui « comme on se lamente sur un fils unique » (Zach. 12:10 ; Matt. 27:25 ; Luc 19:41). La grâce de Dieu opérera en restauration. Le Libérateur viendra de Sion, il détournera Jacob de l’impiété et tout Israël sera sauvé (Rom. 11:26, 32-34).

Il y a dans ce récit des enseignements très précieux touchant la question souvent mal comprise de nos relations entre frères. C’est pourquoi nous aimerions parcourir brièvement les chapitres 42 à 45 de la Genèse, qui relatent le travail de Joseph en faveur de ses frères.

Dès sa jeunesse, Joseph est haï par ses frères, en premier lieu parce que son père Jacob l’aime plus que tous ses autres fils. Cette haine ne fera que croître « à cause de ses songes et de ses paroles » (Gen. 37:4-8). Aussi quand, obéissant à son père, Joseph se rend auprès d’eux à Sichem, pour voir s’ils se portent bien, ses frères décident de le faire mourir. Ruben toutefois les retient, et Joseph, dépouillé de la tunique bigarrée confectionnée par son père, est jeté dans une citerne. Ruben projetait de le délivrer, mais il s’absente et Juda propose à ses autres frères de vendre le jeune Joseph à une caravane d’Ismaélites de passage. Quel cynisme dans ses paroles : « Quel profit aurons-nous à tuer notre frère » ? Ils le vendent donc pour vingt pièces d’argent ! Voilà qui rappelle le prix magnifique que Judas a estimé suffisant pour livrer le Seigneur (Matt. 26:15 ; Zach. 11:13).

Ses frères pensent être définitivement débarrassés de lui, et pour couvrir leur crime, ils font croire à leur père qu’une mauvaise bête l’a dévoré. Ils lui présentent cette tunique qui excitait tant leur jalousie. Ils l’ont trempé au préalable dans le sang d’un bouc et disent à Jacob, avec beaucoup de dureté : « Reconnais si c’est la tunique de ton fils ou non » (Gen. 37:32). Ils osent ensuite se lever pour consoler celui dont ils viennent de briser le cœur volontairement !

Gn 39-41 ; Dieu prend soins de Joseph en Egypte

Vingt ans s’écoulent durant lesquels Dieu prend soin de Joseph. Il est amené en Égypte, où il connaît d’abord un temps d’épreuve amère à cause de sa fidélité et de sa crainte de Dieu. Accusé à tort, il est emprisonné, pendant plus de trois ans dans une tour (Ps. 105:18). Mais là encore, l’Éternel est avec lui ; et tout ce qu’il fait, prospère (Gen. 39:23).

Ensuite, Dieu permet qu’il soit seul en mesure de faire connaître au Pharaon la signification d’un songe qui annonce sept ans de famine sur toute la terre. Il ne cherche pas à en tirer gloire, mais dit au Pharaon : « Dieu a déclaré au Pharaon ce qu’il va faire » (Gen. 41:25). Ce dernier décide alors sagement de l’établir sur le pays.

Gn 42,1-28 : retrouvailles de Joseph et ses frères comme début de restauration

Le pays de Canaan ne fait pas exception : là aussi, c’est la disette. Jacob entend dire qu’il y a du blé en Égypte. Il reprend ses fils indécis et désorientés devant la gravité de la situation, et il les presse d’aller acheter du blé, « afin que nous vivions ». Mais il garde près de lui Benjamin, le frère puîné de Joseph, « de peur qu’un accident ne lui arrive » ! Il a reporté sur le second fils de Rachel une partie de cette affection qu’il avait eue pour Joseph (Gen. 42:1-4).

Il semble que les frères de Joseph ont réussi jusqu’ici à étouffer la voix de leur conscience, oubliant en particulier leur conduite vis à vis de Joseph. Ne cherchons-nous pas quelquefois à oublier des péchés commis depuis longtemps déjà ? Mais leur ancienneté n’amoindrit pas leur gravité. Et même si nous les avons chassés de notre souvenir, Dieu, Lui, n’oublie pas. Le temps n’efface rien s’il n’y a pas eu de repentance. Pourtant Dieu nous aime, et Il intervient au moment opportun, et par Ses moyens remplis de sagesse, comme Il le fait ici pour les frères de Joseph. Il veut nous amener à juger et à confesser notre péché. Peut être faudra t-il passer par une douloureuse discipline, surtout si nous faisons preuve d’endurcissement, comme dans le cas des frères de Joseph ? Mais Sa bannière sur nous, c’est l’amour (Cant des cant. 2:4), et c’est toujours notre bien qu’Il a en vue. Il y travaille avec une compassion merveilleuse et une grande patience.

Toutes choses, comme toujours, vont travailler ensemble pour atteindre le but que Dieu s’est proposé (És. 14:24) : la dureté apparente de Joseph et sa bonté ; les encouragements ou les anxiétés que ses frères vont connaître. De même les accusations injustesou au contraire les soins attentionnés reçus dans la maison de ce « gouverneur » tout-puissant, auquel ils ont affaire, n’ont pas d’autre motif ! Ainsi, dans son merveilleux amour, Dieu opère dans une âme pour l’amener au salut, ou pour la restaurer s’il s’agit d’un croyant qui s’est égaré.

Les fils de Jacob descendent en Égypte. Et aussitôt ils vont se prosterner devant le gouverneur, la face contre terre (Gen. 42:6). Ils ne reconnaissent pas leur frère, mais lui les reconnaît (Gen. 42:7-8). Quelle va être son attitude ? Quelle serait la nôtre dans de telles circonstances ? Nous pourrions être tentés de nous venger, ou de passer au contraire superficiellement sur le passé. Les hommes de David, dans une circonstance similaire, lui affirmaient : « Voici le jour dont l’Éternel t’a dit : Voici, je livre ton ennemi en ta main, et tu lui feras comme il sera bon à tes yeux » (1 Sam. 24:5).

Mais la conduite d’un David et celle de Joseph ont été tout autres (1 Sam. 24:7). Les enseignements de Romains 12:17-21 sont clairs. Il faut veiller pour que « toute amertume et tout courroux et toute colère… soient ôtés du milieu de nous » ; la Parole poursuit cette exhortation en recommandant d’être « bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné » (Éphés. 4:31-32).

Une vie de communion avait appris à Joseph à discerner les pensées de Dieu. Son amour sincère pour ses frères fera de lui un instrument habile dans la main de Dieu. Son désir est de les aider à cette repentance à salut, dont on n’a pas de regret (2 Cor. 7:10). Ils sont depuis longtemps dans une profonde misère morale, et Joseph voudrait pour eux une heureuse restauration. Instruit par le Seigneur, il va chercher par divers moyens à toucher leur conscience.

Il fait l’étranger et adopte un langage sévère, mais c’est l’amour qui l’inspire. Cette façon d’agir est souvent mal comprise, vite taxée de dureté et de manque de cœur. Mais la Parole souligne comment Joseph va se détourner à plusieurs reprises, et entrer dans sa chambre pour y pleurer. Il leur dit : « D’où venez-vous ? ». Il les accuse injustement, à deux reprises, d’être des espions venus pour voir les points faibles et découverts du pays d’Égypte.

S’ils avaient été en bon état, ils s’en seraient remis paisiblement à Dieu (Ps. 37:5-8). Mais ils se défendent : « Non, mon seigneur, nous sommes d’honnêtes gens » ! Ils sont simplement venus acheter des vivres.

Affirmer ainsi leur probité montre qu’ils ont oublié leur « mauvaise renommée » malgré la tuerie perpétrée par deux d’entre eux à Sichem (Gen. 34:26-30). Pourtant même Jacob avait été mis en mauvaise odeur auprès des habitants du pays (Gen. 34:26-30). Ils ont visiblement chassé aussi de leur esprit le crime commis contre leur frère Joseph (Gen. 37:18-30), et n’ont même plus de honte de leur dureté de cœur devant l’accablement de leur père (Gen. 37:31-35). Depuis vingt ans, Jacob mène deuil sur cet enfant qu’il aimait, mais ses autres fils se sont habitués à le voir souffrir.

Joseph les interroge et les oblige à se dévoiler un peu. Ils font allusion au plus jeune fils, Benjamin, resté auprès du père. Instant d’émotion pour le cœur sensible de Joseph : il les entend mentionner son propre frère ! Et la naissance de Benjamin avait coûté la vie à Rachel, l’épouse tendrement aimée de Jacob, qui était aussi la mère de Joseph.

Les frères parlent pudiquement de ce frère « disparu ». Ils disent : « Il n’est plus » (Gen. 42:13). Plus tard, avec leur père Jacob, ils emploient la même expression (Gen. 42:32). L’on s’entend fort bien parfois à travestir la vérité !

Joseph les « mets sous garde » ensemble, pendant trois jours. Le travail divin se poursuit dans leur conscience et leur cœur tourmentés pendant cette épreuve, dont la durée et l’issue paraissent incertaines. Ils savent bien quel est le sort généralement réservé aux espions ! Mais cette affliction était nécessaire (1 Pier. 1:6). Ils sont pris dans les cordeaux du malheur, et Dieu leur montre ce qu’ils ont fait. Il ouvre leur oreille à la discipline (Job 36:8-10).

Le troisième jour, Joseph vient leur dire : « Moi, je crains Dieu. Si vous êtes d’honnêtes gens… l’un de vous sera lié… et vous, allez, emportez du blé… et amenez-moi le plus jeune de vos frères… et vous ne mourrez pas » (Gen. 42:19-20). Leur réaction immédiate montre qu’ils ont déjà fait un premier pas vers la repentance. Ils se souviennent de Joseph et se disent l’un à l’autre : « Certainement, nous sommes coupables à l’égard de notre frère ; car nous avons vu la détresse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons pas écouté ; c’est pourquoi cette détresse est venue sur nous » (Gen. 42:21). Le passé ressurgit parfois, tumultueux. Nous avions longtemps cherché à l’oublier ! et le voilà qui ré-envahit brusquement nos pensées.

Les reproches tardifs de l’aîné, Ruben, vont accentuer l’exercice : « Ne vous ai-je pas parlé, disant : « Ne péchez pas contre l’enfant Mais vous n’avez pas écouté ; et aussi, voici, son sang nous est redemandé » (comparer avec Matt. 27:25). Ruben croit que Joseph est mort. Il accuse ses frères. Peut être sa conscience est-elle touchée ? Mais il n’a plus d’autorité morale, et ne peut pas espérer être écouté en rejetant sur eux la faute : Tous ont péché.

Ces hommes « ne savaient pas que Joseph comprenait, car il y avait entre eux un interprète ». C’est un point important. Ils n’étaient pas encore prêts pour une confession publique.

Mais Joseph est touché de voir ce travail de Dieu chez ses frères. Il se détourne d’auprès d’eux et il pleure ! Puis revenant vers eux, il leur parle. Mais s’il se réjouit secrètement de ce qu’un travail de repentance ait commencé, il n’en laisse rien paraître. La crainte de Dieu lui donne du discernement. Il sait quel chemin difficile ses frères auront encore à suivre, pour être pleinement restaurés.

Joseph prend donc parmi eux Siméon et le lie devant leurs yeux (Gen. 42:24). Il sera gardé prisonnier en Égypte, Puis il charge ses frères d’une abondance de blé et leur fait remettre des provisions pour le chemin. Il fait aussi secrètement placer l’argent, présenté en paiement, à l’entrée de leurs sacs.

Ils s’en vont donc, mais au caravansérail où l’on stationne pour la nuit, l’un d’entre eux découvre cet argent dans son sac. Il en fait part à ses frères. Le cœur leur manque, ces hommes pourtant rudes sont saisis de peur,et ils déclarent : « Qu’est ce que Dieu nous a fait ? » (Gen. 42:28 ; Lam. 3:37). Autrefois, ils appréciaient pourtant tellement l’argent, au point même de vendre leur frère pour une somme minime !

Gn 43,1-34 : De nouveau devant Joseph

Les fils de Jacob se tiennent donc à nouveau devant le gouverneur, et aussitôt Joseph note la présence de Benjamin. Mais, sans céder aux élans de son cœur à l’égard de son plus jeune frère, il va poursuivre son travail de restauration, semblable à ce laboureur qui sait attendre le fruit précieux de la terre (Jacq. 5:7). Apprenons aussi, frères, à user de patience.

L’activité intelligente de l’intendant rappelle un peu celle du Saint-Esprit. Joseph lui donne des ordres en vue d’un accueil des plus hospitaliers : « Mène ces hommes dans la maison, tue et apprête ; car ces hommes mangeront avec moi à midi » (Gen. 43:16). Ceux-ci, mal à l’aise dans leur conscience, ont peur une fois encore, peur d’être amenés dans la maison de Joseph ! Ils s’imaginent qu’un projet a été formé pour « se jeter sur eux », ils se voient déjà réduits en esclavage. Combien ils sont encore loin de cet amour parfait qui chasse la crainte ! (1 Jean 4:18).

Ils cherchent alors à gagner l’intendant, à s’expliquer au sujet de l’argent retrouvé dans leur sac. Ils voudraient établir leur propre justice (Rom. 10:3). Mais l’homme établi sur la maison de Joseph les rassure : « Paix vous soit, ne craignez pas. C’est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a donné un trésor dans votre sac ». Et il ajoute : « Votre argent m’est parvenu » (Gen. 43:23-24). Ses comptes sont en ordre. Joseph a payé pour eux. Notre dette aussi a été payée, par une œuvre merveilleuse, celle du Seigneur à la Croix.

Puis cet intendant fait sortir Siméon vers eux et leur donne de l’eau pour laver leurs pieds souillés durant le voyage. C’était répondre à leur besoin continuel, qui est aussi le nôtre, d’être purifiés par le lavage d’eau que seule la Parole peut opérer (Éph. 5:26). Les fils de Jacob s’empressent de se préparer, et quand Joseph arrive à la maison pour « manger le pain », ils se prosternent, et offrent leur présent inutile.

Gn 45 : Achèvement de la restauration  (soir)

Désormais Joseph peut montrer ouvertement ce qui remplit son cœur. Il le fait sans témoins. Mais il laisse éclater sans retenue sa voix en pleurs ; « les Égyptiens l’entendirent et la maison du Pharaon l’entendit ! »

À ses frères, il déclare : « Je suis Joseph », et devant leur trouble, il les rassure en disant : « Approchez-vous de moi, et ils s’approchèrent ». Il répète : « Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour l’Égypte ». Toujours attentif au bien de ses frères, il cherche à les tranquilliser avec tendresse : « Ne voyez pas d’un œil chagrin que vous m’ayez vendu ici. C’est pour la conservation de la vie que Dieu m’a envoyé devant vous ». Il a voulu accorder à son peuple une grande délivrance (Gen. 45:5, 8).

À trois reprises, avec délicatesse, Joseph cherche à atténuer la gravité du crime de ses frères, en insistant sur les desseins merveilleux du Dieu d’amour et de toute grâce. Le souvenir du passé ne doit pas assombrir notre communion avec le Seigneur. N’est-ce pas souvent le cas ? C’est pour n’avoir pas su réaliser combien Sa grâce est grande.

Ils parlent ensemble, une douce communion est rétablie. Joseph peut, avec joie, leur communiquer ses pensées, ses projets, et les charger de raconter à son père « toute sa gloire… et tout ce qu’ils ont vu » (Gen. 45:13). Il adresse un pressant message à Jacob. Il vivra désormais dans l’attente de la prompte venue de son père. Il se propose de l’entretenir et de veiller sur lui. Il se jette au cou de Benjamin, il embrasse ses frères et pleure avec eux. Ces démonstrations de tendresse les rassurent.

Dieu veuille nous accorder encore de telles retrouvailles entre frères ! Notre Père nous fait parfois passer par un chemin long et difficile, sans que nous sachions toujours en discerner rapidement les motifs. C’est souvent pour nous amener à juger ce qui n’a pas été à sa gloire dans notre vie, peut-être des péchés déjà anciens. Il faut que nous apprenions à connaître la méchanceté de nos cœurs, la corruption totale de notre chair, pour nous tourner résolument vers Christ (1 Jean 1:7-9).

Mais durant ce temps d’épreuve, c’est un grand réconfort de se souvenir que le Seigneur discipline celui qu’il aime » (Héb. 12:6). Les apparences sont peut-être contraires, et des injustices apparaissent criantes ; et l’on s’estime, comme l’apôtre, « excessivement chargés, au-delà de sa force » (2 Cor. 1:8). Gardons cette assurance : « Il m’éprouve, je sortirai comme de l’or » (Job. 23:10). C’est son amour qui se déploie en notre faveur, avec un but précis (Prov. 20:30). Dieu, dans sa grâce, agit envers nous comme envers des fils.

Tu nous combles de tes grâces,

Tu nous connais nom par nom ;

Tu nous conduis sur tes traces

vers la céleste maison

Tu veux de notre faiblesse,

de tous nos maux t’enquérir ;

Quel amour ! Tu veux sans cesse

nous pardonner, nous guérir

Gn 50 : L’amour parfait chasse la crainte, car la crainte apporte avec elle du tourment

Souvent hélas, on manque de foi. Nous nous agitons alors que nous devrions rester calmes et confiants. Une telle attitude déshonore le Seigneur et entraîne une perte immense. Ce manque de confiance en Lui, dans les difficultés et les épreuves, doit nous humilier profondément.

À leur retour en Égypte, après l’ensevelissement de leur père Jacob, les frères de Joseph sont remplis des plus vives craintes. Malgré les soins dont ils ont été les objets depuis dix sept ans, ils doutent de la réalité du pardon de Joseph. Ils n’ont pas réalisés l’étendue de ses affections. Avons-nous vraiment appris à connaître un peu celles du Seigneur ? Ils ont pourtant entendu les paroles de Joseph, vu ses larmes, reçu ses baisers. Ne les a-t-il pas comblé de ses dons, choisissant pour eux la meilleure partie du pays d’Égypte, ce pays de Goshen, où ils sont séparés des Égyptiens ? (Gen. 45:1-15). Ils sont poussés par leur incrédulité à laisser leur imagination fantasmer. Ils en viennent à dire : « Peutêtre Joseph nous haïra-t-il, et ne manquera t-il pas de nous rendre tout le mal que nous lui avons fait » ? (Gen. 50:15). Ils se persuadent que Joseph les a entourés de soins, à cause de leur père, tant qu’il vivait encore, c’est à dire pendant dix-sept ans ! Ils n’ont pas compris que tous ces bienfaits dont Joseph les a comblés venaient de l’amour ardent qu’il avait pour eux !

Pourtant, ils ont vraiment reconnu, pour la première fois, leur péché. Jusqu’ici ils s’étaient contentés d’en parler entre eux quand ils se voyaient « serrés de près » en Égypte (Gen. 42:21) ou d’y faire allusion en s’adressant à Joseph (44:16). Les paroles de Juda laissaient présager un changement heureux dans leurs pensées, un amour retrouvé pour leur père et pour leur frère Benjamin (Gen. 44:18-34). Mais la crainte peut être, l’orgueil certainement, les ont empêchés de reconnaître franchement leurs fautes. Alors ils prêtent à leur frère Joseph les mêmes mauvaises intentions qu’ils ont eux-mêmes nourris dans le passé. Jugeant d’après eux-mêmes (2 Cor. 10:12), ils n’arrivent pas à croire que Joseph, qui les a pourtant tellement aimés malgré leur misère morale, et qui a pris grandement soin d’eux, ne garde aucun ressentiment à leur égard, et qu’ils sont entièrement pardonnés !

Ils se servent d’un moyen habile et détourné, et font dire à Joseph : « Ton père a commandé avant sa mort, disant : Vous direz ainsi à Joseph : « Pardonne, je te prie, la transgression de tes frères et leur péché ; car ils t’ont fait du mal. Ils ajoutent : « Et maintenant, pardonne, nous te prions, la transgression des serviteurs du Dieu de ton père » (Gen. 50:16-17). Jacob a t-il vraiment parlé ainsi ? S’il avait eu quelque chose à dire à Joseph au sujet de la conduite passée de ses frères, ne l’aurait-il pas fait directement, lors des entretiens émouvants qu’ils ont eu ensemble avant sa mort (Gen. 48) ?

En tout cas « Joseph pleura quand ils lui parlèrent » (Gen. 50:17). Il est fort attristé ; ses larmes une fois encore, témoignent de son cœur si sensible. Elles sont la première réponse à tous leurs calculs, à leurs craintes, à leurs suspicions ! Joseph est animé du même esprit que Christ. Ce dernier, cloué à la Croix par la haine des hommes, dira : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34 ; Jér. 29:11).

« Et ses frères aussi allèrent, et tombèrent sur leurs faces devant lui et dirent : « Nous voici, nous sommes tes serviteurs » (Gen. 50:18). Ils ressemblent au fils prodigue quand il retourne vers son père (Luc 15:19). Comme lui, ils se déclarent prêts à être les serviteurs de Joseph, pour obtenir une faveur, dont ils étaient depuis toujours les objets !

Avec patience, sans leur faire de reproche, Joseph les rassure. Une fois encore il dit : « Ne craignez point ; car suis-je à la place de Dieu ? ». C’est à dire, suis-je votre juge ? « Vous, vous aviez pensé du mal contre moi : Dieu l’a pensé en bien, pour faire comme il en est aujourd’hui, afin de conserver la vie à un grand peuple ». Joseph est animé des pensées de Dieu en grâce. Il ne pense pas à lui-même, aux torts qui lui ont été fait. Il voit le but divin dans tout ce qui s’est passé. Il comprend, comme le dira plus tard le psalmiste, que l’Éternel avait envoyé « un homme devant eux. Pourtant Joseph avait beaucoup souffert : « On lui serra les pieds dans les ceps. Son âme entre dans les fers » (Ps. 105:17-18). Notre grand modèle, le Seigneur, homme parfait ici-bas, a aussi grandement souffert « pour la justice » (1 Pier. 3:14).

Tout serait tellement plus heureux, si nous savions considérer, dans les circonstances pénibles que nous traversons, le but de Dieu, l’accomplissement de sa volonté, au lieu de chérir notre douleur (Ps. 38:17). C’est toujours l’occupation de nous-mêmes qui nous conduit à douter de l’amour du Seigneur. C’est Lui seul qui doit être l’objet de la méditation de son racheté.

Joseph rassure ses frères : « Et maintenant, ne craignez pas ; moi, je vous entretiendrai, vous, et vos petits enfants. Il les console, et parle à leurs cœurs ». Bel exemple de l’amour parfait qui chasse la crainte (1 Jean 4:18).

C’est cet amour qui fait dire au Dieu que nous avons offensé : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités (Héb. 10:17). Au lieu de mettre l’accent sur leurs fautes passées, Joseph insiste, comme il l’avait déjà fait auparavant, sur les desseins de l’amour divin, qui avaient changé le mal en bien ! Il montre à l’évidence qu’il a tout pardonné et que son cœur est plutôt occupé avec adoration des plans d’amour de Dieu. Ce sera un des thèmes du cantique nouveau pendant l’éternité.

Il nous arrive de ressembler aux frères de Joseph. Les doutes nous envahissent, au point peut-être de ne plus être sûrs que Dieu nous a réellement pardonné et qu’il fait travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos (Rom. 8:28).

Imitons plutôt l’apôtre Paul. Il était rempli d’assurance et affirmait au milieu des épreuves qui ont marqué la fin de sa course : « Je sais qui j’ai cru et je suis persuadé qu’Il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu’à ce jour-là » (2 Tim. 1:12). Sommes-nous prêts à nous appuyer avec simplicité sur les promesses de la Parole ? Quelle tristesse, si des rachetés du Seigneur se montrent « sans intelligence et lents de cœur à croire » (Luc 24:25) !

Élevé plus haut que les Cieux, le Seigneur est notre Souverain sacrificateur. Il peut sauver entièrement (jusqu’à l’achèvement) ceux qui s’approchent de Dieu par Lui (Héb. 7:25). Bien mieux que Joseph, Il sait nous entretenir et prendre soin de nos petits enfants. Il nous a gravés sur les paumes de Ses mains. Désormais nous sommes les objets constants de Son amour. (És. 49:16). Il nous attire parfois et nous amène au désert pour parler à notre cœur (Osée 2:14). C’est ainsi que nous réalisons ce qu’Il a fait pour nous à la Croix, et aussi quelles sont Ses pensées, toutes de grâce, à notre égard, pendant le voyage ici-bas, un voyage qui va bientôt prendre fin, dans la Maison du Père.

Ta sagesse, ta grâce et ton pouvoir s’unissent

Pour nous conduire au séjour bienheureux

Ô Dieu, jamais pour nous tes soins ne s’affaiblissent :

La nuit, le jour, tu nous suis de tes yeux.

5e jour

3. Considérations franciscaines sur la fraternité et la foi de Saint François

François conçois la fraternité en fonction de sa découverte de Dieu qui est père de tous, et par conséquent ceux qui viennent à François son un don pour lui. Dans son Testament, François énumère les dons reçus de Dieu :

  • La grace de faire pénitence (Tst 1)
    • La foi aux églises (Test 4)
    • La foi aux prêtres (Test 6)
    • Les Frères (Test 14)
    • Mes frères clercs et laics (Test 38)
    • Dire et écrire la Règle (Test 39)

3.1. Reconnaître le sens des événements et le sens de nos vies

En soulignant ce point, nous ne faisons que nous inscrire dans la grande tradition biblique. Tout au long de son histoire, le peuple hébreu n’a cessé de relire son histoire et plus particulièrement la portée de ces événements libérateurs, libératoires qu’ont été la sortie d’Egypte et le retour de l’exil à Babylone. Tous les livres de l’Ancien Testament en sont marqués d’une manière ou d’un autre ( les psaumes notamment), mais également ceux du Nouveau Testament.

Relire son histoire, autant dire en fait faire mémoire de l’Alliance de Dieu avec son peuple en célébrant la fidélité de Dieu.

Du coup, des questions de fond se posent à nous : Comment avons-nous tendance à appréhender les événements de notre vie ? Evénements et rencontres (le hasard ? La Providence ? La Grâce ?). En quoi est-ce que je peux dire que tel événement, telle rencontre fait sens dans ma vie ? Qu’est ce qui peut me permettre d’en prendre conscience ? Quels moyens je me donne pour cela ? LA FOI

Autre question en fait très apparentée : comment, est-ce qu’à travers les âges de la vie j’ai pu me construire comme personne humaine ?

A 70 ans, ce que j’ai à vivre ne peut pas correspondre à ce que j’ai eu ou à ce que j’ai pu vivre à l’âge de 40 ans. C’est le défi des âges. Reste que ce que je vis à 70 ans vient en quelque sorte prolonger ce que j’ai été à 40 ans. De ce point de vue, des cohérences de fond peuvent se donner à voir au fil du temps justement (Cf. l’IFHIM. Gérard BERLIET « Le juste grandira comme un palmier », Paris, Vie Chrétienne, pp.122-128).

Comme adulte, nous avons une responsabilité particulière à vivre qui rejoint le fait que chacun d’entre nous, avons une vocation particulière, un charisme singulier à assumer, et pour cela à découvrir…

Amadeo CENCINI, Les sentiments du Fils, Editions du Carme/, Toulouse, 2003 (extraits)

p. 157 « Le charisme correspond à mon moi, et il est le nom par lequel Dieu m’a appelé à la vie pour devenir semblable à Lui. Le charisme représente mon passé, mais aussi ce que je suis appelé à être. Il est le sens plénier de mon histoire et la condition essentielle pour me sentir moi-même et être heureux; il est ce qui rend mon identité définitivement positive, beaucoup plus que ne pourraient le faire mes seules qualités et aptitudes. « 

Nous n’avons pas à attendre la fin de notre vie pour tâcher de comprendre ce que nous avons vécu. Tôt ou tard, des événements marquants, des tournants, voire des épreuves peuvent nous provoquer en quelque sorte à cela. Pensez par exemple à la fameuse crise de la quarantaine. Nous sommes chacun, conviés à lire notre propre existence ; en l’occurrence à relire de ce que nous avons vécu parce-que cela nous est apparu de plus en plus significatif ( signe plus ou moins encore obscur de quelque chose)..

3.2. Le don des frères, par le Seigneur

Venons-en à François d’Assise . Vous connaissez son Testament. Le besoin qu’il a eu de revenir sur quelques faits majeurs de sa vie et de celle de ses frères ( pas sur tous les faits d’ailleurs). L’interprétation surtout qu’il en a faite : le Seigneur me donna, etc. ». Lecture du Testament :1-14

A la fin de sa vie, François d’Assise a eu clairement conscience de ce qu’a été la présence agissante de Dieu à travers un certain nombre d’événements de sa vie. Sa relecture s’est avérée également une véritable profession de foi, mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, vous le savez.

« (…) La transformation du jeune François d’Assise s’est (…) déroulée à travers plusieurs expériences de conversion. Elle a pris l’allure d’une démarche généreuse en faveur de Dieu. Sa quête intérieure d’Absolu, sans cesse consentie et risquée, a dû tôt ou tard se traduire en une manière de vivre. Les Légendes nous apprennent que François d’Assise a mis beaucoup de temps avant de connaître la volonté de Dieu à son sujet et de lui donner forme ». Pierre BRUNETTE, François d’Assise et ses conversions. Les Editions franciscaines; Paris, 1993.

Le Seigneur me donna des frères. C’est de cette manière que François d’Assise interprète l’arrivée massive de ses premiers frères et plus largement de tous ces hommes et de toutes ces femmes séduits en quelque sorte par sa manière de vivre l’Evangile de manière radicale.

Cette interprétation s’inscrit dans la relecture de sa vie. Or, nous le savons, les relations de François d’Assise avec ses frères n’ont pas été des plus simples. Je n’y reviendrai pas ici. Juste tout de même pour nous centrer sur l’approche pathétique décrite par le frère Eloi LECLERC dans « Sagesse d’un Pauvre » :

« A travers toute la Chrétienté avaient fleuri de petites communautés de frères. Mais à présent tout cela était menacé de ruine. C’en était fini de cette unanimité dans la simplicité. Parmi les frères, on discutait âprement et on s’entre-déchirait. Certains d’entre eux, tard venus dans l’Ordre mais éloquents et influents, déclaraient sans sourciller que la Règle, telle qu’elle était, ne répondait plus aux besoins de la communauté. Ils avaient leurs idées sur la question. Il fallait, disaient-ils, organiser cette multitude de frères en un Ordre fortement constitué et hiérarchisé. Et pour cela, on devait s’inspirer de la législation des grands Ordres anciens et ne pas reculer devant des constructions vastes et durables qui donneraient à l’Ordre des Frères Mineurs lui-même pignon sur rue. Car, ajoutaient-ils, dans l’Église, c’est comme partout, on a la place qu’on occupe.

« Ceux-là, songeait tristement François, n’ont pas le goût de la simplicité et de la pauvreté évangéliques. »

II les voyait en train de saper l’oeuvre qu’avec le Seigneur il avait édifiée. Et cela lui faisait mal, affreusement mal. Et puis, il y avait les autres : ceux qui, sous couvert de liberté évangélique ou bien pour avoir l’air de se mépriser eux-mêmes, se permettaient toutes sortes de fantaisies ou d’originalités du plus mauvais goût. Leur conduite jetait le trouble parmi les fidèles et le discrédit sur tous les autres frères. Ceux-là aussi sapaient l’oeuvre du Seigneur. » (Eloi LECLERC, Sagesse d’un Pauvre, Paris, DDB , pp.17-18.)

A nouveau on peut s’interroger sur cet événement que fut l’entrée massive des frères. Soit on s’en tient au fait, quitter à ajouter des commentaires du genre : si ces gens sont rentrés, c’est qu’ils cherchaient un sens à leur vie, ou bien c’est parce-qu’ils désiraient vivre l’Evangile plus radicalement que ce qu’ils voyaient vivre autour d’eux, notamment dans le clergé. Soit on entre dans une interprétation spirituelle ; ce que d’ailleurs n’ont pas manqué de faire les premiers biographes de François. Pensez ici au fait que François d’Assise nous est présenté comme celui envoyé par Dieu pour restaurer l’Eglise qui tombait en ruines ; pour la réformer de l’intérieur.

J’ajoute que l’une et l’autre de ces interprétations ont, non seulement leur validité, mais peuvent tout à fait se révéler complémentaires.

3.4. Un don qui n’est pas fortuit

Attardons-nous maintenant sur ce que l’on entend par don : le seigneur me donna des frères. Evidemment des petits malins auront tôt fait de faire remarquer que si les frères sont un don du Seigneur, ce ne sont pas pour autant toujours des cadeaux.

Je voudrais insister ici sur le fait qu’un don, ce n’est pas fortuit. Des frères franciscains au Canada ou au Congo, ce n’est pas fortuit. L’engouement suscité par François auprès de ses contemporains, ce n’est pas fortuit. Le fait que vous-mêmes fassiez fraternité, et avec tel et tel, ce n’est pas fortuit.

Tout cela a du sens et du sens qui s’inscrit dans ce que l’on pourrait appeler le projet de Dieu. Du sens aussi qui pourtant peut ne pas sauter aux yeux. Pensez à François dans Sagesse d’un Pauvre ; à ce que le frère Eloi LECLERC en a écrit : les frères seraient-ils un obstacle au projet de Dieu tel que François l’a perçu ? Nos propres sœurs et frères de fraternité seraient-ils un frein, un empêchement à ce à quoi soi-même voire notre fraternité sont appelés ? Ou tout au moins, tel ou tel serait-il un frein ?

Ce genre de questions, nous nous les posons parfois, quitte, après coup à culpabiliser.

A nous d’apprendre ensemble à reconnaître à travers ceci ou cela, celle-ci ou celle-là un don et non pas un obstacle.

Apprendre ensemble cela. S’aider les uns les autres à porter un regard que l’on pourrait qualifier de résolument bienveillant. Apprendre également mais c’est tout un, à ne pas être le jouet de nos émotions, voire de nos idées arrêtées. Je pense ici à un certain Eckhart TOLLE,( Nouvelle Terre. Ariane,2005, p. 146) qui a écrit ceci à propos du fond et de la forme : « La plupart des gens sont tellement identifiés à la dimension de la forme – aux perceptions sensorielles, aux pensées et aux émotions – qu’ils laissent de côté l’autre moitié essentielle de leur vie. Leur identification à la forme les garde prisonnier de leur ego. »

3.5. Reconnaître ce don avec les yeux de l’Esprit, dans la foi

Seul l’Esprit peut nous permettre de découvrir, de voir se révéler le Royaume qui nous est donné à contempler. Pensez aux disciples de Jean-Baptiste demandant à Jésus si c’est lui, le Messie et la réponse de Jésus :

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres…» ( Mt 11,2-6).

Voir grâce à l’Esprit, c’est vivre selon l’Esprit, c’est vivre spirituellement, ce à quoi s’oppose le désir de vivre selon la chair. L’être charnel – et charnel au sens où en parle St Paul dans les Epîtres aux Galates et aux Romains choisit de ne pas vivre selon l’Esprit, préférant plutôt se soumettre à la loi du péché, cette loi qui conduit à la mort (cf. Ga 5, 19-22).

– St Paul est clair: Rom 8,13: « Si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez; mais si, par l’Esprit vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez ». (Cf Je choisis la vie de l’Alliance : Dt.30,19 «Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez »).

– C’est aussi ce que précise François d’Assise en Rnb 17, 14-16: « Celui qui est docile à l’esprit du Seigneur veut mortifier et humilier cette chair, égoïste, vile et abjecte; il s’applique à l’humilité, et à la patience, à la pure simplicité, et à la paix véritable de l’esprit; ce qu’il désire toujours et par-dessus tout, c’est la crainte de Dieu, la sagesse de Dieu, et l’amour de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit« .

– Cf. T.MATURA, « François d’Assise auteur spirituel »: « Les premiers fruits de l’Esprit Saint selon François, c’est la prise de conscience de la dimension « charnelle » de soi: égoïsme, renfermement, autosuffisance, qui refusent et Dieu et le prochain. Cela doit mourir comme le précisent les quatre mots, (…). Mais ce à quoi l’Esprit s’applique et s’efforce davantage sont des valeurs de base: humilité, (connaissance de son moi et son acceptation totale), patience (savoir tenir, continuer, endurer), pure simplicité, (coeur sorti de soi et centré, sur Dieu et ses promesses), vraie paix de l’esprit (un certain calme intérieur solidement fondé sur l’espérance). Au sommet de tout, après le rejet du mal et le choix d’un chemin de vérité sur soi, se profile la réalité proprement divine. L’Esprit veut la mort de la chair, s’applique à créer certaines attitudes, mais avant tout il est désir ardent de (…) la saveur (…) et de l’amour que donne la communion du Père, Fils et Esprit. » (pp.134-135).

3.6. Accueil et don ; accueil et don réciproques

Qui dit don, dit accueil. Qui dit accueil dit reconnaissance. Qui dit reconnaissance engage à la relation. Un don ne peut être qualifié de don que s’il est reconnu comme tel. On peut ne pas le voir ; on peut ne pas en faire cas, être empêché ou bien s’empêcher de le reconnaître pensez à la parole de Jésus .

Mc.8,17-18: « Le sachant, il leur dit :  » Pourquoi faire cette réflexion, que vous n’avez pas de pains ? Vous ne comprenez pas encore et vous ne saisissez pas ? Avez-vous donc l’esprit bouché, 18 – des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre ?»).

De même il est précieux de jouer sur le mot reconnaissance. De le faire jouer : Reconnaître un don, que ceci est un don, un cadeau de Dieu, Et en être reconnaissant ; en rendre grâces. Dans l’un et l’autre cas, il en va de notre capacité, de notre disposition du cœur à célébrer Celui qui, comme le dit François d’Assise est la Source de tout Bien.

Adm8 :

« 1 Sans le secours de l’Esprit-Saint, dit l’Apôtre, nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur’ ; 2 sans le secours de l’Esprit-Saint, nul, pas un seul homme, n ‘est capable de défaire le bien ».3 C’est pourquoi celui qui est jaloux d’un de ses frères par l’intermédiaire duquel le Seigneur dit et fait du bien, celui-là commet un véritable blasphème : c ‘est au Très-Haut lui-même que sa jalousie s’en prend, puisque c ‘est de Dieu seul que dérivent toute bonne parole et toute bonne action. »

Le mouvement de reconnaissance est un mouvement qui engage la qualité de nos relations fraternelles. S’accueillir en fraternité, c’est reconnaître que Dieu nous a donné des compagnons et des compagnes de route et que c’est avec eux que nous sommes appelés à cheminer. C’est avec eux qu’il s’agit de témoigner de Celui qui nous convie à faire fraternité, à fraterniser et qui nous y aidera par Sa Grâce, pour peu que nous y consentions ; que nous apprenions à y consentir.

3.7. A ceci on reconnaîtra que vous êtes mes disciples : à

l’amour que vous avez les uns pour les autres

Amour, confiance mutuelle, joie : des mots forts pour aujourd’hui. Je voudrais citer ici Jean VANIER, La communauté, lieu du pardon et de la fête, (Fleurus/Bellarmin, 1979, pp. 20-21) : «L’atmosphère de joie vient du fait que chacun se sent libre d’être lui-même dans ce qu’il a de plus profond. Il n’a pas besoin de jouer un personnage, de prétendre être mieux que les autres, d’essayer de faire des prouesses, pour être aimé. Il a découvert qu’il est aimé pour lui-même et non pour ses capacités intellectuelles ou manuelles. Quand quelqu’un commence à enlever les barrières et les peurs qui l’empêchent d’être lui-même, il se simplifie. La simplicité, c’est précisément d’être soi-même en sachant que les autres nous aiment tels que nous sommes. C’est se savoir accepté avec ses qualités, ses défauts, dans sa personne profonde ».

Dieu nous donne de nous accueillir pour que nous témoignions de son Amour, et ce n’est pas rien aujourd’hui que de manifester de l’Amour à travers, grâce à des fraternités résolument ouvertes, je veux dire qui ne soient pas frileuses. Surtout aujourd’hui, dans un contexte de société, autant en prise à de la désespérance et à de multiples formes de peurs, de rétractations.

Je cite à nouveau Jean VANIER : « II y a dans le monde trop de gens sans espérance, trop de cris laissés sans réponse, trop de personnes mourant dans leur solitude. C’est quand les membres d’une communauté réalisent qu’ils ne sont pas là pour eux-mêmes ni pour leur propre petite sanctification mais pour accueillir le don de Dieu et pour que Dieu vienne désaltérer les cœurs desséchés, qu’ils vivent pleinement communauté. Une communauté doit être une lumière dans un monde de ténèbres une source dans l’Eglise et pour tous les hommes. On n’a pas le droit d’être tiède » (op. cit. p. 10), (cf. projet humanitaires Congo).

3.8. Qu’attendons-nous les uns les autres? Les uns des autres ?

A vous en fraternité de vous poser, voire de vous reposer la question. Je voudrais plutôt souligner ici cette espèce de réciprocité vitale qui nous associe, comme en une communauté de destin, frères et sœurs, laïcs et religieux ; sœurs et frères religieux et laïcs. L’encyclique de Jean-Paul II sur la vie consacrée ( Vita Consecrata) y fait allusion aux n°54-55 :

« La participation des laïcs suscite souvent des approfondissements inattendus et féconds de certains aspects du charisme, en leur donnant une interprétation plus spirituelle et en incitant à en tirer des suggestions pour de nouveaux dynamismes apostoliques. Dans toutes les activités ou ministères où elles sont engagées, les personnes consacrées se souviendront donc qu’elles doivent être, avant tout, des guides compétents de vie spirituelle, et, dans cette perspective, elles feront fructifier « le talent le plus précieux: l’esprit ». À leur tour, les laïcs offriront aux familles religieuses la précieuse contribution de leur caractère séculier et de leur service spécifique. » (n° 55)

Se donner les uns aux autres, frères et laïcs, laïcs et frères, c’est goûter par expérience ce que le Seigneur nous convie à découvrir ; Lui qui peut nous aider à porter un regard stimulant sur nos vies respectives, mais aussi et tout autant peut-être sur le pourquoi de notre être-ensemble. Nous sommes donnés les uns aux autres pour laisser se révéler la richesse de notre complémentarité, la richesse des charismes de chacun, la richesse également de nos états de vie, de nos vocations respectives.

Plus fondamentalement encore pour nous aider à vivre du Christ et dans le Christ. A l’enfanter dans le sens où en parle François d’Assise quand il souligne en quoi nous sommes appelés à être ses mères : « 55Ses mères lorsque nous le portons dans notre cœur et dans notre conscience, et que nous l’enfantons par nos bonnes actions, qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple.» (Rm 3 12).

6e jour

4. A la découverte de la Parole de Dieu avec St François

Intro : La Parole de Dieu dans la vie des saints

Deux petits exemples nous aident à comprendre combien les saints ont vécu de la Parole de Dieu.

Après sa conversion, Saint François d’Assise cherchait sa vocation. Il avait décidé de se donner à Dieu mais il ne savait pas comment. Avec un compagnon, il est allé prier et a fait dire une messe à cette intention. Il a demandé au prêtre d’ouvrir trois fois la Bible :

La première fois, le prêtre est tombé sur l’épisode du jeune homme riche : « Va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, viens et suis-moi » (Mt 19,21).

La deuxième fois, le prêtre a reçu : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace, ni chaussures, ni argent » (Lc 9,3).

La troisième fois, le prêtre a reçu :« Celui qui veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mc 8,34).

Conforté par la Parole de Dieu, Saint François a cherché à mener une vie de pauvreté à la suite du Christ.

Après quelques années de Carmel, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a toujours ce désir immense, et de plus en plus grand, de sainteté. Elle veut vraiment être une sainte. Seulement, quand elle se compare aux grands saints de l’histoire de l’Église, elle se sent toute petite. Quand elle entend lire la vie de saints tels que saint Paul, saint Augustin, sainte Thérèse d’Avila, saint François d’Assise etc, elle se sent comme un tout petit « grain de sable obscur ».

Elle se demande alors comment parvenir à la sainteté, malgré sa petitesse ? Elle sait qu’elle ne peut pas faire des efforts surhumains et volontaristes car elle n’en n’a pas la force. Elle cherche alors une petite voie, bien droite, bien courte, toute nouvelle, pour parvenir à l’amour total de Dieu, à la sainteté.

Lors de son voyage en Italie, plusieurs fois elle avait eu l’occasion d’emprunter des ascenseurs (tout nouveaux à l’époque). « En un instant, on se retrouve au sommet d’un immeuble ». Eh bien Thérèse cherche une sorte d’ascenseur pour parvenir à Dieu, car elle sent incapable de gravir les hautes marches du grand escalier de la perfection…

Un jour, elle lit une parole de la Bible qui était dans un petit carnet que sa sœur Céline lui avait donné. C’est un verset du livre des Proverbes qui dit : « Si quelqu’un est tout-petit, qu’il vienne à moi » (Pv 9,4). Elle tombe aussi sur une parole du livre d’Isaïe qui dit : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66,12-13).

Quelle grande lumière, quelle grande joie pour Thérèse ! Le voilà l’ascenseur qu’elle cherchait! Ce sont les bras de Jésus, c’est Jésus lui-même qui la portera au sommet de la sainteté !

Ainsi, elle n’a pas besoin de grandir et de devenir parfaite, il lui faut rester toute-petite pour se laisser porter par l’amour et la miséricorde de Dieu…

4.1. Dieu parle dans les événements relus par les hommes inspirés

4.2. Au temps de saint François la Parole était difficilement accessible, il puise dans les événements de sa vie et dans la liturgie

4.3. Dieu fait ce qu’il dit, sa parole est un acte créateur p. 25

4.4. Les Paroles sacrement de la présence réelle du Christ p. 31

4.5. Pour François « la Parole de Dieu » a un sens élargie  p. 39

4.6. St François et l’intelligence spirituelle des Ecritures p. 63

4.7. Pour François les Saintes Paroles sont celles du Dieu-Trinitaire p. 67

4.8. François accueille l’ensemble des Saintes Ecritures p. 70

4. 9. François ne se limite pas à l’interprétation allégorique en vogue à son époque p 74-80

5. Discernement franciscain en fraternité (voir les notes de De Waseige) matin

6. Accompagnement des frères désemparés (voir les notes de De Waseige) soir

7e jour

7. Envoyés évangéliser en fraternité

ÉVANGÉLISATION :

LA VOCATION FRANCISCAINE EST MISSIONNAIRE

Pour tout chrétien, l’appel évangélique est déjà, dès le début, une vocation missionnaire. Aller, être avec Lui et être envoyés sont une unique réalité (cf. Mc 3,14); ce sont des éléments peut-être distincts dans le temps, mais déjà tous impliqués et contenus dans l’invitation à le suivre. L’appel est unique : penser à la mission  comme à une étape ultime d’un long cheminement n’est pas juste; c’est plutôt la perspective d’où regarder dès le début. On ne se forme pas « en vase clos » pour aller ensuite « à l’air libre »; comme le dit un bibliste : « Appeler, au sens évangélique, c’est aussi participer activement à la mission » (B. Maggioni).

« Celui qui a rencontré le Christ, ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer » (NMI 40). C’est pourquoi la mission, le fait d’aller par le monde, est une question de foi vivante; c’est « la mesure exacte de notre foi en Jésus Christ et en son amour pour nous » (RM 11).

En outre, l’évangélisation répond à la logique du Royaume plus qu’aux besoins des destinataires ou à quelque autre nécessité (cf. Mt 10,1-5, où appel et mission s’identifient). Et le Royaume ne peut être classifié ou délimité selon les destinataires lointains ou proches (ce n’est pas la déchristianisation qui nous envoie d’abord en mission), selon les temps (d’abord les proches et ensuite ceux qui sont loin), selon les lieux (d’abord dans les églises et ensuite dans les maisons ou le long des routes), selon les nécessités de « notre maison » ou d’autres peuples. L’annonce, l’acte d’aller, est la dimension fondamentale et permanente de l’évangélisation; c’est la logique du Royaume, le modèle de toute forme de mission. La première annonce, la seconde évangélisation et la pastorale ordinaire (cf. RM 33) répondent à l’unique envoi et constituent la même mission : ce sont trois modes ou dimensions étroitement unis dans le temps et l’espace, comme fut unique la mission de Jésus dans les synagogues, dans les maisons, sur les routes, avec les justes et avec les pécheurs. Partout et toujours, nous sommes invités à annoncer, exhorter, renouveler, consolider la foi, à faire de nouveaux disciples de l’Évangile et à fortifier les disciples qui sont déjà à la suite de Jésus.

Pour François, l’évangélisation est l’expression de la rencontre du Christ (1 Cel 22). Pour lui, vocation et mission coïncident (LM 4,2), que ce soit dans ses premières années ou après la crise « contemplative » ou à la fin de sa vie.

Évangéliser en Fraternité

« Allez, mes biens-aimés, parcourez deux à deux les diverses contrées du monde, annoncez la paix aux hommes et prêchez-leur la pénitence qui obtient le pardon des péchés » (1 Cel 29). François n’envoie jamais un frère seul par le monde. La Fraternité et la communion sont le point de départ et le cœur de la mission franciscaine.

La Fraternité a une identité théocentrique et une dimension prophétique et missionnaire, puisque :

–  son origine renvoie à la paternité de Dieu,

– sa construction quotidienne se réalise dans le détachement de soi-même et dans le fait de suivre le Christ comme unique point de point de référence,

– sa vision prophétique exprime le Royaume déjà à l’œuvre au milieu de nous,

– sa dimension missionnaire vient de ce que le Seigneur nous envoie à « sa vigne » comme des témoins de réconciliation entre nous et avec le Père pour l’édification de son Royaume.

La Fraternité-en-mission est libre et libératrice : elle est envoyée au monde entier avec le cœur fixé en Dieu. Ses structures elles-mêmes deviennent signes et sentiers pour un cheminement rapide qui élève l’homme vers Dieu. La tension dynamique et constructive entre les valeurs et les structures accompagnera notre existence, personnelle et communautaire, dans ce pèlerinage terrestre jusqu’au jour de notre mort : il n’existe pas de valeurs sans structures et il ne devrait pas exister de structures sans aucune référence aux valeurs vécues dans le quotidien.

Quand François rencontre le sultan Malik-Al-Kamil à Damiette en juin 1219, il fait une expérience imprévisible et éclairante (cf. Jacques de Vitry Lettre IV; 1 Cel 57; LM 9,7-9). François se présente comme l’envoyé « du Dieu Très-Haut », il se déclare « chrétien » et annonce sa foi, sans proclamer une croisade; il découvre progressivement dans le sultan un « mystique » et un frère dans la « foi » au Dieu unique, et le sultan à son tour découvre en François un « homme courtois » et croyant. À Damiette s’est réalisé le miracle de la rencontre entre deux personnes très différentes, une rencontre ayant eu lieu sur « la rive de l’autre », dans le respect de la diversité, dans le dialogue courtois, dans l’amour gratuit. François avait expérimenté et découvert une nouvelle façon d’être missionnaire, ce dont nous avons l’écho et l’esprit au chapitre 16 de la Première Règle de 1221.

À Damiette, François a fait l’expérience de la réciprocité. Il a accueilli ce qu’il a vu de positif chez le sultan et est retourné à Assise avec un profond respect pour les Sarrasins qu’il a connus comme des croyants. Il nous montre un autre aspect merveilleux et actuel de l’évangélisation : la mission est écoute et communication; c’est vivre avec les autres; c’est choisir d’ouvrir les yeux sur la réalité de l’autre; c’est croire que le Royaume de Dieu est déjà autour de nous, en profondeur, en chaque personne même non chrétienne (cf. 1 Cel 82); c’est donner et recevoir en même temps.

Dans le domaine du dialogue, le franciscanisme a son mot à dire, mais surtout un exemple et un témoignage à offrir. De fait, la figure, l’expérience et la proposition de François sont un message dont la validité est accueillie et reconnue par les membres de plusieurs confessions et religions différentes. François est un homme de dialogue universel par son expérience évangélique radicale, par son amour de la Parole de Dieu qui a opéré en lui une conversion continue : tout cela a fait de lui un homme nouveau qui a retrouvé l’équilibre des relations avec Dieu, avec les hommes et avec la création, à laquelle chacun peut se référer avec espérance. C’est pourquoi le franciscain est par vocation un homme de dialogue.

SERVICE DE L’AUTORITÉ :

TÉMOIGNER DE L’ÉVANGILE DE LA FRATERNITÉ

« De tout mon cœur, je me donne à cette Fraternité »

En professant la Règle et la vie des Frères Mineurs, ce qui, pour François, équivaut à « être reçu à l’obéissance » (2 Reg 2,11), le Frère se livre totalement à Dieu, en lui offrant toute son existence dans un pacte d’alliance avec Lui (cf. CC.GG. 5 § 1). Cette consécration, qui se réalise concrètement par les vœux, est un processus dynamique qui s’exprime de manière toujours nouvelle dans les situations ordinaires de son existence. La profession est un pacte qui engage à découvrir et à accomplir la volonté du Père : « [les frères] renoncent à eux-mêmes, soumettent leur volonté propre à leurs Ministres et Gardiens légitimes en tout ce qu’ils ont promis au Seigneur d’observer (2 Reg 10,3), en sorte qu’ils acquièrent plus pleinement la maturité personnelle et la liberté des fils de Dieu » (CC.GG. 7 § 1).

De ce pacte d’alliance avec Dieu dérive aussi l’engagement à vivre avec confiance la relation fraternelle. En un acte unique et existentiel, la profession fait de toute la vie du Frère Mineur une remise totale et définitive de soi au Seigneur et aux frères. C’est là la perspective juste qui éclaire en même temps le service de l’autorité et la promesse d’obéissance du frère. On entre en communauté religieuse pour suivre Jésus « ensemble », comme des personnes qui vivent le même projet évangélique et charismatique dans la communion fraternelle. Il faut sortir du binôme supérieur-sujet, dépendance-indépendance, pour passer à la dimension de la réciprocité, de l’interdépendance et de la coresponsabilité, qui crée et renforce la vraie communion. Il s’agit de retrouver le concept évangélique de l’autorité et de l’obéissance. Jésus, qui exerce son « pouvoir », n’impose pas et ne soumet pas, mais il libère et fait vivre. L’autorité vit dans la Fraternité, est pour la Fraternité et anime la Fraternité à partir des valeurs et en vue de la réalisation du projet de vie évangélique commun.

C’est dans la direction de ce type d’autorité/obéissance que notre Ordre doit croître, afin que l’exercice de l’autorité puisse garantir et soutenir nos Fraternités-en-mission.

(Cfr Ministre Gen José Carballio, http://www.ofm.org/capgen/00/talks/talk06fr.doc‎ , 4-6-2013)

Conclusion de la retraite

“Voici, nous montons à Jérusalem.” Luc 18, v. 31

Ce dernier voyage à Jérusalem marque, dans la vie de Jésus, le sommet de son obéissance à la volonté du Père. ” . . . Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. ” C’était la pensée dominante du Seigneur, pendant toute sa vie. Ni les joies, ni les revers, ne le détournaient de ce but. ” Jésus prit la résolution de se rendre à Jérusalem. ”

La chose essentielle que nous devons sans cesse nous rappeler, c’est que nous aussi nous montons “à Jérusalem ” , pour accomplir la volonté de Dieu, et non la nôtre. Il est naturel que l’homme ait des ambitions personnelles; mais le chrétien ne poursuit aucun but personnel. On parle beaucoup, de nos jours, de prendre une décision pour Christ, de se décider à être chrétien, de décisions pour ceci ou cela; mais dans le Nouveau Testament, c’est la volonté souveraine de Dieu qui est mise au premier plan. ” Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis… ” (Jean 15, v. 16). Nous ne sommes pas appelés à comprendre et à approuver le plan de Dieu, mais à nous y soumettre même sans comprendre. Nous n’avons aucune idée du dessein de Dieu, et plus nous avançons, moins nous y voyons clair. Il nous semble que Dieu vise à côté de la cible, parce que notre vue est trop courte pour voir ce qu’il a en vue.

Au début de notre vie chrétienne, nous avons nos idées à nous sur le but que Dieu se propose: ” Je suis fait pour aller ici, ou pour aller là-bas ” Dieu m’a appelé à telle œuvre précise ” , et nous nous mettons en route; nous travaillons et pendant ce temps l’appel souverain de Dieu continue à se faire entendre. Le travail que nous faisons ne sert à rien; il n’a pas plus de valeur qu’un château de cartes. Il nous faut accepter tout à nouveau la volonté de Dieu. ” Il prit avec lui les Douze. ” Il nous prend sans cesse, nous aussi, avec lui, pour nous conduire plus loin.

– Anne-Laure ZWILLING, Frères et soeurs dans la Bible. Les relations fraternelles dans l’Ancien et le Nouveau testament ( LD 238), cerf, Paris 2010.

– Michel HUBAUT, Accueillir la Parole de Dieu avec François d’Assise, Editions Franciscaines, Paris 2007.

Les Sources Franciscaines.

Au plaisir de vous relire.

Fr Pierre Matabaro

Sommaire

Premier jour : la foi 1

Cain et Abel 2

Soir : Les Descendants de Noé, indice d’une fraternité universelle. 6

Abram et Lot 13

Deuxième jour : Considération du judaisme. 7

Jacob et Esau : 3e jour 14

Jacob se marie à deux sœurs (soir) 14

4eme Jour :Joseph et ses frères. 14

5e jour 14

3. Considérations franciscaines sur la fraternité et la foi de Saint François. 14

6e jour 14

4. A la découverte de la Parole de Dieu avec St François. 14

7e jour 14

7. Envoyés évangéliser en fraternité. 14


[1] http://clermont.catholique.fr/download/1-1308-0/fiche-theme-la-fraternite-a-3-2-1.pdf (1-9-2013)

[2] http://www.bibliques.com/lr/Penta/gn04.php (20-8-2013), Copyright @ 2010-2011 – Tous droits réservés

[3]  A- L. Zwilling, Les frères et soeurs dans la Bible. Les relations fraternelles dans l’Ancien et le Nouveau Testament, (LD 233), Cerf, Paris 2013, p. 45..

[4] http://www.bibliques.com/lr/Penta/gn07.php (13-8-2013)

[5]http://consistoire.soka-bouddhisme.fr/pdf/FraterniteAbraham-revue154/Fraternite Alterite et Similitude G. Hagai.pdf (22-08-2013)

[6] http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=823&PHPSESSID=88e24c84d05c13da8afd61b93a5189e8 (15-6-2013)

[7] L. Guinamard, Survivantes. Femmes violées dans la guerre en République Démocratique du Congo.

[8] http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=823&PHPSESSID=88e24c84d05c13da8afd61b93a5189e8 (15-6-2013)

[9] J.F . Dortier, le Pape et les Pygmées. A la recherche de la religion première, mise à jour 11-05-2012

 in http://www.scienceshumaines.com/le-pape-et-les-pygmees-a-la-recherche-de-la-religion-premiere_fr_15091.html (14/03/2013)

[10] CHEIK ANTA DIOP a écrit beaucoup sur la question de l’Afrique berceau de l’humanité (voir Appendice). Les découvertes archéologiques le confirment jusqu’à présent. Un exemple de ses livres documentés: Civilisation ou barbarie, Présence africaine, Paris 1981, p. 12, où il démontre que l’Egypte est source de la science universelle. Il est confirmé sur beaucoup de points par l’archéologie : « La transition de l’Acheuléen au Paléolithique moyen s’étale sur près de 200000 ans, de 400000 à 200000 B.P., quand les processus de régionalisation se déclenchent dans plusieurs parties du continent. Les hommes modernes apparaissent durant cette même période, suggérant une seconde migration hors d’Afrique. La technique de débitage Levallois (qui permet d’obtenir des éclats ou des pointes de formes prédéterminées, en préparant le nucléus et en prévoyant la suite d’opérations techniques multiphases) est représentée dans toutes les parties du continent. Les éléments de mobilité sont beaucoup plus évidents et l’exploitation des ressources marines est attestée aux deux extrémités du continent, à Klasies River Mouth sur la côte sud-africaine et Haua Fteah sur la côte libyenne au nord. L’Afrique du Sud, avec des sites comme Blombos, Bushman Rock Shelter, Duinefontein II, Eland’s Bay Cave, Klasies River Mouth» cf. A. Holl, Afrique. Préhistoire, in www.Universalis.fr.encyclopedie/afrique-prehistoire/ (16-5-2013)

[11] PRECHE P., Moïse l’Africain: La vérité voilée sur l´Africain qui a inspiré le monothéisme occidental in  http://www.peuplesawa.com/fr/bnnews.php?nid=632 (16-5-2013).

[12] A. Yesha’Yahou, Le mot Dieu héritage culture greco-latin, in http://yeshayahou.over-blog.com/article-le-mot-dieu-l-heritage-culturel-greco-latin-57332137.html (29-05-2013).

[13] Philippe LAUGT, Attitude de Joseph à l’égard de ses frères ou l’activité du véritable amour, in

http://www.bibliquest.org/Laugt/Laugt-at01-Joseph_et_ses_freres-Amour_vrai.htm ( 4-8-2013)

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