Le culte traditionnel chez les Bashi selon P. Colle

CULTE TRADITIONNEL CHEZ LES BASHI  SELON P. COLLE

sources: http://dehelp.net/wp-content/uploads/2018/11/Monographie-des-Bashi-revue-et-corriguée-Père-COLE.pdf

117.  RITES ET CULTES EN GENERAL

D‟après Nyangezi, les anciens Bashi n‟ont honoré que les bazimu familiaux et les bazimu de leurs chefs décédés, et encore plus anciennement, disent certains vieux, seulement NYAMUZINDA. Lors de la bénédiction du nouveau village de Ngweshe à Walungu le 04/12/1917, le Père Orth entendit clairement dire que le culte des premiers ancêtres de la race allait à Nyamuzinda tout seul. Le sacrifice comporte toujours :  1. l‟évocation de l‟âme désincarnée 2. la possession  3. la bénédiction  4. une certaine communion avec l‟ancêtre  5. l‟octroi de vigueur corporelle avec promesse de biens terrestres  6. la dépossession.

Le culte se manifeste encore par les libations, les prières, la génuflexion, le vœu, la continence et le repos rituel, le jeûne, l‟abstinence et les tabous ou titances, le port d‟amulettes, etc.

LE CULTE DE NYAMUZINDA est très restreint.  On en a vu le motif, inutile de se le rendre propice.  On fait cependant quelque chose en son honneur, voir 113.  En Irhambi, les indigènes disent qu‟ils offrent de la bière à Nyamuzinda.  Voir au 118 ce que nos noirs pensent de Nyamuzinda.

CULTE DES ANCETRES FAMILIAUX

1/  SACRIFICE AUX ANCETRES (kuvuga ennama) DANS LA HUTTE FAMILIALE

Il se fait par le père dans la hutte de sa femme.  La hutte a reçu une couche d‟herbes fines.  Le père prend de la bière qu‟il met dans une cruche sur un coussinet.  Il y trempe le tuyau (musiho) en asperge un côté de la hutte, l‟y trempe de nouveau, en asperge l‟autre côté, puis met le tuyau en travers sur la gueule de la cruche. C‟est le signal convenu pour que l‟âme de l‟ancêtre vienne en lui.  Aussitôt donc son ancêtre muzimu vient dans le père.  Ce dernier a pris près de lui sa famille et un ami, son assistant : mwimanzi owarhola.  Le père ne parle plus, le muzimu parle par sa bouche, il dit : Mmuhire, omusingo ezi ngula (que je salue ces gens).  L‟ami dit : We ndi ?  il répond : Nye… et il dit le nom de son père.  L‟ami : Oyishe bwinja… un tel… ogashane ?  il lui présente le tuyau : Oyanke mapipi : prends de la bière.  Le possédé aspire une gorgée, la crachotte sur l‟assistance ; tous battent des mains en disant : Oganze : merci.  Et ils se mettent à lui faire leur prière : donnes-nous le bonheur, des enfants, des vaches etc, etc. éloigne telle maladie etc.  Le père possédé leur promet tout.  Puis il prend un vase d‟eau où il a craché un peu de bière, y trempe des branches de mutudu (ficus), asperge l‟assistance, touche chacun à la tête, bras, jambes, reins, etc. les comprime même.  C‟est pour leur donner des forces, la fécondité, etc. On lui amène aussi le bétail qu‟il asperge de même.  C‟est sa bénédiction.  Après cela il dit : Nkola naja ha katungutungu : voilà que je m‟en vais en haut.  Il lève les bras, baille en disant haa, et l‟esprit sort de lui par la bouche.  On ne sait où il va là haut.  L‟ami dit : Ogendage bwinja, orhagenda na omugondo (ne pars pas en colère), vade in pace !)  Revenu à lui il ne sait ce qui s‟est passé.  On lui dit qu‟on vient de sacrifier et il fait l‟étonné.  C‟est tout.  La mère peut aussi se faire posséder par son ancêtre muzimu qui est sa mère.  Chacun le peut, car chacun est censé succéder à un muzimu.  Au père succède le fils aîné, à la mère de la fille aînée, au mari mort sans enfants succède la première femme à l‟épouse morte sans enfants succède sa mère à l‟épouse mère d‟un garçon succède son garçon au frère aîné succède le frère cadet au garçon seul déjà âgé d‟environ 14 ans succède le père ; à son défaut la mère ; à une fille orpheline, de mère succède le père ; à son défaut la mère ; à une fille orpheline, de mère succède son frère, à

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un garçon orphelin succède son cadet à celui ou celle qui meurt avant la puberté ne succède personne.  Pour mieux comprendre le rôle de la succession, il est bon de les comparer avec le rôle de l‟offrande au défunt (117), car ces deux rôles se compénétrent.

2/  OFFRANDE A UN DEFUNT

Deux ou trois mois après l‟enterrement du père de famille, le successeur du mort construit près de l‟enclos familial une hutte minuscule en herbes, appelé lûsho.  Après l‟avoir tapissée d‟herbes fraîches, il y met les objets chers au défunt : lance, arc et flèches, couteau, parures, vêtements, vivres préférés et quelques charbons ardents ; il lui refait son logis en miniature. Puis il se met à genoux, avale une gorgée de bière de bananes et en crache quelque peu sur le seuil de la hutte, en demandant au mort de le bénir, de lui procurer bonheur, santé, richesse et fécondité.  Un garçon ou un homme marié ne peut sacrifier à ses frères plus âgés ou moins âgés que lui, que si son père est mort ; encore faut-il que ses défunts eussent été en âge de se marier ou le fussent déjà.  Une fille ou femme ne peut le faire pour ses sœurs plus ou moins âgées qu‟elle si sa mère vit encore ; si sa mère est morte elle peut leur offrir un sacrifice si elles avaient été mariées. Le père sacrifie à son fils défunt devenu grand, non pas à ses filles. La mère sacrifie à sa fille déjà mariée, mais non pas à ses fils défunts.  Le sacrificateur familial est le père de famille.  On sacrifie surtout en cas de maladie, de cauchemar où l‟on a cru voir et entendre, le défunt.  Quand la famille déménage, le père sacrifie habituellement tous les morts adultes de la famille.

BENEDICTION DE LA HUTTE / DES BIENS DE LA FAMILLE 

Le père prend une poignée d‟herbes quelconques qu‟il met sur le sol de la case et y dépose les biens qu‟il désire bénir.  Puis il prend une clochette, l‟agite pour appeler l‟esprit de son ancêtre ; il dit : Larha ogashane, ompe obuzibu, ogishe bana bawe, ebirugu burha abandi, nakuha empanzi (père béni, donne-moi de la force, bénis tes enfants et tous mes biens qui sont tes biens.  Si mes enfants ne deviennent pas malades et que je puisse en avoir encore d‟autres, je te ferai cadeau de … un taurillon). Ce VŒU vaut pour le temps spécifié, après 1, 2, 4 ans. Au moment d‟accomplir son vœu, il va trouver de suite le mufumu ou le mudahwa lequel dit : c‟est bien, apporte de la bière.  Quand il l‟apporte, il amène en même temps le taurillon promis.  Le mudahwa dit : « Oui c‟est bien le taureau voué ».  Un solide gaillard saisit le taureau ; lui enfonce le bras dans la gueule, enlève de l‟estomac un peu d‟herbes, que le mudahwa met dans la bière et il dit à l‟homme : « Va boire cette bière seul avec ta femme, puis vous coucherez ensemble » ce qu‟il fait.  Puis le lendemain, il revient.  Le mudahwa lui dit : « Tuez à présent le taureau » ; on le tue et on le mange.  C‟est là la viande sacrée.  Le mudahwa reçoit la peau et les boyaux.  La famille mange de cette viande.  Ce double sacrifice montre combien le culte indigène ancien a été imprégné par celui plus récent de Lyangombe.

SACRIFICE TRIBAL AUX ANCETRES

Souvent le chef va sacrifier à ses ancêtres.  Ce sacrifice est fait en son nom particulier et pour ses besoins personnels, ou bien pour les besoins de la tribu tout entière.  Les chefs qui peuvent sacrifier ainsi sont : le Mwami, le Nakuno et le Nahano ; c‟est-à-dire ceux qui ont un luvumbu : arbre cimetière.  Ils s‟y rendent par eux-mêmes ou bien envoient leurs grands sacrifices.  Mais toujours il y a avec eux le naluvumbu ou sacrificateur des luvumbu. Ce naluvumbu est un homme quelconque, choisi hors du clan du chef par le conseil des grands.  Sa dignité est héréditaire s‟il a un fils en état de lui succéder, sinon le conseil en choisit un autre.  Pour sacrifier, le chef ou son envoyé, les grands et le naluvumbu se rendent au bois sacré avec du miel, des bananes, un tambour.  Le naluvumbu dépose miel et bananes sous le higombe du chef défunt,

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qu‟il reconstruit s‟il le faut, et où il met une nouvelle jarre.  Puis il bat le tambour pour appeler le muzimu de l‟ancêtre et fait sa consultation sur le sujet qu‟il l‟amène : (issue de la guerre, de l‟épidémie, de la famine, etc.).  On dit que le naluvumbu voit le muzimu, lui parle, etc. ; c‟est sans doute pour le vulgaire. Le miel et les bananes ayant disparu, on dit le ngwi mugashane ou léopard habité par l‟ancêtre est venu le manger.  En cas de calamité publique, surtout avant une grande guerre, le chef fait sacrifier sur toutes les collines à luvumbu, afin d‟avoir la protection de tous les ancêtres à la fois.  Pour sacrifier les grands portent toujours la peau de njuzi (serval).

CULTE DES ANCIENS HEROS

1/  CULTE DE L’ESPRIT NAMUKUMBA 

D‟après les anciens, Namukumba était un « pur esprit » créé par Nyamuzinda, mais fixait sa résidence dans un « féticheur » appelé son gardien.  Il serait venu du Rwanda au Bushi, où il aurait attiré sur lui l‟attention en élevant d‟un coup la grosse montagne Nyidunga à l‟Ouest de Nyangezi (108).  D‟après d‟autres, il serait venu du Bukunzi, pays des grands faiseurs de pluies, à l‟Est de Nyangezi, au Rwanda.  Il était homme, avait un serviteur nommé akashemwa et deux filles : Nakanyere-Kalungu et Nanjuzi-lungu.  Arrivé à la Ruzizi et ne pouvant le traverser, il aurait détaché du flanc de la montagne un énorme rocher, l‟aurait fait rouler et aurait ainsi formé le « pont de pierres » sur lequel on passe encore actuellement.  Voici ce qu‟on raconte encore sur lui : le gardien possédé de Nyamukumba avait trois femmes.  Un jour il demanda à l‟une de ses femmes de lui donner à manger.  Elle refusa.  Il en demanda à la deuxième, puis à la troisième ; même refus.  Furieux, il dit : « Aujourd‟hui j‟ai fini de vivre », et il partit.  Intriguées, ses femmes le suivirent.  Tous ensemble ils arrivent au bord d‟un marais.  Il dit à l‟une des femmes : « Passe par ici ».  Elle le fait, s‟enlise et meurt.  On continue, on arrive devant un deuxième marais : la deuxième femme reçoit le même ordre, s‟enlise et meurt.  Même scène devant un troisième marais.  Enfin il arrive seul devant un quatrième marais, veut le traverser, s‟enlise et meurt. Peu après un homme dont l‟enfant était malade voulut aller consulter l‟esprit de Namukumba sur le bord du marais où il se personnifiait dans un autre féticheur.  L‟homme prend avec lui 20 colliers de perles pour lui en faire cadeau.  Mais en route, pensant que c‟est trop, il en cache 10 dans les herbes.  Pendant la consultation, Namukumba, par la bouche d‟un féticheur lui dit : « Tu venais avec 20 colliers et tu m‟en offres 10 ; tu ne profiteras pas des 10 autres ».  En retournant chez lui l‟homme veut ramasser les colliers cachés et y trouve à la place un grand serpent qui le met en fuite. Un autre homme alla lui aussi le consulter.  Il avait emporté en cadeau deux belles grosses perles.  Pendant la consultation, Namukumba, lui dit : « Tu as en main une seule perle pour me l‟offrir, tu as caché la deuxième dans ta bouche, ne voulant pas me la donner, eh bien cette perle y restera ; jamais plus tu ne pourras l‟enlever de ta bouche » et c‟est ce qui arriva.

Pour sacrifier à Namukumba, on lui construit une petite hutte, qu‟on désigne sous le nom de Kanamukumba.  On y offre du miel, de la bière, de sorgho, et on y dépose un moment des clochettes qui servent aux chiens pour la chasse.  Si l‟on en a, on y dépose aussi des cristaux de quartz.

2/ CULTE DE KANGERE. On appelle Kangere, le fils de Namukumba.  Il aurait eu trois sœurs et aurait vécu avec elles au Bushi.  Un jour ils furent tous chassés du pays et s‟en allèrent au Rwanda.  Arrivés à la Ruzizi et ne pouvant passer, l‟aînée des filles prit un petit caillou, le jeta dans l‟eau, le caillou se mit à grossir tellement que bientôt il forma un pont.  Ils passèrent et peu après ils moururent au Rwanda.  Une autre version dit que Kangere était le pâtre Namukumba, et qu‟ayant accompagné son maître, il disparut avec lui dans le marais, où ils s‟enlisèrent ensemble.  Voilà pourquoi, lorsqu‟on lui sacrifie on dit : Kangere ka Lungwe, nakuluka enshoho, ci

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ntakamanya amambalizo gayo.  Erhi aha nshala aha Nyahungula, erhi bagula babirhi barhabalamanyira, erhi aha mwirhuba aha nyamwirhuba nalya omuhya na omugikulu ; ho nyakamira hamira omuhya mirhamba na omugikulu.  (Je suis le petit frepâtre de Dieu, je tisserai une sacoche, mais je ne saurais (faire) l‟intérieur.  Il y a à la cascade, à la hutte, il y a deux hommes d‟âge qui ne s‟y promènent (ne les franchissent) pas ; il y a à la mwirhuba (rivière) à l‟eau de la mwirhuba, qu‟on y dévore une jeune femme et une vieille, à la Nyakamira (autre rivière) qu‟on y avale une épouse ornée pour les épousailles et une vieille).

Pour sacrifier à Kangere on dresse une petite hutte ouverte devant et derrière ; on y dépose une cruche à long col ornée de taches blanches verticales.   Devant la hutte on dresse une pierre plate, et on y dessine trois petites croix blanches (sans doute en souvenir des trois femmes, soit les trois sœurs de Kangere, soit les trois femmes du gardien de Namukumba).  On y plante aussi une lance à manche très courte appelée Katumuzimu.  A défaut de la lance, la pierre plate prend ce même nom.  Près de là on creuse un trou dont on garnit le fond avec des feuilles de bananiers.  Aux côtés de la hutte on plante des branchettes de mutudu (ficus) et tout contre ces branchettes s‟accroupissent d‟un côté les hommes, de l‟autre côté les femmes. Le côté des hommes est dit : cirhebo (le lit) de Lyangombe ; le côté des femmes est dit : cirhebo ca imandwa.  Nouvelle preuve de l‟emprise du culte de Lyangombe sur le culte primitif.  C‟est dans le trou qu‟on verse les libations de bière, le sacrifice se fait comme la plupart des autres ; mais la prière comme on l‟a vue ci-dessus est tout à fait spéciale.

3/  CULTE DE BINDULA 

On rencontre de rares indigènes qui vénèrent cet esprit.  Ils lui donnent le titre de « fils de Namukumba » mais semblent ne pas en avoir plus long à son sujet.  Ils lui dressent aux carrefours des sentiers, des huttes de paille surmontées de 4 tresses, plantent à côté des branches de mutudu (ficus) et de pandanus, et par devant la porte une série de lamelles de bambous qu‟ils disent être les lances de Bindula et de ses guerriers.  A l‟intérieur de la hutte ils posent une écuelle contenant de la terre blanche.  Pendant le sacrifice ils offrent des haricots et des patates douces.

4/  CULTE DE MAHESHE 

Maheshe est l‟ancêtre qui fonda le clan des Nabaheshe.  Les gens de ce clan vivaient en paix mêlés à ceux du clan Banalugendo.  Ils étaient unis par des liens d‟amitié et de parenté.  Un jour la brouille se mit entre les deux clans, et les Banalugendo quittèrent et émigrèrent vers le Nord, vers les pays Lukumbakumba.  Ils y vivaient depuis longtemps déjà quand un jour ils perçurent la visite des envoyés de Nyamuzinda, qui leur dirent : « Sortez d‟ici, c‟est la propriété réservée de Nyamuzinda ».  Mais les Banalugendo se moquèrent d‟eux et restèrent sur place.  Alors Nyamuzinda se fâcha et réveilla ses volcans, si bien que presque tous furent ensevelis sous la lave. Pour honorer Maheshe et les Banalugendo on suspend au plafond de la hutte familiale un sac en écorces et lorsqu‟on tue un taurillon ou une vache crève, on dépose dans ce sac un morceau du filet, on l‟y laisse deux jours et le troisième jour on le mange.

5/  CULTE AU MUZIMU MULIRIMA (KUKOLERA MULIRIMA)

Mulirima est un des grands bazimu, placé sous les ordres de Lyangombe.  Anciennement il était considéré comme n‟ayant jamais eu de corps.  C‟était un « pur esprit » très honoré ; mais comme beaucoup d‟autres il a fini par s‟hybrider dans le culte de Lyangombe.  On le consulte dans les maladies, etc.  Son représentant officiel est le sorcier (mulaguzi) Mushoho.  Il y a beaucoup de Bashoho, tel v.g. le nommé Kabalabala sur le territoire de Nyangezi. Le mushoho en fonction porte au front un gros remède fixé à un diadème ; il a en bandouillère toute une série de remèdes.  Quand le malade veut le consulter, il y envoie un ami.  Celui-ci s‟y

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rend sans cadeau, il s‟adresse v.g. à Kabalabala.  « Bonjour Kabalabala.  Il y a chez moi quelqu‟un qui est gravement malade.  Je viens demander de consulter Mulirima pour savoir s‟il va guérir ou mourir ».  C‟est bien, dit le mushoho.  « Je vais consulter ; tu peux retourner chez toi, ce soir j‟y serai ».  L‟ami revient.  Le mushoho consulte (ou ne consulte pas) Mulirima.  Cependant la famille du malade prépare un repas avec de la bière si possible.  Au soir venu, le Mushoho s‟amène.  A quelques pas de la maison, il fait entendre une sorte de grognement.  Ce grognement semble venir d‟en bas (du kuzimu) à quelques pas derrière lui.  Evidemment c‟est Mulirima qui s‟annonce, tous en sont persuadés ; le Mushoho ensuite se met à lui parler, de sa voix habituelle ; « tu es mon père, ma mère, je te supplie de me dire si ce malade va guérir ou mourir, guéris le… donne lui la santé… ».  Puis il se met à genoux devant la porte de la case, colle son oreille sur le linteau de gauche, et écoute attentivement.  Mulirima parle… toute l‟assistance entend une sorte de voix rauque, un grognement sortir de la paroi.  Mulirima se fait entendre.  « Oui, oui, c‟est moi qui ai rendu un tel malade, c‟est moi qui le tiens, mais je ne veux pas le tuer, il guérira (ou il mourra) ».  Le Mushoho intercède pour le malade… il dit en battant les mains : « Père Mulirima, quitte le malade, ne le tue pas… donne lui la santé ! »  Cela continue tout un temps sur ce ton…  Mais voilà que le muzimu se tait.  Le Mushoho alors se relève.  Il donne au malade à boire une eau lustrale où il a mis du bihagazi, remède de Mulirima, lui met au cou un collier de malago (v. irago N° 95) lui fait sur la poitrine une série de scarifications, y frotte de l‟huile chargée de remèdes.  Puis il prend un peu de bière, qu‟il verse sur la paille, qui aboutit au-dessus de la porte en disant : « Ennama zigashane, obwanga bwa Mulirima » (que les mânes soient glorifiés… le remède de Mulirima).  Le malade est amené de manière à recueillir dans la bouche la bière qui dégoutte de l‟herbe.  A ce moment l‟assistance bat des mains, salue le muzimu, et lui fait sa prière : « Ô grand Mulirima, protège-nous, accorde-nous la santé, fais que nous ayons des vaches, aide-nous à acquérir une houe pour cultiver nos champs, bénis nos cultures » etc., etc.  Après cela le Mushoho est souvent invité à partager le repas, à boire un peu de bière…  Il ne manquera pas de faire à Mulirima une légère libation c‟est-à-dire répand sur le sol un peu de boisson.  Puis on lui donne ses émoluments : un mouton si Mulirima a déclaré que le malade guérirait… sinon il ne reçoit rien.  Et le Mushoho rentre chez lui avec le mouton.  Si le malade mourrait, la parenté irait de suite reprendre le mouton en disant : « Rends notre bien, puisque tu nous a trompés ».

6/  SACRIFICE DES PECHEURS DU LAC A L’ESPRIT MUHIMA WA NKANGU

Muhima wa Nkangu était roi à Chirhanga (Nord d‟Idjwi).  Sa femme était Nanzige.  Il n‟en eut pas d‟enfant.  Son suivant Murhwa s‟appelait Shabushenjegere.  Il avait fiancé KANYERE fille du roi de Mabula (presqu‟île de l‟O. du Kivu).  Kanyere était allée à Chirhanga, mécontente elle en était repartie.  Arrivée au pied du mont Mabula, elle fut envoûtée par Nkangu et changée en pierre (rocher qui a la forme d‟une femme tournant le dos à Idjwi).  Son grenier, son jeu de dames (muchuba) et sa cloche (mudende) furent aussi changés en pierres.  Kanyere ne reçoit pas de sacrifice.  Son châtiment est pour son orgueil, car on dit d‟elle « Kanyere kabengaga Ijwi karhakula yo masu » (Kanyere a méprisé l‟île Idjwi, elle ne peut l‟enlever à son regard).  Les pêcheurs honorent Muhima wa Nkangu pour une bonne pêche, une bonne traversée et contre la tempête.  On lui construit des huttes sur les bords du lac, on y met un pot avec une tige de fer (sa lance).  Dans le pot on met un peu de bière et une poule pour lui et sa femme, on y met des haricots, bananes mûres et nshalala (résidu de bière) pour son mutwa.  Celui qui sacrifie invoque Nkangu en étant accroupi et grelotant de tous ses membres.  Nkangu alors entre en lui et le sacrificateur dit : « Nyono Muhima wa Nkangu ».  Sa femme et ses enfants participent à son sacrifice.  On cuit une poule, on la mange, et les plumes sont piquées dans les cheveux ; le sacrificateur prend une gorgée de bière, en crachote sur l‟assistance.  On lui offre aussi une barque c‟est-à-dire un tronc de bananier jeté dans l‟eau en lui disant : « Voici la barque que je te donne ». Au moment du sacrifice on fait sa prière.  Muhima wa Nkangu est autre que « Muhima wa irhwe » le suivant de Lyangombe et honoré par l‟os d‟ivoire porté sur le front.

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7/ CULTE DE CIHANGAHANGA

Un truc employé par une femme de polygame jalouse, pour se débarrasser de sa rivale, consiste à simuler la possession par le muzimu Chihangahanga.  Chihangahanga est le muzimu d‟un mufanshuzo : homme mort sans enfants mâles.  Il est sensé s‟emparer des membres féminins ou des épouses des hommes de la famille d‟un polygame et de manifester sa présence par la syncope. Quand une femme jalouse de ses rivales veut s‟en débarrasser, elle simule donc un évanouissement (luhungu).  Les voisins aussitôt lui jettent de l‟eau froide sur le corps, surtout la face.  Si elle tarde à reprendre ses sens, on se figure que Chihangahanga s‟est emparé d‟elle.  On dit donc à la malade : « Akaba muzimu akugwerhi, achiderhage » (Si un esprit s‟est emparé de toi qu‟il le dise donc).  Si la malade ne dit encore rien, on prend des feuilles de tabac vert ou de mutuzo, on les écrase dans le creux de la main, on y met un peu d‟eau, on met cette mixture dans les narines et les oreilles de la malade en disant : « Arhule » (Que l‟esprit s‟apaise).  La malade excitée se réveille.  Aussitôt l‟assistance dit : « Oleke oyu mulike, orhamuyirhe, rhugende e wirhu, baja kurherekera » (Quitte cette personne, quitte-la, ne la tue pas, retournons chez-nous, qu‟on aille sacrifier »).  Alors la jalouse simule être en possession du muzimu et dit : « Ega, namulika chi barhenze luhali ; akaba barharheza undi mukazi, lwo luhali, nayirha muntu muguma hano ».  (Oui, je la quitterais, mais qu‟on chasse la concubine, si on ne chasse pas cette autre femme, elle la concubine, je tuerai une personne ici).  Puis elle ajoute : « Banterhekere, banyubakire bushakalela bwani (enyumpa yani) inkazikalukamweo, nalonza olikeka lwani, na kashona (bâton de femme), na oluku, na endaha, na omurhengula, na echimane, na olugamba (belle perle) ». Qu‟on m‟offre un sacrifice, qu‟on me bâtisse une hutte, pour que je puisse m‟y réchauffer ; je veux ma natte et mon bâton et ma peau, et ma cruche, et une gourde à col allongé, et mon diadème et ma belle perle).  Puis « omuntu winyu oyu ntachimuyirhe chi okaba iba arhanterhekiri, nakamuyirhe, nanachigaluka ».  (Cette personne-là, la vôtre, je ne la tuerai pas, mais si son mari ne m‟offre pas de sacrifice, je la tuerai et je m‟en irai »). Alors le muzimu sort par la tête.  On ramène la femme au logis, on avertit le mari.  Si le mari est crédule, il bâtit de suite une petite hutte provisoire, y met les objets désignés, promet au muzimu de lui faire le sacrifice.  Les objets y restent peu de temps.  Après quelques jours il construit une meilleure hutte, appelle chez lui la femme qui a assisté la malade et a fait parler le muzimu.  Il s‟accroupit avec cette femme et la sienne devant le feu, ayant devant lui un pot de bière posé dans une écuelle.   Il y trempe le chalumeau à bière, qui se remplit, le pose sur le plat, appelle le muzimu : « Omuzimu ayishage, rhumurhekere » (Que l‟esprit vienne donc pour que nous lui sacrifions), puis jette de la bière sur le feu avec le tuyau, y jette en même temps du sorgho.  Le muzimu vient de la femme, le mari dit : « Charhuma wayisire omukazi omu mpinga ka erhi wamuyisire ntakachikurherekera ? » (Pourquoi as-tu tué ma femme sur les sommets arides, est-ce que quand tu l‟as tuée je ne t‟ai pas offert un sacrifice ?).  Le mari donne à boire de la bière à la femme possédée ; elle crache trois fois par terre, la quatrième bouchée, elle la crache sur le mari « obwanga obwo okazinterekera nani.  Erhi okaziyorha wankashaniza omu nyumpa yani, mukazi wawe arhachilwala » (Voici le remède, offre-moi aussi un sacrifice.  Si tu continues à offrir dans ma maison ta femme ne sera plus malade).  Puis elle prend du mutudu, branche sacrée, la trempe dans de l‟eau, frappe son mari aux pieds, aux genoux, aux reins, à la poitrine.  Puis elle lève les bras et dit : « Hiya ! » l‟esprit sort. Le mari demande sa bénédiction.  Alors le mari appelle par le même procédé le muzimu dans l‟assistance.  Le muzimu venu en elle, celle-ci boit de la bière deux bouchées, qu‟elle crache par terre, la troisième sur la femme revenue à elle et dit : « Obwanga obwo » (Voici le remède).  Elle offre ensuite de la bière à la femme.  Puis l‟assistante fait la divination c‟est-à-dire l‟invite à l‟honorer.  Ensuite la femme se met à genoux, la possédée la masse aux jambes à la poitrine, au dos, puis la touche avec la branche sacrée aux pieds, genoux, reins, poitrine, dos.  Elle fait de même avec le mari.  Puis elle étend les bras et le muzimu sort pour retourner au Katungutungu.  Elle redevient simple femme.  Le mari lui offre à manger ; on mange ensemble, on lui donne un

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peu de bière qu‟elle va boire ensemble avec son mari à elle.  Le mari crédule a déjà renvoyé la rivale, surtout si lui-même n‟y tient qu‟à demi.

8/ CULTE DE LYANGOMBE ET SA CLIQUE (ASSOCIATIONS SECRETES)

L‟esprit de Lyangombe a pris dans le culte des Bashi une part envahissante, il a pour ainsi dire hybridé le culte des mânes et des esprits purement indigènes.  Et cependant il vient de l‟étranger. Quand vous demandez aux Bashi qui est ce Lyangombe, d‟où il vient, ce qu‟il fait ils sont réduits à « quia ».  Ils en connaissent quelques bouts de légendes, quelques chants, la manière plus ou moins précise de l‟honorer.  Même ceux qui lui sont voués, les « imandwa » n‟en savent guère plus long.  C‟est que le culte de Lyangombe a été importé du Rwanda et que les relations entre Bashi et Banyarwanda ne sont pas fort amicales.

QUI EST LYANGOMBE ?  Ses sectateurs, mandwa, disent que c‟est un esprit tellement grand et puissant, que quoique postérieur à Nyamuzinda, il est bien plus fort que lui.  Plusieurs mandwa vont plus loin : Lyangombe n‟est qu‟un autre nom de Nyamuzinda, créateur, en tant qu‟il est le chef des bazimu.  J‟en ai entendu me dire : Lyangombe est la génératrice de tout à l‟aide de BINEGO son mari. A vrai dire la masse des Bashi ne vont pas si loin.  Ils disent que Nyamuzinda seul est le créateur et que Lyangombe est simplement un esprit plus fort que d‟autres esprits et que jadis il fut homme.  Nyamuzinda l‟a créé et l‟a fait grand muzimu pour l‟aider à faire du bien aux hommes et arrêter les bazimu inférieurs qui veulent leur nuire.  Il est toujours bon, il se fâche seulement contre ceux des imandwa qui violent les secrets de leur initiation ; s‟ils meurent on dit parfois : « Lyangombe a tué un tel parce qu‟il avait trahi son secret » (Amuyisire okwenge abezire ibango lyage).  De là le proverbe : Omwira w‟ibango arhalibera ; akalibera limwirhe » (L‟ami du secret de Lyangombe ne le trahit pas, s‟il le trahit, il le tue).

D’OU VIENT LYANGOMBE ?  D‟après les Banyarwanda, il aurait eu pour grand-père Nyundo, qui engendra Babinga, son père.  Sa mère était Nyiragyangombe, alias Nyitamitumbi.  Il eut un fils, Binego, de sa femme Nyirakajumba.  Lyangombe était mututsi, du clan Bega et serait sorti du Karagwe, d‟autres disent du Ndorwa ou même du Nduga.  Son père Babinga était chef, dit-on mais on ne sait s‟il était roi ou seulement chef d‟une secte religieuse, les imandwa.  Le nommé Mpumutimuchunyi ayant voulu disputer à Lyangombe son autorité religieuse, celui-ci triompha avec l‟aide de Binego, son fils né de Kajumba. Mais au Rwanda, même, on trouve encore des vieux qui disent, que Lyangombe est un grand esprit créé, qui n‟a eu ni père, ni mère ; d‟autres lui attribuent le titre de « fils illégitime ».  Ici au Bushi, si plusieurs acceptent la généalogie donnée ci-dessus, la plupart disent que Lyangombe n‟a pas eu de père, mais qu‟il est né d‟une femme appelée Mabira ; ils l‟appellent Lyangombe lya Mabira. Il aurait été roi du Rwanda, du temps que les Bashi occupaient encore l‟Urega (Bubembe).  Il a deux fils Binego et Muhima.  Lyangombe porte encore le nom de Lyandindi, et de Lyahende, ici au Bushi.  On dit que son pouvoir lui vient de Nyamuzinda qui lui accorda le titre de « mulebi » voyant.  On dit aussi qu‟après avoir reçu son pouvoir, il en abusa pour usurper sur les hommes l‟autorité de Nyamuzinda, qu‟il voulut prendre sa place, et que pour cela il est devenu l‟ennemi personnel de Nyamuzinda.  Au Bushi, on le dit très bon ; il garde spécialement ceux qui lui sont voués.  Ses adeptes ne lancent pas contre lui des imprécations comme ils le font contre Nyamuzinda.  Les non-initiés (enzigo) ne se font pas scrupule de se moquer de lui.  Que si un adepte s‟en moquait, il se rachèterait en offrant quelques colliers de perles au mudahwa c‟est-à-dire l‟homme dans lequel Lyangombe entre pour parler aux hommes.  Presque tous les chefs ont près d‟eux un mudahwa, afin d‟obtenir ainsi sur leurs gens la bienveillance de Lyangombe.  On croit qu‟il n‟est pas localisé, mais se trouve partout. D‟autres disent qu‟il se tient surtout dans les volcans et sur les sommets des montagnes « oku mpinga » mais cette croyance n‟est pas très répandue.  On entend souvent des femmes dire « yisha

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ibango », que brille Lyangombe, (ibango) secret des imandwa est alors pris pour leur chef Lyangombe).  Dire « lahira ibango » (jure par Lyangombe) donne la dysenterie.  A noter que ibango et kunu sont encore deux mots pris pour l‟esprit Lyangombe lui-même.

HISTOIRES 

Il court au sujet de l‟histoire, de Lyangombe plusieurs variantes pour raconter sa mort.  Bien que venant du Rwanda, elles se racontent ici : 

1/ Sa femme lui ayant demandé de lui donner une peau de buffle pour s‟en vêtir, il part en chasse.  Il rencontre 4 buffles, envoie entre eux sa meute de chiens, mais tous sont tués par les buffles.  Il s‟élance alors contre eux, est saisi par un buffle, jeté en l‟air et retombe sur un chikohwa (erhytrina) où il meurt.

2/ Lyangombe joue au jeu de dame indigène (muchuba) avec Mpumutimuchunyi.  Il perd 10.000 vaches.  Il va consulter une jeune sorcière et la viole.  La fille crie, Lyangombe s‟enfuit et va se cacher dans un fourré.  Peu de jours, après il rencontre la fille qui lui dit : « J‟ai conçu ».  Il lui demande de nommer l‟enfant, qui sera un fils Binego.  Mais voilà que 5 mois après elle accoucha d‟un garçon, qui dès le jour de sa naissance court faire paître les vaches de son grand-père, et même en tue une.  Le grand-père envoie un serpent et un vautour pour le tuer et le dévorer mais Binego les tue ; il tue même 3 grands hommes de son grand-père, tue encore un taureau et le mange en une seule nuit.  Il tue Nyirakatoke qui lui a refusé des bananes et Nyirakajumba sa belle-mère, qui lui a refusé des patates.  Puis il retourne voir sa mère et trouve avec elle Lyangombe.  Il demande à manger à Nyiramitumbi sa grand-mère qui lui dit : « Mpumutimuchunyi a tout pris et il se prépare à prendre même le pouvoir de ton père ».  Peu après, il apprendra que son père joue encore avec ce Mpumutimuchunyi, il s‟y rend, n‟est pas reconnu, dit à son père comment il doit jouer, et le fait vaincre deux fois de suite.  Binego alors brandit sa canne de cuivre et casse la tête de l‟adversaire.  Il se fait reconnaître à Lyangombe, qui récupère ainsi tous ses biens.  Mais l‟adversaire a une fille, laquelle à la mort de son père, a fui dans la brousse avec son fils Nantaluhu.  Cependant Lyangombe veut aller à la chasse, mais sa mère a rêvé qu‟il sera tué par un buffle et elle s‟y oppose.  Il passe outre et part avec ses serviteurs.  Dans la brousse, il rencontre la fille de son adversaire, ne la reconnaît pas, tandis qu‟elle le reconnaît.  Elle lui dit : « Voilà un buffle, tue-le et donne-moi sa peau ».  Lyangombe envoie ses serviteurs, mais ceux-ci ne veulent pas.  Il va donc lui-même, et le buffle la saisit sur les cornes et le tue.  En mourant il rentre dans un chikohwa, et ordonne que tous lui offrent le sacrifice du kubandwa, tous, sauf les chefs.

3/ Lyangombe était un roi du Rwanda, du temps que les Banyamwocha étaient encore dans l‟Urega.  Un fils de leur clan, Kadusi, était passé dans le Rwanda du temps de Lyangombe.  Il avait avec lui un fils nommé Chihanga.  Celui-ci enviait le pouvoir.  Il alla trouver une jeune sorcière appelée Mpumutimuchunyi et lui demande de lancer contre le roi Lyangombe un mauvais sort, ce qu‟elle fit.  Le roi alors se sentit poussé à aller chasser les buffles et les ayant rencontrés, il en prit bêtement un par la patte, en reçut un coup de cornes et en mourut.  Ses gens ayant entendu sa mort, voulurent tous aller tuer ce vilain buffle.  Ils y allèrent, hommes, femmes et enfants absolument tous.  Mais en route ils trouvèrent des ruches chargées de miel appartenant à Katanazi, perdues au milieu des hautes herbes, et ils volèrent le miel.  Katanazi furieux mit le feu à la brousse et tous furent brûlés et moururent.

4/ HISTOIRE DE KIGERI VAINQUEUR DE LYANGOMBE

Kigeri, fils de Luganza qui tua les chefs du Ndorwa Katabiruru et Nzizamuramira.  Jadis le Rwanda avait de nombreux rois indépendants.  Le plus puissant était Mukwege, gros, tellement qu‟on lui avait fixé une ceinture de cuivre pour lui permettre la marche.  Kigeri (Muzinga) était

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moins puissant que lui, et rêvait de prendre son pays.  Ne pouvant réussir il fit accord avec un des ses hommes, Nkuba, fils de Karema et lui dit : « Si tu peux tuer Mukwege, tu seras roi de son pays et tu seras mon vassal ».  Nkuba va le dire à son père.  Celui-ci d‟abord ne veut y consentir.  Enfin il lui donne des conseils et des remèdes pour le tuer du premier coup de lance.  Kigeri fait la guerre à Mukwege et marche contre lui ; Nkuba le suit et le tue.  Kigeri en l‟apprenant, songe à tuer Nkuba.  Il veut le surprendre et dit à ses gens de mettre sur sa route des femmes et des filles nues et des pots de bière pour le faire soûler.  Nkuba conseillé par son père refuse de regarder ces femmes et filles et de boire de la bière.  Kigeri cherche en vain un motif pour le tuer.  Il se résout à lui donner une colline.  Puis il part contre le roi de Ndorwa.  Pour y arriver il se travestit en mendiant, prend une harpe et une hache qu‟il cache dans une cruche, et part avec trois hommes.  Il reste 8 jours en route, ignorant du chemin, il rencontre Lyangombe et son serviteur Maheshe.  Celui-ci avait reçu de Kigeri une colline, mais voulant prendre le Ndorwa, il y fit la guerre, fut vaincu et rentrait chez lui.  Lyangombe demande où il va.  Kigeri lui dit qu‟il va couper du bois.  Lyangombe lui dit : « Dis la vérité, je sais qui tu es et où tu vas, c‟est au Ndorwa ; voici la route à suivre ». Kigeri arrivé chez le roi se présente comme chantre et faiseur de lits de peaux.  Le roi le croit et l‟admet à son service.  La mère du roi soupçonne que Kigeri est plus qu‟un mendiant ; elle lui offre de la bière ; Kigeri refuse (un roi ne peut boire de la bière d‟un autre pays).  A ce signe, la reine-mère reconnaît qu‟il est roi et en prévient son fils.  Mais celui-ci ne la croit pas et l‟admet dans son intérieur.  Kigeri se dit : « Je suis dans la maison du roi.  Son trône doit être le mien ».  Et il lui plante sa hache dans la poitrine.  La reine-mère en est avertie en songe et veut fuir.  Mais Nkuba a su que Kigeri est allé au Ndorwa ; en 2 jours il le rejoint et arrive à temps pour tuer la reine-mère.  Il en avertit les gens de Kigeri.  Celui-ci est furieux, mais faute de motif, il n‟ose le tuer.  Force lui est de lui donner là un bout du terrain.  Puis Kigeri revient sur ses pas après avoir soumis tout le Ndorwa.  Il vient faire la guerre au Buhavu, puis rentre au Rwanda, puisque l‟arrivée des blancs empêche de continuer ses conquêtes au Kivu. Lyangombe avait reçu une colline chez Kigeri, mais rêvait de prendre le Ndorwa.  Il y fut vaincu et chassé.  C‟est au retour qu‟il rencontra Kigeri.  Kigeri revenu chez lui, voulut lui reprendre sa colline, et lui fit la guerre.  Lyangombe s‟enfuit avec ses gens, les mandwa, son ami Binego, Nakazana son esclave et Nyabirungu sa sœur (d‟autres disent sa fille).  Il se cacha dans les hautes herbes.  Là ils volèrent le miel des ruches de Bazinda et sa femme, gens de Kigeri.  Celui-ci se vengea parce que Lyangombe qui avait fait avec lui le pacte de sang, n‟avait pas craint de lui voler son miel.  Il mit le feu aux herbes.  Lyangombe grimpa dans un chigohwa et y mourut.  C‟est pour cela que le mandwa l‟honore par un chirhebo où est planté un chigohwa.

DEVIN DU LYANGOMBE.  On a rencontré déjà plusieurs fois le mot « MUDAHWA ».  C‟est le nom du personnage, homme ou femme, qui est censé posséder à demeure l‟esprit de Lyangombe.  C‟est par lui que ce génie manifeste ses volontés aux humains, leur parle, leur accorde son appui, ses bénédictions.  On lui donne aussi parfois le nom de « MWALIKWA » sagefemme.  Toutes les fois que le ou la mudahwa opère, il tient en main un coutelas, une spatule à faire la pâte et des feuilles de mutudu, figuier sauvage.  On s‟adresse à lui assis et les mains jointes comme pour la prière.  Voici d‟ailleurs un exemple des prières qu‟on lui adresse. « Tu es mon père, tu es ma mère, c‟est toi qui m‟a donné des bras, des jambes, sur les sommets (oku mpinga) tu demeures, garde-moi, garde mes enfants et mes vaches.  Quand je serai bien portant, je te donnerai de la viande et de la bière (entango = cruche de bière) ».

CHIRHEBO = autel (ou lit) de Lyangombe

On rencontre un peu partout l‟autel de Lyangombe, notamment tout près de la case des chefs et devant de nombreux enclos familiaux, mais jamais aux carrefours et le long des routes comme pour les autres esprits.  Cet autel consiste en un arbre sacré, mutudu ou chigohwa, au pied et tout autour est un cercle de cailloux, de 2 à 3 mètres de diamètre, dont l‟intérieur est couvert d‟herbes fines. 

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Au pied de l‟arbre on a fixé, au moment de le planter, des branches de 4 sortes : kalaliri, murhanga, efambohwe et lurhendezi (cordes de chiendents). Le chirhebo est habituellement dressé au moment où le chef de famille vient d‟achever la construction d‟un nouvel enclos familial.  Pour cela il invite le mudahwa à venir procéder à la cérémonie.  Lui-même s‟y trouve avec sa femme et son fils aîné, son héritier.  Dès que l‟arbre sacré est planté, tous ensemble le saisissent, y compris le ou la mudahwa, et récitent la formule suivante : « nous sommes à l‟abri de la contagion, si la grande maladie arrivait dans le pays, elle ne viendrait pas ici, si nous arrivons sur l‟arbre nous sommes à l‟abri de la contagion (rhwazibirira echinja chakayisha muno chihugo, chirhakahikaga hano rhwakuhika oku murhi rhwazibira echinja). Alors le mudahwa asperge d‟eau lustrale avec une branche de mutudu tous les assistants et dit : « vous tous, je vous donne la santé, ne soyez pas malades, que les mânes soient honorés, que Lyangombe vous garde » (mweshi mweshi mmuhire obuzibu, murhalwale, emana zigashane, Lyangombe amulange). Cette cérémonie fut introduite avec le culte de Lyangombe.  Tout père de famille qui a une vache agit de la sorte pour son enclos avec le mudahwa.  Il doit pouvoir le payer ; s‟il n‟avait pas de quoi, le mudahwa le ferait à crédit.  Désormais le chirhebo recevra la visite des malades de la famille.  La mère de famille y passera de longues heures dès qu‟elle aura conçu.  Le père de famille voulant aller en voyage, y plantera sa lance, demandera à Lyangombe de ne pas avoir d‟accidents en route.  Au retour il y fixera de nouveau sa lance, et remerciera pour avoir été bien gardé. Les enfants n‟y vont guère s‟ils ne sont pas malades.  Celui ou celle qui s‟y rend, offre habituellement un peu de bière de bananes ou de sorgho à Lyangombe, et l‟asperge avec une branche de mutudu trempée dans l‟eau, en disant : « Lyangombe ogashane ».

CULTE DE LYANGOMBE

Il est pratiqué plus par les femmes que par les hommes, et plus par les pauvres que par les riches, ou plus exactement par le peuple que par les chefs.  La raison en est que les femmes du peuple se font initier à la secte des imandwa plus nombreuses que les hommes, tellement que presque toutes les filles nubiles sont vouées à Lyangombe.  L‟instruction religieuse réussit à faire tomber cette coutume petit à petit.  Les chefs le plus souvent ne lui sont pas voués, mais cependant exclusivement aux ancêtres.  Les chefs ou les propriétaires d‟une vingtaine de vaches, font venir du Rwanda des taureaux choisis, destinés à la reproduction.  Ils les prennent parfois dans leur propre troupeau.  Le plus souvent ils les vouent soit aux ancêtres, soit à Lyangombe, soit aux deux.  Si le propriétaire voue le taureau à Lyangombe, le taureau reproducteur est amené devant le ou la mudahwa, pendant une réunion des imandwa.  Le mudahwa asperge le taureau d‟eau lustrale, et le propriétaire lui promet de ne jamais le tuer sans sa permission.  Quand le taureau devient trop vieux, on appelle le mudahwa, on abat la bête devant lui, on amène un nouveau taureau qu‟il bénit comme le précédent.  A chaque bénédiction le mudahwa lui promet une large fécondité.  Les pauvres agissent souvent de même, mais le taureau est remplacé par un bélier. Personne ne peut frapper le taureau et le bélier sacrés, et ces bêtes peuvent aller se promener où elles veulent sans être molestées.  Jusque vers 1930 on rencontrait souvent les taureaux sacrés sur les sentiers et plus d‟un devenait un vrai danger public.  Depuis lors je n‟en ai plus rencontrés.  En examinant tout ce qui est dit sur Lyangombe, on serait porté à croire qu‟il est considéré avant tout comme l‟esprit protecteur de la fécondité. Le culte de Lyangombe se manifeste surtout par les sacrifices et les cérémonies des imandwa c‟est-à-dire des adeptes spécialement voués à cet « esprit ». Il semble même qu‟on doive considérer comme adeptes de Lyangombe la secte immonde des « ntazi » (voir 76) et celle des « benekayange » dont il sera parlé ci-dessous.

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SACRIFICE A LYANGOMBE 

On a vu aux n°s 65 et 117 comment les femmes enceintes vont souvent sur le chirhebo ; au n° 68 comment les enfants malades sont soumis à la protection de cet esprit.  On a vu également au n° 77 le sacrifice à Lyangombe fait par les parents de la fiancée.  J‟ai dit aussi comment tout le culte est dirigé par le mudahwa ou plus exactement par la mudahwa, car Lyangombe s‟empare surtout des femmes (95). Voir aussi l‟action de cet esprit par l‟iris (irhanga) (95).  Il me reste à dire un peu plus en détail quelques autres sacrifices.

OFFRANDE POUR OBTENIR DE LYANGOMBE LA BENEDICTION SUR LA FAMILLE (NTEREKERO)

Cette offrande est annuelle et se fait surtout dans un jeune ménage.  Elle a lieu pour la première fois après la naissance d‟un enfant.  Elle est toujours précédée de l‟offrande aux ancêtres de la famille, l‟offrande appelée « kuvuga enama » (v. 117 début). Dès qu‟a pris fin le sacrifice aux mânes ancestraux, le père de famille peut faire son offrande à Lyangombe.  Il va donc trouver le père de sa femme et le prie de préparer l‟offrande.  Le beau-père se procure un petit pot de bière, quelques bananes mûres, des branches de ficus et un vase d‟eau, envoie quelques colliers de perles au devin mudahwa en le priant de venir.  A la tombée de la nuit le devin s‟amène chez le beau-père.  Le mari, la femme, les parents de l‟un et de l‟autre, les enfants, tous se réunissent aux côtés du devin.  Les deux pères ont en main des grelots (clochettes de Muhima).  On s‟assied à peu près dans cet ordre : devant le foyer, le devin, à sa droite contre le lit la mère de l‟époux, l‟épouse, le mari et son père, à gauche les parents de l‟épouse, près du foyer la bière, les bananes et l‟aspersoir de ficus.  Le devin allume un bon feu, on ferme la porte.  Puis il dépose près du foyer ses instruments : une courge vide contenant des graines sèches qui lui sert de grelots, et sa boîte à remèdes magiques composés surtout de cendres variées etc.  Il dispose un petit vase plein de bière en pleine fermentation s‟écoule du côté de l‟épouse ; car ce sera la preuve que Lyangombe lui est favorable, la rendra féconde, agréera, le sacrifice.  Inutile de dire que le devin s‟arrange en conséquence.  Dès que le ferment a « bien » coulé, le devin salue et souhaite bonheur aux assistants.  Jusque-là ce dernier n‟est qu‟un simple mortel.  Il va donc appeler en lui Lyangombe : les bras en l‟air il baille ; il grogne étrangement et… et voilà possédé.  Le beau-père lui passe alors un coutelas, une spatule de bois et le goupillon de ficus.  Le devin les saisit des deux mains, les pose verticalement sur le sol s‟y appuie en dandinant de la tête, pousse un grognement et dit en la langue du Rwanda « écoute, toi, un tel (il nomme le beau-père) je te ferai avoir des amis, du bonheur, des richesses ».  Pendant ce temps, un assistant en détache quelques grains d‟une grappe de sorgho, les jette sur le feu où ils se consument en crépitant.  Ce bruit indique que Lyangombe est réellement présent.  Le beau-père remercie, en tapotant des mains.  Alors le devin demande de la bière.  On la lui présente.  Toujours appuyé sur son étrange fagot, il aspire une gorgée de bière qu‟il crache par terre ; c‟est pour se purifier la bouche.  Il en aspire une deuxième qu‟il lance sur l‟assistance ; c‟est la bénédiction de Lyangombe.  Tous ensemble battent des mains en disant « ha ! ha ! que Lyangombe soit béni ».  Le beau-père ici lui fait sa prière où il demande de bénir sa fille et son gendre, de leur donner une nombreuse progéniture, et de longues années de vie, puis il demande la même faveur pour lui-même. A ce moment le devin procure à tous une nouvelle vigueur en les touchant l‟un après l‟autre aux reins, au cou, à la poitrine, aux mains, aux pieds, à l‟aide du goupillon trempé dans l‟eau lustrale ; il le fait dans cet ordre : le mari, l‟épouse, le beau-père, le père du mari, la belle-mère, la mère du mari ; les autres en son exclus.  A chacun d‟eux il donne une gorgée de bière en disant : « Voici le remède de Lyangombe, que les ancêtres soient bénis ; prends un peu de bière, et tu seras vigoureux ».  Pendant qu‟il réconforte les membres il a pour chacun des deux époux des paroles spéciales.  Au mari « marche avec prudence, va et reviens de même ».  Quand le beau-père a été réconforté, il adresse au devin cette prière : « Tu es mon père, tu es ma mère, implore pour moi le 

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maître (Dieu) (ceci semble prouver que nos noirs savent que la puissance des âmes, même du grand Lyangombe (qui parle ici par la bouche du devin) vient du Maître du tout « ahamwirhu »).  « Seigneur donne-moi une autre fille comme celle qui est ici présente, qu‟elle engendre un autre enfant : fais qu‟on m‟envie comme celui qui a de la chance et qui peut se moquer impunément des autres ».  Le devin lui ayant tout promis, il ajoute : « Si vraiment j‟obtiens un autre enfant, je te ferai une offrande comme celle-ci et certainement je t‟honorerai dans ma descendance ».  Les autres se contentent de lui faire leur prière ordinaire : « Donnez-nous bonheur, richesse, santé, fécondité ».  Cette cérémonie terminée le devin leur donne une autre bénédiction avec la bière sacrée, mais cette fois chacun la reçoit en silence : tous se lèvent, sont aspergés d‟eau lustrale, claquent des mains et crient : « Ha ! ha ! ha ! que Lyangombe soit béni ».  Puis le devin les réconforte encore une fois comme il a été dit, mais personne ne le prie ; Lyangombe a fini.  Le devin le lâche de la manière déjà décrite.  Il est devenu simple homme. Alors il saisit sa courge à graines, l‟agite violemment et s‟écrie : « Que les suivants de Lyangombe (les emandwa) s‟approchent ».  Il jette sur le feu des graines de sorgho ; elles crépitent les âmes sont là.  Ce sont : Muhima, Kangere, Chiyaga, Nabinji et d‟autres encore.  Les deux autres vont entrer dans le beau-père et dans le père du mari, les deux autres dans sa belle-mère et sa mère.  Les deux pères appellent en eux ces âmes en agitant des grelots ; le devin agite les siens pour appeler les autres dans les deux mères et en même temps appeler dans l‟épouse l‟âme du grand-père du mari.  Ce dernier n‟est pas possédé.  Le père du mari se met alors à siffler comme pour appeler les chiens de Kangere, ancien chasseur, à imiter le bruit de quelqu‟un qui crache.  Il prend du feu et fait semblant de vouloir tout brûler.  Puis on lui passe de la bière dont il bénit les autres comme a fait le devin se met à faire de la divination, à prédire, « réconforte le mari et sa femme, reçoit leur prière, les asperge d‟eau lustrale et lâche l‟âme qui le possède ?  A son tour le beau-père devenu Muhima prend un gourdin, l‟agite, en frappe le sol avec rage comme pour assommer un animal en brousse et branle la tête en disant : « Bruu ! bruu ! bruu ! ». « Je suis Muhima en colère, donnez-moi de la bière ».  On lui donne un mare de sorgho qui a servi pour la fermentation de la bière ; il s‟en frotte la figure, en mange, en crache par terre.  Puis on lui met sur la tête un bonnet de peau de bête, on lui présente de la vraie bière qu‟il avale gloutonnement, et en crache une gorgée de bénédiction à la face des autres.  Le mari à genoux le prie alors de la sorte : « Donne-moi des forces et à ma femme aussi, pour que nous ayions des enfants vigoureux ».  Il répond : « Je vous donne des enfants féconds ».  Puis il masse fortement le mari aux reins en disant : « Aie des reins vigoureux », de là il passe aux autres membres avec ces mots : « Que toutes les âmes désincarnées te gardent ».  Il asperge l‟assistance et lâche l‟esprit de Muhima.  Les deux mères ne font rien de particulier.  L‟épouse en possession de l‟âme de son grand-père dit : « Hiya ! hiya ! salut à l‟assistance ».  Le devin lui donne de la bière en disant : « Ne viens pas en colère ».  Elle répond : « Ne mentez pas, ne mentez pas.  Je suis un tel (elle dit le nom du grand-père) je suis mort, je suis mort, je suis mort ».  Et l‟assistance de répéter en chœur en battant des mains « salut à toi, ce n‟est pas nous qui t‟avons tué, ne viens pas en colère.  Elle bénit alors tout le monde en crachotant de la bière, en donne à boire à son mari qui la prie par ces mots : « Seigneur donne-moi des forces ».  Puis elle dit : « Si vous me construisez un mausolée, j‟y viendrai souvent ».  Et tous ensemble répondent : « Nous te le construirons ».  Elle ajoute : « Mettez-y des cruches, une natte, une peau de vache et je vous bénirai ».  Après quoi les trois femmes en même temps lâchent l‟âme qui les possède.  C‟est la fin de l‟offrande à Lyangombe.

On a remarqué que ces « possédés » emploient des instruments, ont des gestes différents.  Instruments et gestes ne se comprennent que par l‟histoire de ces âmes désincarnées.  Le goupillon de ficus rappelle le ficus dans lequel Lyangombe fut brûlé vif ; les sifflements de Kangere font penser aux chasses à course de celui-ci ; le gourdin dit que Muhima vécut en fugitif dans la brousse, etc.  Ce n‟est pas le lieu de narrer ici ces histoires.

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SACRIFICE TRIBAL A LYANGOMBE

Ce sacrifice a lieu une fois par an, au passage des cigognes (wakala-mwaka).  Le chef consulte d‟abord le féticheur, pour savoir si Lyangombe accepterait un sacrifice.  Si la réponse est favorable et c‟est toujours le cas, il appelle les hommes d‟âge et les imandwa de son pays.  Il appelle aussi un mudahwa et des sages-femmes ; fait amener un taureau et de la bière ; un grand pot, dit le pot de Lyangombe, est déposé dans la hutte des ancêtres (ngombe).  On arrange le lit (chirhebo) de Lyangombe, on y met de l‟herbe fraîche, et aussi un pot (kabindi) orné de feuilles fraîches diverses.  Alors le mudahwa et chaque homme se met au front un diadème de feuilles. On apporte encore un couteau (ngorho), une spatule à brède, des feuilles du figuier sauvage (mutudu).  La mère du chef les prend en mains, puis le mudahwa lui donne de la bière ; d‟une première bouchée elle se rince la bouche, puis en boit, et en crache deux fois par terre ; ensuite elle crache une gorgée sur son fils, et delà sur tous les hommes.  Le féticheur qui représente alors Lyangombe, venu en lui, donne à boire de la bière au chef, au mudahwa, aux hommes après quoi il fait la divination (alagula) et annonce si la famille du chef sera heureuse ou non.  Tous alors, le chef, le mudahwa, les hommes (bagula) prennent la main du féticheur de Lyangombe et lui disent : « Reste ici bas notre roi ! ».   Après cela le mudahwa prend de la bière, en boit, en crache sur les bagula et tous disent en la recevant sur eux « obwanga obwo (voici du remède) et le remercient ».  Puis il demande au chef le taureau pour être partagé ; on l‟amène et on le lie.  Après cette scène, Lyangombe et chaque imandwa (bakangula) massent légèrement le chef, comme pour lui infuser de la vigueur, et tous ensemble vont se laver à la rivière voisine (le chef lui est lavé par le mudahwa) et entonnent un chant à l‟honneur de Lyangombe.  Les hommes vont alors couper des bâtonnets sur la rive opposée et viennent les planter sur la rive où tout le monde se trouve ; c‟est pour arrêter les maladies qui voudraient la franchir et venir dans le pays ; ils coupent aussi de l‟herbe pour en garnir de nouveau le chirhebo (lit de Lyangombe).  Alors on tue le taureau.  On revient près de la demeure du chef, qu‟on masse ou asperge comme on a fait pour le chef, et on pose des herbes fraîches sur le lit, et sur le seuil.  Le chef alors bénit toute l‟assistance. Après quoi le mudahwa présente au féticheur de Lyangombe une brebis en disant : « Voici notre brebis, lie-la, elle nous bénira, elle mettra bas un bélier, si tu vois qu‟elle maigrit mange-la, mais laisse le bélier ».  Si déjà elle avait un bélier, on le lui montrerait, et il le caresserait en disant qu‟il est beau.  S‟il était crevé avant le sacrifice, on mettrait ses cornes dans la maison et on les montrerait à Lyangombe.  Un peu après, on amène le bélier (ou un autre ?) devant le féticheur de Lyangombe qui lui donne des coups de poing ; les hommes font tous de même.  On lui coupe la bourse et le féticheur s‟en frotte la figure.  Les bagula la prennent en mains, dansent et disent au chef leur souhait de fécondité, puis le mudahwa la fixe sur une lance, qu‟il pose contre l‟arbre qui se trouve au milieu du lit de Lyangombe (chirhebo) ; on tue la bête qu‟on distribue également à tous.  Alors le féticheur de Lyangombe étend les bras, bénit l‟assistance, ouvre la bouche, lâche l‟esprit de Lyangombe.  La cérémonie est finie.

ASSOCIATIONS SECRETES DE LYANGOMBE

A/ IMANDWA 

On appelle « imandwa » l‟association des hommes et des femmes qui se sont voués spécialement au culte de Lyangombe.  Pour en faire partie il faut que le féticheur en donne le conseil.  Les « imandwa » Bashi ont, semble-t-il, essayé de signer l‟association de même nom qui a vogue au Ruanda et à l‟Urundi.  Tout l‟indique, le vocabulaire employé ainsi que les principales cérémonies.  Elles diffèrent cependant par bien des côtés ; celle des Bashi a notamment quelques rites immondes, qui n‟existent pas chez leurs voisins.

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1er DEGRE Le profane (qui ici s‟appelle chirhenzi, au Ruanda ngizo nom qui s‟emploie parfois aussi au Bushi) le profane donc qui désire se faire initier, va trouver le féticheur, lequel après une courte consultation des esprits lui dira si oui ou non il peut le faire.  Si la réponse est favorable, il lui dit d‟aller faire un pacte, un accord avec le mudahwa ou la mwalikwa, pacte qui se fait en jetant sur le foyer des graines de sorgho, dont le crépitement indique si oui ou non sa demande est agréée.  La réponse étant favorable le chirhenzi alors pique dans la paroi de la hutte son offrande au mudahwa soit une pioche en disant : « Yo yawe ! » (C‟est la tienne).

2ème DEGRE Au jour désigné a lieu la cérémonie de « kuj‟e chirhebo » aller sur l‟autel de Lyangombe.  Le mudahwa qui possède quasi à demeure l‟esprit de Lyangombe, s‟amène à la hutte du récipiendaire.  Il lui servira de parrain.  Prenons que la récipiendaire soit une jeune fille, car presque toutes les jeunes filles sont vouées à Lyangombe avant leur mariage, poussées par leurs parents et par l‟espoir d‟être bénie dans leur mariage.  La fille commence par payer au mudahwa 10 colliers de perles (un fundo).  Puis elle se procure un peu de sel, des bananes mûres, une jarre de jeune bière de bananes (makangavu), une assiette de buntu (pâte de sorgho) un morceau de viande de chèvre et un peu de bukuu (poudre d‟un certain bois).  Elle se rend au jour venu avec sa mère et souvent son père chez le mudahwa, portent ces objets appelés pour la circonstance « bibango » cadeaux d‟initiation.  Tous ensemble (le mudahwa, la fille et ses parents) se rendent au chirhebo du mudahwa, et s‟assient sur la litière circulaire.  Le mudahwa est au milieu, à sa gauche la fille, à sa droite la mère, en face du mudahwa le père.  Entre le mudahwa et l‟arbre on dépose un van, sur lequel sont placés les bibango, sauf la jarre de bière, qui se place sur le côté.  Pendant la cérémonie, l‟assistance vide la bière, après avoir demandé l‟autorisation au mudahwa. Le mudahwa aspire avec la pipette une bouchée de bière, qu‟il crache sur la poitrine de la fille, puis il prend la fille, l‟adosse devant lui contre l‟arbre et dit : « Hiya ! ka mwashala washe, ka musinzire ezi ngula » c‟est-à-dire est-ce que vous n‟êtes pas digne d‟honneur, estce que vous ne glorifierez pas ces gens-ci ».  Le père alors fait son salut et sa prière, il dit au muzimu qui est dans le mudahwa « asinge yagirwa, we ntula amaboko namagulu, nabusire omwana wani omumpere nani emisi (c‟est-à-dire je te salue beaucoup toi, c‟est toi qui me donnes la vigueur des bras et des jambes, j‟ai engendré mon  enfant, donne-moi aussi en cela des forces).  Le mudahwa répond « ega washe, mwira wani, okwenge onyereka echibondo chani, nasimiriza washe, mwira wani ».  (Coui certes parce que tu me montres mon enfant, je suis très content mon ami).  Puis le mudahwa saisit la fille, lui donne un peu de bière et dit « mwira wani, oyanke obwanga (mon amie, prends ce remède).  Puis il fait entendre un grognement « huu huhu » et lui asperge la poitrine avec de l‟eau, se servant pour cela d‟une branche de mutudu, et lui dit : « ojile amagala, irhondo ojile nawabo aba bana » (soit forte désormais, sois maîtresse de tes enfants). A ce moment Lyangombe est censé habiter dans la fille.  Elle même se met à parler le même langage que le mudâhwa « Hiya ! ka mwashala washe, ka musinzire ezi ngula » (est-ce que vous n‟êtes pas honorable, est-ce que vous ne glorifierez pas ces gens-ci)». Alors le mudahwa fixe au cou de la fille un collier d‟herbes (peut-être des feuilles de mutudu) lui frotte de la terre blanche (ngwa) sur le front, le sternum, les deux épaules, les deux poignets et bat avec une branche de mutudu trempée d‟eau lustrale les deux chevilles, les deux genoux, les reins au dessus des fesses.  Cette opération a pour but de la rendre agile, vigoureuse (kugandula).  A ce moment le père de famille fait sa prière et ses promesses, il parle à peu près comme ceci en s‟adressant au muzimu du mudahwa « we larha, we nyama, we ndugo, we mwomo, ompe nani mwana (mukazi) (tu es mon père, tu es ma mère, tu es ma spatule et ma cruche… (Formule de politesse) donne-moi un enfant ou une femme).  Il continue ompe nani nkavu okazindanga oku ndwala (donne moi des vaches, tu me garderas en maladie)… bulya we Lyangombe, we odwirhe

père bièr arbre  va fille                       mère mudahwa

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wachiza abandi bantu, we kasinga (car tu es Lyangombe, toi qui est guérissant de tous les hommes, toi que tu sois glorifié) we konkwa (à toi merci).  Erhi omwana wani wakakula nakuhe echibuzi, kandi obagi obujera (quand mon enfant sera grande, je te donnerai un mouton, puis tue-le pour tes adeptes).  Le mudahwa répond : « ntangaza bulunga, ntakusimisa, ntakajanjagira obujera bwani (j‟étonne par le remède, je n‟en suis pas content et ne rendrai pas mes adeptes douillets). Alors le père présente la jarre vide et dit : si mon enfant grandit, je t‟offrirai de la bière et un bélier blanc et des bananes, et du sel et du bukuu etc. La cérémonie est finie. A ce moment tous ensemble vont à la demeure du père, si possible là où la fille naquit.  Le mudahwa asperge l‟intérieur avec l‟eau lustrale pour la bénir.  Il asperge le front de la fille et dit : « obwanga chibondo chani, okazihinga, okazishenya, nani nkuhe amagala » (voici le remède mon enfant, tu cultiveras, tu iras chercher le bois, et moi je te donnerai la force).   Puis on se rend à la hutte de la fille, le mudahwa l‟asperge et dépose sous l‟oreiller de sa couchette la branche qui a servi d‟aspersoir.  Cette cérémonie faite, tous se rendent à la fontaine en chantant, on s‟y agenouille et on s‟y lave le haut et le bas du corps, après quoi on se remet à chanter en revenant au village ; on chante « abana ba kahunga luzanyo (les serviteurs du muzimu kahunga, l‟admirable). On revient près du chirhebo, le mudahwa en tête, l‟enfant derrière, lui puis suivent les parents et assistants.  Arrivés près du chirhebo le mudahwa place l‟enfant à côté de lui, l‟asperge encore d‟eau lustrale, asperge l‟assistance disant des paroles de bénédiction ordinaire.  L‟assistance se met à battre des mains en signe d‟assentiment, demande au muzimu Lyangombe de rester avec eux, puis en guise de merci dit : « nema zigashane » (que les mânes soient glorifiés).  Le mudahwa lève les bras tant qu‟il peut en l‟air, comme s‟il voulait s‟étirer et s‟écrie « ahaa, ahaa ! nkolera ha katungutungu » « ahaa ! ahaa je pars en haut).  (Katungutungu signifie en haut, au dessus de nos têtes, mais tout près.  Lyangombe ne veut habituellement aller au loin pour mieux garder ses clients et se rendre compte de ce qui se passe chez eux).  Et Lyangombe est censé le quitter, en sortant par la tête.

3ème DEGRE Après quelques mois il faut faire le « kuyatura ». Cette cérémonie commence vers 8 heures du soir.  Elle débute dans la hutte familiale du jeune homme ou de la jeune fille à initier.  Cette cérémonie est en effet le prélude de l‟initiation proprement dite.  On y a préparé de la bière de deux jours (entulama) qui mieux que toute s‟habille, il couvre ses épaules d‟une peau de chat-tigre (njuzi), prend en main une spatule, une lance et des branchettes (chuhagiro), se met au front un diadème (lulerema) de feuilles de muhu (sorte d‟herbes à mauvaise odeur).  Près de lui se place le père, qui pour lors joue le rôle de Binego (fils de Lyangombe), et qui se munit d‟un coutelas, comme pour défendre l‟entrée aux profanes.  Puis on offre un sacrifice de la manière habituelle aux ancêtres de la famille, dans le but, semble-t-il de les empêcher de procéder aux cérémonies qui vont suivre.  Et on se met à boire de la bière et à chanter à l‟intérieur.  Après quoi on s‟adresse au mudâhwa, on lui fait sa prière, il fait ses promesses à peu près comme il est dit ci-devant ; à ce moment on pourrait se retirer et remettre le reste à plus tard, mais habituellement on poursuit et on procède au 4ème degré.

4ème DEGRE  C‟est le kushola ou kugeza oku chirhebo.  Le père du récipiendaire, sur les indications du féticheur, a préparé une grande quantité de bière, parfois plusieurs dizaines de cruches.  Les initiés « imandwa » sont convoqués.  Le mudahwa est assis sur un siège ; il a devant lui de la bière dans deux cruches en terre, deux courges, deux pots ayant servi à y mettre de l‟huile.  Près de lui, le père qui est Binego, la mère qui représente Nabirungu. Tous se mettent de la terre blanche en forme de croix sur le front, la poitrine, le dos et au cou des feuilles de muhu, et prennent en main une tige de sorgho ou un roseau vert ; ils se disent appeler « mon arbre »nye karhi kani.  De plus Binego se couvre d‟une peau de chat-tigre (njuzi) et avec Nabirungu, couverte d‟une peau de mouton, agite des clochettes.  Une des initiées qui devra

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représenter l‟esprit Kagoro se couvre également d‟une peau de njuzi.  Le mudahwa saisit alors un coutelas qu‟il porte pointe en bas, enfermé dans un faisceau de feuilles de chigohwa (erhytrina) de mutudu (ficus), de lushasha (herbes des marais) et de roseaux, et donne l‟ordre du départ.  Il est environ minuit.  La procession se met en route.  En tête, Binego, chargé de chasser les profanes ; il est suivi du mudahwa, puis des imandwa avec le récipiendaire ; en queue vient l‟initiée Kagoro.  On se dirige vers le mulinzi erhytrina de la brousse ; dont les abords ont été nettoyés la veille par le père (Binego).  On y fait du feu.  Et tout de suite le mudahwa s‟y met sur un siège qu‟on y a déposé.  Toute la procession se met à tourner autour de l‟arbre et à chaque fois que les initiés passent devant le mudahwa, ils lui font la génuflexion, lui demandent des enfants, des vaches, des biens, et il répond par un grognement approbateur.  A quelques tours, le mudahwa quitte son siège et y installe le récipiendaire et la bande recommence, à tourner.  Cette fois ce n‟est plus une simple prière, mais ils font à ce novice les questions les plus crapuleuses, et des actions dont il vaut mieux ne rien dire.  Suit une scène vraiment diabolique de luxure, pendant laquelle a lieu l‟initiation.   Le novice est entraîné un peu plus loin couvert d‟immondices abjectes, pendant que la bande continue à se livrer à la débauche.  Tout le monde est nu, sauf les femmes mariées, car ce serait pour elles un cas de divorce.  On ramène alors le nouvel initié, on lui fait dire le nom de toutes les graines connues, sorgho, haricots, etc. et cela dans le langage de la secte.  Le mudahwa l‟y aide.  Après quoi au milieu des chants obscènes, la procession revient au village dans l‟ordre du départ.  L‟un des initiés porte un panier dont le bord supérieur est orné de sorgho.  La bande passe devant les huttes familiales (car il fait déjà jour) et s‟y arrête un moment.  Le mudahwa s‟avance et reçoit des habitants à genoux devant lui leur prière (enfants, vaches, santé, biens) les asperge d‟une eau blanche de ngwa ; en retour la famille dépose un peu de haricots, de maïs, de sorgho, etc. dans le panier.  Quand la bande a fait le tour des huttes, elle revient devant la demeure du nouvel imandwa, et se livre à une danse obscène.  Après une dernière gorgée de bière, les « possédés » lâchent leur « esprit » et tout le monde se disperse.  Y a-t-il des cérémonies plus nombreuses, y a-t-il notamment l‟initiation aux attributs des esprits imandwa, la scène des miracles, embiême du secret, les agapes (ukugabulirwa) et celle de la confirmation (ukusubira ku ntebe), je n‟ai pu le savoir. Ce que j‟ai pu en decouvrir se réduit à ceci : Il y a des initiés de haut grade ; on les appelle « bigwagwa » et « bizaza ». Lors de leur initiation, une femme a, pour l‟aider un parrain, un homme a une marraine, s‟ils étaient jeunes gens, la fille aurait une marraine, le garçon un parrain. Pendant la cérémonie on égorge un taureau ; si la bête urine à ce moment, tous se réjouissent, c‟est un signe de bonheur. On peut remplacer le taureau par un bouc. Après la cérémonie ont lieu des agapes. Le récipiendaire a au front le dessin d‟une croix blanche, au cou un collier d‟herbes puantes (muhu). On fait après les agapes la danse finale (omu irhembo) au carrefour devant la hutte du nouvel initié. On dirait que ceux qui ont introduit le kubandwa dans le Bushi n‟avaient pas été initiés à ces hauts grades qui existent au Ruanda. Le kubandwa du Bushi n‟est qu‟une parodie honteuse du kubandwa du Ruanda. Actuellement les scènes d‟orgies dont il a été question ci-dessus semblent heureusement vouloir diminuer. Beaucoup se font encore initier, mais sans se mettre en costume d‟Adam, sauf la seule récipiendaire pour les heures seulement de la cérémonie nocturne, par respect pour les autres membres de la famille, et le retour au village n‟est plus accompagné de chants obscènes  et la danse obscène n‟a plus lieu, du moins aux environs des lieux où il y a des Européens, et aussi sans doute, parce que les chrétiens se multiplient un peu partout et protesteraient contre de telles insanités. Ainsi qu‟il a été dit au N° 77 la plupart des filles subissent cette initiation. Et les filles chrétiennes ? Au dire d‟un vieux catéchiste, les deux tiers d‟entre elles la subiraient sous la pression de leurs parents païens. Si elles s‟obstinent à ne pas vouloir, le père force sa fille à prendre en bouche un peu de farine et à la cracher dans un roseau préparé dans ce but. Le roseau est envoyé chez le devin, qui à sa vue menace la fille de maladies et de stérilité. Le père prend ensuite le roseau, le montre à sa fille en lui répétant les malédictions du devin, et le plus souvent la pauvreté cède autant de la colère de son père qu‟à la crainte de rester stérile et d‟être rejetée par son mari futur. 

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Noms des Imandwa : les initiés hommes prennent les noms de Binego, Muhima, Maheshe, Murhwa.  Les femmes se disent : Nabinji, Nakazana, Nalugendo et Nanzibira.  Il n‟y a pas ici la longue nomenclature des noms employés par les initiés du Ruanda. 

LANGAGE DES INITIES AU KUBANDWA (INITIATION DE LYANGOMBE)

     MASHI    LANGAGE DES IMANDWA

lait       marha     lubula, mashanjika

  sel      munyu    ngokolo

levure de bananes    makangavu   mapipi

bière      mamvu   makongwe 

banane mûre     muneke    mbuvu, lwibonge 

viande      nyama     mamura 

tabac      irhabi    akamira

pipe     nkono    rukono

pot     nyungu   nkono

eau     amishi     makanga 

chalumeau à bière    musiho   mukanga

écuelle     kabehe    ruhohoro

lance      itumu     ishongoro

serpette     ngorho    mbugita 

enceinte, cour    lugo     lugogoro

maison     nyumpa   nshakara, shababo

feu      muliro    kashirira

vache      nkavu    chinyabuligo, yomangenda, namulinzo

chien  akabwa    kakungu 

pot à eau     kabindi    chibindi

peau     luhu     lubugu

garçon     murhabana    mwere 

fille      munyere    nyachikohwa

  femme     mukazi    ngonakazi (meretrix)

homme fait     mulume mukulu   murabo 

chef de province    nahano    mutwali wa ebirezi

vieillard     mushosi   mukungu

serviteur     mwambali   munyamputu

s‟en aller     (ku)genda   (ku)nyura  dire, parler     derha     -gambura  jeune mariée     muhya    muhyobera  engendrer     -burha     -butura  en secret     omu mahwa   omu kasozi oui     ega     nesha  Lyangombe     Lyangombe    Lyahende  initié      imandwa    ntimbwa  parrain du postulant    ?    omurholaga profane     ?    murhonda, nzigo, chirhenzi allumer     -asa muliro   -kora muzigo initier      ?    -rhola  père      larha    data  remède     bufumu   bwanga

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ensemble des initiés    ?    bujera  initié, adepte     ?    chibondo kaolin      ngwa     balala  goupillon d‟herbes    chishahulizo   chihaguro diadème d‟herbes    chimane    lulerema parlant à Lyangombe    ? on dit : …………   ?    lwishe data  aux oisifs on dit :    ka murhakola chichi  ka mwabwatire oku ntini ? réponse du mudahwa :   erhi kuhire obuzibu  eti ndakuhaye humure

CHANT : mushute akahwira, date Lyahende ayumbe olwimbo, ahaa ! abana ba kahunga rhuja nyo (battez vivement, que notre père Lyangombe entende  le chant, ahaa ! enfant de Kahunga… le reste ne se traduit pas)   B/ BENAKAYANGE   Ce nom vient de Nakayange : grand muzimu. On peut mettre cette association secrète sous le patronage de Lyangombe, comme il sera dit cidessous.

ORIGINE. Cette association ne date au Bushi que de 1910. Voici comment on raconte son origine :

Dans le pays de Nakalonge (Ouest du Bushi) un jour un groupe de jeunes-filles et jeunes-gens étaient allés couper du bois. Soudain ils entendirent des cris et virent leurs parents fuir dans toutes les directions. Les soldats attaquèrent la population. Pendant l‟attaque ils mirent le feu aux herbes. Les jeunes-gens en furent vite  entourés  et périrent dans l‟incendie. Les âmes de ces malheureux revinrent trouver les vivants et sur leur instigation fut créé : l‟association de ceux qui voulurent les honorer. Bientôt des Bashi se laissèrent initier, et la secte prit naissance ici. La première fut MWA MUNANDI, qui en 1916 habitait près de la mission Nyangezi et était considérée comme le grand chef de la secte. 

COMPOSITON : Cette association réunit surtout des femmes (peu d‟hommes, peut-être 5 % en font partie). Tous les membres prennent un nom spécial qui est celui du muzimu auquel ils sont voués dans la secte et qui durant les réunions est censé venir en eux.  Voici d‟après Mwamunandi, qui me les  cita   à moi-même, les noms des esprits banakayange, et en même temps la hiérarchie.  Lubaga : esprit mluzi : grand chef homme Bushuli : père et Nabihumbi, mère de Lugaba Namuhenge : femme de Lugaba Nabifundo : grand-mère de Lugaba (d‟autres disent sa 1ère femme) Tous ceux-ci sont considérés comme principaux dans la secte, puis viennent les sous-chefs de Lugaba : Kalinda : son fils Kunjuga : son oncle Au-dessous, les principaux suivants : Ses fils : Kagurula, Kajangala, Nkashenya, Nalukoma, Chibilindikanya, Kahyuhyu, Mugobola. Ses filles : Nakangu (nom porté par la femme grand-chef), Namukenge, Nakahemba, Nangubuka, Namaboko, Nampenzi, Nanzokora, Namugubu, Nakabuko, Nampumura, Nangalumera, Nangokoma, Lwahoza, Namusiko, Namusheke, Nandogomo, Chibonahwa. Ensuite viennent les serviteurs et servantes, soit les : Bakambaza (jeunes-gens) et Banabirhali  (jeunes-filles).

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Les serviteurs et servantes adultes se disent : Bakajangala. Banakayange est le nom générique de toute la secte.

REUNIONS : Les réunions ont lieu de temps à autre, mais surtout à l‟époque du sorgho et  en cas d‟épidémie. Le grand-chef Lugaba parcourt le pays en faisant entendre un cri spécial « huu huu !», « qu‟il obtient en appuyant les doigts sur les coins de la bouche entr‟ouverte ». On s‟assemble au sommet d‟une montagne sur laquelle est  une hutte de dimensions moyennes et qui sert pour les dignitaires pendant la danse. Le Lugaba a pour insigne un bâton spécial (buhiri), une peau de serval (njuzi) en bandouillère, une coiffe en peau de fauve (nsimba). Sa marche est celle d‟un ivrogne qui branle la tête et grogne. La grande cheffesse porte deux grands bambous (ce sont ses tambours). Toutes les femmes portent une hotte sens dessus-dessous sur le dos, tiennent en mains plusieurs variétés de roseaux et ont les seins couverts d‟une petite peau. Les chants et les danses durent parfois une nuit entière. Puis tous en groupe parcourent en vrais possédés le pays en quête de  vivres. Il faut leur donner bon gré mal gré, sous peines d‟être battu. A ce moment aussi ils forcent d‟autres  à se faire membres et l‟un de nos catéchistes ne dut qu‟à l‟agilité de ses jambes de n‟être pas percé de la lance en 1917 pour avoir refusé. Ils recueillent ainsi des vivres appelés par eux « mishangishangi » composés de : bananes mûres, haricots, patates cuites, bière et viande de bœuf et de mouton. A noter qu‟ils appellent leur mouton : leur cochon (ngulube). Ces vivres leur servent pour les ripailles de la nuit. Un jour je rencontrais un groupe de près de 100 banakayange,  à Nyalukemba ; je les arrêtai, leur fait un catéchisme de circonstance, tous écoutèrent respectueusement, et se dispersèrent ensuite. Pendant les nuits de danses, les adeptes ont leurs insignes et allument les fagots d‟herbes par dessus desquels ils sautent, pour honorer les jeunes-gens brûlés dans la forêt. Leurs chants sont très mélodieux et de sens assez anodin : – hee : rhwalukoma wee hee : rhwashenga lukoma… (hee nous la  frappons  à petits coups : hee nous prions la bananarie) Ŕ Hee ! Kambaza (chant à l‟esprit des jeunes-gens initiés) Ŕ hee ! Nandogoma wa rhwilonge hee ! Kayange wee ! (chant à Nandogoma et Kayange du pays des bambous Nakalonge) Ŕ Hee ! Nabirhali (chant  à l‟esprit des jeunes-filles initiées) ; elya ngulube yirhu, elya nshenge yirhu (voici notre mouton, (chocho) voici notre sanglier), aaah ! bwira Lugaba we ! Nakumina ashurha mukazi  (aaah dis à Lugaba que Nakumina (homme) a frappé une femme- hee ! Nangokoma wahona ironge, Kabilikombe naluhona e lubako lwahuruma, onanisusagura (Hee ! Nangokoma tu descends de la forêt de bambous (exclamation), j‟en descends par les côtés silencieux, tu … ?).

INITIATION. Les jeunes filles ne sont pas admises dans l‟association, mais bien les mariées et les jeunes-gens. Ce sont des femmes qui prennent le nom des jeunes-filles bazimu de la secte. Presque toujours ce sont des femmes. C‟est une mwalikwa, sage-femme qui fait offre d‟initiatrice. Celle qui veut être initiée en avertit la mwalikwa, et donne un collier de perles. L‟initiatrice vient chez l‟aspirante avec de la terre route (mugola) et des herbes sèches de chigololo. L‟aspirante a dû préparer trois cruches de panade de sorgho (mushunga), trois cruches de bière de bananes, un plat de patates douces avec un autre plat de feuilles de colocases, des haricots, des bananes, un coq ou une poule. On entre, quelques femmes se tiennent déjà dans la hutte mais pas un seul homme. L‟initiatrice met en bouche un peu de chigololo et en mange aussi. Les assistants (hommes non initiés, appelés  bazamba, hommes de rien) battent l‟un un petit tambour, les autres frappent sur des morceaux d‟auge à bière. Sur l‟ordre de l‟initiatrice, l‟aspirante est possédée par l‟esprit Nachiyoba, et pousse des cris aigus. Puis toutes les femmes ensemble sortent avec les cruches et la nourriture, et se mettent à danser au son des tambours, longtemps jusqu‟à ce que la fatigue se fasse sentir ; alors tous mangent et boivent. La nouvelle initiée les sert toutes, mais ne peut toucher à la nourriture. A noter que pour la danse, toutes ont revêtu des feuilles de bananiers autour des reins, au-dessus des habits ordinaires,

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et se sont frottées de terre rouge au front aux épaules et à la poitrine. Après  le repas, l‟initiée met par-dessus sa peau de vache, un pagne de ficus et toutes se remettent  à danser et à chanter. Soudain l‟initiée tombe en pâmoison, elles la recouvrent de leurs feuilles de bananiers (lukoma) et d‟ordures, et on continue une danse effrénée. Puis tout à coup l‟initiée sursaute et court dans la brousse. Toutes les femmes revêtent d‟autres feuilles de bananiers, courent après la fuyarde et la ramènent, pendant que les hommes se sont mis à danser. Au retour toutes ensemble rentrent dans la hutte ; l‟initiatrice dit à l‟initiée de lâcher l‟esprit qui la possède et se l‟interchangent, puis lui met  en bouche un peu de nourriture, lui donne à boire de la bière. La cérémonie est terminée, chacun se retire. L‟initiatrice reçoit pour paiement 6 colliers de verroterie rouge.

LANGAGE. Pendant les réunions, les Banakayange usent de nombreux mots incompris par les Bashi. Ces mots viennent sans doute, en partie du moins, du pays de Nakalonge, où ont été inventé à dessein.

HYBRIDATION AVEC LES IMANDWA. Les Benakayange semblent s‟être fusionnés avec la secte des imandwa. Ils ont adopté le culte à Lyangombe. Le Lugaba est en même temps mudahwa. Dans leurs réunions ils agissent  l‟une fois  comme benakayange, l‟autre fois comme imandwa. Mwamunandi, leur première femme grand chef était en même temps mudahwa, c‟est-à-dire possédée par l‟esprit de Lyangombe. Au pays de Ngweshe, le nommé Luheke, portait les deux mêmes titres. Lors de la dernière réunion, dont j‟ai connaissance (fête d‟intronisation de Ngweshe) il portait, outre de nombreux colliers au cou, un gourdin en  bois et des branchettes de mutudu, et on s‟adressait à lui comme à Lyangombe. L‟hybridation a été d‟autant plus facile que presque toutes les jeunes-filles sont vouées  à Lyangombe avant de devenir adeptes des Benakayange.

CULTE DES ESPRITS QUI DEPENDENT DE LYANGOMBE. Les fervents de Lyangombe ne se contentent pas d‟honorer cet esprit, ils vénèrent également les esprits qui se rattachent  à lui, que ces esprits soient de sa famille ou bien qu‟ils fussent de ses gens. Il y en a un bon nombre, mais leur culte va le plus souvent à ceux qui sont indiqués ci-dessous.

A/ CULTE DE MUHIMA ET DE MAHESHE  MUHIMA : qui semble être le Kagoro des imandwa chez les Banyarwanda, est le fils cadet de Lyangombe.

HISTOIRE. On raconte ceci  à son sujet. Un jour il y avait deux garçons, fils du même père. Le père mourut. L‟aîné était Muhima, le plus jeune Ruhanga. Muhima était occupé à faire pâturer les vaches et les moutons, voilà que des ennemis font irruptions, s‟emparent des troupeaux et menacent Muhima de leurs lances. Celui-ci eut peur et leur dit : « Je ne suis qu‟un voyageur, je ne fais que passer par ici. Les troupeaux qui sont là je  ne sais  à qui ils appartiennent, laissez-moi donc continuer ma route ». On le  laissa partir. Dès que son jeune frère en a connaissance, il appelle  tous ses suivants, court sus aux voleurs, les met en fuite et reprend tout le bétail. Revenu  au village, il retrouve Muhima et lui dit : « pourquoi donc as-tu eu peur » ? Muhima devint rouge de  hôte, et tout le monde vint se moquer de lui. Ne pouvant le supporter, il quitta le village et se cache dans la brousse. Il traversa d‟abord des  mishashu (herbes coupantes) ; pour ne pas se blesser, il se fit tout petit, puis passa à travers des roseaux et  là il se fit tout à fait long mais il en mourut. Ce qu‟apprennent, ses suivants eux aussi quittèrent le village et allèrent, je ne sais où. Voilà pourquoi les  hommes et surtout les femmes lui offrent des sacrifices.

Celui qui veut honorer Muhima doit aussi faire un sacrifice à Maheshe (différent de Muheshe, indiqué plus haut). Pourquoi aux deux en même temps ? Je l‟ignore.  Le temple où on le prie peut être soit une hutte à deux portes, soutenue au centre par un stic de mutudu avec au-dessus une pierre plate (il habite dit-on le stic), soit encore une excavation le long

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d‟une berge, excavation qu‟on recouvre d‟un latis et de mottes de gazon ; en arrière est planté le stic au sommet est posé une pierre portant des taches rouges et blanches. Pour le sacrifier, il faut avoir sur la tête une coiffe avec des plumes de perroquet et tenir en main du tabac, une serpe et un bâton, d‟aucuns disent : un arc, des flèches et des bâtonnets (lusingo) pour faire du feu. On lui offre de la levure de bière, de la pâte de sorgho, une poule voire même des crabes. Mais seuls les hommes à barbe lui font des sacrifices. De plus important en son honneur, au front, une dent de phacochère taillée en fine corne. A Maheshe on offre en même temps du sel et des bananes. Il y a des hommes qui possèdent un mouton voué à Muhima une libération de  bière, on saisit le couteau qu‟on lève en l‟air en disant « Muhima s‟est tué et en immole la bête. A sa place on pose  le premier mouton, qu‟on laisse en paix et qu‟on ne peut frapper ; il est devenu sacré. Il y a même des jeunes-filles qui se sont vouées à Muhima, mais j‟ignore comment cela se fait. Elles se servent d‟un langage spécial dont voici quelques mots :  

    MASHI   LANGUE DE MUHIMA  Cruche, jarre    ndaha    mushimira tabac    irhabi    lutumbo maison    nyumba   ruhimbi dire    -derha    -honda serviteur   mwambali   mwene Maheshe homme   muntu    munyishaza initié    ?    munyere cracher    -meshera   -shesha myaga aimer    -sima    nyogera patte de crabe   kuboko   mwinene w‟ihiri beurre    mavurha   lwibonge homme (vir)   mulume   mwiralume beaucoup   bwenene   washa sois bien portant  olame    oharame

Il est curieux de voir que près de la hutte de Muhima, on en construit habituellement une autre pour Nyamuzinda, dans laquelle on ne dépose qu‟un peut d‟herbe. Les deux sont alors désignées sous l‟unique nom de Nyamuzinda. Cela vient peut-être du fait que le culte de Muhima est venu de chez les Bahunde, pour qui Nyamuzinda n‟est qu‟un esprit ordinaire, et non le créateur. On invoque Muhima spécialement contre la foudre, et il suffit le plus souvent de déposer quelques petits roseaux contre sa hutte. Au culte de Muhima se rattache celui de sa fille : Muhima wa kiri cha Murugu, épouse de Kahombo. C‟est à cet esprit surtout que les filles sont vouées. Beaucoup la confondent avec Muhima luimême.

B/ CULTE DE BINEGO Binego, on l‟a vu, est fils aîné de Lyangombe, et dans les réunions  a la charge de chasser les profanes. Il reçoit les sacrifices de ceux des imandwa qui lui sont voués. On lui construit une petite hutte à l‟intérieur de l‟enclos, on y pique la lance, et on lui offre de la bière, des bananes et de la pâte de sorgho, le plus souvent en présence du Mudahwa.

C/ CULTE DE NABINJI Nabinji est l‟une des suivantes de Lyangombe. Elle est honorée surtout par les femmes. J‟ai rencontré un jour un village où toutes les femmes étaient bariolées de lignes rouges en son honneur, et toutes avaient, contre leur hutte, des bananes, des crabes et de la bière non fermentée. Voici ce qu‟on raconte à son sujet :

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« Un jour il y avait un homme riche, nommé Kagenye, dont le fils était en âge de se marier, mais ce garçon n‟aimait pas les jeunes-filles. Se promenant un jour à travers le pays, il passa le long d‟une rivière, il y rencontra une femme mariée, fort belle, et il se mit à l‟aimer, elle-même lui dit son amour. Cette femme était occupée  à pêcher des crabes. Il la demanda sur le champ en mariage et elle y  consentit. Et lui, la dit : « Puisque tu me veux, emporte-moi sur  ton dos ». Et lui la prit sur son dos. Il l‟emporta donc chez lui. En route, elle lui enfonça les doigts dans la poitrine et les jambes dans les reins. Dès qu‟il fut arrivé à la maison, il lui dit : « Descends donc » et elle de répondre « je puis bien être portée, mais pas déposée ». Les servants du père voulurent l‟enlever du dos, mais ne purent y réussir. Le garçon se mit à avoir peur et son père de même. On chercha tous les moyens pour délivrer le jeune-homme, mais en vain. Et celui-ci se mit à  pleurer, pleurer, trois mois durant. Alors son père alla consulter le  sorcier qui lui dit : « va chercher des crabes et des poils d‟éléphant, du sel et des bananes, puis tu appelleras des petits enfants en grand nombre. Tu mettras crabes, poils, sel et bananes sur un van. Dès que cette femme verra ces objets, elle se détachera d‟elle-même, car elle aime tout cela ».  Le père le fit et porta le tout à côté     de la femme qui se cramponnait au jeune-homme si fortement. Dès qu‟elle vit ces objets elle lâcha le jeune-homme qui court aussitôt se cacher. Et la femme aussi disparut. Depuis  ce  jour, tous lui  sacrifient des crabes, des bananes, du poil d‟éléphant et du sel. Kayange est mort et ses gens aussi. On dit que cette femme était Nabinji (muzimu) qui était de la sorte venue se faire connaître.

C/ CULTE DE NANZIBIRA Encore un esprit féminin de la secte des imandwa. On lui sacrifie dans la brousse, on lui dresse des  huttes aux carrefours des sentiers. Là on amène de nuit ses  vaches, chèvres, moutons et ses nattes. Souvent on y tue un taurillon, on  y festoie, et l‟on s‟en va.   F/ CULTE DE NACHIYOBA ET SON FRERE BAHIZI Ce sont deux esprits qui furent  foudroyés et font partie du groupe Banakayange. On a vu plus haut que la récipiendaire est possédée par cet esprit. Quand une femme initiée sacrifie  à Nachiyoba, son mari le fait à Bahizi. (cf. Initiation des Banakayange). On offre de la bière et des poules. Il est probable, et la plupart l‟affirment, que Nachiyoba est le même esprit que Nabinji.   118. MYSTOLOGIE ET FOLKLORE   Les récits et légendes relatifs aux mânes des héros anciens ont été donnés au n°117. On en verra quelques autres parmi les fables au n° 124.

Le rève, l‟image, les hallucinations etc. amènent à concervoir des êtres intermédiaires, génies, esprits, doubles et âmes désincarnées, lutins et fées. Parmi ces êtres, les plus inconstants, les plus ambigus, fées et follets, monstres composites ou BETTES ANTHROPOMORPHES, ressortissent au folklore, qui avoisine le domaine des sciences religieuses, plutôt qu‟elles n‟en font partie (Christus p. 16).

On peut donc ramener au folklore des Bashi les récits et légendes relatifs  aux mânes des héros anciens, cités à divers endroits de la présente monographie, notamment au n° 117.

FABLES DE FOLKLORE

OMUGANI GWA KATEGA BUCHURU MWENE NYANYA (Fable de Kategabuchuru fils de Nyanya)

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1/ Kategabuchuru alalira okuja omu buhya, ci aba abula ebirugu. Lero akengera ahabona hagera ensimba. Aciderha erhi najihira omurhego mula bulambo, ndole erhi nagwasa ehisimba hya oluhu lwa engulo ndarhi, ngulemwo ebi nayambika mukanye. Aja omu bulambo, asika omurhego muguma.

1/ Kategabuchuru se préparait à entrer en mariage, mais il manquait de biens. Donc il réfléchit où il verrait passer un léopard. Il se dit : que j’irai mettre un piège dans cette brousse, que je vois si je prendrai un petit léopard à peau de grand prix, que j’en achète de quoi habiller ma femme. Il alla dans la brousse et tendit un piège.

2/ Erhi bucha, achiyunja, ashanga agwasize echibugu. Echibugu chamubwira erhi « Kategabuchuru ndikuza, nani nakuliza olusika  lurhali nka olu. Kategabuchuru achirikuza chagenda. Kategabuchuru ashibisika gulya murhego. Erhi bucha achiyunja, ashanga agwasize oluntangulira. Olutangulira  lwamubwira erhi  « Kategabuchuru ndikuza, nani nakulize olu siku lurhali nka olu! Alulikula lwangenda. Ashubisika gulya murhego ». Erhi bucha ajiyunja ashanga agwasize emfuko. Ayumva emfuko yamubwira erhi:  «Kategabuchuru ndikuza, nani nakuliza olusiku lurhali nka olu. Ayilikuza  yagenda. Ashibisika, erhi hagera kasanzi ayunja ashanga agwasize empusi. Yamubwira erhi : «Kategabuchuru, ndikuza, nani nakulikuze olusiku  rhuli nka olu». Ayilikuza yagenda. Anashibisika. Erhi abona bucha, ajiyunja ashanga agwasize omulazo, gwamubwira rhi : «Kategabuchuru ndilikuza, nani nakulikure olusiku lurhali nka olu ». Ayilikuza yagenda. Anashibisika. Erhi abona bucha, ajiyunja ashanga agwasize omulazo, gwamubwira erhi : «Kategabuchuru ndikuza, nani nakulikuze  omu murhego gurhayumanini na ogu.

2/ Au matin, il alla voir et trouva qu’il avait pris un taon. Le taon lui dit « Kategabuchuru, exaucemoi, et moi aussi je t’exaucerai un jour qui n’est pas comme celui-ci. « Kategabuchuru, exauça,  et il partit (le taon). Kategabuchuru alla de nouveau dresser son piège, quand il fut matin, il alla voir et trouva qu’il avait pris une araignée. L’araignée lui dit : « Kategabuchuru, exauce-moi et moi aussi je t’exaucerai un autre jour qui n’est pas comme celui-ci. « il l’exauça et elle s’en alla. Il alla de nouveau dresser le piège. Au matin il alla voir et trouva qu’il avait pris une taupe. Il entend la taupe lui dire : « Kategabuchuru, exauce moi et moi aussi je t’exaucerai un autre jour qui n’est pas comme celui-ci. «  Il l’exauça et elle s’en alla. Il  retourne dresser. Après peu de temps il regarde et trouve qu’il a pris le  vent qui lui dit : « Kategabuchuru exauce-moi et moi aussi je t’exaucerai un jour qui n’est pas comme celui-ci. Il l’exauça et le vent part. Et il va  de nouveau dresser. Quand il voit le jour, il va voir et il trouve qu’il a pris l’éclair qui lui dit :  « Kategabuchuru exauce-moi et moi aussi  je t’exaucerai un jour qui n’est pas comme celui-ci ».

3/ Agulikuza gwagenda. Ashubisika anajiyunja, ashanga agwasire kere. Amubwira erhi : « Kategabuchuru ndikuza, nani nakulikuze olisiku lurhali nka olu. Kategabuchuru alikuza kere achigendera. Kategabuchuru ashibisika, ashanga  ehigikulu. Erhi ahika aha murhego, hilya higikulu hyayirukira hyamubwira erhi „Kategabuchuru ndikuza nani nakulikuze olusiku lurhali nka olu. Ahirikuza hyagenda. Ashubisika, lero erhi akola ajiyunja aja achiduduma erhi „Ndwirhe narhama ntanabandana hisimba omu murhego. Nkola najiyunja , lero nkaba ntalonziri narhenzaho gulya murhego gwani nyishi gutwana.

3/ Il s’exauce et l’éclair s’en va. Il retourne dresser et  va voir, il trouve qu’il a pris une grenouille, qui lui dit « Kategabuchuru exauce-moi, et moi aussi je t’exaucerai un jour qui n’est pas comme celui-ci ». Katagabuchuru exauce la grenouille qui s’en va. Kategabuchuru s’en retourne dresser, il trouve qu’il a pris une petite  vieille. Quant il arrive là au piège, cette petite vieille se montre et dit : « Kategabuchuru exauce-moi, et moi aussi je t’exaucerai un jour qui n’est comme celui-ci ». Il l’exauce et elle s’en va. Et voilà que allant voir, il marche en murmurant, disant : je me trouve fatigué, et je n’ai pas pris un petit léopard dans le piège ; j’irai encore voir et si je n’ai rien pris, j’enlèverai mon piège et je le brûlerai.

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4/ Agenda alibisire aja aha murhego gwage, ashanga agwasize omunyere. Erhi arhachihika aha murhego, ayumva omu murhego gwage mpu : « we ndi ? » Olya mulume akola igosi, abona agwasize omunyere ; asima achishinga anachinyenyesa. Aja aha olya munyere ali. Ayumva olya munyere amubwira erhi : « Kategabuchuru, ndikuza nani njiba mukawe ». Kategabuchuru erhi ayumva okwo, amulikuza duba duba, amuheka emwage, amushola. Erhi Kategabuchuru ashinga migobe isharhu, kurhenga ahajirire omu buhya, alalira okusheza, akolesa ebya omushezo byoshi, abwira ababo beka boshi mpu : « bamurhwaze byo ». Kategabuchuru abwira mukage « Rhugende njikusheza ». Mukage na abandi balalikagwa naye yenene, bayanka bilya birheganyibwe bajisheza. Erhi bahika omu njira, omuhya aderha erhi « nie na ja embere, bulya murhakamanya enjira ya emwirhu“. Bahundusa omuhya aja embere. Babona agera omuhina, bamushimba.

4/ Il s’en va encourant, et va là où est le piège, trouve qu’il a pris une jeune fille. Il n’est pas encore arrivé au piège, qu’il entend dans son piège ceci  « Qui es-tu ? ». Alors l’homme lève la tête et voit qu’il a pris une fille. Il se réjouit, éprouve une vive joie et sourit. Il va là on se trouve la fille, il entend cette fille lui dire « Kategabuchuru exauce-moi, et moi je serai ta femme ». Kategabuchuru, dès qu’il  a entendu cela, il l’exauce tout de suite et l’amène chez lui et en fait sa femme. Quand Kategabuchuru eut attendu trois semaines depuis qu’il l’eut prise en mariage, il se prépara à porter la dot, et dit à tous ceux du village qu’ils l’aident à les porter. Kategabuchuru dit à sa femme : allons que j’aille apporter la dot. Sa femme, et ceux qui avaient été prévenus, prennent ce qui a été préparé et vont porter la dot. Comme ils arrivent sur le chemin l’épouse dit : moi je vais devant, car vous ne pourriez connaître le chemin de chez nous ». Ils se garent, se mettent sur le côté et l’épouse va devant. Ils voient qu’elle passe dans un petit trou, ils la suivent.

5/ Erhi baba bamagera mulya hina, Kategabuchuru ashanga  hilya higikulu hyamubwira erhi : « We ndi ? ». Ahishuza erhi « nie Kategabuchuru». Ehigikulu erhi „ yaja we! Kategabuchuru we alaha nabwine wankula we ; nkubwire Larha, hano ohika, okola walamusa nyakazala, ofunule echirhiri. Okola walamusa shazala ofunule enyungu, Kategabuchuru erhi ahika, alamusa shazala , afunula enyungu, erhi alamusa nazala, echirhiri. Ishazala erhi: ka nzimane mukwi wani. Ajira rhubindi rhurhanu rhwa manvu, ajira rhubindi rhurhanu rhwa marha, ajira  ntânda munani za buntu, ajira ntânda ini za bijumbu, ajira ntânda isharhu za bishimbo, ajira nyibo  irhanu za  marha, abaga mpanzi ibirhi, ahamagala omukwi yenene yenene, amuheka omu nyumba ahizire bilya byoshi, amubwira erhi „okaba orhamaziri bino byoshi onafe“. Ayirukira ahuluka, asiga omukwi mulya nyumba.

5/ Quand ceux-là  ont passé dans le petit trou, Kategabuchuru rencontre cette petite vieille qui lui dit « qui es-tu ? » Il répond « c’est moi Kategabuchuru ». La petite vieille  « vraiment !  Kategabuchuru c’est toi qu’ici je vois, toi qui m’as délivré. Que je te dise, père, quand tu salueras ton beau-père  découvre le pot. « Kateg. Quand il fut arrivé, il salua sa belle-mère et découvrit le pot, et  quand il salua son beau-père il découvrit le panier. Son beau-père dit : « que je reçoive bien mon gendre ». il prépara 5 cruches de bière de bananes, il prépara 3 cruches de  bière de  sorgho-éleuzine, il prépara 8 portions de brouet, il prépara 3 portions de haricots, il prépara 8 vans pleins de lait caillé, il tua  2 taureaux, il appela son gendre lui tout seul et il l’amena dans la maison où il avait mis tout, et lui dit « si tu n’achèves pas tout ceci tu mourras ». Et voilà qu’il sort et laisse son gendre dans la petite maison.

6/ Kategabuchuru arhondera arhanya ayabirwa okubimala. Ayumva omu idaho mpu : « We ndi ? ». Erhi « nie Kategabuchuru ». Mfuko aderha  erhi : Kateg. Aha nabwine wankula wani. Emfuko yayaya omwina oku chizizi cha olugendambeba, yamubwira erhi „lolaga aha wahira ebyo“. Kategabuchuru achimwemwesa, alundula bilya byoshi, abihira omu mwina, abibwikirakwo orhukere. Ahuluka ajibwira ishazala erhi „namabimala“. Ishazala erhi „kwokwo mwana“.

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6/ Kategabuchuru se mit à penser qu’il ne pourrait pas achever tout cela. Il entendit de dessous « qui es-tu ? ». Il dit c’est moi Kateg. Une taupe dit « Kateg. Quand je t’ai vu, tu m’as délivré mon cher ». La taupe creusa un trou au bas de la paroi et lui dit « regarde ici, mets-y le tout ». Kateg. Sourit, il réunit tout cela et le mit dans le trou, et mit par dessous des herbes. Il sortit et alla dire à son beau-père  « j’ai tout achevé ». Son beau-père : « c’est bien mon fils ».

7/ Ashubi jilangula Kategabuchuru ibuye linene bwenene, amuha embasha erhi nka lugembe, amubwira erhi « obeze ehi hishali hyani ; okahongola embasha ofe. « Kategabuchuru arhondera arhanya anajuguma. Ayumva enkuba yamubwira erhi « We ndi ? ». Aya kuza erhi « nie Kategabuchuru»! Enkuba yaderha erhi ». Kategabuchuru aha nabwine wankula? Nkuba abanda lilya ibuye, alirengeza, alihisa aha mwa Nakuzimu. Abwira Kategabuchuru erhi: «ka kwo walonzagya kuno». Kategabuchuru erhi «We Larha». Aja emunda ishazala ali, amubwira erhi «enshali wantumaga zino na embasha yawe eyi »Ishazala «kwokwo».

7/ Il vint monter à Kateg. Une très grosse pierre ; il lui donna une hache comme une houe, et lui dit : Fends mon petit bois (qui est) là : si tu ébrèches la hache tu mourras. « Kateg. Se mit à penser et trembler. Il entendit la foudre l’interroge. « Qui es-tu ? ». Il répondit : « c’est moi Kateg ». La foudre dit « Kateg. Quand je t’ai vu tu m’as délivré ». La foudre déchira cette pierre, la souleva et l’apporta là-bas chez Nakuzimu. Elle demande à Kateg. « N’est-ce  pas ici que tu voulais mettre cela ? ». Kateg. dit « père, sûrement ». Puis il alla là où  était son beau-père et il lui dit : « voici le bois que tu m’as confié et voici la hache ». Son beau-père dit : c’est bien ».

8/ Ashubi murhuma mishi oku busongesonge bwa entondo ndiri bwenene, erhi « okaba orhagadwirhi, lwo lufu lwawe. « Kateg. agenda. Erhi ahika omu karhi k‟omurhezi , arhama ; alola idako na enyanya abula ahajire. Ayumva kere erhi : «we ndi ?». Ayemera erhi «Nie Kateg.»Kere erhi « aha nabwine wankula wee». Amulangula amishi  ga omuko. Kateg. adoma, ahekera ishazala. Ishazala erhi : “kwokwo mwani wani”.

8/ Il l’envoya ensuite prendre de l’eau sur le plus haut sommet d’une haute montagne, disant : « si tu n’en trouves pas, c’est ta mort ». Kateg. Partit. Quand il fut arrivé au milieu de la montée, il fut fatigué. Il regarda d’en bas, et le haut, il ne pourrait l’atteindre. Il entendit une grenouille lui dire « qui es-tu ? » Il répondit : « c’est moi Kateg. ». La grenouille dit : « Quand je t’ai vu, tu m’as délivrée toi ». Elle lui montra de l’eau de sang. Kateg. en puisa et l’apporta  à son beau-père, son beau-père lui dit : « c’est bien mon fils ».

9/ Nakuzimu ashubi rhuma Kateg.ogundi mulimo, erhi : « ogendi kolola ehirheme hya nyokoza ». Amulangula ishamba elyo, amubwira erhi « okaba orhahimaziri, ofe. « Kateg. Arhondera arhanya. Ayumva empusi yashegeya  lulya lubala lwoshi. Arhachibonaga chiri nehi hibala higuma hyagerasa. Kateg. Ashubira aha ishazala  ali, amubwira erhi : « yagirwa namayusa ». Nakuzimu erhi : « nechi mwana wani, warhamire wanalibusire, bulya wasimire omukazi kulusha amagala gawe. Ishaga nkulangule abaganda bo bakuyereka bali bani ; ochishogeho muguma, ye mukawe ».

9/ Nakuzimu confia de nouveau un autre  travail à Kateg. Il dit : « va sarcler un petit champ de ta belle-mère ». Il lui montra un champ énorme et lui dit : « Si tu ne l’achèves pas, tu mourras ». Kateg. S’étant mis à réfléchir, il entendit le vent arracher toute cette mauvaise herbe ; il ne vit pas même qu’il passe une seule petite herbe. Kateg. Retourna  chez son beau-père et lui dit : « j’ai achevé ». Nakuzimu lui dit : « oui mon fils, tu es fatigué, et tu es affligé, car tu as aimé une femme au dessous de ton rang. Viens que je te montre les gens de cour, c’est eux qui vont de faire voir mes filles, choisis en une, c’est elle qui sera ta femme.

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10/ Kateg. abona echibugu chamurhindaho, chamubwira erhi « ka wono Kateg.nabwine wandikuza ? Orhachifiri, bakulerhera abakazi banji banali binja nka owawe, chi orhayankaga oyu ntachishurha ebyubi byani e busu ». Abaganda babwira Kateg. mpu : « oje omu muhango gwe echogo, owakahuluka erhi omubwine, olinde obona mukawe ». Kateg. eyimanga aha abwizirwe. Abaganda bahulusa  abakazi, muka Kateg. Erhi ahika omu muhango, echibugu chamushurha amashala, anaderha erhi :“yoyu ye mukanye“.

10/ Kateg. vit le taon se poser près de lui, qui lui dit : « n’est-ce pas toi Kateg. que j’ai vu ? Tu m’as exaucé, tu n’es pas encore mort ». On  t’amènera beaucoup de femmes qui sont aussi belles que la tienne,  mais ne prends pas celle que je n’aurai pas touchée de mes ailes au visage. Les gens de cour disent à Kateg. ceci : « viens à la porte de l’enclos,….et que tu l’a remarqué , attention, tu as vu ta femme. Kateg. se tint là où on lui avait dit. Les gens de cour firent sortir les femmes. Quand la femme de Kateg. arriva sur la porte, le taon la toucha de ses ailes au visage. Kateg. la saisit et dit : c’est bien celle-ci qui est ma femme ».

11/ Abaganda bashubira aha  Nawabo ali, bamubwira mpu : « yagirwa olya mulume abwine mukage ». Nakuzimu abwira Kateg. erhi : « mwana wani, kwokwo, gendaga bwinja, onagwarha mwali wani bwinja, nka oku ahinga  ebyage ». kateg. ashimba ishazala. Ishazala amuha amagerha, enjuma, omunyu na ebindi bya engulo ndarhi ; amuha na ababibarhula. Kateg. arhenga aha mwishazala na mukage ; na abamanyi ba ebirugu byage, bamuhisa aha mwage. Naye abazimana bwinja anabasereza, bashubira emwabo. Abwarhala bona mukage nsiku nyinji, bakashambala na obusime, bakalya ebyabyo na amasheka. Lwayurira aho.

11/ Les gens de cour  retournèrent chez leur chef,  et lui dirent : « Seigneur cet homme là a reconnu sa femme ». Nakuzimu dit à  Kateg. « mon fils, c’est bien, vas-en paix, tu as bien pris ma fille ainsi que je te l’avait dit, viens que je te montre les biens dont tu vêtiras ta femme, ils lui procurèrent  de quoi cultiver ses biens ». Kategabuchuru suivit son beau-père. Son beau-père lui donna des perles carnioles, de perles rouges-tacheté, du sel et d’autres objets de valeur ; il lui donna aussi des gens pour les emporter. Kategabuchuru sortit de  chez son beau-père avec sa femme, et ceux qui connaissaient ses biens l’emmenèrent chez lui. Et lui leur fit bon accueil chez lui, et ils les congédia. Ils retournèrent chez eux. Il vécut avec sa femme des jours nombreux et ils conversaient dans la joie, et mangèrent  leurs biens avec des rires. Ici  la  fable est terminée.

MUKA-MWAMI  NA MUGOBE MWANA WAGE

1/ Lusiku luguma, muka-mwami alonza okubunga. Arhenga omu mwa iba erhi ali izimi, aderha erhi : «nkola naja e Bubembe, oyu mulume amandibuza». Muka-mwami aja omu njira, bwakajiyira analolamwo, abona entondo za e Bubembe. Ahika aja omu nyumpa, ahanda, arhondera ababwira : «erhi kugenda ngenzire, mubwire omulume walonza omukazi, anyanke».

2/ Erhi bucha, abona omulume alimusheba. Oyo mulume abwira omukazi aliseheba erhi : «ntajira mukazi, okanye rhugende njikuyanka, rhubere rhweshi». Omukazi erhi : «olya mukazi ayimuka , aja omu mwa owamulonza. Erhi ahikamwo, aburha murhabana, aderha erhi : «oyu mwana wani ye Mugobe», akajilera olya mwana wage bo na iba.

3/ Erhi olya mwana ayandagala, olya mulume omulera afa. Olya mukazi ashuba mukana, alera omwana wage bufuzi. Erhi olya mwana ahika amango omwana alerha enshali na amishi, nina afa ; amusigira ehyanahene. Ababembe balya olya mukazi. Omwana wage achirera bufuzi, akula. Erhi aba mulamba, ababembe bamulalira mpu : «rhumulye».

4/ Lero omuzimu wa nina arhula omu hihene hyage; aderha erhi: “mwana wani Mugobe, babembe bandire, larha nawe bakulalire, oje oku nyumpa yabo, nawe oyumve oku bakukambirira. Mugobe

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ayimuka, aja aka nyumpa ya ababembe, ayumva barhondire bayocha emijocho mpu bamulireyo. Agaluka aja omu mwage, ashubiyumva hilya hihene hyage hyaderha erhi :”Mugobe we oyanke echishiro chawe hitwa olukoba, hikaja embuga, nawe oyije. Hikasoka oku nyumpa, nawe  onasoke. Hikagera omu njira nawe omugere. Hikagera omu lubala, nawe omugere”. Erhi hiyusa naweokuderha intyo, hyatwa olukoba, hyalibirhira embuga hyasoka oku nyumpa, hyagera omu lubala, ahishimba.

5/ Balya Babembe bayocha enyumpa ya Mugobe, bayumva ntacho chilasiremwo chiru na omuntu, chiru n‟empene, baderha mpu : “murhali chichi”. Bakala omuliro, babona murhali chintu. Baderha mpu : “ rhulumire amajira goshi, rhulole nka rhwamubona. Bagalumira, babona ntaye. Mugobe ashinga nsiku isharhu omu irundu, ashanga enyumpa. Abantu bamubona baderha mpu « lola omurhwali, wamahubuka hano ». Abayegera, abalamusa, nabo bamubwira mpu : « Asinge murhwali ». Bamuzimana amanvu na omushunga, bamuha obuntu n‟enyama.

6/ Mugobe ayumva ehihene hyage hyamubwira erhi : « olinde, obone ebi nalyakwo, byo wayanka ». Ehihene hyage hyalya oku buntu na enyama, hyanywa  oku manvu, hyaleka omushunga,  bulya guli muloge. Mugobe ayanka gulya mushunga agulembula abali mushegwire, bulya bo benegwo ; banamanyire oku gurhankacinyobwa, bagubulaga. Mugobe abasezera.

7/ Aja oku lundi lugo, abalamusa nabo bamulamusa , bamuzimana empene mbage na obuntu na amanvu, banamurheralyo omu hinhumpa hirhajibwamo. Ehihene hyage hyamubwira erhi : „oleke nkuyereke ebi walya“. Ayimanga abona ehihene hyage oku nyama zini, ezindi zilozirwe, hyanya kwo amanvu abiri, agandi erhi gali maloge. Hyamubwira erhi « bino ndirekwo byo byawe, ebindi obileke ». Mugobe ajira oku hihene hyage hidesire. Ayanka ebihirirekwo, ebyasigire ahanshi abilembula abali mushegwire, nabo babikabulira.

8/ Mugobe ashibilikula, ahika oku lugo luli hofi na olwa ishe, olwali lwa mwambali wa ishe. Ahana omusingo, bamulamusa, banamuyankirira kwinja, bamuha enyumpa mpu alalemwo. Bamuzimana amanvu n‟enyama n‟obuntu. Erhi guchiri mushi, bakamushambaza. Erhi hagera kasanzi ebijingo byaba.

9/ Na okwo arhuma abaganda bage erhi: “muje mwalalika abantu bani, mubabwire mpu : mwami adesire mpu irhondo mujikolola omuhanda gwage”. Balya baganda  bayemera. “Balya baganda bagenda. Ehihene hya Mugobe hyaderha erhi: « ka oyumvirhe abo baganda. Mugobe aderha erhi : “nyumvirhe“. Ehihene hyage hyashubiderha erhi: “Baganda ba sho abo“. Mugobe alangalira, anashubirhinya oku ajilola ishe arhanamwishi“. Agweshera erhi aduire arhanya. Bwacha, ayikula, abasezera. Ehihene hyage hyaja embere.

10/ Mugobe ashimana abalume bakolola omuhanda munene gunali muli. Abalamusa, abarhaluka, ehinene hyage hyamubwira erhi:  « gwo muhanda gwa sho guno“. Hyamulangula omushashu w‟ishe, anamulamusa anamubwira erhi : “ojindamukiza mwami, omubwire erhi : mbwine omulume aduire ehihene, amambwira mpu mugala wawe, mpu nina amugendine omu izimi“. Olya mushashu ayirukira ajibwira nawabo. Mwani erhi : ayumva okwo, arhondera agerereza, akangera oku mukage agendine izimi lya mwezi isharhu. Abwira olya musole erhi: “nyoko ye mwandi? Olya musole aderha izino lya nina. Mwani aderha erhi: “nechi mwana wani oyu“. Amuyambika emyambalo y‟obwami, amuha engoma n‟enkafu n‟omurhundu mwinja n‟abantu n‟omukazi.

11/ Mugobe asima bwenene, ashuba nfula ya mwami, bulya mwami arhali agwerhe wundi mwana mukulu nka oyo. Mugobe aha empene yage enkafu, yakalya ebi alirekwo. Erhi ayibisha omu lugurhu lwage. Omugani gwa Mugobe gwayihira aho.

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FABLE DE LA FEMME DU ROI ET  DE MUGOBE SON FILS

1/ Un jour la femme d‟un roi voulut déménager. Elle partit de chez son mari alors qu‟elle était enceinte. Elle dit : « voici que je vais au Bubembe, cet homme m‟a fait de la peine ». La femme du roi se mit en chemin, la nuit elle y dormit. Elle vit la montagne du Bubembe. Elle vint, entra dans une maison, elle y demeura. Elle commença  à  leur dire  quant à partir, je suis partie. Dites à l‟homme qui cherche une femme de me prendre.

2/ Au matin, elle vit un homme qui l‟appela. Cet homme dit à la femme  qu‟il avait appelée : je ne prendrai pas d‟autre femme, dépêche-toi que j‟aille te marier et restons  à deux. La femme dit : allons, mais ne me chagrine pas comme cet autre avec lequel j‟étais, me faisait. Cette femme  se leva, et alla à la demeure de celui qui la voulait. Quand elle  y arriva, elle enfanta un fils et dit : ce mien fils, c‟est  lui Mugobe. Elle éleva cet enfant, elle avec son mari.

3/ Quand cet enfant  put marcher à 4 pattes, l‟homme qui l‟avait élevé mourut. Cette femme resta veuve. Elle éleva son enfant en orphélin. Lorsque   cet enfant arriva au temps où un enfant apporte du bois et de l‟eau, sa mère mourut. Elle lui laissa un chevreau. Les Babembe mangèrent cette femme. Son enfant s‟éleva en orphelin et grandit. Quand il fut jeune-homme, les Babembe s‟apprêtèrent à le manger.

4/ Et voilà que le fantôme de sa mère entra dans son chevreau. Elle dit : mon fils Mugobe, les Babembe m‟ont mangée, eh bien, ils veulent faire de même pour toi. Vas dans leur maison et écoute ce qu‟ils disent  à ton sujet. Mugobe se leva, alla dans la maison des Babembe, il entendit qu‟ils commençaient   à griller des bananes en disant qu‟ils  allaient le manger. Il revint et alla chez lui, il entendit de nouveau son chevreau lui dire : « Mugobe prends ta natte, ta lance et ta gourde, mets en état. Lorsque tu verras ton chevreau casser son licou,  et aller dehors, toi aussi vas-y. s‟il déserte la maison, toi aussi déserte là. S‟il passe sur le sentier toi aussi passe là. S‟il passe par la brousse, toi aussi passe là. Quand le chevreau eut fini de parler ainsi, il cassa le licou, s‟enfuit dehors, déserte la maison, passa par la brousse. Mugobe le suivit.

5/ Les Babembe brûlèrent la maison de Mugobe, ils entendirent que rien n‟y criait ni homme ni chèvre. Ils dirent : il n‟y a rien dedans. Ils dirent : répandons-nous sur tous les sentiers pour voir si nous le verrons. Ils se répandirent et ne virent  personne. Mugobe se tint trois jours dans le désert. Il rencontra une maison. Les gens le virent et dirent : « Voici qu‟un prince s‟amène ici. » Il s‟approcha d‟eux et les salua. Eux aussi lui dirent : bonjour prince. Ils lui offrirent de la bière de bananes et  une bouillie de sorgho fermentée, ils lui donnèrent un brouet et de la viande.

6/ Mugobe entendit son chevreau lui dire : attention, regarde, ce dont je mangerai, prends-en. Son chevreau mangea du brouet et de la viande, but de la bierre de bananes et laissa la boullie de sorgho fermenté parce qu‟elle était ensorcelée. Mugobe prit cette bouillie de sorgho la rendit à ceux qui la lui avaient  offerte, car ceux-là en étaient possesseurs ; ils  savaient qu‟elle ne pouvait être bue ; ils la jetèrent. Mugobe prit congé d‟eux.

7/ Il alla vers  un autre   enclos, il les salua et eux aussi le saluèrent ; ils lui offrirent une chèvre tuée, et un brouet et de la bière et ils l‟amenèrent dans une case qui n‟avait pas encore été habitée. Son chevreau lui dit : prends garde que je te montre ce que tu mangeras. Il se leva et vit son chevreau manger de quatre morceaux de  viande, les autres étaient ensorcelés, il but de deux  bières, les autres étaient ensorcelées. Il lui dit : ce dont j‟ai mangé, voilà ce qui est pour toi, le reste laisse-les. Mugobe fit c e que son chevreau lui avait dit. Il prit ce dont il avait mangé, ce qu‟il avait laissé par terre il le rendit à ceux qui le lui avaient apporté. Et ceux-ci le jetèrent.

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8/ Mugobe se mit en marche et vint   à une  enceinte longue, proche de celle de son père, elle appartenait aux serviteurs de son père. Il leur donna le bonjour, ils le saluèrent, le reçurent bien et lui donnèrent une maison pour y passer la nuit. Ils lui offrirent de la bière de bananes et de la viande et un brouet. Quand il fut jour, ils le firent parler. Après peu de temps il fut soir.

9/ Et alors le roi envoya ses gens de cour en disant : allez avertir mes hommes, vous leur direz : le roi a dit que demain vous irez nettoyer la place devant son enclos. Les gens de cour acquiescèrent. Ils  passèrent dans tous les villages alentours. Or ils arrivèrent  à cette maison où était Mugobe. Ils dirent : ces gens de cour sont ceux de ton père. Mugobe fut plein d‟espoir et il continua  à penser d‟aller voir son père sans être connu. Il se coucha en réfléchissant de la sorte. Au matin il partit de là et leur dit adieu. Son chevreau marchait devant.

10/ Mugobe rencontra des gens sarclant une place large et grande. Il les salua et les dépassa. Son chevreau lui dit : voici la place de ton père. Il lui montra le trayeur des vaches de son père. Mugobe le salua et lui dit d‟aller saluer le roi pour lui et dit lui : j‟ai vu un homme qui a un chevreau et qui m‟a dit qu‟il est ton fils ; que sa mère est partie avec lui dans son sein. Ce trayeur s‟empressa d‟aller le dire au roi. Le roi quand il entendit cela se mit à réfléchir, il se rappela que sa femme était partie avec un fœtus de trois mois. Il demanda à ce jeune homme « ta mère d‟où est-elle ? Ce jeune homme dit le nom de sa mère. Le roi  dit : c‟est vrai, celui-ci est mon fils. Il l‟habilla d‟habits royaux, lui donna un tambour et des  vaches et un joli village et des gens et une femme.

11/ Mugobe se réjouit beaucoup, il était le premier-né du roi, car le roi n‟avait pas un autre enfant  si grand que celui-ci. Mugobe donna à son chevreau des vaches pour qu‟il put manger ce que luimême mangeait. Quand il mourut, il l‟enterra dans son enclos. Ici se termine l‟histoire de Mugobe.  

NANKUBA N’OMUKAZI  ORHAYEMERA

(Récit qui  enseigne que la désobéissance est punie, l’obéissance récompensée. La femme désobéit et elle est punie, son fils obéit et il se sauve).

1/ Omukazi erhi alinda, ye muka Sangoga. Abona enkuba yahona yachiheba aha nshi. Abula omuliro akaluka, akayula bwenene. Lero achiderheza erhi : owampa omuliro ,  abe na olu lushali lwani nkamuburhira omunyere muno nda yani ndi wee ! Nna oku nkuba ayumva, arhuma omulazo, gwabeza gulya murhi gwanatwana omuliro. Omulazo gwagenda. Olya amukaluka.

2/ Erhi arhangira, Sangoga afuluka emunda ashuba ahingire.  Mukage amubwira ebi abwine byaba byoshi. Sangoga naye arhangula, akarhinya oku ebyo   byabire, akuhaba yehe. Agera omu babo ba e ka, abwira abashoshi boshi, bakuhaba. Lero harhenga mushosi muguma abwira Sangoga erhi: orhere enama yawe, olole oku byaba. Nyehe nkubwine oku manyire, mukawe aburha munyere. Na Nyamuzinda amwishoge. Sangoga alanga bilya binwa omu murhima gwage.

3/ Hagera  myezi minyi, mukage aburha munyere. Sangoga ajilaguza, bamubwira mpu: olange oyo mwana bwinja, oyubake byogo ikumi oku abomubikemwo. Olusiku akahuluka ommuzuguluke. Sangoga ayamera oku abwizirwe. Olya munyere wage akula, ahabwa izino lya Nyamisereke. Lero ishe na nina bamubwira mpu : orhakagihuluka hano. Olusiku rhukaba rhukusizire wenene, orhaja handi. Ayemera oku badesire.

4/ Ishe na nina baderhe mpu : rhumuhe emilimo midarhi lyo arhakarhenga hano rhwahinzire. Bamubwira mpu : yumva ensiku zoshi okajishabula amashi g‟enkavu zirhu, oguke oluvu lwa omu nyumpa, oshwe na amahemba , oshakule na emimbarhi, oshwa  na obumera. Hano rhufuluka,

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nyenene nje e rwishi nduge, ndeke na omushunga, ndeke na enshogo, rhulye. Nyamisereke erhi : nyumvirhe, ayemera. Ensiku zoshi akajikola emilimo abwizirwe yoshi.

5/ Lero lusiku luguma abanyere ba oku lugo balalizanya mpu: rhuje e bukere irhondo sezi. Erhi bucha na izuba likola lyabasha, erhi na abali misi bahinzire boshi. Balya banyere baderha mpu: rhujage e bukere. Batwa  omuntu adwire ashwa omu karhi ka ebyogo. Bayigula bilya byogo byoshi, baja omu nyumpa, babona omunyere mwinja mwinja. Erhi bamubona, bamulamusa, bamubwira mpu: yaga, rhuje e bukere. Nyamisereke erhi: nanga, emikolo ngwerhe erhakaziga. Ababo mpu: kwo! Bagenda. Baja baderha mpu: lero wa ngahi olya munyere rhubwine. Irhondo rhushubimubwira rhuje e bukere rhweshi. Bonene baje e bukere banaburhenga, bwayira, bwanacha.

6/ Balya banyere bashubiderha mpu: rhujagibwira olya munyere rhwabonaga rhuje e bukere. Bagenda, baja aha mwabo Nyamisereke, bamubwira mpu : yaga, rhujage bukere. Nyamisereke erhi: nanga, ngwehe emikolo. Ababo mpu : rhubwireyo, rhukurhabale oyuse  duba. Nyamisereke erhi: yaluzire murhakayimala, mukacija bukere. Balya banyere mpu : neci rhwayimala. Nyamisereke erhi : nashwa, nnashakule, nguke oluvu, ntunde na ecivule cirhu, nshwe na obumera. Ababiwiraga mpu : orhuyereke byo. Abayereka. Baguma bashwa, abandi bashakula, abandi batunda, bandi baguka oluvu, abandi baja e rwishi. Bamala emilimo ya owabo yoshi. Bamubwira erhi : yaga rhujage bukere. Nyamisereke ayemera.

7/ Boshi haguma bayanka emigozi, barhenga e ka, baja bukere. Erhi baba bamakera obu bakahekaga, bahamagalana mpu : rhushubuze wee ! Boshi bashubuza, bashana duba duba, baheka. Erhi bahika oku lwishi bashanga lwamayunjula, erhi na enkuba erhachinia. Bayimanga oku bikunguzo bya olwishi.

8/ Lero bayumva omu lwishi mpu : shekera emiringa enshesheke, mpu shekera amasholo gashesheke. Muguma mulibo arhonderha aderha erhi : nkasheka emiringa eshesheke, nkasheka amasholo gashesheke. Lulya lwishi lwahonga, ayikira. Owundi ayegera, abwirwa nka oku owabo abwizirwe. Ayemera nka oku owabo abwizirwe. Lwahonga, naye ayikira. Boshi babwira nka oku abandi babwizirwe, nabo bayikira.

9/ Nyamisereke yeki asigala ishiriza yenene yenene, naye ayegera hofi oku chikunguzo, erhi amayoboha bwenene, bulya ayumvirhe olwishi lwaderha arhanabwini owaderha mwo. Naye ayumva mpu : nshekera ndole, sheka emiringa eshesheke, sheka amasholo gashesheke. Aderha erhi : nkasheka amasholo gashesheke, nkasheka emiringa eshesheke. Yeki amasholo na emiringa byabulajika omu kanwa kage, byaja omu lwishi. Omulazo gwayirukira gwalaza gwa mulengeza, gwamuhisa emwa Nankuba.

10/ Balya banyere barhebaga Nyamisereke mpu baje bukere, baja balaka baja aha mwa Sangoga, bamubwira oku omulazo gwahekaga Nyamisereke kwoshi. Sangoga na mukage na bagala bali munani, bahogola emyambalo, bayambala e ya emishibo. Sangoga aderha erhi : ntakachiyambala bwinja nkaba ntasigibona mwali  wani, na mukage erhi : nani kwo na okwo.

11/ Nyamisereke emwa Nankuba. Nyamisereke erhi ahika, Nankuba omuyanka obuhya bwayurha. Nyamisereke aderha erhi : yagirwa  ojagingalula. Mwami aderha erhi : ntakakugalula erhi rhurhasingi  burha omwana onshusha. Nankuba ayorha bo na Nyamisereke. Ensiku zagera, Nyamisereke ayanka izimi, aburha murhabana. Nyamisereke abwira iba erhi : ojagingalula, Nankuba erhi : omwana arhanshusha.

12/ Ezindi nsiku zashubigera, Nyamisereke ayanka erindi izimi, aburha omwana oshusha Nankuba. Amagulu gage nka ishe, amaboko nka aga  ishe, amalanga nka aga ishe, izulu nka elya ishe.

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Omwana akula. Erhi arhondera  ukegenda, Nankuba aderha erhi : nkola najigalula. Ajira enkavu nka bwasi, ajira ebibuzi nka bwasi, ajira empene nka bwasi. Abaga engumba nyinji, adugisa amantu, akandisa amamvu, adekesa emishunga, acishoga abantu babiheka. Abwira mukage erhi : gendaga e mwinyu, ojibwira sho oku oba eno, oheke na abana bombi. Mukage ayemera. 

13/ Nankuba abwira mukage na omwana wage na balya babarhuzi erhi : namubwira hano muhika hofi n‟aha mwinyu, mwabona njira ibiri, nguma ya muharuro eyindi ya mwisibira, muyumve oku naderha, mugere omu njira y‟omushibira, mukagera omu ya omuharuro, mwabona, mwagaya bwenene, bayemera, bamusezera, bagenda.

14/ Erhi bahika halya  babwiragwa, baja kadali. Balya bantu baderha mpu : kurhi rhwageza omugoli omu lubala, na enjira nyinja e hali ? Enfula yohe yaderha erhi : ntabalala oku larha ambwiraga, mugendage, nyehe ho nagera aha larha adesire.

15/ Mulibo hyarhenga hyana higuma hyaderha erhi : nashimba omurhwali. Balya bantu bashumika Nyamisereke mpu arhagere aha iba  ababwizire. Bagera omu njira ya omuharuro. Erhi bahika omu karhi ka gula muharuro, bashaga shazimwe, musimba munene. Abwira omugoli erhi : mpolera . Nyamisereke aha olya  musimba ebiryo bihire bali badwihe byoshi. Olya musimba shazimwe abimira duba duba, ashibiderha erhi : mugoli, hola ! Olya mugoli abwira abambali erhi : mumuhe ebibuzi byoshi. Bamuhabyo. Shazimwe abimira duba duba. Ashibiderha erhi : mugoli, hola ! Omugoli ahana enkavu zoshi. Shazimwe azimira duba duba. Ashubiderha erhi : Mugoli, hola ! Omugoli aderha abwira abambali erhi : ka mwe nahanaga? Abambali bamushuza mpu : rhuhane yagirwa. Omugoli abwira Shazimwe erhi : yanka abantu bani boshi. Shazimwe abamala duba duba. Shazimwe aderha erhi : mugoli, hola ! Hola! Omugoli ahekula echirhaba chage ashuba ahesire, achihana. Shazimwe acimira. Ashubiderha erhi : mugoli, hola ! Nyamisereke aderha erhi : nacihana nyenene : shazimwe amugwarha amumira.

16/ Mwene Nankuba ahika aha mwa Songoga. Ashanga Sangoga abwarhire oku ichukiro. Amulamusa. Sangoga abwira balya bana erhi : mwe bene ndi? Mwene Nankuba aderha erhi : nye mwene Nyamisereke ya Sangoga. Sangoga erhi ayumva okwo agaya. Ahamagala mukage erhi         « oyishe oyumve oku omwana adesire“. Mukage ayisha. Sangoga abwira olya mwana erhi : mbwira bwinja  oku odesire, ndeki kuniga. Mwene Nankuba aderha erhi : larha ye Nankuba, na nyama ye Nyamisereke ya Sangoga. Nali nyishire rhwe na nyama na ebirugu nka bwasi, ene rhuyisha larha arhubwira mpu rhurhageraga omu njira ya omuharuro. Ene rhuhika aho,  nyama agera omu njira ya omuharuro, nani omu ya omwisibira.

17/ Sangoga ayumbirhiza. Ahamagala abagala, abaha enshoho eyunjwire engembe. Ababwira erhi: mushimbe ehi hyana, himuyereke aha mwali winyu agezire. Balya bana bayemera. Mwene Nankuba aja embere, agera omu njira ya omwisibira erya ageramwo. Kandi bahika omu njira ya omuharuro, mwene Nyamisereke aderha erhi : ho nyama agezire aha. Bene Sangoga mpu “kwo Mwene Nankuba ayirukira abona olya musimba, erhi abwarhira aha karhi ka enjira, abwira banalume erhi : namahaba eci mbwine. Bohe  erhi bayishi ebihaba. Bamushuza mpu : hulika, boshi naye bayegera olya musimba.

18/ Shazimwe ababwira erhi muguma mulibo aderha erhi rhurhadwirhi chichi, orhuyankage rhwenene. Shazimwe asima, abagwarha abamira. Olya na enshoho ya engembe yene asigala. Shazimwe amubwira erhi : hogola enshoho yawe. Olya oyambirhe enshoho ya engembe aderha erhi : yagirwa ondye, erhi nnanyambire eyi nshoho yani, entanda  nchiyikiremwo eri. Shazimwe amugwarha nenshoho yage amumira. Nnenshoho ahika omu nda ya Shazimwe. Ashangamwo bene wabo, na abandi bantu, na mwali wabo, ne ebirugu binji, na enkavu nka lubala. Ayomola olugembe, abera shazimwe enda. Bene wabo na mwali wabo na abantu bage, na ebintu byage byoshi byarhengamwo.

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19/ Nyamisereke ahika aha mwabo. Sangoga abona Nyamisereke, erhi amutumirhakwo amasu, omulenge gwarhenga omu isu. Sangoga alamusa Nyamisereke. Alolakwo mwinjikulu, amuhuma omu nfune. Sangoga abwira omwali erhi : kwokwo obwenge orhacifaga. Sangoga aderha erhi : bana bani mmumone (en signe de deuil on laisse parfois pousser sa  chevelure) mumpe na ebyambalwa byani bya aburhanzi, nje e rwishi nchishuke na nchishige, ndye nyigurhe, kwankanaba ntacilame bulya amasu gani gabwine Nyamisereke, ye nalonzagya omushi na obudufu. Bene Sangoga bali munani baguma bajidoma  abandi bamoma ishe na nina. Abali doma bayisha bashuka ishe na nina, babashiga babayambika emyambalo ya okusima. Sangoga akanywa amarha acishiga amavurha, ashubira musole nka omugala mukulu.

20/ Nyamisereke ayorha aha mwabo myaka isharhu. Sangoga ayanka enkavu makumi asharhu, akanda amanvu nka ikumi, abwira omwali erhi : gendaga nakubwine. Nyamisereke abwira ishe erhi : ka amango nagaluka nachikubone ? Ishe erhi : mwana wani, irhondo  okashanga nafire, bwinja. Cabaga nkola mushosi. Sangoga asezera omwali. Nyamisereke arhenga aha mwabo erhi asimire ashubira emwa Nankuba. Lwayurhira aho.

FABLE DE NANKUBA ET DE SA FEMME DESOBEISSANTE

1/ Une femme attendait un enfant, c‟est la femme de Sangoga. Elle vit la foudre tomber et se précipiter par terre. Manquant de feu  pour se chauffer, étant transie de froid, elle se dit : celui qui me donne du feu et fend aussi cette bûche mienne, je pourrai lui enfanter une fille que j‟ai làdedans. Le maître du ciel entend, il envoie un éclair, qui fend cette bûche et qui allume le feu. L‟éclair s‟en va, celle-ci se  chauffe.

2/ Comme elle s‟y met, Sangoga revient de là  où il cultivait. Sa femme lui dit tout ce qu‟elle a vu comme c‟était. Sangoga lui aussi regarde, il redoute ce qui est arrivé, il ne le comprend pas lui. Il passe près des siens du village, il interroge tous les vieux ; ils  ne savent pas. Or il sortit un vieillard qui dit à Sangoga : offre à ton muzimu, que tu voies ce qui arrivera, quant à moi que je te dise ce que je sais, ta femme engendrera une fille.  Et Dieu la choisira. Sangoga  conserve toutes ces paroles dans son sœur.

3/ Il se passe peu de mois, sa femme engendre une fille. Sangoga va  consulter le devin, on lui dit : garde bien cette enfant, construis dix enclos et mets-la au milieu. Le jour où elle en sortira, tu la chercheras  en v ain. Sangoga croit ce qui a été dit. Cette fille sienne grandit, elle reçut le nom de Nyamisereke. Or son père et sa  mère lui dirent : tu ne sortiras pas d‟ici. Le jour où nous te laisserons seule, ne vas pas ailleurs. Elle consent  à ce qu‟ils ont dit.

4/ Son père et sa mère dirent : donnons lui un travail pénible, afin qu‟elle ne sorte pas quand nous serons   à cultiver. Ils lui dirent : écoute, tous les jours  tu va enlever la bouse de nos vaches,  tu emporteras la cendre dedans   la maison, tu moudras aussi le  sorgho, tu pileras le manioc, tu moudras  aussi le  sorgho germé (pour f aire la bière ou la bouillie  claire). Quand je reviendrai, moi-même, ta mère,  j‟irai à la rivière, je ferai la bouillie, je cuirai la bouillie de sorgho, je cuirai les légumes que nous mangerons. Nyamisereke quand elle eut entendu, elle consentit. Chaque jour  elle faisait tout le travail  qu‟on lui avait dit.

5/ Or un jour les filles du voisinage s‟avertissent mutuellement disant : allons couper les herbes demain matin. Au matin quand le soleil était levé, tous ceux qui  étaient bien portants cultivaient. Ces filles dirent : allons aux herbes. Elles coupèrent des cordes et se mirent en route. Quand elles  vinrent près de chez Sangoga, elles entendirent quelqu‟un occupé à moudre au milieu de l‟enclos. Elles ouvrirent tous ses enclos, allèrent dans la maison, virent une jeune fille très belle. Quand elles

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la virent, elles la saluèrent et lui dirent : chérie, allons aux herbes. Nyamisereke dit : non, j‟ai du travail  qui ne  me le permet pas. Les  compagnes dirent : « comment ! » Elles s‟en allèrent, en disant : d‟où donc est cette jeune fille que nous avons vue ? Demain nous retournerons lui dire : « allons aux herbes  ensemble ». Elles-mêmes allèrent aux herbes, en revinrent, il fut soir, il fut matin.

6/ Ces filles se dirent de nouveau : allons dire à cette fille que nous avons vue : allons aux herbes. Elles y allèrent. Elles vinrent chez Nyamisereke, et lui dirent : chérie, allons donc aux herbes . Nyamisereke dit : non, j‟ai du travail, ses compagnes, disons-lui : nous t‟aiderons pour  que tu aies vite fini. Nyamisereke dit : il y en a trop, vous ne pourriez pas l‟achever, aller donc aux herbes. Ces filles dirent : oui, nous achèverons. Nyamisereke dit : je mouds, je pile, j‟enlève la cendre, je fais du beurre avec crème, je mouds aussi le sorgho germé. Elles lui dirent : montre-nous cela. Elle le leur montra, les unes moulent, les autres pilent, les autres barattent, les autres enlèvent la cendre, les autres vont à la rivière. Elles achèvent tout le travail de leur compagne. Elles lui dirent : chérie, allons aux herbes. Nyamisereke  consent.

7/ Toutes ensemble prennent des cordes, sortent du village, vont aux herbes. Quand elles ont coupé ce qu‟elles peuvent porter,  elles s‟appellent l‟une l‟autre disant : retournons. Toutes retournèrent, chacune jette les yeux sur les herbes. Elles disent : lions donc nos paquets ! Comme elles sont occupées à lier leurs fagots, elles entendent que le tonnerre gronde ; elles lient prestement, et les emportent. Comme elles arrivent à la rivière, elles la trouvent gonflée, sans que la  pluie ne soit tombée. Elles se tiennent sur le bord de la rivière.

8/ Or elles entendent dans la rivière : « ris pour que les bracelets de cuivre s‟entrechoquent, ris pour que les jetons du jeu s‟entrechoquent ». L‟une d‟entre-elles commença en disant : je rirai pour que les bracelets de cuivre résonnent. Cette rivière dégonfle, elle  la passe. Une autre s‟approche et s‟entend dire comme sa compagne avait entendu. Elle consent à faire comme sa compagne a été dite de faire. La rivière dégonfle et elle aussi passe. Toutes entendent ce que les autres ont entendu, et elles aussi passent.

9/ Nyamisereke, quant à elle, elle reste sur l‟autre rive toute seule, elle aussi s‟approche tout près sur le bord, mais elle est prise d‟une grande crainte parce qu‟elle entend la rivière parler et ne voit pas celui qui y parle. Elle aussi entend : ris pour que je vois, ris des bracelets pour qu‟ils résonnent, ris des jetons de jeu pour qu‟ils résonnent. Elle dit : je rirai des jetons pour qu‟ils résonnent, je rirai des bracelets pour qu‟ils résonnent. Quant  à elle, les jetons et bracelets se répandent dedans sa bouche, ils vont dans la rivière. La foudre arrive, éclate, l‟enlève, la fait arriver chez Nankuba (maître du ciel).

10/ Les filles qui ont trompé Nyamisereke pour qu‟elle aille aux herbes, s‟en vont pleurant, vont chez Sangoga, lui disent que la foudre a emporté tout-à-fait Nyamisereke. Sangoga et sa femme et ses huits  fils arrachent leurs vêtements et revêtent des habits de deuil. Sangoga dit : je ne m‟habillerai plus convenablement si je ne revois pas ma fille. Et sa femme dit : et moi de même. Nyamisereke est chez Nankuba.

11/ Nyamisereke, quand elle y arrive, Nankuba  le prend en mariage. Le mariage est fini. Nyamisereke dit : Seigneur, renvoie-moi. Le Seigneur dit : je ne te renverai pas, tant que nous n‟aurons pas engendré un enfant qui me ressemble. Nankuba reste avec Nyamisereke. Les jours passent, Nyamisereke  conçoit, engendre un fils. Nyamisereke dit à son mari : renvoie-moi. Nankuba dit : l‟enfant ne me ressemble pas.

12/ D‟autres jours passent encore Nyamisereke conçoit de nouveau, elle enfanta un enfant semblable à Nankuba. Ses jambes sont comme celles de son père, ses bras comme ceux de son

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père, son front comme celui de son père, son nez comme celui de son père. L‟enfant grandit. Quand il commence à marcher, Nankuba dit : voilà que je vais te renvoyer. Il prépare des vaches autant que l‟herbe, il prépare des chèvres autant que l‟herbe, il prépare des moutons autant que l‟herbe. Il  tue beaucoup de vaches stériles, il fait cuire des brouets, fait brasser de la bière, fait cuire des bouillies de sorgho, il choisit des hommes qui emportent cela. Il dit à sa femme : va-t-en chez toi, va dire à ton père que tu demeures ici, emporte aussi tes deux enfants. Sa femme consent.

13/ Nankuba dit à sa femme et à son enfant, et à  ceux qui portent les vivres : je vous dis, quand vous arriverez près de chez vous, vous verrez deux chemins, l‟un de grande largeur, l‟autre un sentier non débroussé, entendez ce que je dis : passez par le chemin non débroussé, si vous passez par le grand beau chemin, vous serez très fâchés. Ils consentent, prennent congé de lui, s‟en vont.

14/ Quand ils arrivent là où il avait dit, ils entrent en discussion. Les hommes porteurs disent : comment ferons-nous passer la princesse par la brousse, alors qu‟il y a un beau chemin ? L‟aîné des enfants lui dit : je ne sauterai pas par dessus de ce mon père m‟a dit, allez, pour moi, je passe là où mon père a dit.

15/ Parmi eux apparaît un petit enfant qui dit : je suis le prince. Ces hommes excitent Nyamisereke disant : ne passe pas là où ton mari a dit. Ils passent par le chemin beau et large. Comme ils arrivent au milieu de ce beau chemin, ils rencontrent Shazimwe, un gros fauve. Il dit à la princesse : donne-moi à manger, Nyamisereke donne à ce fauve tous les vivres que portent ceux qui les ont. Ce Shazimwe les engloutit prestement. Il dit encore : princesse, donne-moi manger ! Cette princesse dit à serviteurs : donnez-lui tous les moutons. Ils les lui donnent. Ce Shazimwe les engloutit prestement. Il dit encore : princesse : donne ! La princese donne toutes ses vaches. Shazimwe les avale prestement. Il dit encore : princesse donne ! La princesse dit à ses serviteurs : est-ce que vous, je vous donnerai ? Ses serviteurs répondent : donnez-nous à lui, princesse ! La princesse dit à Shazimwe : prends tous  mes hommes ! Shazimwe les achève tout de suite. Shazimwe dit : princesse donne ! La princesse dépose le petit enfant qu‟elle avait encore, et lui donne. Shazimwe l‟avale. Il continue et dit : princesse donne ! Nyamisereke dit : je me donne moimême ! Shazimwe la prend, l‟avale.

16/ Le fils de Nankuba arrive chez Sangoga. Il rencontre Sangoga assis sur le sueil. Il le salue. Sangoga interroge ces enfants (le fils et le petit serviteur) disant : vous êtes fils de qui ? Le fils de Nankuba dit : moi, je suis le fils de Nyamisereke de Sangoga. Sangoga quand il entend cela il se fâche. Il appelle sa femme et lui dit : viens, entends ce que dit l‟enfant. Sa femme arrive. Sangoga dit à cet enfant : dis-moi bien ce que tu as dit, sans quoi je te tue. L‟enfant de Nankuba dit : mon père c‟est Nankuba, ma mère c‟est Nyamisereke de Sangoga. J‟arrivais avec ma mère et des biens autant que les herbes, au moment où nous partions, mon père nous a dit : vous ne passerez pas par le chemin beau et large. Comme nous arrivâmes là, ma mère passa par ce chemin beau et large, et moi je passai dans celui non débroussé.

17/ Sangoga comprend. Il appelle ses fils, leur donne un sac plein de rasoirs. Il leur dit : suivez cet enfant, il vous montrera le chemin où votre sœur est passée. Ses fils consentent. Le fils de Nankuba marcha devant, il passe dans le chemin non débroussé, celui-là où il avait passé, puis on arrive  au chemin beau et large. Le fils de Nyamisereke dit : voilà où maman est passée. Les fils de Sangoga dirent : vraiment ! Le fils de Nankuba à l‟instant voit ce fauve, qui se tient là au milieu du  chemin, il dit à ses oncles maternels : je ne sais pas bien ce que je vois. Quant  à eux, ils savent ce qu‟il ne sait pas. Ils lui répondirent : tais-toi. Tous avec lui s‟approchent de ce fauve.

18/ Shazimwe leur parle alors, l‟un d‟eux dit : nous n‟avons rien, prends-nous nous-mêmes. Shazimwe se réjouit, il les prend, les avale. Celui qui a le sac de rasoirs, lui seul reste. Shazimwe lui dit : ouvre ton sac ! Celui  qui est revêtu du sac de rasoirs lui dit : Seigneur, mange moi, j‟étais 

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habillé  avec ce même sac, j‟y avais mis les vivres de route. Shazimwe saisit le possesseur de sac et l‟avale. Le possesseur du sac arrive dans le vendre de Shazimwe. Il y rencontre ses frères et les autres hommes et sa sœur et beaucoup de biens, et des vaches autant que les herbes de la brousse. Il tire du sac un rasoir, fend le vendre de Shazimwe. Ses frères, sa sœur et ses hommes et tous ses biens sortent de là.

19/ Nyamisereke arrive chez son père. Sangoga voit Nyamisereke. Il la fixe d‟un regard perçant et une larme sort de son œil. Sangoga salue Nyamisereke. Il y voit son petit-fils et lui donne la main. Sangoga dit à sa fille : merci parce que tu n‟es pas morte. Sangoga dit : rasez-moi la tête, donnezmoi mes habits d‟autrefois, que j‟aille à la rivière me laver et que je me frotte de beurre et que je me rassasie, peut-être que je ne vivrai plus longtemps, parce que mes yeux ont vu Nyamisereke , celle que je cherchais de jour et de nuit. Des huit fils de Sangoga, les uns vont puiser de l‟eau, les autres rasent leur père et leur mère. Ceux qui sont allés puiser arrivent, lavent leur père et leur mère, les frottent de beurre, les revêtent des habits de réjouissance. Sangoga but du lait, se frotta de beurre,  il redevient jeune homme comme un grand garçon.

20/ Nyamisereke demeure chez lui trois ans, Sangoga prit trente vaches, brassa dix pots de bière, dit à sa fille : va-t-en, je t‟ai revue. Nyamisereke demande à son père : quand je reviendrai, est-ce je te reverrai encore ? Son père dit : mon enfant, quand tu me trouveras mort, ce sera bien, car je  suis vieux. Voilà que tes frères son là et tes belles sœurs. Quant  à moi, je suis très heureux. Sangoga prit congé de sa fille. Nyamisereke sortit de chez son père et s‟en retourna contente chez Nankuba. Ici c‟est fini.

OLULIBI LWA MWAMI  LWAKWIJURU (Variante de la fable précédente)

1/ Omulume muguma erhi agwerhe omunyere wage anali mwinja bwenene. Abagala boshi bakayisha mpu bamusheba. Olya mulume akalahira mpu arhahana omunyere wage. Oku handi olya mulume aderha  mpu : olya munyere arhacikagirhenga ahaka : amuyubakira enyumpa elubako mpu akalegereramwo, abantu barhakimuyanka.

2/ Lero Nankuba ayisha naye mpu ashebe. Abwira ishe wa olya munyere. Alahira mpu arhamuhaye. Nankuba erhi ayisha kasharhu, n‟ishe wa olya munyere alahira. Nankuba ajibwarhala emwage, alinga oku olya munyere arhenga mulya nyumpa.

3/ Erhi kugera nsiku nyinji bwenene bwenene, erhi olya mulume bo na mukage bamahinga,  banahamika bwenene aha ka mpu arhakiharhenga, lero ababo banyere bahamula, baja omu cogo. Erhi baja na bukere. Naye olya munyere akanya abashimba, bulya arhasima okulegerera omu nyumpa baja omu ntondo bakera obukere. Erhi bayusa okukera ebirando-birando, babona nka nkuba yaluluma,, babona nka ekola eli hofi, hokunia. Baderha mpu : rhwamaloba, ngahi rhwayegema lero we ! Baja omu lwala lw‟ibuye, bahira olya munyere mwinja mwinja iduli bwenene mpu hakajira owamuyanka. Erhi baba bakola bamuli, babona omu luso mwahibuka ecintu cinene cinene, erhi ye Nankuba yenene. Balya banyere boshi boshi bakajuguma okwenge badwirhe olya munyere wa bene, nabo bonene bakajuguma mpu bafa n‟oli omu luso.

4/ Oku handi munyere muguma owali oku luso, aderha erhi : mwami wa Kwijuru mbisa mbisa, kasemasoro, kasemasoro mbisa, kasemiringa mbisa mbisa. Naye Nankuba aderhe erhi : shekaga ndole ! Olya munyere asheka. Oku handi amuhundusa agera agenda embuga ayimangeyo, alindireyo ababo. Owundi ahaja aderha erhi : mwami wa Kwijuru mbisa mbisa ; naye aderhe erhi : shekaga ndole !  Asheka. Amuleka agera ajilindira ababo aha mbuga. Balya banyere bali ndarhu, n‟olya wa kali nda, boshi bayusa kugera bakayimanga aha mbuga balindana.

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5/ Hasigala olya munyere muguma yenene yenene. Lero naye ayisha aderha erhi : mwami wa Kwijuru mbisa mbisa. Nankuba acihulikira. Olya munyere ashubiza aderha erhi : mwami wa Kwijuru mbisa mbisa. Ahulika. Olya munyere erhi aderha kali ndarhu, na owabo ahulika. Arhondera alaka. Lero liguma Nankuba ayanka olya munyere, anamuyinamukana oku nkuba.

6/ Ababo bakalolereza balangira agera omu bitu ; barhondera balakira owabo. Baheka obukere baja balaka ; baja e ka; babwira ishe wa olya munyere. Naye ababwira erhi : charhumire muheka omwana wani mpu lyo agendamwo kanali nabwine oku aga masano gacinyishakwo, nali  namalaguza, co carhumaga nkahaza omwana wani nti arhankarhenga omu nyumpa. Lero   yoyo wagenda oku nkuba kulya rhurhahika rhuli bene enigulu ; ntakacimubona wani ! Omwana wani amahera busha! Ishe na nina bamulakira bwenene nkaba myezi irhanu.

7/ Ci oyo mulume ali mugale, ci arhali bwenene bwenene ; enkavu zage zali magana asharhu, na abantu bage bali magana abirhi.

8/ Oku handi Nankuba bo na mukage banaciburha omwana murhabana, bashubiza baburha owundi murhabana. Oku handi Nankuba, akengera aderha : erhi lero nasimirage bwenene, nkolaga najisheba. Alalika ambambali boshi mpu balerhe ebirugu n‟ebiryo akishebamwo. Abambali bakujira, baguma balerha amahanzi, abandi ebibuzi n‟empene binji binji bwenene ; abandi amamvu, abandi enshano, abandi amagerha, abandi emiringa na ngasi   cirugu cinja coshi bahira ho. Amahanzi igani liguma, empene igana liguma, ebibuzi igana liguma, enkavu magana abirhi. Abwira ababerhula, abwira mukage erhi : hekaga abana bombi muje emwa sho mujimulamusa ; ci hano ohika igulu, okola washwira  aha mwa sho orhageraga omu njira nyinja omu muhanda,  ci ogere omu njira mbi abantu barhakubone boshi boshi. Olya mukazi ayemera. Oku handi Nankuba ajira empusi ya bayandagaza ya nabahisa ahanshi.

9/ Lero naye Nankuba ajilinga alole ngahi bagera. Olya mukazi erhi abona oku e   bintu byage biri binji, avuna eciragane  c‟iba bo naye. Obwibone  bwamugwarha. Aderha erhi : k‟ebi bintu byani byoshi nnabigezagye omu njira mbi wani ? Ayileka agenda omu njira nyinja, aleka elya mbi bamubwiraga. Erhi aderha mpu ahike hofi n‟eka, ci arhaciba hôfi bwenene, Nankuba ababona, akunira bwenene, hofi h‟okufa n‟obukunizi, achihindula nsimba munene bwenene ; aja  embere zabo bulya olya mukazi ye wali mbere. Abwira olya mukazi erhi : mpolera! Olya mukazi, bulya bakola badwirhe bajuguma boshi, na bambali, ajira mpene ikumi, amuhazo. Olya musimba amirangusa. Ashubira aderha erhi : mpolera !  Ebibuzi byoshi byahwa? Ashubiza aderha erhi : mpolera ! Amuha zindi mpene ikumi. Amirangusa. Ashubiza aderha erhi : mpolera : amuha ezindi ikumi. Amirangusa. Erhi akuderha kasharhu, empene zoshi zayurha. Ashubiderha kasharhu erhi : mpolera ! Enkavu zoshi zahwa. Amirangusa ci arhakanjaga nangala. Erhi ayusa ebyo byoshi, hakola hasigire abantu bonene. Ashubiderha  erhi : mpolera ! Akudeha kasharhu, ayusa balya bantu   boshi boshi n‟ebirugu byoshi bali badwirhe, amirangusa. Hasigala olya mukazi na bana bage bombi hoshiaho.

10/ Cirya cisimba chaderha erhi : mpolera ! Olya mukazi erhi : ntaco  ncigwerhe nakuha. Ashubiza erhi : mpolera : olya mukazi erhi mashi ntagwerhi cici mashi. Olya musimba akaliha bwenene, amahorhola amasu mpu amuhage balya bana. Olya mukazi alahira okuhana abana bage. Erhi abona amakaliha bwenene, lero olya mukazi amubwira intya erhi : waliha, olekage mpise ono mwana wani hano burhambi, ngali galuka ondye nyenene. Agenda erhi agwerhe omwana murhanzi, erhi akola abona owundi, ye wali murho bwenene, erhi aciyonka. Aja abwira olya mwana erhi : ogende kwa lula lugo lunene hali echishagala cinja cinja. Okashimana omulume mwinja, ye shakulu wawe, okashima omugoli mwinja mwinja, ye nyakakulu wawe, okashigana barhabana binja, bo banalume bawe, okashanga banyere binja, bo bazala bawe. Erhi obabwire oku oli mwene Nankuba, olu

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mwali mwene nyoko na mulumuna wawe, oku nsimba yarhulya na abantu boshi n‟enkafu zoshi n‟ebirugu byoshi rhwali rhudwirhe.

11/ Olya mwana agenda, aja emwa shakulu wage, ci erhi arhamanyiri aha mwa shakulu wage. Erhi abona omulume mwinja n‟omukazi mwinja, n‟emisole minja n‟abanyere binja, olya mwana aderha erhi : wabona aha wani. Hyarhondera hyaderha erhi : nyama ambwizire mpu nkashanga mulume mwinja, ye shakulu wani, erhi nyama ambwizire  nkashanga mugoli mwinja, ye mugaka, mpu nkashanga misole  minja bo banalume bani, erhi nkashanga banyere binja, bo bazala bani. Baderha mpu, oli mwene ndi? Naye : ndi mwene Nankuba. Mpu : oli mwene Nankuba? Erhi : ega! Bamanya oku ali mwinjikulu wabo, bamugwarha, bamuha ebi alya, bamukombera bwinja bwinja. Ashinga aha mwezi muguma ; na ogwo mwezi gwoshi eri balaguza oku baniga eyo nsimba bamubwira mpu ajire engumba nnunu bwenene bwenene bayibagire halya hantu aliragwa, bakaiyoca mpu, oku handi babona arhenga omu lubala ayumva okubaya kwa enyama. Bajira , babwira hirya hyana erhi : kanyagya orhuyereke halya hantu balirwe. Olya mwana ababwira erhi ; haha !

12/ Oku handi baniga erya ngumba bayibaga, bayusa kubaga barhondera bayocha enyama yashushagire. Oku handi olya musimba ayumva okubaya. Amiru gamugwarha bwenene, arhenga omu lubala, aja halya balya bantu bali. Balya bantu erhi bayocirage ibuye mpu bamuhireryo e kanwa. Olya musimba ababwira erhi : mpani kashitu. Batwa hitya, bamuhahyo ahirya. Ayumva hyanuna bwenene. Ashibiderha erhi : mpani kashitu. Bashibimuha, ayumva hyanuna bwenene. Ashubiderha erhi : mpani kashitu.  Lero bamubwira erhi : oyashamage bwenene, rhukuhe nnene yakugamba. Ayashama, nabo balya bantu erhi babona ayashama,  bayanka omurhi gwa mahaji, baguhiramwo lilya ibuye lidurhu balirengeza mpu bamufundelyo e kanwa. Acilahirira ayoboha, aja nka hala abwarhalaho. Erhi ashinga hisanzi hintya babona akola muntu.

13/ Lero bayumva aderha erhi : carhumaga mwali mukola mpu munige wani ! Erhi : karhali nye mukwi wawe wanali mpu onnige n‟ibuye lidurhu. Ababwira erhi : mwali winyu ali cabi, arhayumva nyungu. Namubwira nti arhageraga omu muhanda mwinja mwinja, yehe agugeramwo. Nani nagaya, lero namulya. Nabo mpu : k‟orharhuhagaye ? Naye erhi : muleke muheye mwe naye. Oku handi amushala erhi : muhe na mwana wage. Aderha erhi : muleke muhage n‟ebindi birugu nali muhire nti amulerhere. Ashala enkavu empene na ebibuzi n‟abantu boshi, boshi ahira aho. Ababwira erhi: gendagi, mulamusanye bwinja, bwinja, nani ncijire emwani, mushige mwezi muguma mwalamusanya mukumbulukane bwenene, ngali yishimulola erhi omwezi guyurha.

14/ Nankuba alika mwambali muguma erhi : ojibabwira lusiku lulebe, baje aha mbuga n‟ebintu byoshi, batunga na balya bantu bani  boshi, bayimange aha mbuga  nani nabayankirira eno mwani. Bayemera mpu : ega ! Olya muhya ayankirwe akalonzalonza enkafu n‟empene n‟ebibuzi ebi atunga. Olya muhya akajibwira nina bo na ishe, erhi : hoshiaho, murhakancibona bundi. Ci amango nkaba namamudula na ntogeze ecintu omu mulango yinyu munkengerekwo obwo. Nabo mpu : ega.

15/ Erhi bahika kwa lulya lusiku babwiragwa, baja aha mbuga na ebintu byoshi. Ishazala ajira nkavu igana liguma, n‟empene igana, n‟ebibuzi igana. Oku handi aja mbuga halya abantu bage bali na mukage n‟abana bombi. Oku handi Nankuba alerha empusi nene, yabayehukana n‟ebirugu byoshi omu malunga. Balangira basoka omu bitu,  baderha mpu : hoshiaho, nta kundi rhwachijira rhurhacimubona bundila.

16/ Olya muka-Nankuba, erhi ashinga myezi ndarhu akengera bene wabo, ayanka enkavu ikumi, azirhogeza omu ngo ya ishe. Nabo erhi bazibona baderha mpu : mwali wirhu oyu orhukengire wani, nabo bashizi mukengera. Hoshi aho bulya kwo ababwizire akabakengera arhoza echintu. Akakujira ngasi mwaka arhoza enkavu ikumi, cindi cintu chinja chinja. Ci bohe bene wabo

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bakayabirwa n‟oku bamuhekera ebintu barhamuhaga chichi bohe. Hoshiaho, nta kundi, lwamayurha olwo lulibi.

RECIT AU SUJET DU MAITRE D’EN HAUT

1/ Un homme avait une fille très belle. Tous les grands (riches) venaient pour la demander en mariage. Cet homme refusait, disant qu‟il ne donnait pas sa fille. Ensuite cet homme dit que sa fille n‟irait pas cultiver, ni engranger, et il lui construisit une maison  par derrière (la sienne) pour qu‟elle y restât et que personne ne vint la prendre.

2/ Alors Nankuba vint lui aussi pour la demander en mariage. Il le dit au père de la file, celui-ci refusa disant qu‟il ne la lui donnait pas. Nankuba vint  ainsi  trois fois, et le père de la fille refusait. Nankuba alla s‟asseoir chez lui, attendant que cette fille sortit de la maison.

3/ Après de très longs jours, voilà que cet homme et cette femme vont cultiver, ils ferment bien la porte là dans l‟enclos pour qu‟elle ne sorte pas. Et alors les filles ses compagnes l‟ouvrent et vont dans l‟encos. Elles disent qu‟elles  vont aux herbes, et elle s‟empresse de les suivre, car elle n‟aimait pas rester si longtemps dans la maison. Elles vont sur la montagne couper de l‟herbe. Quand elles ont fini de couper de l‟herbe, bien de fagots, elles entendent que le tonnerre  gronde, et qu‟il va bientôt pleuvoir. Elles disent : nous serons mouillées, où donc nous abriterons-nous ? Elles entrent dans une caverne  de la montagne et mettent la très belle fille tout  au fond pour que personne ne vienne la prendre. Pendant qu‟elles sont là, elles aperçoivent sur la porte qu‟il sort un  objet très grand et disent : c‟est Nankuba lui-même. Ces filles se mettent toutes à trembler, parce qu‟elles ont avec elles la fille d‟un autre et elles-mêmes tremblent parce que celui qui est à l‟entrée va les tuer.

4/ Ensuite l‟une des filles qui est près de l‟entrée dit : Seigneur d‟en haut, laisse-moi passer, toi qui a de belles choses, laisse-moi passer, toi qui as des bracelets de cuivre, laisse-moi passer ». Et lui Nankuba lui dit : «ris que je vois ». Cette fille rit. Puis il lui livre passage, elle passe dehors et s‟y tient debout pour attendre ses compagnes. Une autre tient et dit : « Seigneur d‟en haut, laisse-moi passer ». Et lui : « ris donc que je voie ». Elle rit. Il la laisse passer, et elle va attendre ses compagnes dehors. Ces filles  étaient six.  Et la jolie fille était la septième. Toutes six passèrent, et attendirent dehors.

5/ Il n‟y restait que cette fille toute seule. Elle aussi vint et dit : « Seigneur d‟en haut, laisse-moi passer ». Nankuba se tut. Cette fille dit de nouveau : « Seigneur d‟en haut, laisse-moi passer. Il se tut. Quant elle avait dit ainsi six fois, et que l‟autre se fut  toujours tu, elle se mit en pleurer. Alors d‟un coup Nankuba prit cette  fille, et monta avec elle là-haut.

6/ Ses compagnes regardèrent et virent qu‟elle passa dans les nuages. Et elles se mirent à pleurer leur compagne. Elles allèrent en pleurant porter l‟herbe au village. Elles le dirent au père de la fille, et lui leur dit : pourquoi avez-vous  amené ma fille pour qu‟elle aille là-bas, j‟avais vu que des choses désagréables m‟arriveraient, j‟avais consulté des sorts, voilà  pourquoi j‟avais défendu à mon enfant de sortir de la maison. Voici que celle-ci est allée là-haut, là où nous n‟allons pas, nous qui sommes sur la terre. Je  ne la verrai plus, helas ! Mon enfant est perdue pour moi inutilement. Le père et la mère pleurèrent leur fille très fort, durant environ cinq mois.

7/ Mais cet homme était riche, mais pas très riche. Il avait 300 vaches et 200 hommes.

8/ Ensuite Nankuba et (la fille qui était devenue) sa femme engendrèrent un garçon, puis encore un autre garçon. Après quoi Nankuba réfléchissant dit : ainsi je suis très content, et  voilà que je vais

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te laisser voir tes parents. Il appela tous ses serviteurs et leur dit d‟amener des biens et des vivres pour qu‟elle les porte  à ses parents. Ses serviteurs le firent. Les uns  amenèrent des taurillons, d‟autres des chèvres et des moutons en grand nombre, d‟autres de la bière, d‟autres de la farine, d‟autres des perles, d‟autres des bracelets. Il y avait 100  taurillons, 100 chèvres, 100 moutons et 200 vaches. Il dit aux porteurs et dit à sa femme : prends les deux enfants, va chez ton père et salue-le. Mais quand tu seras sur la terre et près d‟arriver chez ton père, ne passe pas par le grand chemin des alentours (de son enclos) mais passe par le mauvais chemin, pour que personne ne t‟aperçoive. Cette femme y acquisça. Puis Nankuba fit souffler le vent pour les faire descendre et arriver sur la terre.

9/ Alors Nankuba alla attendre pour  voir où ils passeraient. Cette  femme, quand elle vit que ses biens étaient nombreux, brisa la promesse faite à son mari ; l‟orgueil s‟empara d‟elle. Elle dit : tous mes biens, les ferai-je passer par un mauvais chemin ? Elle se laissa donc aller par le grand chemin et laissa le mauvais que lui avait dit son mari de prendre. Quand elle se crut proche du village, bien qu‟elle ne fut pas très proche. Nankuba les vit et se fâcha très fort, presque  à mourir de colère. Il se changea en fauve, et en très gros fauve. Il alla au devant d‟eux, car la femme était en tête, et dit à la femme : donne-moi à manger ! Cette femme, parce que tous se mettent à trembler avec les serviteurs, prit  dix  chèvres et les lui donne. Le fauve les avala et dit de nouveau : donne-moi ! On lui donna encore dix qu‟il avala. Il dit trois fois et toutes les chèvres sont finies. Il dit encore trois fois : donne-moi ! …et tous les moutons sont finis… Il dit encore trois fois : donne-moi ! Et toutes les vaches sont finies. Il avala, mais il ne mâcha pas du tout. Quand tout fut avalé, il ne restait que les hommes seulement. Il dit encore trois fois donne-moi ; et il acheva tous les hommes et tous les biesn qu‟ils avaient apporté. Restaient la femme et les deux enfants, c‟est tout.

10/ Ce fauve dit : donne-moi ! La femme dit : je n‟ai plus rien à donner. Il dit encore : donne-moi ! Et la femme : de grâce ! Je n‟ai plus rien. Le fauve se fâcha très fort, il fit tourner ses yeux en demandant les enfants. La femme refusa de les livrer. Comme la femme le voyait furieux, elle lui dit : Seigneur, laisse-moi passer avec mon enfant là par côté, je reviendrai pour que tu me manges moi seule. Elle va portant son premier enfant, en regardant l‟autre, le tout petit qui têtait encore. Elle dit  à son fils : va là-bas dans ce grand enclos, il y a là de nombreuses  huttes. Si tu rencontres un très bel homme, c‟est ton grand-père, si tu rencontres une très belle femme, c‟est ta grand-mère, si tu rencontres de beaux garçons, ce sont tes oncles, si tu rencontres de très belles filles, ce sont tes tantes-cousines. Dis-leur que tu es le fils de Nankuba. Dis que tu étais avec ta mère et ton frère puiné, et qu‟un fauve les a mangés avec tous les hommes et toutes les vaches et tous les biens qu‟ils avaient.

11/ L‟enfant s‟en alla chez son grand-père, mais il ne savait où il habitait. Quand il vit un bel homme, et une belle femme, et de beaux garçons et de belles filles, il se dit : tu vois c‟est bien ici. Il se mit à dire : ma mère m‟a dit que si je rencontre un très bel homme, c‟est mon grand-père, que si je rencontre une très belle femme, c‟est ma grand-mère, que si je rencontre de très beaux garçons, ce sont des oncles, que si je rencontre de très belles filles, ce sont mes tantes-cousines. Ils lui répondirent : tu es le fils de  qui ? Et lui : je suis le fils de Nankuba. Et eux : tu es le fils de Nankuba ? Il dit : oui ! Et ils reconnaissent qu‟il est leur petit-fils. Ils l‟aident, lui donnent à manger, et l‟arrangent très bien. Il reste là un mois. Et pendant tout ce mois, ils consultent le sort afin de pouvoir tuer le fauve. Les sorts leur disent de prendre une vache stérile, à chair très douce, et d‟aller la dépouiller  là où le fauve a dévoré, et d‟aller y brûler la peau. Qu‟ensuite ils verront sortir le fauve de brousse, dès qu‟il sentirait l‟odeur de la viande. Ils firent cela, et dirent  à l‟enfant : vite, montre-nous l‟endroit  où il a dévoré. L‟enfant alla devant, et eux le suivirent. Ils arrivèrent à l‟endroit et l‟enfant dit : c‟est ici.

12/ Puis ils tuèrent la vache stérile, la dépouillèrent, après quoi ils commencèrent à cuire la viande, et elle répandait de l‟ordeur. Puis le lion huma l‟odeur, son instinct le prit très fort, il sortit de la

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brousse et alla là où  étaient les hommes. Ceux-ci avaient aussi  chauffé une pierre pour l‟enfoncer dans la gueule. Le fauve leur dit : donnez-moi un peu.  Ils coupèrent un peu et lui donnèrent à manger. Il sentit que c‟était très bon, il dit de nouveau : donnez-moi un peut. On lui donna encore un peu à manger, et il sentit que c‟était très bon. Il dit une troisième fois : donnez-moi un peu. Eux alors lui dirent : ouvre largement la gueule. Quand ces hommes virent qu‟il ouvrait la gueule, ils prirent une branche, ils y fixèrent la pierre brulante, la soulèverent  et la  lui introduisirent dans la gueule. Il en fut méconte, se retira, alla jusque là et s‟y assit, après quelques instants, ils virent que c‟était un homme.

13/ Et alors ils l‟entendirent dire : pourquoi donc êtes-vous venus pour me tuer ? Allons donc, je suis votre gendre, vous êtes venus me tuer avec une pierre chaude. Il leur dit : votre fille a été désobéissance, elle n‟a pas écouté les sorts ; je lui avais dit : ne passe pas  par le côté très beau et elle y est passée. Et alors je me suis fâché, et je l‟ai mangé. Et eux : est-ce que tu ne la rendras pas. Et lui : laissez-moi vous  la rendre, elle et lui (l‟enfant). Puis il ouvrit la gueule, et la voici avec le fils.  Il dit : laissez-moi que je lui donne les biens que je lui avais donnés pour vous les apporter. Il ouvrit la gueule et vaches, chèvres, moutons, hommes, il déposa là le tout, et leur dit : allez, réjouissez-vous  beaucoup, et moi je retourne chez moi,  pendant un mois restez vous réjouir et jouir de votre réunion, je viendrai voir cela à la fin du mois.

14/ Nankuba donc leur envoya un serviteur leur dire que : à  tel jour ils se mettent dehors avec tous leurs biens, qu‟ils réunissent aussi tous mes hommes, qu‟ils se tiennent dehors et moi je les prendrai chez moi. Tous répondirent : oui. L‟envoyé alla chercher  partout les vaches, les chèvres et les moutons et les rassembla. La femme (de Nankuba) vint avertir son père et sa mère et leur dit : c‟est fini, désormais vous ne me verrez plus. Mais lorsque j‟aurai le désir de vous voir, je ferai tomber quelque chose à votre porte, pour me rappeler  à votre souvenir. Et eux de dire : oui.

15/ Quand fut arrivé le jour qui leur fut indiqué, ils se mirent dehors avec tous les biens. Le beaupère (de Nankuba) lui aussi y mit 100 vaches et 100 moutons et 100 chèvres. Puis il mit dehors là où étaient les  hommes, et la femme et les deux enfants (de Nankuba). Et Nankuba amena un vent violent qui les tansporta en balançant avec tous les biens dans leurs hauteurs. Les parents les observaient montant dans les nuages et dirent : c‟est fini, rien d‟autre ne nous arrivera, nous ne la verrons plus désormais.

16/ La femme de Nankuba, quand elle eut passé dix mois, elle pensa aux siens. Elle prit dix vaches et les fit descendre dans l‟enclos de son père. Lorsque les parents les virent, ils dirent : notre fille vraiment s‟est souvenue de nous, et eux aussi pensèrent à elle. C‟est fini car comme elle le leur avait dit, elle a pensé à eux et fait tomber quelque chose. Elle fit de même chaque année, faisait descendre dix et  d‟autres choses très belles. Quant à ses parents, ils étaient dans l‟impossibilité de lui faire parvenir des choses, et eux ne lui  donnèrent rien. Fini, rien d‟autre ! Ce récit est achevé.

OLULIBI LWA NANKUBA BO NA NYANGE, YE MWAMI W’ENYUNYI NA NYUNDA MURHAMBO WAGE

(On respecte au Bushi l’IBIS et l’AIGLE devenus les rois des oiseaux, parce que l’IBIS a pu trouver de l’eau et l’AIGLE des lances refusées par NANKUBA).

1/ Omwana muguma ashimanaga abantu babaga enkavu yabo. Ababwira erhi : ewe mpe nani obwo budiku buyende omu nyungu. Mpu : lahira wani ! Erhi : mbofa  nkuno. Nabo mpu : rhumuhebwo. Bamuhabwo. Balerha enyungu bahiramwo, batwanakwo omuliro bwenene, balegerera batwana. Erhi biba bijingo bamufukula, bashimana azine arhanahire ciru  n‟ehitya. Basomerwa bwenene.

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2/ Naye olya aheka bulya budiku bwage omu mwa nakulu. Nakulu abulya. Erhi hiyisha hyabwira  nakulu erhi : mpaga bulya budiku bwani mbulyeko. Naye nakulu erhi : nabulire bwoshi. Hyakunira bwenene. Hyabwira nakulu erhi : olyulage ! Nakulu ajira obulo amuhabo. Bulya bulo hyabuyanika, oluhazi lwabulya. Hyalubwira erhi : lyula ! Lwajira iji lwahihalyo. Hyaderha erhi ; kwokwo, orhali wa mbaka. Mpu higendage obuterezi bwahikuba hyagwarha oku kanwa. Erhi : lyulaga ! Obuterezi bwamuha obudaka. Hyagenda mpu hyayikira olwishi, hyakulumbamwo, obudaka bwajonga hyagwarha oku kanwa, erhi : lyulaga. Lwahiha orhwishi.

3/ Hyagenda hyashimana abantu n‟amarhi erhi : ewe chi mwatula na marhi na  ngwerhe amishi mashi ! Mpu : arhuhagego mashi we konkwa we ! Hyabahago batulamwo. Erhi hishinga kashanzi katya, hyagwarha oku kanwa, hyaderha erhi : mpagi amishi gani, erhi mumpe akere. Bahiha akere.

4/ Hyagenda hyashimana abakazi, bagesha  obulo na mino, hyababwira erhi : ewe ci mwagesha n‟amino na ngwerhe akere nyehe. Nabo mpu : rhuhage rhugeshemwo waliha! Hyabahako bageshamwo. Erhi hishinga kashanzi katya mpagi akere kani ! Kandi erhi : mumpage obulo. Bamuha obulo, agenda. Lero ashubira emwa nakulu.

5/ Bulya bulo hyabuhula hyayanika, hyanagwishira hyaja iro. Olunyunyi lwoshi lwayisha, lwalya bulya bulo  bwoshi bwoshi. Oku handi hyatuluka hyabona lulya lunyunyi lwamayusa okulya obulo. Erhi : mpa obulo !  Kandi erhi : mumpe  kanyunyi kaguma ! Rhulya rhunyunyi rhwacibalalira rhwoshi. Nahyo hyarhuheherera erhi„ mubulire ci burhacihonaga aha mumiro gwinyu, aha mwakaja omu mahanga goshi mubule amishi. Oku bundi amishi goshi ga mahanga gachiganira. Orhunyunyi rhwagalwa n‟enyorha nkali bwenene, bulya rhuli mwezi rhurhanywa chirhu ebideka  bya enkuba.

6/ Orhunyunyi erhi : rhuba rhwamarhama n‟okuzungula mpu : rhwachibona ahantu rhwanywera  rhwanabula. Lero    rhwaja hantu haguma rhoshi rhoshi erhi : hanali ibuye linne linene.

7/ Lero enyange yalilolereza yageranya, erhi : owabeza eri ibuye, anabonamwo amishi anywa ? Yabwira orhunyunyi erhi : yaga oku rhwajira : rhubeze eri ibuye na emiromo yirhu. Ababo erhi : ega rhukujire. Yaderha erhi : ngasi w‟omulomo munene, ye warhanga ! Oku bundi hungwe  ahaja aderhi erhi : mbone amishi, nshube mwami w‟enyunyi. Omulomo gwage gwoshi gwatundamalika gwoshi, akulumba.

8/ Omusambi gwahaja nagwo, gwahaja gwaderha erhi : mbone amishi mwami wa rhunyunyi. Naye atundumalika omulomo gwoshi, ahirima. Ngasi kanyunyi k‟omulomo munene kahaja koshi, rhwoshi rhwanayabirwa okubeza lirya ibuye.

9/ Erhi orhunyunyi rhwoshi rhuhaja  rhwoshi rhwamayabirwa,  enyange  yahaja ci burhanzi yaderha erhi : najaha ci ntakwo najira. Ka muyabirwe mwe b‟emilomo minene, nye w‟omusungunu nkuhashe ? Ahaja atota omulomo gwage oku ibuye aderha erhi : mbone amishi nshube mwami w‟orhunyunyi. Oku handi  yehe gwagwarha gurhatundumalikaga, erhi aderha kasharhu abona amishi gayisha, anywa ashiberha erhi ; mbone amishi nshube mwami w‟orhunyunyi, kandi gayisha, agakayunjuza endaha. Ababo boshi bamuyamira mpu abahe nabo. Aha  ngasi barhonyi bage bonene, aha nyunda erhi ye murhonyi wage. Ashibitota erhi : mbone amishi nshube mwami w‟orhunyunyi. Lero goshi goshi garhenga omu ibuye gahuluka, yashuba nyanja nene. Abanyunyi bali batundumalisire emiromo banakumbire ahanshi bagendanwa na enyanja.

10/ Oku handi nyange abona mulya ibuye mwakarhenga amishi mwarhenga amatumu minja minja, agayanka, agafumbarha. Orhunyunyi rhwoshi  rhwasima nyange mpu : we warhuha amishi, we wanakolaga mwami wirhu, nta wundi mwami  obwo, ci bwenene wenene. Bagenda emwabo baba.

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11/ Erhi bashinga mugobe Nankuba  abona galya matumu ga nyange, ayisha mpu amuhego, bajire obwira bw‟okuli. Naye acilahira mpu arhamuhago. Ashubirira  kasharhu mpu bamuhe amatumu, nyange acilahirira bwenene. Nankuba ashinga mwezi muguma arhayishihuna.

12/ Lero abwira omwambali erhi : ogende obwire enyange ampage nani aga matumu ngabalamane  oku handi ngali gagalula nago. Lero amuhago, Nankuba erhi agabona asima bwenene; erhi kwokwo ntacimuhamagala ndi wayishigi gahuna ka bakahika eno munda ? Agayorhana mwaka muguma arhanamugaluliragwo.

13/ Nyange abwira abambali boshi erhi : ka murhabonaga namukula habi wani. Lero ndi muguma mulimwe agendage anderhere amatumu oku nkuba. Boshi baderha mpu : ocishoge   wenene , oyu wayanka omurhume. Abwira omusambi erhi : gendage. Ayemera, lero agubwigiriza erhi : kurhi waderha ? N‟agwo gwayama. Kulya gunayama, nyange agaya, erhi : kurhi odesirage obwo ? Barhakayumva  okwo ci bwarhalire. Arhubwira rhoshi mpu kurhi rhwaderha ? Rhwakayama kwonene. Agaya erhi : barhayumva, okwo kurhali kuderha.

14/ Lero abonaho muguma amubwira erhi : ngenderaga ompunire amatumu gani. Kayemera erhi : ega waliha nagenda obwo, ntakalahira kwawe nyakasane. Erhi : kurhi wajiderha obwo ? Nako kalya kanyunyi erhi : najiderha nti mpu ohe nyange itumu lyage, mpu ohe nyange itumu lyage, ajira e lundi kulaguza mpu arhayishi aha lyajire. Nyange erhi : kwokwo mwami wani, wamamanya okuderha obwo.

15/ Ako kanyunyi kagenda oku nkuba, izino lyako ko nyunda. Erhi kahika oku nkuba kagwa oku nyumpa, kaderha mpu : ohe nyange itumu lyage, ajire e lundi kulaguza, mpu arhishi ahalyajire. Bayumva bene nyankuba, basomerwa mpu : lero cici co charhuderha. Erhi bahibona  bahibanda irongo. Hyacamukira handi handi. Erhi kaba kasanzi yashubirira mpu : ohe nyange itumu lyage, ajire e Bubembe kulaguza n‟e Busozo kulaguza mpu arhishi aha lyajire. Lero banyesa enkuba nene mpu lyo hifa hireke okuderha. Hyacijira omu lulera lwa enguli. Erhi hijirakwo nsiku isharhu, hyashubiderha erhi : mpu ohe nyange itumu lyage, ajire e Lwindi kulaguza, mpu arhayishi  aha lyajire. Lero balerha amatumu goshi ga omu cihugo coshi, bagalerha aha mbuga, bahibwira mpu : oyishage oyanke amatumu ginyu. Hyayisha hyalolerezamwo galya matumu goshi, hirhabonagamwo agabo. Hyashubira oku nyumpa, hyaderha erhi : mpu ohe nyange itumu lyage. Bahibanda amabuye hyacanukira handi handi. Erhi buca, balerha galya galya matumu goshi, kandi lero balerha na galya ga nyange, bagahira omu karhi karhi, mpu : oyishe oyanke amatumu ginyu. Hyayisha hyalola galya matumu, hyalola hyagabona omu karhi, hyagayanka hyachilibirhira. Banyesa enkuba elimwo olubula mpu lyo hifa omu njira. Oku hyaloba hyanalibirha, hyahika aha mwa nyange. Hyagana omusingo mpu : oje muno. Nyange erhi : kw‟odwirhe galya matumu gani ? Nyunda erhi : ngadwirhe waliha ! Nyange erhi : kwokwo mwana wani, we okolaga murhambo wani, nta wundi murhambo. Nkola nkugwasize ishungwe lyonene, ciwe nawe oli mwani, owacikunige erhi mwami anizire obwo ! Hoshi aho : Enyange n‟enyunda birhanigwa eno munda. Lwamahwa obwo.

FABLE DE NANKUBA,  DE L’IBIS DEVENU ROI DES OISEAUX ET  DE L’AIGLE SON SOUS-CHEF

1/ Un enfant rencontra des gens occupés à abattre une vache. Il leur  dit : donnez-moi le foie et cuisez le dans le pot. Eux : jure donc ! Et lui «  que tu meures de diarrhée ». Et eux : donnons-luien ! Et ils le lui donnent. Ils apportent un pot, y mettent le foie, font beaucoup de feu et chauffent tout le jour. Quand il fut soir, ils découvrirent le pot et trouvèrent le foie vivant, pas du tout cuit. Ils sont très étonnés.

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2/ Et l‟enfant porta le foie chez sa grand-mère.  La grand-mère le mangea. Quand le petit le sut,   il dit : grand-mère, donne-moi mon foie que je le mange. Et la grand-mère : je l‟ai mangé en entier. Le petit se fâche fort, et lui dit : paie-moi ! La grand-mère a de l‟éleusine et lui en donne. Et il étent l‟éleusine et le coq le mange. Et il dit au coq : paie ! Le coq a un œuf et le lui donne. Et il dit ! Merci ! Tu n‟es pas qu‟un à faire des difficultés. Puis le petit part, et à un endroit glissant , il tombe, et saisit le sol de la bouche. Il dit : paie ! Et le sol lui donne de la terre. Il part et passe la rivière et il tombe, et il saisit de la bouche la terre détrempée. Il dit : paie ! Et la rivière lui donne de l‟eau.

3/ Il part et rencontre des  hommes avec de la salive, et il leur dit : vous autres pourquoi forgezvous avec de la salive (pour jeter sur le charbon de bois) alors que moi j‟ai de l‟eau, vraiment ? Ils disent : donne-nous-en, s‟il te plait, toi ! Et il leur en donne pour forger. Après avoir attendu un peu de temps, il se saisit la bouche et dit : rendez-moi mon eau, et donnez-moi un couteau ! Ils le lui donnent.

4/ Il part et rencontre des femmes  occupées à couper de l‟éleusine avec les dents et leur dit : mais vous, vous  fauchez avec les dents, et moi j‟ai un couteau ! Et elles : donne-le-nous, que nous fauchions avec s‟il te plait ! Il le leur donne pour faucher. Après un petit temps : rendez-moi mon couteau ! Puis : donnez-moi de l‟éleusine ! Elles lui en donennt et il part. Et donc il retourne chez sa grand-mère.

5/ Cette éleusine, il la nettoie, va se coucher et s‟endort. Et tous les oiseaux arrivent et mangent l‟éleusine, toute absolument. Et puis il se réveille et voit que les oiseaux ont fini de manger l‟éleusine. Il leur dit : donnez-moi mon éleusine ! Puis : donnez-moi un oiseau, un seul ! Et ces oiseaux s‟envolent  tous. Et lui le maudit. Il dit : là où vous irez dans tous les alentours, que vous manquiez d‟eau ! Après quoi toute l‟eau du pays tarit. Les oiseaux sont pressés  par une soif ardente, et restent un mois sans boire (il n‟y a plus d‟eau) même dans les flaques stagnantes d‟eau de pluie.

6/ Les oiseaux disent : nous sommes fatigués d‟errer ça et là pour voir un endroit pour y boire, et nous n‟envoyons pas. Allons donc au même endroit tous ensemble, là où il y a une très grosse pierre.

7/ Alors l‟IBIS qui était allé l‟inspecter en réflechissant avec inquiétude dit : qui brisera et y trouvera  de l‟eau pour boire ? Il dit aux oiseaux : voici ce que nous ferons, brisons cette roche avec nos becs. Et les oiseaux ; oui faisons cela. Et il dit : que chacun qui a un gros bec commence. Puis le corbeau y va et dit : si  j‟y trouve de l‟eau, que je sois le roi des  oiseaux. Et tout son bec s‟y brise, et il tomba.

8/ La   grue couronnée y va elle aussi, et dit : Si  j‟y trouve de l‟eau, que je sois le roi des oiseaux. Et elle aussi y brissa son gros bec et tomba. Et chaque oiseau,  à gros bec, y alla et tous furent vaincus à vouloir briser cette roche.

9/ Et après que tous y furent  allés et furent vaincus, l‟IBIS y alla. Mais d‟abord il dit, j‟y vais  mais je ne ferai rien. Est-ce que vous n‟êtes pas vaincus, vous au gros bec ? Moi  au bec fin, le pourraije ? Il y va et donne des coups répétés avec son bec sur cette pierre. Il dit : s‟il y trouve de l‟eau, que je sois le roi des oiseaux. Puis la lui saisit, et son bec ne brisa pas. Il dit cela trois fois, et voilà que l‟eau vient ; il boit et dit de nouveau : si je vois de l‟eau, que je sois le roi des oiseaux. Puis  l‟eau vient et il remplit les vases. Tous ses compagnons crient pour qu‟il leur en donne. Il n‟en donne qu‟à ses amis. Il en donne  à l‟aigle qui est son favori. Il continue  à frapper le rocher, en disant : si j‟y vois de l‟eau que je sois des oiseaux. Et donc toute, toute l‟eau sort de la pierre et 

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s‟écoule, ce fut une grande mer. Les oiseaux qui s‟y étaient brisé le bec et étaient tombés par terre, furent emportés par la mer.

10/ Ensuite l‟Ibis vit que de cette roche d‟où était sortie l‟eau, il sortit aussi de très belles lances. Il les prit, et les empoigna. Et tous les oiseaux aimèrent l‟Ibis en disant : toi qui nous a donné de l‟eau, toi tu seras notre roi, et pas un autre qui sera roi, mais toi seul. Ils s‟en vont chez eux et y restent.

11/ Quand ils y étaient une semaine, Nankuba (genie de la pluie) vit ces lances de l‟Ibis. Il vint les demander avec promesse de bonne amitié. L‟Ibis refusa, et ne les lui donna pas. Nankuba revint trois fois, pour qu‟il lui donne les lances. Et l‟Ibis refusa absolument. Nankuba resta un mois sans les demander.

12/ Alors il envoya un serviteur disant : va dire  à l‟Ibis qu‟il me donne ses lances, que j‟aille me promener avec et qu‟ensuite je pourrai les lui rendre. Alors il les lui donna. Quand Nankuba les vit, il fut très content et dit : merci, je ne refuserai à personne qui viendrait les demander, mais pourrait-on venir ici où je suis. Et il resta une année entière sans les rendre.

13/ L‟Ibis dit à tous ses serviteurs : n‟avez-vous pas vu que  j‟ai enlévé le malheur ! Ainsi qui est le seul parmi vous qui ira et me rapportera les lances de chez Nankuba (au delà des nuages). Tous disent : choisis toi-même et envoie celui que tu as choisis. Il dit à la  grue courronnée : va elle y consent. Alors l‟Ibis en lui demande : comment diras-tu ? Et elle de crier : ce cri, l‟Ibis le méprise et dit : comment donc as-tu dit ? Ils n‟écouteront  certes pas et resteront asssis. Il dit  à tous les oiseaux de montrer comment ils  diront. Tous sifflent  seulement. Il se fâcha et dit : ils n‟écouteront pas (là-haut), crier n‟est pas parler.

14/ Et alors il envoit un et lui dit : va à ma place, demande pour moi mes lances. Il consent disant : oui, maître, je ne puis rien te refuser. L‟Ibis lui dit : comment diras-tu donc ? Et lui l‟oiseau, dit ; j‟irai dire  ainsi : rends  à l‟Ibis sa lance, rends à l‟Ibis sa lance, il est allé à Lwindi pour faire la devination sans qu‟un autre sache pourquoi faire. L‟Ibis, merci mon fils, toi tu sais parler.

15/ Cet oiseau    là  qui se rendait chez Nankuba, son nom est « Aigle ». Quand il y arriva il se posa sur la maison et dit : donne  à l‟Ibis sa lance, il est allé  à Lwindi consulter le devin, sans  qu‟on sache pourquoi faire. Les gens de Nankuba l‟entendent, sont stupéfait, ils disent : qu‟est-ce donc qu‟il nous dit ! Dès qu‟ils l‟aperçurent, ils lui lancèrent une motte de terre. L‟Aigle se déplaça ailleurs et après un moment il y retourna disant : donnez à l‟Ibis sa lance, il est allé dans la Luindi consulter le devin ; et dans le Busozo consulter le devin sans qu‟on sache pourquoi faire. Et alors ils font tomber une averse très forte pour qu‟il meure, et laisse de parler. L‟Aigle se met sous le toit d‟un grenier. Quand il y eut passé trois jours, il retourna dire : donnez à l‟Ibis sa lance,  il est allé à Lwindi consulter le sorcier sans qu‟on sache pourquoi faire. Et alors ils amènent toutes les lances du pays tout entier, ils les amènent dehors et disent à l‟Aigle : viens, prends les lances. Il y va, regarde toutes ces lances, et n‟y voit pas les leurs. Il retourne sur la maison et dit : donnez à l‟Ibis sa lance. On lui jettte des  pierres, il se réfugie ailleurs. Quand il fut matin, ils lui apportèrent les vraies lances, ils apportèrent celles-là mêmes de l‟Ibis et les placèrent au milieu des autres disant : viens, prends vos lances. Il vint, regarda ces lances, regarda et les vit au milieu. Il les prit et s‟enfuit. On fit  tomber la pluie avec de la grêle pour le tuer en route. Il fut trempé en s‟enfuyant, et arriva chez l‟Ibis, et le salua disant : viens ici. L‟Ibis dit : as-tu mes lances ? L‟Aigle répondit : maître je  les ai. L‟Ibis dit : c‟est bien mon fils. Toi tu seras mon sous-chef, sans autre sous-chef que toi. Voici que je te soutiendrai. Le diadème même soit sur toi. Tu es roi, celui qui te tuerait aurait tué le roi lui-même. C‟est tout, l‟Ibis et l‟Aigle ne sont jamais tués ici. Voici le récit fini.

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OLULIBI LWA RUGWEGWE

1/ Omulume burhanzi anaciburha bana babiri, omulume na omukazi. Nina wabo arhanzirifa, erhi munyere asigala na omulume. Omulume ajire e muzirhu, atwa murhi mwali wabo hagere. Atwa e lushuli mwali wabo agere.

2/ Lero bahika omu karhi ka omuzirhu, bashimana omushosi. Omushosi erhi ali mugale, akola muntu mukulu bwenene, arhagwerhe na omwana, arhagwerhe na omukazi, agwerhe enkavu nyinji nka magama kali munani, na empene , mpanzi yange Muyande (nfizi). Omunyere na omulume bamushiga. Erhi buba budufu, baderhana mpu rhumunige, rhube rhuyime ebi bintu byoshi. Lero mwali wabo alahira. Lero mushinjo  wabo erhi :  nakuniga, okaba walahira mpu ntamuniga. Lero mwali wabo ayemera. Bamuniga, bamubisha omu mashi g‟enkavu oku camvu.

3/ Lero mukonzi wa embala abashimanaho. Ajibwira mwami erhi : nabwine enkavu n‟omunyere. Na mwami amubwira : carhumire orhalera kavu nguma. Lero : omunyere anzimana, ampire ebilyo binji. Ntangiyisha kukubwira. Kandi mwami : nakuha bantu, mujiziyanka. Erhi mwami amuha abantu. Omunyere ababona, ayanka ecirhiri, na akarhi kage, aja oku chanvu. Lero Muyande, ozuke ovune. Rugwegwe ovune, Muyande ovune. Mushinja wabo ayisha, na empanzi yage n‟enkavu. Lero empanzi ayisha omuntu, naye wundi. Boshi bahwa. Omukonzi wa embala alibirha, abwira nawabo erhi : bantu bahwire, mpanzi abayisire na omulume kuguma. 

4/ Mwami arhimba engoma, arhabaza abantu, bayisha baja basama. Omunyere ayanka ciriri na akarhi, ajao omu camvu, erhi : Muyande Muyande zuka, ovune Rugwegwe. Kandi mpanzi ayisha omuntu na mshinja wabo. Mshinja ayirha omutu na empanzi ayirha omuntu. Lero  boshi bahwa. Mwami alibirha yenene. Ayanka, aja e mwage.

5/ Omugikulu ayishaga abwiza omunyere : cici cankamuyirha ? Erhi : owakarhubanda aha kajo, rhwanafa. Lero mugikulu atuntuma obufumu, erhi : onyereke endaha zirya za amarha. Lero olya munyere amuyereka. Akamira zoshi zoshi mwobufumu, mpu hano baganywa bafe. Lero erhi biba bijingo, Rugwegwe ayisha na enkavu zoshi. Akola adwirhe akama, amubanda akajo ka nyungu. Arhondera akama, erhi ayusa ashushirwa agweshera. Erhi kuba budufu, mugikulu ayumva bali iro, azuka aja amutwa irhwe, amuniga. Aja emwa mwami. Erhi lero namuyisire. Lero bayirha bayanka enkavu zoshi zoshi na omunyere  babiheka. Mwami amuyanka ashuba mukage. Enkavu zaleka okushubala, na okuyana na okukera zaleka bulya zalaka Rugwegwe. Zadorha bwenene.

6/ Mwami amubwira mukage (ye mwali wabo Rugwegwe) : ci olakira ? Erhi : ndakira, conandakira. Lero mwami asomerwa. Lero erhi kuba kasirahinga, aja omu mugore mwali wa Rugwegwe, erhi cirhuma nkavu zinyu zirhacishubala, zirhajikera, erhi bulya zikalira nazo. Naye mwami erhi : nnazo  ye ndi ? Naye erhi : olya bayirhaga. Lero mwami : ndi wamuyisire ? Naye  : ntamanyiri ! Ci amanyire, ci ahuluka kwonene, erhi : nkambwira, naye ankayohoba mpu nanamuniga.

7/ (Omulindye amufulaga). Lero abona omulindye amujacira. Mulindye erhi : olakira mugore ? Mugore naye  : ndi ndakira omushinja wani. Na omulindye erhi : ompe  bishari, erhi nyereki naka mufula. Ompe orhugendane rhwe naye. Agera omu njira, ngere omu lubala. Lero omulindye gwahahika, gwaja gwarhola norhuvuha omu nyumpa, gwarhuhira haguma. Lero gwajira kabuhabuha, kalungalunga. Lero gwamubwize Rugwegwe ; ngahi hali kuluma. Naye erhi : omu cibuno, gwamubwira erhi : oyimuke. Naye erhi : amadwi gamanduma. Gwaciderha, kabuhabuha, kalungalunga. Lero ayimuka yeshi. Agubwira erhi : ntaho hacinduma. Lero nagwo gwamubwira : cici wampa ? Naye erhi : owakurhumaga akuhe ntanda akubwizire. Bagenda.

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8/ Gwagera omu lubala, naye omu njira. Rugwegwe erhi : we wanyereka e munda mwali wirhu aba. Nagwo gwamubwira : erhi nahika hofi na enyumpa,  nshokole, nawe osigale nyuma. Erhi nyumpa nakajamo, nawe ojemwo. Gwaja omu nyumpa omwa mwali wabo. Naye asigala e muhanda. Lero gubwira mwali wabo : nkola mmudwirhe. Naye mwali wabo : wanteba. Naye mulindye : ohuluke oji lola.  Lero mwali wabo ahuluka, amushimana. Bagwarhana omu cifuba. Mwali wabo ayigula lumvi, mushinja wabo agere, aluhamika. Ayigula byogo ikumi anabiyigala. Amuheka omu aba. Lero ayanka amavurha, amushiga kandi amufulika enyuma ya encingo.

9/ Lero amubwira iba erhi : ompe mpanzi mbage. Naye iba amubwira erhi : lero walonza okulya. Naye erhi : nshalisire, nansimire. Mwakano kanwa bayumva empanzi ayana. Lero mwami erhi : namasomerwa. Abwira mukage : lero empanzi amayana, enkavu zashubala zoshi, zanayana, zadwirhe emêzi zanaburha. Lero mwami aheka mpanzi aha mukage. Mukage ayibaga. Kandi amuha omulindye oluhu lwoshi, na ngasi rhuvuha rhwoshi rhwo omu nyama. Mulindye erhi : okonkwa. Erhi nsiku zoshi gera, okazimpe bisharhi. Mulindye kandi gwacigendera.

10/ Lero mugore ayanka mushinja wabo, amuheka aha mbuga. Amushuka, anamushiga, alerha entebe, amubwarhazakwo. Lero mwami ahuluka e kasheshero, amugwarha. Lero amubwira omugore erhi : oyishe, erhi : ngahi wazimbire omwana ? Naye erhi : mushinja wirhu. Mwami erhi : ntajira mwana, ye nkola mugala wani. Lero bantu boshi bayumva engoma zaja kumahango, lyo bamanye oku mbusire omwana we enfula.

11/ Lero ahamagala olya mugikulu owamuyirhaga, erhi : we wancizize. Amuha ishwa na enkavu makumi arhanu. Ayalusa omugala amuha ishwa lilimwo abantu, na enkavu  nyinji nyinji. Lero mukage ashuba wage mukulu. Lwoshi olwo.

HISTOIRE DE RUGWEGWE

1/ Un homme  jadis engendra deux enfants, un garçon et une fille. Leur mère vint à mourir laissa la fille et le garçon. Le garçon (Rugwegwe) s‟en alla à la forêt, coupant les arbustes pour que sa sœur passe, coupant les lianes pour qu‟elle passe.

2/ Ils arrivèrent au milieu de la forêt et y trouvèret un vieillard. Le vieillard  était riche, c‟était un homme puissant, mais  qui n‟avait pas d‟enfants, n‟avait pas de femme, et avait près de 800 vaches et des chèvres. Son  taureau était Muyande. Et le garçon et la fille se firent ses suivants. La nuit venue, ils se dirent l‟un  à l‟autre : tuons-le, nous hériterons de tous ses biens. Mais la sœur refusa. Le frère lui dit : je te tue, si tu refuses que je le tue. Et alors la sœur y consentit. Donc ils le tuent et l‟entérèrent dans la bouse des vaches, au fumier.

3/ Et voilà que le bandanus de la brousse les y voit, et va dire au roi : j‟ai vu des vaches et une fille. Et le roi lui dit : pourquoi ne m‟as-tu pas amené une vache. Il répondit : la fille m‟a régalé et m‟a donné beaucoup à manger, j‟ai voulu d‟abord t‟en avertir. Alors le roi lui dit : je te donnerai des hommes pour aller les prendre. Et le roi lui donna des hommes. La fille les apercevant prit sa hotte, son bâton et alla sur le fumier. Elle cria : Muyande, sors, Rugwegwe, brise, Muyande, brise. Son frère arriva avec son taureau et les vaches. Et voilà : le taureau tua des hommes, et lui son fère les autres. Tous moururent. Les pandanus de la brousse courent en avertir le roi, les hommes sont finis, le taureau les a tués, et le garçon aussi.   4/ Le roi battit les tambours, appela aux armes beaucoup d‟hommes. Ils y allèrent en dansant. La fille prit sa hotte, son bâton étalla sur le fumier. Elle dit : Muyande, Muyande lève-toi, Rugwegwe, brise. Et alors le taureau vint avec le frère. Le frère tua des hommes et le taureau tua des hommes. Et alors tous furent achevés. Le roi s‟enfuit tout seul, se cachant, et vint chez lui.

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  5/ Il arriva une vieille qui interrogea la fille : qu‟est-ce qui pourrait vous tuer ? Et elle : celui qui jetterait un tesson nous tuerait. Alors la vieille broya du remède et dit : montre-moi tes cruches à bière. La fille les lui montra. Elle exprima le jus des remèdes dans tous, pour que quand quelqu‟un y boirait il en mourut. Quand il se fit soir, Rugwegwe vint avec toutes ses vaches, et pendant la nuit, la vieille lui jeta un tesson de pot. Il se mit à traire et lorsqu‟il eut fini, il fut pris de  fièvre et se coucha. Pendant la nuit, la vieille  voyant qu‟ils dormaient, se leva et alla lui couper la tête et le tua. Elle alla chez le roi et dit : donc je l‟ai tué. Et on vint prendre toutes les  vaches et la fille, et on les amena. Le roi en fit sa femme. Et les vaches cessent d‟uriner, de porter et refusent de brouter, parce qu‟elles pleurent Rugwegwe. Elles maigrissent fortement.

6/ Le roi dit à sa femme (qui est la sœur de Rugwegwe) : pourquoi pleures-tu ? Elle  dit : ce que je pleure, cela ferait pleurer sur moi. Le roi en est étonné. Et quand il fut midi, il alla de nouveau chez la princesse, sœur de Rugwegwe et lui dit :  pourquoi vos vaches n‟urinent-elles plus, et ne vont plus brouter, paturer. Et elle : elles pleurent leur maître. Et le roi : leur maître qui est-il ? Et elle : celui qu‟on a tué. Le roi dit alors : qui l‟a tué ? Et elle : je l‟ignore. Elle le savait bien, mais elle se tut seulement, disant : si je le lui dis, lui aussi aura peur que je le tue.

7/ Une souris lui rend la vie. Or donc, elle vit une souris, l‟insulta. La souris lui dit : pourquoi pleures-tu princesse ? Et la princesse : je viens pleurer sur mon frère. Et la souris lui dit : donnemoi de vieilles peaux, moi je le raménerai à la vie. Donne-moi quelqu‟un, que nous allions ensemble. Lui passera sur le sentier, moi dans la brousse. Quand la souris y fut arrivée, elle alla ramasser ses ossements dans la maison et les mit ensemble. Et elle souffla, souffla dessus, elle amboita, emboita. Puis elle interrogea : Rugwegwe, où as-tu mal ? Il dit : aux reins. Elle lui dit : lève-toi. Et lui : mes genoux me font mal. Elle parla encore, souffla, souffla, emboita, emboita. Et il se lève tout à fait. Rugwegwe  lui dit : plus nulle part j‟ai mal. Et  elle lui dit : que me donnerastu ? Et il lui dit : celle qui t‟a envoyée te donnera les vivres qu‟elle a promis. Ils s‟en vont.

8/ La souris passa dans la brousse, et l‟homme par le chemin. Rugwegwe dit : toi tu me montreras la route, vers là où est ma sœur. Et elle de dire : quand je serai proche de la maison,   je davancerai, toi tu resteras  derrière. Quand j‟entrerai dans la maison, entre aussi. Elle alla vers la maison où était la sœur, et lui resta à côté. Alors elle dit à la sœur : voici que je l‟ai. La sœur dit : tu me trompes. Et la souris : sors et viens voir. Alors la sœur sortit et rencontra son frère. Ils s‟embrassèrent. La  sœur  ouvrit la porte pour laisser passer son frère, et elle la referma. Elle ouvrit dix enceintes et les referma. Elle l‟amena chez elle. Alors elle prit du beurre, le oignit, puis le cacha derrière le lit.

9/ Or elle dit à son mari : donne-moi taureau  à dépouiller. Le mari  lui dit : tu veux donc manger ? Elle : j‟ai faim, j‟en serai contente. Au moment où les vaches  vont boire, on entendit le taureau beugler. Le roi dit : je suis étonné. Il dit  à sa femme : ainsi le taureau vient de  beugler, toutes les vaches urinent, elles beuglent, elles portent et vêlent. Et le roi amena le taureau chez sa femme. Sa femme le  tua, puis donna à la souris toute la peau et tous les os absolument qui étaient dans la chair. La souris dit : merci ! Tous les jours que je passerai, tu me donneras de vieilles peaux. Puis la souris s‟en alla.

10/ La princesse alors prit son frère et l‟amena dehors. Elle le lava, l‟oignit, lui amena un siège et l‟y fit asseoir. Puis le roi sortit d‟une cachette et le surprit. Il dit à la princesse : viens, où as-tu volé cet enfant ? Et elle : c‟est mon frère. Le roi dit : je n‟ai pas d‟enfants, lui sera mon  fils. Tout le monde entendra  les tambours résonner dans le pays, afin qu‟ils sachent tous que j‟ai engendré un enfant, un premier-né.

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11/ Puis il fit venir cette  vieille qui l‟avait tué, et lui dit : toi tu m‟as sauvé. Il lui donna un pays et  cinquante vaches. Il installa en ménage son fils, lui donna un pays avec beaucoup d‟hommes et de très nombreuses vaches. Et voilà que sa femme devint sa grande princesse. C‟est tout.

FEMME DU ROI MEPRISE QUI TUE ET MANGE SON CHIEN

1/ Omugore ashombwa. Lero akabwa kakaluka omu mwage. Erhi oguziga cura kushenya. Baja enshali boshi. Lero bashenya enshali nyinji bwenene. Akaberhuza kafurama kayabirwa ; acili kaberhuza kafurama. Lero akaha embasha akabaga ; erhi ayusa okukabaga akabika omu karhi ka enshali. Lero afuluka akadeka, alahira mpu bantu barhayija omu mwage.  Erhi ayusa okukadeka, akalya, afulika kandi kasigire omu bukere bwa omu ncingo.

2/ Erhi buca, mwami akola aja kalonza. Erhi : ka obwine akabwa ka omugoli ? Erhi : nanga. Erhi akabwa akarhakaja omu mushombekazi. Lero iba ayusa kugenda, akadeka koshi. Anagamala oku madufu abirhi. Lero iba erhi : akabwa kani kahezire ; erhi bagoli mwe ngashobisire. Erhi mwe mwakalire. Nabo balahira mpu : nanga mwami, akabwa kawe rhurhankalyaga. Mpu : rhwanywe mizimu. Lero mwami asima ; erhi : mwanywa emizimu.

3/ Boshi abalaliza. Erhi ayusa okubalaliza, abwira omuntu  muguma: shweka omugozi. Lero boshi bayisha hofi na mashinji. Mukage muguma, murhonyi wage, arhanga yisha. Lero aderha : erhi nye nalire, olutunda lutwike. Erhi akaba larha olire kubangwa, balale olutundo lutwike. Ashubiza erhi mugaka olire kubangwa mbalale lutundo lutwike. Erhi akaba baba akaba larha walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Ahaja aluhama aciyerera. Lero okulikire omurhonyi ahaja, erhi : akaba larha olire kubangwa, babale olutundo lutwike. Ashubiza eri akaba mugaka walire kubangwa, mbalale oluntundo lutwike. Erhi akaba baba, akaba larha, walire kubangwa, mbabale olutundo lutwike. Lero aciyerera. Owundi ahaja erhi : akaba larha walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Ashubiza erhi akaba mugaka walire kubangwa mbalale olutundo lutwike. Erhi akaba baba akaba larha, walire kubangwa mbalale olutundo lutwike. Owa kani ahaja erhi : akaba larha walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Ashubiza, akaba baba walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Ashubiza, erhi akaba mugaka walire kubangwa mbalale olutundo lutwike. Erhi akaba baba larha, walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Owa karhanu ahaja erhi : akaba larha walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Erhi akaba baba, akaba larha, walire kubangwa mbalale olutundo lutwike. Lero mushombekazi ahaja, erhi : akaba larha olire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Ashubiza erhi, akaba mugaka walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Erhi akaba baba, akaba larha walire kubangwa, mbalale olutundo lutwike. Lero abalala arhogeramwo omu nyanja. Lero mpu : ye walire kubangwa. 

4/ Lero bacigendera ; mushombekazi agenda n‟olwishi. Lero agwarha ecibingu, arhacifiri. Arhenga elwishi, aderha : emirhi eshube bantu. Bashuba bantu. Aderha erhi : ebisinga bishube nkavu, byanashuba nkavu. Erhi ebisinga bishube nyumpa ; zashuba nyumpa za okulamamwo. Erhi ebilembu bishube lukoma, lwashuba lukoma. Erhi omurhi gushube mushashu, lero gwashuba mushashu gwa okama enkavu.

5/ Lero izimi lyage lyaburhwa, lyaburhamwo na orhubwa. Abwira nina erhi : rhubwa rhwani bo bene birhu. Lero olya mwana akazi hiva ensimba na orhubwa erhi arhanajikula ; acili murho bwenene. Lero abambali basomerwa, mpu : abusire kaburhwa kanagenda. Lero akayirha ensimba bwenene, ziba nyinja, empu azibikira ishe.

6/ Omukonzi w‟embala ayumva oku mugoli ahamagala erhi : we mukonzi w‟embale, cirhuma nkubwira, ci orhumva ? Oji bwira mwami oku olya mugoli akagaga, abusire Nyamahegerenyamanjamwa (ali murhabana). Lero omukonzi w‟embale abwira mwami, erhi : nabaga nakonda

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embale, nayumva akanyunyi mpu olya mugoli bakagaga abusire Nyamahegere-nyamanjamwa ; nasomerwa bwenene, ci ntasigikabona.

7/ Lero mwami amubwira, erhi : amira wayumva, kaderha, oleke kubeza oje yo. Naye erhi : nanga. Erhi ompe muntu, erhi akabeza nani nagenda, nyumvirize ah„ali aderhera. Lero mwami amuha muntu muguma ; oku abeza omukonzi w’embale agenda. Lero mukazi ayumva bakonda embale ; ashonera oku murhi. Erhi : cirhuma nkubwira, ci orhayumva ? Erhi we mukonzi wa embale we nabwira, oji bwira mwami oku cilya cigoli akagaga, cabusire Nyamahegere-nyamanjamjwa. Lero abona omukonzi wa embale, arhanamubwine amuhubuka emugongo.

8/ Lero cici ompamagalira ? Naye asheka. Kandi erhi ayusa akusheka erhi : ka mwami akanyire ? Naye erhi : akanyire. Lero ahamagala omugala erhi : Namwezi, odunde cishake ; erhi sho alikuyirha, odunde cishake, erhi sho alikira, odunde cishake. Erhi ayisha alerha nsimba nyinji bwenene. Lero aha omukonzi w’embale nsimba zisharhu, amuha n’oluhu luguma lw’enjuzi. Erhi : ohekere larha, ci omubwire oku ndi munyere. 

9/ Lero ishe alubona. Aderha erhi : ka wamubwine ? Erhi : namubwine munyere. Mwami erhi : rhwaji muyirha, akaba munyere. Mwami alika abantu barhano. Badaha aha mukonzi w‟embale. Lero mukazi arhonderha okuhamagala, olya Nyamahegere-nyamanjamjwa. Erhi : cici cirhuma nkubwira, ci orhayumva we mukonzi w‟embale. Obwire mwami oku cilya cigoli akagaga, c‟ abusire Nyamahegere-nyamanjambwa. Lero bamuhukilirako, arhanababwine, bamuhubuke emugongo. Erhi aja  ahindamuka, ababona. 

10/ Lero asheka erhi : ngahi mwarhenga ? Nabo mpu : rhuli yirha olya munyere wawe. Naye erhi : arhakayirhwa. Kandi aja oku murhi amuhamagala erhi : Nyamahegere-nyamanjamjwa, erhi mpu sho wawe alisire abali kuyirha ; Namwezi odundage cishake, Namwezi… Lero baji bwira mwami mpu : arhakayirhwa ; mpu ali mwinja bwenene.

11/ Lero mwami alahira, erhi : nye namuyirha, akaba ali munyere. Nabo bambali mpu : akaba wamubwine orhakahashi muyirha. Naye erhi : namuyirha akaba munyere. Arhyaza engorho, ajilaliza omukonzi wa embale, anarhabaza abantu bage mpu : munduse njiyirha olya munyere. Lero baja omu njira, omukonzi w‟embale arhondera okukonda embale. Erhi bayumva oku mukazi arhondera okuderha : Nyamahegere-nyamanjamjwa. Lero mwami ayisha omu ishamba na abantu bage, bo bali yirha olya munyere, bo barhali nshishinye. Mwami anabarhola erhi : mwe mwaji yirha olya munyere.

12/ Omukazi, olya mugoli, ababona ; arhondera okuhamagala mwali, erhi : Namwesi dunda cishake, mpu sho ali kuyirha. Erhi sho akuyimukire oku ntebe, odunde cishake Namwezi. Namwezi ashumika orhubwa rhwage, arhukuza omu lubala erhi : rhuleke okuhiva. Abwira bambali erhi : mushane zilya nsimba rhwayisire bulya nyama annonza, mpu bulya larha ali nyirha. Lero asheka na orhubwa rhwage, na ensimba zage. 

13/ Babona ayisha alimba na akarhi kage. Lero ishe erhi : mumuyirhage ; banarhinya, mpu : waliha, arhakayirhwa. Ishe anarhyaza omugushu. Namwezi aja omu mwabo. Nina alerha entebe ; abwarhalakwo. Arhondera okuderha erhi : ensimba, nyirhe, eri larha : engurube, nyire, eri larha ; enshagarhi, nyirhe, eri larha ; embabala, nyirhe eri larha ; entene, nyirhe eri larha ; enjuzi, nyirhe, eri larha ; enshenge, nyirhe eri larha ; enkavu, mpinge, eri larha ; enshali, nshenye eri larha ; obuntu, nduge, eri larha ; amishi ndomere, eri larha, okuhiva, mpive, eri larha. Lero erhi kuli kulaka, ishe ayisha, erhi ; nkola nakuniga. Naye erhi : onnige. Amulikira omugushu, gwatwa e cishake. Lero babona oku ali mulume. Akabulira omugushu kwo na kugaya. Erhi : kuziga oli mulume. Ahamagala abambali boshi. Erhi bambali bahika omu nyumpa, anamununugurha, erhi :

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mwana wani. Erhi banahishana ebintu byoshi banabiheka emwa mwami, na olya mugoli haguma, n‟olya mwana Nyamuhegere-nyamanjamjwa haguma. Lero olulibi lwanacihwa.   FEMME DU ROI MEPRISE QUI TUE ET MANGE SON CHIEN

1/ Une princesse était rejettée de son mari. Or un chien se chauffait  chez elle, et voulait être en tête quand on allait faire la coupe de bois. Tous allèrent au bois et coupèrent beaucoup de bois. La princesse portant son fagot, s‟affaissa n‟en pouvait plus, dès qu‟elle le portait elle s‟affaissait. Or elle donna au chien un coup de hanche, le tua ; quand elle l‟eut dépouillé, elle le cacha au milieu de son bois. Etant revenue chez elle, elle le fit cuire, et refusait à tous d‟entrer chez elle. Quand elle l‟eut cuit, elle  en mangea et cacha le reste qui restait au  dessous de la paille de son lit.

2/ Au matin le roi se mit à la rechercher. Il lui dit (à la princesse) : n‟as-tu pas vu le chien de la princese. Elle dit : non, un chien ne viendrait pas chez une femme méprisée. Son mari finit par  s‟en aller. La femme cuit le tout qu‟elle acheve (de le manger) en deux jours. Alors son mari dit : mon chien est perdu, vous les princesses, c‟est vous que j‟accuse, c‟est vous  qui l‟avez mangé. Donnez-nous les ordalies. Le roi se réjouit et dit : vous aurez le jugement des ordalies.

3/ Il convoqua tout le monde. Quand il les eut convoqués, il dit  à un  homme : lie la  corde, et puis tous vinrent près de la rivière. Sa première femme, sa préférée, arriva la première. Elle dit : si c‟est moi qui l‟a  mangé, que la corde se casse. Si mon père a mangé le chien Kubangwa qu‟en sautant la corde  casse, si c‟est mon frère aîné, ou mon père qui a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde casse. Elle vint, elle sauta au-dessus et se trouva innoncente. Puis vint celle qui suivait la préférée (la deuxième femme du roi). Elle dit : si c‟est moi qui l‟ai mangé que la corde casse. Si mon père a mangé le chien Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse. Ensuite si ma grand-mère, si c‟est mon frère qui a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse. Et elle se  trouva innocente. Une autre vint et dit : si c‟est moi qui l‟ai mangé, que la corde se casse, si mon père a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse. Ensuite si ma grand-mère a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse, si c‟est mon frère aîné ou mon père qui a mangé Kubangwa qu‟en sautant la corde se casse. La quartième  vint et dit : si c‟est moi qui l‟ai mangé, que la corde casse. Si mon père a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde casse. Si ma grand-mère a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde casse, si c‟est mon frère aîné ou mon père qui a mangé Kubangwa qu‟en sautant la corde se casse. La cinquième vint et dit : si c‟est moi qui l‟ai mangé, que la corde casse, si  c‟est mon frère aîné qui a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde casse. Ensuite si ma grand mère a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la  corde casse.  Alors  vint la femme méprisée, et elle dit : si c‟est moi qui l‟ai mangé que la corde casse, si mon père a mangé le chien Kubangwa qu‟en sautant la corde casse. Ensuite, si ma grand-mère a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse, si c‟est mon frère aîné ou mon père qui a mangé Kubangwa, qu‟en sautant la corde se casse.  Elle sauta et tomba dans l‟eau. Donc c‟est elle qui a mangé Kubangwa.

4/ Puis ils se retirèrent, la femme méprisée fut emportée par la rivière. Elle s‟accrocha aux roseaux et ne mourut pas. Elle sortit de la rivière et dit : que les arbres soient des hommes, ils furent des hommes. Elle dit : que les herbes que j‟arrache soient des vaches et elles furent des vaches. Et que les herbes que j‟arrache soient des huttes pour y passer la nuit. Puis : que les mousses du bord de l‟eau soient une bananeraie, et elles furent une bananeraie. Et pasteurs pour traire les vaches.

5/ Ensuite l‟enfant de son sein naquit, et il naquit  en même temps des petits chiens. L‟enfant dit à sa mère : les petits  chiens sont mes frères. Alors cet enfant partit chasser les fauves avant d‟avoir mangé, il était encore très petit. Et les serviteurs en furent très étonnés disant : il est né, et à peine né, il marche. Et il tua beaucoup de fauves bien beaux, et il mit de côté les peaux pour son père.

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6/ Le  pandanus de la brousse entendit la princesse l‟appeler ; disant : toi pandanus de la brousse,  pourquoi quand je t‟appelle, n‟entends-tu pas ? Va dire au roi que la princesse ne reconnaît pas son tort, qu‟elle a engendré Nyamahegere-Nyamanjamjwa (nom secret pour désigner un garçon). Et le pandanus de la brousse alla le dire au roi, disant : j‟étais allé battre des arbres dans la brousse, j‟entendis un oiseau dire que la princesse ne reconnaît pas son tort, qu‟elle a engendré Nyamahegere-nyamanjabwa. J‟en fus très étonné, mais je ne puis pas aller voir.s

7/ Alors le roi lui dit : lorsque tu l‟entendras parler, laisse de fendre le bois, et vas-y voir. Et lui : non, mais donne-moi un  seul homme ; pendant qu‟il fend, moi j‟irai voir pour écouter là où elle parle. Alors le roi lui donna un homme, pour que pendant qu‟il fend, le pandanus de la brousse aille (pour écouter). Et voilà que la femme entend qu‟on abat des arbres dans la brousse ; elle monte sur un arbre et dit : pourquoi quand je t‟appelle, n‟entends-tu pas ? C‟est toi le pandanus de la brousse toi à qui j‟ai dit : va dire  au roi que la princesse ne reconnaît pas avoir eu  tord, mais qu‟elle a engendré Nyamahegere-nyamanjamjwa. Elle voyait le pandanus de la brousse sans que celui-ci la vit. Elle vint vers lui par derrière.

8/ Alors le pandanus dit : pourquoi m‟as-tu appelé ? Elle se mit à rire. Quand elle eut fini de rire,  elle dit : est-ce que le roi est bien portant ? Et lui : il est bien portant. Elle appela son fils disant :  Namwesi (nom de fille) secoue ta ceinture de fibres (habit e fille). Si ton père vient de tuer, secoue ta ceinture, si ton père vient te tuer, secoue ta ceinture. Son fils en venant amena les peaux de très nombreux fauves. Il en donna trois au pandanus de la forêt, et lui donna une peau de chat sauvage. Il dit : porte cela à mon père, mais dis-lui que je suis une fille.

9/ Et son père vit ces choses et il dit : est-ce que tu l‟as vu ? Et lui : j‟ai vu une fille. Le roi dit : allons la tuer si c‟est une fille. Le roi envoya cinq hommes, ils entèrent chez le pandanus de la brousse. Et la femme commença à appeler. Et Nyamahegere-nyamanjamjwa (état là). Elle dit : pourquoi quand je t‟appelle n‟entends-tu pas ? Toi pandanus de la brousse, dis au roi que la princesse ne reconnaît pas avoir eu tort mais qu‟elle a engendré Nyamuhegere-nyamanjamjwa. Puis ils sortirent vers elle, sans qu‟elle ne les eut vus, ils allèrent vers elle de par derrière le dos. Elle se retourna donc et les vit.

10/ Alors elle se mit à rire : d‟où venez-vous ? Et eux : nous sommes venus tuer ta fille. Et elle : elle ne sera pas tuée. Puis elle alla sur un arbre et appela son fils et lui dit : Nyamahegerenyamanjamjwa ton père a envoyé des hommes qui sont venus pour te tuer, toi Namwesi, secoue ta ceinture de fibres Namwezi. Ils allèrent dire au roi que l‟enfant ne pourrait être tué parce qu‟il est très beau.

11/ Alors le roit jura, disant moi-même je la tuerai si c‟est une fille. Et eux ses serviteurs : si tu la voyais, tu ne la tuerais pas. Lui : je la tuerai si c‟est une fille. Il aiguse son  poignard, alla  appeler le pandanus de la brousse, il rassembla des hommes disant : accompagnez, que j‟aille tuer cette fille. Ils arrivèrent sur le chemin, le  pandanus de la brousse se mit à couper des arbres. Ils entendirent que la femme se mit à dire : Nyamahegere-nyamanjambwa. Puis le roi vint avec ses hommes, ceux qui venaient tuer cette fille, et eux n‟étaient pas sans peur. Le roi les réunit disant : vous allez tuer cette fille.

12/ La femme, la princesse les aperçut. Elle se mit à appeler son fils, disant : Namwezi, secoue ta ceinture de fibres, car ton père vient te tuer. Ton père s‟est levé sur  son siège contre toi, secoue  ta ceinture, Namwezi, Namwezi excita ses chiens, les fit sortir de la brousse disant : allons chasser. Il dit aux serviteurs : liez ensemble les peaux des fauves que nous avons tués, car ma mère me veut parce que mon père vient me tuer. Alors il vient avec ses chiens et ses fauves.

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13/ Ils le virent venir fièrement avec son  bâton. Alors son père dit : tuez-la. Ils eurent peur, et dirent : Seigneur, cet enfant ne peut être tué. Le père aiguis alors  sa serpe. Namwesi rentra dans la maison. La mère apporta un siège, y fit asseoir son fils. Il se mit à parler disant : les fauves je les tue, voici mon père , le  cochon je le tue, voici mon père ; la grande antilope je la  tue, voici mon père ; le petit oiseau mon père, la petite antilope je la tue, voici mon père ; le poisson je le tue, voici mon père, le sanglier je le tue, voici mon père ; la vache je  la mène dans la brousse, voici mon père ; le bois à brûler je le coupe, voici mon père ; la pâte je la fais  cuire, voici mon père, l‟eau je la puise, voici mon père, chasser, je chasse, voici mon père. Et puis il se mit  à pleurer parce que son père tenait le tuer, et il fut pris d‟une grande crainte.

14/ Quand il eut fini de pleurer son père arriva et lui dit : je viens te tuer. Il lui dit : tue-moi. Il lâcha sur lui sa serpe, qui coupa la ceinture. Le roi vit que c‟était un garçon. Il jeta la serpe avec fureur et dit : ainsi donc, c‟était un garçon. Il appela tous ses serviteurs. Quand les serviteurs furent venus dans la maison, il l‟embrassa et lui dit : mon fils. Ils se mirent à empaqueter tous les biens, et les emportèrent chez le roi, et la princesse avec, et aussi le fils Nyamahegere-nyamanjamjwa. Ainsi finit le récit.

OLULIBI  LWA KASHABAGANYOKAGONGWE

1/ Omulume muguma bo na mukage baburha omwana w‟omunyere, ayankwa n‟omwami kuli kuli. Erhi hagera nsiku nyinji obukenyi bwagwarha olya mulume. Erhi amaburha n‟omwana w‟omurhabana. Ci oyo mwana arhamanyaga erhi mwali wabo arhwalwa erhi arhaciburhwa.

2/ Lero oyo mulume bo na mukage, erhi bakola  bali hofi h‟okufa, babwira olya mwana erhi : oyanke aka kabehe oje wagulamwo ebiryo walya ; erhi wanagenda olinde ohika aha mwali winyu aba. Ci oyo mulume ye Kashabaganyo-kagongwe na mukage ye Namukungulo-gwagongwe . Na oyo munyere wabo wayankangwa kuli kuli erhi ye Namukondo-okunda.

3/ Babwire olya mwana erhi : okaderha zino nderho e munda waja wagera, hano wamagula ebiryo oshubi huna akabehe kawe, oderhe erhi : larha ye Kashabaganyo-kagongwe, mpabwe akabehe kani. Erhi nani nyumve obwo na nyoko rhukurhabale. Oku handi bafa bombi, baja oku nkuba. Oku handi hirya hyana hyayanka akabehe kahyo hyarhondera olugendo.

4/ Hyagenda omulegerere goshi. Erhi biba bijingo haja oku lugo luguma hyaderha erhi : mungulire nani kano kabehe kani ; mumpe ebi nalya. Kalya kabehe bakalola babona kali kinja. Baderha erhi : rhwagula ; bamuha obuntu na marha ; olya ayigurha, agwishira, bwaca sezi. Hyaderha erhi : mpaga akabehe kani ncigendere. Baderha mpu lero hino hyana hisire hirimwo ; hikola hyalonza akabehe rhwanayusize rhwagula. Bahijacira bwenene. Hyaja aha burhambi bw‟enyumpa, hyarhondera hyaderha n‟izu linene erhi : larha ye Kashabaganyo-kagongwe, mpabwe akabehe kani, na nyama ye Nakumungulo-gwagongwe, mpabwe akabehe kani ; na mwali wirhu ye Namukondo-okunda, mpabwe akabehe kani. Oku handi ishe na nina bayumva oku nkuba, balilima barhondera balaza, bunabe nka budufu. Oku handi balya bantu bamuha akabehe kahyo.

5/ Higende hihika kuli. Birha byoshi binwe, hishirigenda hije oku lundi lugo, higule kalya kabehe ; bahihe obuntu na nyama ; higwishire. Oku handi buce hiderhe erhi : mpaga akabehe kani nchigendere. Baderha erhi : olya mwana amasiraha, erhi mpu omuhe akabehe. Bahijacire hichihulikira. Haje aha burhambi bw‟enyumpa, hirhondere hyaderha erhi : larha ye Kashabaganyokagongwe, mpabwe akabehe kani ; erhi nyama ye Namukungulo-gwagongwe, mpabwe akabehe kani ; erhi na mwali wirhu ye Namukondo-okunda, mpabwe akabehe kani. Mpu : lulululululu ! gakwa gakwa ! Bube budufu bamuhe akabehe kage duba duba. Hichigendere duba hihika kuli kuli, birya byoshi bihwe. Balya bantu basigale basomerwa mpu lero byo bichi bino hino hyana hyakajira. Hyanarhamaga hyagenda hyajira ntyola, hyalinda hyahika aha mwali wabo aba.

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6/ Hyaja omu njira ya mwali wabo, hyashimana abakazi bashuka ebijumbu. Eriho na mwali wabo ahali. Hyabaha kalya kabehe hyaderha erhi : nguliri nani akabehe kani. Oku handi mukazi muguma akayanka kalya kabehe ahiha ebijumbu. Hyarhondera hyalya ; hyabiyusa, hyaderha erhi : mpaga akabehe kani ncigendere. Balya bakazi barhondera basheka. Hyashiri derha erhi : mashi, mpaga akabehe kani ncigendere duba oku burhachira. Baderha mpu bakola bahishurha. Hyaderha erhi : mulekage ntengi muyimbira hitya. Hyarhondera erhi : larha ye Kashabaganyo-kagongwe, mpabwe akabehe kani, erhi nyama ye Namukungu-gwagongwe, mpabwe akabehe kani, erhi mwali wirhu ye Namukondo-okunda, mpabwe akabehe kani.

7/ Mwali wabo ayumvirhiza arhondera afumbegerha aderha erhi : shubiza, nyumve bwinja we mwana. Hyashubiza hyayimba. Erhi : lekaga, namayumva lero. Arhondera alaka, n‟obwonjo bumugwasire. Erhi : y‟oyu omwana wirhu, mugala wa larha ; oyu wani. Oku handi amuyanka amuheka emugongo, amuheka eka. Burhanzi amumoma, bulya enviri zage zali zikola nkulu bwenene bwenene ; amushuka, anashiga akamulisa bwinja bwinja ; alinda atwera bwenene, anakula. Oku handi mwami amuha omukazi, amuha n‟ecihugo luhande luguma lunji lunji.

8/ Oku handi erhi ishe aba akola ahola ahibwira erhi : obwo waja wagenda wagula akabehe kawe na nakurhabala obwo, ntakuleke obwo. Chi okabona ntakalihiri, oderhe kasharhu, onaleke kushubiderha eriho Namukondo-okunda aba obwo.  Hoshaho.

HISTOIRE  DE KASHABAGANYO KA GONGWE

1/ Un homme et sa femme engendrèrent une fille. Elle fut prise en mariage par un roi  très loin. Après beaucoupe de jours la pauvreté s‟empara de cet homme. Il engendra aussi un garçon. Mais ce garçon ne savait pas que sa sœur était devenue princesse avant qu‟il ne fut né.

2/ Or cet homme et sa femme, étant près de mourir, dirent à cet enfant ceci : prends cette écuelle, va la vendre pour la nourriture que tu mangeras ; tu marcheras jusqu‟à ce tu viennes là où demeure ta sœur. Et cet homme, c‟est Kashabaganyokagongwe et sa femme est Namukungulogwagongwe. (la mère du tonnere qui gronde). Et leur fille qui s‟est mariée au loin est Namukondo-okunda.

3/ Ils dirent à cet enfant : tu prononceras ces paroles là où tu vas passer, alors que tu auras acheté des vivres et que tu auras redemandé ton écuelle, tu diras ceci : « Mon père est Kashabaganyokagongwe, que je reçoive mon écuell ». Quand moi j‟entendrai cela, moi et ta mère,  nous t‟assisterons ». Après cela tous deux moururent et s‟en allèrent au ciel. Après quoi cet enfant prit son écuelle et se mit en route.

4/ Il marcha tout le jour. Au soir, il alla dans un village et dit : achetez-moi cette écuelle, donnezmoi à manger. On regarda cette écuelle, on vit qu‟elle éait belle, les gens dirent : nous l‟acheterons lui donnèrent de la pâte et du lait caillé et il mangea  à sa faim et dormit. Au lever du jour du lendemain, il dit : donnez-moi mon écuelle que je m‟en aille. On dit : vraiment cet enfant est fou, voilà qu‟il veut l‟écuelle que nous avons déjà achetée. On l‟insulta beaucoup. Il alla sur le côté de la maison et se mit à dire à haute voix : « Mon père est Kashabaganyokagongwe, que je reçoive mon écuelle, et ma mère est Namukungulo-gwagongwe que je reçoive mon écuelle, ma sœur est Namukondo-okunda que je reçoive mon écuelle. Puis son père et sa mère l‟entendirent au ciel ils tonnent et se mettent à foudroyer, ce fut comme la nuit. Alors ces gens lui donnent son écuelle.

5/ S‟en allant, il arriva bien loin. Tout cela étant fini, il partit de nouveau, arriva dans un autre village, il troqua cette écuelle, on lui donna de la pâte et e la viande, il dormit. Puis quand il fit jour, il dit : donnez-moi mon écuelle que je m‟en aille. Ils dirent cet enfant est fou, il dit que tu lui donnes l‟écueille. Ils l‟insultèrent pour qi‟il se tut. Il alla sur le côté de la maison et se mit à dire à

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haute voix : « Mon père est Kashabaganyokagongwe, que je reçoive mon écuelle, et ma mère est Namukungulo-gwagongwe que je reçoive mon écuelle, ma sœur est Namukondo-okunda que je reçoive mon écuelle et ma mère est …lulululululu, gakwa (= bruit du tonnère et de la foudre), il fut nuit. On lui donna son écuelle tout de suite. Il partit sur-le-champ, arriva très loin, tout cela étant fini, ces gens là restaient  étonnés, disant : « Oh qu‟est-ce ceci, que cet enfant ». Et il se fatiguait à marcher et à agir ainsi jusqu‟à ce qu‟il arriva où sa  sœur habitait.

6/ Il arriva dans le chemin de sa sœur, il rencontra des femmes lavant des patates. Et sa sœur y était. Il leur donna cette écuelle disant : achetez-moi  mon écueille. Puis une femme prit cette écuelle et lui donna des patates. Il se mit à manger. Quand il eut  fini, il dit : donne-moi mon écuelle que je m‟en aille. Ces femmes se mirent à rire. Il dit encore : mais donc, donne-moi mon écuelle que je parte vite pendant qu‟il ne fait pas encore nuit. Elles dirent qu‟elles  vont le frapper. Il dit : attendez que je commence par vous chanter un peu. Il commença : « Mon père est Kashaba….. que je reçoive mon écuelle, ma mère est Namukungu…que je reçoive mon écuelle, ma sœur est Namukondo… que je reçoive mon écuelle.

7/ Sa sœur écouta, elle se mit à pleurer en silence et dit : « continue  que j‟entends bien, toi enfant ». Il continua à chanter. Elle dit : ça suffit, à présent j‟ai compris. Elle se mit  à pleurer et la pitié la saisit. Elle dit : celui-ci est l‟enfant de  chez nous, c‟est le fils de mon père, vraiment ». Puis elle le prit, le porta sur son dos et l‟emporta au village. D‟abord elle le rasa, car ses cheveux étaient très longs (depuis longtemps). Elle le lava, et l‟oignit, et lui donna très bien à manger jusqu‟à ce qu‟il grossit beaucoup et grandit. Ensuite, le roi lui donna une femme, il lui donna aussi un pays, tout un grand côté.

8/ Or son père, quand il était à la mort, lui avait dit ainsi : va en route  vendant ton écuelle et je t‟assisterai ainsi, je ne t‟abandonnerai pas du tout. Mais si tu vois que je ne me fâche  pas, dis trois fois (ce que j‟ai commandé) et puis laisse de redire encore, jusqu‟à ce tu sois là où est Namukondookunda. C‟est fini.

OLULIBI LW’OMULUME WAFIRAGWA NA MUKAGE, ERHI ANAGWERHE  BANA BABIRHI, OMURHABANA N’OMUNYERE

1/ Oyo mulume, erhi mukage aba amafa,  agenda  asheba abandi bakazi. Ngasi mukazi ashebaga anachiyemera, chi kwonene olya mukazi hano ahika omu mwage, ashingamwo mugobe, anacimubwira : aba bana bawe orhang‟ibaniga erhi obalibirhekwo, rhubul‟isâmana bwinja. Olya mulume ashuza mukage : akaba kwo wajira omu mwani okwo, erhi wabona rhurhasimane. Erhi kuca olya mukazi acigendera.

2/ Erhi bushub‟ica bamubwira : aha mwa lebe hali omuhya. Akanya erhi » nkol‟isheba »! Ahaja, anacilamusa : ndi ogumpanire mpu asinge! Aja omu omuhya ali : erhi asinge muhya ! ka onsimire obu? Olya muhya erhi, nkusimire.  Erhi rhujage emwani, erhi mwe ndi sheba. Omuhya  erhi neci, we nansimire, erhi rhugendage emwawe, nta wundi nachilonza. Banacirikula, bahika eka. Erhi olya muhya ashinga migobe ibirhi, anacibwira iba : aba bana bawe orhang‟ibaniga  erhi obalibirhikwo rhubul‟isimana bwinja. Olya mulume acizanwa kandi : erhi kurhi wani! namahanyagala! Erhi aba bana bani erhi kurhi nankabaniga oku mukazi yenene wani ! Erhi okagenda ogende, ntayirha abana bani oku busha ! Olya mukazi erhi wenene! Ntabula owundi mulume! Anacigendera.

3/ Olya mulume ashib‟iyorha mushumbalume. Bwaca sezi kandi, bashub‟imubwira mpu aha mwa lebe hali omuhya ; mpu ci oyishubire omushebe alera aba bana, barhagifa n‟obufuzi. Naye, erhi nagenda, ci kandi kuyabirwa, nayabirwa. Alikula ashub”igend‟isheba. Oku aha ahika, omuhya erhi wene nalonzagya! Arhamuyimanzagya, kandi amuhisa eka, abwira abana bage : erhi nyoko oyu.

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Erhi kugera nka nsiku zirhali nyi, olya mukazi anacibwira iba : erhi abana bawe, ntishi, erhi ci kwonene orhang‟ibaniga erhi obalibirhekwo, erhi rhubul‟ibera bwinja rhwembi ! Olya mulume ahimwa, aja amuyemera, erhi nafa buzira mukazi la! Anacigerereza oku ankayirha abana bage aburhaga yenene, ayumva obwonjo. Ashub‟igerereza oku ankayorha buzira mukazi kuhika okufa, abona arhankakuhasha, erhi lero kurhi najira we?

4/ Lero asinga emigabo : erhi nkola  narheba aba bana, mbabwire oku nabaheka emwa nnakulu wabo, lyo nyorhane oyo mukazi ! Erhi kuba bijingo abwira abana bage erhi mukole lwiko, irhondo emwa nyakulu. Balya bana : mpu neci larha, irhondo rhuje emwa mugaka. Banacikola ebi baciyirika. Erhi kuca, bahira omu njira boshi na ishe. Erhi  bahika omu irungu mulya nyama wandya, ishe, erhi bana , erhi muyimange aha, nje bulambo. Abana banaciyimanga ci kwonene, erhi ishe ali aherhe ifinda lyage erhi alambagira nka nsima ndarhu, agwika itumu, anaciyandagala omu mashaka, yaba yo na njira  y’okushubira e ka.  Erhi balya bana babona ishe amalegerera, bahamagala “ ka orhayishaga?» Lirya ifinda lyaderha erhi munninde »!

5/ Banaciyandalira hali lirya itumu, bahamagala kandi “mpu mashi yishaga mashi“. Lirya ifinda lyo liherhe lyaderha, baderha mpu larha agenzire mira. Lero banaciyanka lirya ifinda, balikabulira. Banacigerereza nka nasima ibirhi. Erhi bahika aha ishaka, babudahala, banachiregerereza kurhi bankajira, bakubula. Lero bombi haguma baderha “mpu owajira eri ishaka nyumpa“! Lirya ishaka lyanaciba nyumpa! “Banaja mwo, baberamwo. Banacibona balubaka. “Mpu wabajira enkavu“ ! Banaciba nkavu. Erhi bahika abo balya balubaka babire enkavu zabo, banacibona mbogo “mpu wayijira mpanzi ! Yanaciba mpanzi. Erya mpanzi yanacikayimya zirya nkavu zabo zalinda ziburha. Olya mushinja wabo anacikakama, naye mwali wabo akamugwasa akanina. Ci kwonene oyo mushinja wabo ye wakagiyabula ezo nkavu zage, naye mwali wabo akalanga ebirugu.

6/ Na ago mango, erhi hali na mwami muguma arhagwerhe mukazi. Olya mwami anacibwira abantu bage „erhi munongeze mukazi nani“. Boshi bayemera banciderha “mpu ngasi yeshi wakabona aha omunyere mwinja ali (mpu) ayishi mbwira! Boshi banacikalonza. Erhi  kusinga nka nsiku ndarhu omugikulu wa muli eco cihugo erhi agenda ahuna, lero anacibugana enyumpa omu ntondo zone zone. Hirya higikulu hyanacija hali zirya nyumpa, hyanacibugana olya munyere ahali,  ci kwonene olya munyere erhi aderhe-atunda. Hirya higikulu hyanacilamusa olya munyere. Olya munyere ahidosa “erhi ngahi waja“ ?  Hirya higikulu hyamubwira  erhi nagenda nahuna waliha! Olya munyere anacibona oku hiri hya buligo erhi anagwerhe ndaha ibiri za matunda agwerhe na obuntu obwo, anaciyanka zirya ndaha ibiri za matunda  anaciha hirya higikulu na bulya buntu, hyanacirhondera hyalya, erhi hiyusa hyancimuvuga omunkwa hyanaciheka agasigala. Erhi hihika emwa olya mwami, hyamubwira “erhi yagirwa nani muli oku nadosa Mwami anacihikulikira ? Hyanacimubwira erhi yagirwa (erhi) ci wakampa  nka lerha olya mukazi olonza ? “Mwami ahidosa“ erhi ka wamubwine? Hyaderha “erhi namubwine“. Erhi ka mwinja? “Erhi neci mwinja bwenene waliha“.

7/ Erhi kuca, olya mwami anacirhuma entumwa za okugendirhandula oyo munyere, erhi mwinja erhi mubi, abone oku ehyo higikulu hirhamurhebaga. Balya bantu banacihira omu njira. Erhi bahika halyala, babugana olya munyere ahali, anaherhe atunda kandi. Banamulamusa : mpu asinge we munyere ! “Naye “erhi asinge»! Banacimubwira : mpu we munyere, ka orhusimire : “Naye olya munyere : “erhi ka muli owagaya    abalume ?” Balya balume banchigenda, banchibwira olya mwami : “mpu rhwabwine olya munyere waliha” ! Naye abashuza “erhi ka mwinja” ? Nabo “mpu mwinja waliha”!

8/ Olya mwami anacihiga emigabo erhi kuba budufu anacirhuma engabo zigend‟iyanka olya munyere : erhi ci kwonene mukabona mushinja wage mumunige, kandi mulerhe oyo munyere  aba mkanye. “Erhi bahika halya, bukola budufu oku iro lirhanzi. Olya munyere anciyumva engabo yahona e lubako lwabo, olyo munyere anacicikebwa : “erhi engabo erhali rhusiga wani ! “Olya

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munyere acizuka, anacitula mushinja wabo, ci kwonene erhi mushinja wabo ye Muyande, na empanzi yage ye Rugwegwe. Na munyere ahamagala mushinja wabo: “erhi Muyande, Muyande, ozuke “ otule Rugwegwe (erhi) bali-rhuyirha ! Ozuke ! otule Rugwegwe ! Mushinja wabo anacizuka, anaciyanka engorho yage  na amatumu gage na omugushu gwage,  anacishimba balya bantu, abakoza kwo olugamba. Nayo erya Mpanzi yage, erhi eyumva ecihogero, yancitwa olukoba, yashimba nayo, bacija e muhanda, banajilwisa balya bantu, oku Muyande ayirha na empanzi yage yayirha banachibayusa boshi. Muntu muguma yenene afulumuka halya, olya muntu alibirhiza emwa nnahamwabo, amubwira oku byabire kwoshi, na oku abwine byaba kwoshi. Ashub‟irika eyindi ngabo, nayo kwo na kulya, kandi muntu muguma yenene afulumuka, anacibwira nnahamwabo “erhi kandi balya bantu bahwire.

9/ Olya mwami anachi somerwa “erhi lero kwo kurhi okwo” ? Hirya higikulu hyanacimubwira “erhi ci wampa nkulerhere oyo mukazi ? Naye “erhi nanakuha ecihugo luhande! “Hyanaciyemera. Erhi kucha, hyayanka obufumu bwahyo, hyanaciheba omu kanjira. Hyanacihika aha olya munyere aba, erhi aherhe-atunda. Ahibwira  “ erhi asinge mugaka»! Nahyo hirya higikulu „ erhi asinge nyama we! Olya munyere ahibwira “erhi nanga : Ntasinga, ci badwirhe barhurhera hano! “Hyanacimudosa : “erhi bahi? „ Naye erhi ntishi! Erhi kwaciba budufu, erhi rhuyumva engabo ziyishire zigorhe enyumpa nancitula mushinja wirhu,  anaciyanka ebirugu byage, naye azuse empanzi yage, anacilwisa balya bantu, banacibayirha! “Hirya higikulu hyanacimushuza“ erhi yumvagya! Obwenge wajira ! Erhi nkolaga nakuha obufumu erhi ci kwonene obwo bufumu obuyendere omu nshogo, hano mushinja wirhu adahya omuhe ezo nshogo ; chi orhalyage kwo, bulya erhi wakalya kwo zirya ngabo zanakamurhera kanji kanji,  zirinde zimunyaga erhi zimuyirhe“ ! Hirya higikulu hyanacigenda.

10/ Erhi Muyande adahya, mwali wabo anacimuha zirya nshogo, anacirya “erhi kwo bambwire intya na ntya“. Mushinja wabo “erhi kwokwo! Nahyo hirya higikulu, hyajiribwira olya mwami mpu alikage  engabo agend‟iyanka olya munyere. Erhi kuba budufu engabo yarhabala, yaja halya ci kwonene yagerha yayumvirhiza, yayumva ntaye wakoma, banacija halya. Olya munyere anchiyumva “erhi kandi kandi namahera we“. Anachihamagala mushinja wabo, “erhi Muyande, Muyande! Ozuke otule Rugwegwe! Ayumva ntaye omuyalwire. Ashuza kandi ayumva ntaye omuyalwire, ciru na empanzi erhacizuka nayo. Anacizuka yenene, aja mulya mwa mushinja wabo, ahuma oku nchingo, “erhi ka ozine? Erhi kâli barhurhezire?“ Ayumva ntaye omuyalwire. Abwikula obushiro, abona mira afaga, anacibanda endulu. Erya ngabo erhi ziyumva alaka, zaja mulya cogo, bancigwarha olya munyere, bayanka na enkavu baheka emwa olya mwami. 

11/ Mwami amubwine : « erhi kwokwo, bantu bani ». Ci bwene hirya higikulu, hyo asimire bwenene, anaciyanka cihugo  ciguma luhande aha hirya higikulu. Olya munyere banacimuhira omu nyumpa na enkavu zage. Olya mwami erhi aba akola aja omu buhya, olya munyere alahira erhi murhangimpa Muyande ! « Babula aha bakamukula, olya munyere arhacijaga oku  lubala arhaciryaga, arhacishubalaga, na enkavu zage kwo na kwo, omu nyumpa mwone zaberaga naye. Erhi abonaga omulindye gugera « erhi okaja aha Muyande ajire ». Ngasi lusiku kwo na kwo.  Lero lusiku luguma amalindye goshi haguma gashubuzanya bamubwira “mpu ci orhujacirira? Cici rhwakulire ? “Naye “erhi mukaja aha Muyande ajire!” “Mpu cici wankarhua rhukulerhe ye? “Erhi nanamuha ecihugo luhande” nago “mpu nanga”. Ganacimubwira mpu orhuhe ebisharhi !“. Olya munyere ayemera. Nago “mpu kwokwo! Mpu hano rhuba rhwamulerha obulirhuhabyo”! Gagenda.

12/ Gaja  halya Muyande  afiraga, babugana bikola bivuha byone byone. Masera ahaja, aserasera, abumba amagulu gombi. Aja ho Mubuha anacibumba ecifuba, n‟irhwe n‟enda. Banacimuyimanza, babona yeshi yeshi anaciyunjula. Kafuhira ababwira “erhi ka mwayusize?” Nabo “mpu rhwayusize”. Kafuhira amufuhira omuka. Bamudosa “mpu ngahi hacikuluma?” Ababwira “erhi aha! „ Munanika ahananika“. Mpu ka handi?“ Erhi ntaho! Erhi rhugendage»! Banacigenda banacija omu olya mukazi, ye mwali wabo Muyande. Olya munyere amubwine ahuluka e ruso,

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anacishishinga omu murhima : erhi “nkaba arhali ye“ ? Amalindye ganachimubwira : mpu „k‟arhali yoyu, waliha ?“ Olya munyere erhi „mukonkwa“! Anachirhuma entumwa e bwami : erhi „mumpe nani  bishari !“ Mwami anaciyumva okwola adesire : erhi „ebisharhi, n‟omushangi gw‟akanigi, erhi na ngolo inni, erhi na magana gali-ndarhu ga nyerere, erhi na magana gali-munani ga birhale“. Ebyo byoshi bancibijira, byayija bamuhekera. Anacishubala, anacima, anacimomwa, n‟enkavu zage zanacima, zanacishubala, zanacirya, n‟empanzi yage yancikayana. Hirya birugu abugana byoshi, abiyambisa mushinja wabo, wabo naye yenene.

13/ Erhi kuca, arhuma eyindi ntumwa e bwami „erhi nani nahuna abantu, bayis‟isamira eno mwami : bulya naziluhirwe ; erhi abakazi na abalume“. Mwami ahuma oku ngoma erhi „aha bwachera mweshi mugende“. Erhi kuca sezi, abantu bagenda erya munda, bayisha basama rhuturhutula. Ci kwonene na mwami erhi abamwo. Erhi, bahika aha mwage, arhuma entumwa erhi „musamire aho muhanda“. Erhi aba amayambisa mushinja wabo, naye yenene amayambala, Muyande ayanka amatumu gombi, n‟engorho yage, ayiheba oku cikanyi, n‟ensiribo omu nfune. Anacikanya e muhanda boshi na mwali wabo. Bayisha bamuleka nka izuba, abantu boshi bababwine, mpu “dyu! mpu ka ye banayirhaga oyu wani“?  Mwami naye asomerwa; erhi amusinzakwo, anacirhuma engabo emwa hirya higikulu : erhi muhiyirhe ! (Erhi) muheze eri kali hyo hyayirhaga oyu wani!“ Mwami anaciyanka olya munyere, na mushinja wabo, ye Muyande, banacigabana bulya mwami, bw’olya mwami. Byahwera aho, anacidendeza, boshi na mulamu wage, yoyo mwami obwo. Hoshi aha.

HISTOIRE DE L’HOMME QUI MOURUT AVEC SA FEMME APRES AVOIR ENGENDRE UN GARCON ET UNE FILLE (Variante de la fable de Muyande et de Rugwegwe)

1/ Cet homme, quand sa femme fut morte, s‟en alla pour marier d‟autres femmes. Chaque femme qu‟il demandait en mariage consentait ; seulement quand cette femme arriva chez lui, et y eut demeuré une semaine, lui dit : ces tiens enfants, commence par les tuer ou les chasser, afin que nous puissions nous aimer. Cet homme répondit  à sa femme : si c‟est là ce que tu fais chez moi, alors tu verras que nous ne nous aimons pas. Quand il fut jour, cette femme s‟en alla.

2/ Quand il fut de nouveau jour, on lui dit : là-bas chez  un tel , il y a une jeune femme ; vite : « je vais la demander en mariage ». Il y va, il salue et dit : je vous salue ! On répond : bonjour ! Il va là où est la jeune femme et dit : bonjour jeune fille ! Est-ce que tu consens ? Et cette  jeune femme : je t‟aime. Il dit : allons chez moi, c‟est toi que je demande en mariage. La jeune femme dit : oui, je t‟aime, allons chez toi, je ne veux aucun autre. Ils pressent le pas, et viennent  au village. Quand cette jeune femme y est restée deux semaines, elle dit à son mari : ces enfants de toi, commence par les tuer ou les chasser, pour que nous puissions nous aimer. Cet homme fut de nouveau stupéfait et dit : pauvre de moi, je n‟ai pas de chance. Es miens enfants, comment pourrais-je les tuers à cause de cette femme ? Il dit : si tu veux partir, pars, je ne tue pas mes  enfants pour rien. Et cette femme dit : ça te regarde, je ne manque pas d‟autre mari. Et elle s‟en alla.

3/ Cet homme continua à demeurer sans femme. Puis, quand il fut de nuveau jour, on lui dit de nouveau que là-bas un tel il y a une jeune femme, mais : reviens avec une femme qui élève ces enfants, pour qu‟ils ne meurent pas en orphelins. Et lui, je vais mais de nouveau je vais échouer. Il alla vite, de nouveau demander en mariage. Quand il fut arrivé, la femme dit : je ne veux que toi seul ! Il ne la fit pas s‟attarder, puis la fit venir au village (à la maison) et dit à ses enfants : voici votre mère. Quand il se fut passé des jours, pas en petit nombre, cette femme dit à son mari : sontce là tes enfants, je le sais, mais seulement commence par les tuer ou les chasser, sans quoi nous ne pouvons pas demeurer bien à nous deux ! Cet homme fut vaincu et ne vint à consentir à sa femme, se disant : puis-je rester jusqu‟à la mort sans femme ? Et il réfléchit comment il pourrait tuer ces 

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enfants que lui-même engendra et il fut pris de pitié. Réfléchissant encore s‟il pourrait rester sans femme jusqu‟à sa mort, il vint qu‟il ne le pouvait pas. Il dit : comment ferai-je donc, moi ?

4/ Ainsi donc il prend un parti : je vais tromper ces enfants, je leur dirai que je vais les amener chez leur grand-mère, afin que je reste avec cette femme. Quand il fut soir, il dit à ses enfants : prépare des vivres pour la route, demain nous irons chez votre grand-mère. Et les enfants : oui, papa, demain nous irons chez notre grand-mère.  Ils se mettent à se préparer des vivres. Quand il fut matin, ils se mettent en route  tous avec leur père. Arrivés dans un lieu désert là où les bêtes sont nombreuses, le père dit : enfants, restez ici, que j‟aille  à selle. Les enfants s‟arrêtent. Mais seulement, comme le père avait son amulette, il marcha environ six pas, fixa en terre sa lance (avec l‟amulettte) et descendit dans les fourrés, il y avait là le chemin pour retourner  à la maison. Quand ces enfants virent que leur père tardait, ils se mirent à appeler : est-ce que tu ne reviens pas ? Cette amulette dit : attendez-moi.

5/ Ils descendirent vers là où était la lance, et appelèrent encore : mais reviens donc ! L‟amulette dit : attendez-moi. Arrivés là, ils virent que c‟est l‟amulette qui parle, et dirent : père est parti depuis longtemps. Alors ils saisissent cette amulette et la jettent. Ils s‟en vont comme à deux pas de distance. Quand ils arrivent dans le fourré, ils s‟assoyent et  réfléchissent comment ils  pourraient faire, mais ne trouvant rien. Et tous deux ensemble disent : fais que le fourré soit une maison. Et ce fourré fut une maison, ils y entrent et y demeurent. Et ils voient des milans et disent : fais qu‟ils soient des vaches, ils apperçoivent un buffle. Ils disent : fais de taureau. Et le buffle est taureau. Et ce taureau saillit leurs vaches tellement  qu‟elles mirent bas. Le frère de la fille se mit à traire, et sa sœur tenait le veau (retiré des pis avant de traire). Et cependant, le frère menait lui-même paître ses vaches et sa sœur gardait les biens.

6/ En ce temps là il y avait un roi qui n‟avait pas de femme. Ce roi dit à ses hommes : cherchezmoi une femme. Tous y  consentirent et  dirent : quiconque verra là où il y a une belle fille viendra t‟avertir. Et tous vont  à la recherche. Lorsque furent passés six jours, une vieille femme du pays, en allant mendier, rencontra des maisons au milieu des montagnes. Cette petite vieille alla vers ces maisons, et rencontra là une jeune fille, mais seulement cette fille était occupée à baratter (du lait). Cette petite vieille salua la jeune fille. Et celle-ci l‟interrogea : où vas-tu ? La petite vieille lui dit :  je vais mendier, Seigneur ! La fille vit qu‟elle mourrait  de faim et comme elle possèdait deux cruches de petit lait et aussi un plat de polenta, elle prit ces cruches de petit lait,  et les donna à la petite vieille avec la polenta, et celle-ci de mit à manger, ayant achevé, elle lui dit merci et les porta là où elle restait. Quand elle fut arrivée chez ce roi, elle lui dit : Maître, j‟ai une demande  faire. Le roi se tût. Elle lui dit : Maître, que me donneras-tu si je t‟amene la femme que tu cherches ? Le roi lui demanda : l‟as-tu vue ? Elle dit : je l‟ai vue. Est-elle belle ? Oui, Seigneur, très belle.

7/ Au matin, ce roi envoya ses émissaires pour aller voir si cette fille  était velle ou laide, pour qu‟il sache si cette petite vieille ne l‟a pas trompé. Ces hommes se mirent en chemin. Quand ils y arrivèrent, ils y trouvèrent cette jeune fille encore occupée  à baratter. Ils la  saluent : bonjour jeune fille ! Et elle : bonjour. Ils lui dirent encore : toi jeune fille, es-tu contente ? Et la jeune fille : y a-til quelqu‟une qui méprise les hommes ? Et ces hommes s‟en vont et disent au roi : Seigneur, nous avons vu cette fille. Et les lui interrogea : est-elle belle ? Et eux : très belle, Seigneur.

8/ Le roi se décida. Quand il fut nuit, il envoya ses  guerriers pour aller prendre la fille et leur dit : seulement si vous voyez son frère, tuez-le, et puis amenez-moi cette fille pour qu‟elle soit ma femme. Quand ils y arrivèrent, il faisait nuit, l‟heure de premier sommeil. Cette fille  entendit les guerriers descendre du côté de la maison et elle pensait : ces hommes ne sont pas de petites  pierres du foyer. Elle se leva, réveilla son frère et son frère s‟appelait Muyande et son taureau était Rugwegwe. Et la fille appela son  frère : Muyande, Muyande, lève-toi, Rugwegwe  réveille-toi, on vient nous tuer, lève-toi, reveille-toi Rugwegwe. Son frère se leve, prend son poignard, ses lances,

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sa serpe et court sus à ces hommes, les attaque. Et son taureau entendant les bruits, brise la corde et les poursuit lui aussi, ils arrivent sur la place et combattent contre ces hommes, et Muyande tue et son taureau tue, et ils les achèvent tous. Un seul homme s‟echappa de là et cet homme courut chez son chef et lui dit  tout ce qui était arrivé et tout ce qu‟il avait vu se passer. (Le roi) appela d‟autres guerriers et à eux il arriva de même, puis un seul homme échappa et alla avertir  le chef. Et de nouveau tous les hommes furent achevés.

9/ Le chef stupéfait, et dit : alors comment arrivé  tout cela ? La petite  vieille dit : que me donnestu si je t‟amène cette femme ? Et lui : je te donnerai une  partie de mon pays. Et elle dit : c‟est bien. Au matin, elle prit ses remèdes à envoutement, et les posa sur le sentier. Elle alla  là où demeurait la fille et la rencontra occupée à baratter. La fille lui dit : bonjour  grand-mère. Et la petite vieille : bonjour maman. La fille lui dit : non, pas bonjour, car on nous fait la guerre ici. Elle lui demanda : qui cela ? Et elle : je ne le sais pas. Quand il faisait nuit, nous avons entendu venir des guerriers pour cerner la maison, j‟ai réveillé mon frère, il a pris ses armes et il a réveillé son taureau, et ils ont attaqué les hommes et les ont tués tous. La petite vieille lui répondit : écoute, sois rusée, je vais te donner un remède mais seulement ce remède, fais le cuire dans les légumes, quand ton frère ramènera les troupeaux tu lui donneras ces légumes, mais n‟en goute pas, car si tu en mangeais, ces guerriers reviendraient souvent vous assaillir  jusqu‟à vous dépouiller et vous tuer. La petite vieille s‟en retourna.

10/ Dès que Muyande eut ramèné le bétail sa sœur lui donna des légumes et il les mangea, elle lui dit : on m‟a dit ceci et cela. Son frère lui dit : merci. Et la petite vieille s‟en alla dire au roi d‟envoyer ses  guerriers prendre la fille. Dès qu‟il fut nuit, les guerriers se mirent en marche vers l‟endroit, seulement, ils marchèrent l‟oreille aux écoutes et remarquèrent que personne ne les empêchait, ils allèrent là. Cette fille les entendit et dit : je suis  perdue ! Elle appela son frère disant : Muyande, Muyande, leve-toi. Rugwegwe, réveille-toi. Elle n‟entend personne répondre, le taureau lui-même ne se réveille pas. Elle se leve elle-même et va où est son frère, elle secoue le lit disant : es-tu en vie ? Voici qu‟on nous attaque. Elle n‟entend pas répondre. Elle enlève la couverture et voit qu‟il est tout à fait mort, et elle poussa des cris de lamentation. Ces guerriers entendent qu‟elle pleure, entrent dans l‟enclos, s‟amparent de la fille, prennent ses vaches et les portents chez le roi.

11/ Le roi  la voit et dit : merci, mes hommes ! Mais surtout la petite vieille se réjouit et prit le bout de pays que le roi lui avait donné. La fille, on la mit dans une maison et aussi ses vaches. Le roi, lorsqu‟il alla pour la marier, la fille réfusa. Elle dit : rendez-moi d‟abord Muyande. Et on ne put le sortir de là. Cette fille n‟allait pas dehors, ne mangeait plus, ni fit plus ses besoins, et ses vaches de même. Toutes restaient à l‟intérieur même de la maison. Dès qu‟elle voyait une souris passer, elle dit : puisses-tu aller à où est allé Muyande ! Chaque jour elle faisait de même. Or un jour toutes les souris ensemble s‟y donnèrent rendez-vous, et lui dire : pourquoi nous insultes-tu ? Qu‟avons-nous mangé chez toi ? Et elle : allez donc là  où est Muyande : Et elles : que nous donneras-u si nous te le ramenons ? Elle dit : je vous donnerai un bout de pays. Et elles : non ! Elles lui dirent : donneznous de vieilles  peaux (à grignoter). La fille y consentit. Et les souris, merci ! Quand nous te l‟aurons ramenè, ne manque pas de nous les donner. Et elles s‟en allèrent.

12/ Elles allèrent là où Muyande était mort, et n‟y trouvèrent plus que des osements. Une (souris) « presseuse » y alla, elle pressa, pressa, façonna deux jambes. Une (souris) souffleuse y alla et façonna le buste et la tête et le ventre. Les souris le dressent,  elles voient que tout est achevé. Il leur dit ne grognant : m‟avez-vous achévé ? Et elles : nous avons terminé. Il exhale en grognant un soupir. Elles lui demandent : où est-ce que tu as mal ? Il dit : ici. Et la comprimeuse comprima et dit : tu n‟as pas mal ? Il dit : ici. Et la souffleuse souffla et dit : nulle part ailleurs absolument ? Et lui : non plus nulle part. Les souris  dirent : portons. Elles s‟en vont. Elles vont chez la femme, la sœur de Muyande. La fille voit (Muyande) apparaître sur le seuil et elle se réjouit dans son cœur et

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dis : ce n‟est peut-être pas lui. Les souris disent : est-ce que ce n‟est pas lui-même, Seigneur ? La fille dit : je vous remercie ! Elle envoya un émissaire chez le roi lui dire : donne-moi des vieilles peaux. Le roi écouté ce qu‟il disait et dit : des vieilles peaux, je n‟en aurais pas ! Il  prépara dix paniers (pleins de peaux) et elle les donna aux souris qui dirent merci. Elle dit : cela suffit-il ? Elle envoya un autre émissaire chez le roi lui dire : donnez-moi aussi de la nourriture et des colliers et des bracelets de  cuivre, et un collier de perles rouges  tachetées et une étoffe de  calicot bleu et quatre bracelets en ivoires et six cents rondelles pour les reins, et huit  cents bracelets de cuivre fin enroulé. Tout cela on le lui prépara et on alla le lui porter. Et elle fit ses besoins, et se leva et se fit raser et les vaches se levèrent, urinèrent, mangèrent et son taureau beugla. Tous les biens qu‟elle avait demandés, elle en revêtit son frère, lui tout seul.

13/ Quand il fut matin, elle envoya un autre émissaire chez le roi lui dire : et moi je demande des hommes pour qu‟ils viennent  danser ici chez-moi, car je suis persécutée par les esprits, des femmes et des hommes. Le roi demanda les tambours et dit : au lever du jour, allez-y tous. Le lendemain matin, les hommes allèrent là et se mirent à danser. Rhuturhutu en masse. Et même le roi y fut. Quand ils arrivèrent chez elle, elle envoya un émissaire leur dire : dansez là sur la place. Quand elle eut habilé son frère, elle-même s‟habille. Muyande prit deux lances et son poignard qu‟il fixa à sa nuque, et prit en mains son bouclier. Et il pressa le pas vers la place où tous étaient avec sa sœur. Ils étaient brillants comme le soleil, et tous les gens les regardaient disant : dyu ! dyu ! Est-ce lui, celui qu‟on avait tué ? Le roi aussi était dans l‟adminiration en le regardant. Et il envoya des guerriers vers la petite vieille disant : tuez-la, perdez-la, n‟est-ce pas elle qui  l‟a tué ! Le roi maria cette fille et son frère Muyande partagea l‟autorité du roi. Quand ce fut fini Muyande devint puissant, lui et son beau-frère c‟est-à-dire le roi. C‟est tout.

119. SOCIETES RELIGIEUSES SECRETES

La question fut traitée au n° 117

120. C/ DIVINITES

Tout ce qui a trait aux grands génies, leurs noms, leurs attributs, le but pour lequel on les invoque, la puissance qui leur est attribuée, les prièrs qu‟on leur adresse et les sacrifices qu‟on offre en leur honneur, tout cela a déjà été dit au n° 117.

121. TEMPLES

La question des huttes et des autels élevés en l‟honneur des mânes fut traitée au n°S 99 et 117.

122. D/SACERDOCE Au n° 95, on a vu la question des féticheurs, sorciers, c‟est-à-dire les devins ou médecins de magie blanche et magie noire. Voir aussi aux n°s 102, 106 et surtout au n° 117.

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