LES ANIMAUX DANS LA PENSÉE DES « BASHI » SELON LES PROVERBES ET MAXIMES RECUEILLIS PAR MONSIEUR L’ABBÉ ARISTIDE KAGARAGU NTABAZA Dr Dieudonné Katunga Musale, Kalemaza Kavuha et Ass. Kurhengamuzimu Bisimwa, ISDR
LA PERCEPTION DU DEVELOPPEMENT DANS LES PROVERBES SHI. Ass. Innocent NTAMBAKA MASHONGOLE, ISDR/BUKAVU14, p. 247-251
LES ANIMAUX DANS LA PENSÉE DES « BASHI » SELON LES PROVERBES ET MAXIMES RECUEILLIS PAR MONSIEUR L’ABBÉ ARISTIDE KAGARAGU NTABAZA
Dieudonné Katunga Musale, Kalemaza et Kurhengamuzimu, ISDR Les Bashi font parti du peuple Bantoue. Ils sont agriculteurs et éleveurs. Tout au long de leur histoire, ils ont eu à développer plusieurs activités pour leur survie. Dans l’agriculture, les différentes cultures pratiquées sont celles de ; sorgho, manioc, bananes, mais, haricot, légumes, colcase, ignames… Côté élevage s’élèvent les Bovins Ankole du type Bashi (1), la chèvre, le mouton, la poule, …sont aussi élevés. Les Bashi sont également en contact avec des animaux sauvages tels que le léopard, l’hyène, le lion, les oiseaux , les poissons… Cette gamme variée d’animaux sauvages expliquerait l’existence il y a quelques siècles d’une forêt couvrant nos collines devenues actuellement nues et la proximité avec réserve animale importante, actuellement connue sous le nom du Parc National de Kahuzi-Biega. Dans ce travail, nous présentons nos réflexions sur la place qu’ occupent les animaux dans la pensée ‘SHI ou BASHI’dans les maximes et les proverbes recueillis par Monsieur l’Abbé KAGARAGU. Deux raisons principales ont motivé notre engagement pour réaliser ce travail. D’abord remercier la mémoire de l’illustre disparue, le feu Monsieur l’Abbé Aristide KAGARAGU NTABAZA pour ses travaux combien louables sur la connaissance de la culture des Bashi. Ensuite nous pensons réfléchir sur ce que les Bashi pensent des animaux en nous référant aux proverbes et maximes ci-haut indiqués. Une nouvelle classification nous permettra de faire un index analytique révisé concernant le monde animal sur les différents animaux domestiques et sauvages, les matériels et objets utilisés par les bashi. Ces proverbes et maximes reflètent un certain mode de pensée et de vie d’un peuple. Nous espérons que par eux, il y a lieu que nous puissions comprendre comment les Bashi pensent des animaux, qu’ils soient domestiques, sauvages et tout autre matériel et activités liés aux animaux. En lisant les proverbes et maximes, on accède à une culture correspondant à une époque donnée de la vie des Bashi. Il reflètent un mode de vie qui nous permet de comprendre le rôle joué par un animal dans la société, son mode d’élevage Nous estimons que ces proverbes et maximes représentent trois époques ; l’époque précoloniale, l’époque coloniale et l’époque post-coloniale. Ils est par conséquent normal que certains faits ne soient plus d’actualités que certains animaux aient disparu dans le milieu ou sont devenus très rares. L’animal joue un rôle économique, sociale, culturel etc… Dans le contexte politique, certains proverbes ne sont plus d’actualité.
Matériel et Méthodes Pour réaliser ce travail, nous avons exploité tous les proverbes et maximes ‘shi’ recueillis dans la troisième édition des proverbes et maximes ci-haut cités. Seuls les proverbes et maximes parlant des animaux sauvages et domestiques, ont attiré notre attention. Nous les avons exploité et subdivisé de la manière suivante : Animaux sauvages, animaux domestiques, matériels utilisés pour les animaux domestiques et sauvages, produits et sous-produits d’élevage et d’animaux sauvages et les hommes intervenant dans ces secteurs. Cette subdivision nous a permis de compléter l’index analytique qui permettra à tout lecteur de bien se situer dans ce livre sur le domaine animal. Ensuite, nous avons choisi et analysé quelques maximes et proverbes pouvant nous permettre de saisir et d’analyser les différents messages constructifs que les proverbes nous apportent. Résultats et discussion Sur 3010 proverbes et maximes, nous avons pu répertorier 597 qui parlent des animaux sauvages et domestiques, matériels utilisés pour les animaux pour les animaux sauvages et domestiques, Activités liées à ces animaux ainsi que leurs produits et sous-produits de même que les acteurs humains qui interviennent sur eux. Les animaux représentent ainsi 19,8% de proverbes parmi lesquels on demande 56,6% concernant les animaux domestiques et 43,4% des animaux sauvages. Certains proverbes peuvent être répétés une an plusieurs fois suivant les animaux, matériels… qu’ils exploitent, ce qui explique le chiffre de fréquence totale de 753. Les fréquences des proverbes obtenues sont regroupés de la manière suivantes : 1. Animaux domestiques 1.1. Espèces animales a. Vache, veau, génisse, taureau : 127 (16,8 %) b. Mouton, bélier, brebis : 23 (3 %) c. Chèvre, chevreau : 17 (2,2 %) d. Poule, Cap, poussins : 51 (6,7 %) e. Bétail : 8 (1 %) f. Chien et chat : 63 (8,3 %) g. Chat : 2 (0,2 %) 1.2. Matériels et équivalents d’élevage : Crèche, couteau, mangeoire, abattoir, poulailler, niche, pâturage : 18 (2,3 %) 1.3. Produits et sous-produits d’élevage : lait, oeufs, viande, tendon, beurre, os : 95 (12,6 %). 1.4. Acteurs intervenants sur les animaux domestiques : berger, : 19 (2,5 %) 1.5. Activités liées aux animaux domestiques : Traite de lait, poudre, égorger, paître : 16 (2,16 %). 2. Animaux sauvag
2.1. Espèces animales a. Oiseaux, oiseau mouche, mésange, passereau, vautour, corbeau, grue, couronnée, garde-boeuf, aigle, épervier, perdrix, bergeronnette, oie, fauvette : 77 (10,2 %) b. Mammifères : putois, fauve, hyène, éléphant, antilope, sanglier, gibier, rat, musaraigne, bêtes, gorilles, singe, lion, léopard, chacal, renard : 116 (15,4 %) c. Reptiles, amphibiens, poissons, crustacés : 34 (4,1 %) d. Insectes : 51 (6,7 %) e. Matériels, équipements, produits et sous-produits, activités et acteurs intervenants sur les animaux sauvages : 33 (4,3 %) Tableau n° 1 Fréquence des proverbes par animaux, unités, acteurs, produits et sous-produits LIBELLE NOMBRE POURCENTAGE Espèces d’animaux domestiques 291 38,6 Matériels, équipements, produits, sousproduits, acteurs et activités liés aux animaux domestiques 148 19,7 Espèces d’animaux sauvages 281 37,3 Matériels, équipements, produits, sousproduits, acteurs et activités liés aux animaux sauvages 33 4,4 Total 753 100
Au vu des fréquences des proverbes et du tableau ci-dessus, nous constatons que le pourcentage des proverbes concernant les animaux domestiques est presque égale à celui des animaux sauvages. de plus, beaucoup d’espèces d’animaux sauvages sont relevées par rapport à celles des animaux domestiques. Parmi ces dernières, les bovins sont largement dominants, ce qui confirme la place de choix qu’ils gardent dans la culture des Bashi. (Anonyme, 1952) (Colle P., 1971) ; Cuypers, 1970). 1 : A barhayumvanya barhula magulu abiri. Les frères qui ne s’entendent pas offrent à leur chef deux pattes de leur vache. Ce proverbe exhorte les bashi à l’entente car les conflits profitent généralement à d’autres. Dans le temps au Bushi, la mésentente entre frères les amenait à offrir plus qu’il ne fallait au chef soit par manque de concertation ou par compétition pour se faire aimer par le chef. Il est certes évident que le chef devait discrètement apprécier ce genre de comportement car il lui était profitable. De nos jours nous constatons que le fait d’amener systématiquement une patte au chef quand on a abattu sa vache a complètement disparu. Cependant, nous pouvons dire que cette pratique est transformée en palabres où le chef inflige des amandes parfois substantielles vue les cas fréquents des conflits de terre et autres rencontrés dans le Bushi. Les gens qui sont confrontés à la malnutrition et à la misère ont quand même de l’argent pour les palabres.
2. Lunve ye kema echishambo C’est le caméléon qui annonce la venue du voleur On ne peut pas savoir d’où vient un voleur. De fois, quand quelqu’un veut s’excuser, il s’accuse lui-même Le caméléon siffle la nuit quand une personne étrangère se présente soit dans le quartier ou à la maison. C’est pourquoi il est considéré comme un bon gardien. 3. Okahaba obâzire, onahabe n’omwanya Si vous ignorez celui qui vient d’égorger son animal, vous ignorez pareillement la part de viande qui vous revient. Ce proverbe veut tout simplement interpeller les gens et surtout les Bashi. Car la solidarité dans nos villages dans le temps était très remarquables. Personne ne pouvait égorger sa vache sans en faire à son chef et à ses voisins ou amis. Et cela amenait les gens à s’assister mutuellement dans toutes les circonstances de la vie comme le mariage, le deuil, la construction des cases et autres. Ce partage leur permettait de vivre en frères et soeurs. Aussi, il n’y avait que les gens qui savaient visiter les autres qui avaient l’information de la maison ou famille qui avait soit égorgé une bête ou soit brassé le ‘’Kasigisi ‘’. Et c’est cet esprit de partage qui donnait la force et la dignité à un village. 4. Murho ahambira kugulu na kuboko arhamuholere Le jeune réclame la patte arrière droite de la vache alors qu’il n’a droit à la patte de devant. La patte arrière d’une vache a une valeur particulière. Celle-ci ne pouvait, dans le temps, être offerte qu’au chef. Personne ne peut vanter ses mérites. Ils faut laisser aux autres le temps de le faire pour vous et selon vos qualités. Ceci peut refléter la gourmandise aussi, car ce n’est pas différent d’un individu qui voudrait prendre toute la main qui l’a servie. De nos jours, la jeunesse semble négliger même rejeter la coutume comme motif la civilisation. Ceci est une aliénation. 5. Zirhagayirwa mungere nka nazo Les vaches maigres font mépriser plutôt leur maître que le berger. Quand un membre du corps commet un forfait, c’est la tête qui paye. Il en est de même dans une entreprise ou un pays, c’est le responsable qui paye quand les agents se méconduisent.
Dans le temps où la coutume était très respectée au Bushi, le Muganda (envoyé du Mwami) était très respecté partout où il allait car il représentait directement le Mwami. En mashi, il y a un proverbe qui le stipule très bien ‘’ Omurhume bantu alabarha ‘’c’est à dire que l’envoyé du mwami ne demande pas de passage, car il est considéré comme le mwami lui-même. Celui qui tape l’envoyé du mwami est considéré comme ayant tapé le mwami lui-même. Aussi peut-on dire que l’envoyé du mwami est considéré dans ce cas comme mwami. Tout mauvais comportement que celui-ci peut afficher partout où il passe tombera sur le mwami. L’on ne dira pas que c’est le muganda qui a commis le forfait mais au contraire parlera du mwami. De même sur le plan élevage, nous pouvons comprendre qu’un chef d’élevage ou un propriétaire est tenu lui-même de suivre son bétail et ne pas laisser toute la responsabilité au seul bouvier. Cet adage est très sage et montre d’un grand management qu’avaient les Bashi vis-à-vis de leur élevage. 6. Erhiwankaba miru orhanachunziri, erhikuzimbe wazinde Si vous êtes friands de la viande et que vous n’avez pas de bétail, vous finirez par voler. Dans la société traditionnelle chez les bashi, certaines gens sont devenus sorciers ou voleurs par jalousie ou par envie des vaches de leurs voisins ou autres. Ici, l’on exhorte un chacun à se contenter et à aimer ce qu’il est et ce qu’il a. L’une des qualités morales d’un mushi était le respect des biens d’autrui. Mais beaucoup des gens ont attrapé le bwaki (malnutrition protéique) par le fait de manquer le bétail les emmènent à l’envie. Aussi, chacun devra se contenter de ce qu’il a et non vouloir se comparer à son patron ou à son chef. Il y a un autre proverbe, cette fois en français qui dit : ‘’Nous nous plaignons beaucoup de peu qui nous manque, et nous jouissons peu de beaucoup que nous avons ‘’Ce proverbe montre aussi un esprit très positif d’encouragement traditionnel poussant les bashi à l’élevage. Nous constatons avec regret que le non respect de ce proverbe amène pratiquement tout le Bushi à une malnutrition protéique sévère. Ceci est aussi une honte et une insulte pour la mémoire de nos ancêtres.
7. Amango kogali nka kanyunyi : Gafuma ogagwarha buligo Le temps est comme un oiseau : si on le prend mal, il s’échappe. Ceci interpelle les Baganda du Mwami dans la société des Bashi. Ils sont très écoutés par le Mwami si bien que ce dernier le consulte avant la prise des décisions. La plupart de fois ils induisent le chef en erreurs sans que celui- ci s’en aperçoive. Mais dès que le Mwami ou le chef découvre cette mauvaise façon d’agir, il s’en prend aux baganda qui deviennent ses ennemis. De fois même ce conflit peut emmener le Mwami à ravir tous les biens qu’il leur a donné (champs, vache, chèvre…) et même ce qu’ils se sont attribués à l’insu du Mwami.
Pour que les relations des Baganda et du Mwami durent longtemps, il faut que les baganda soient des bons conseillers, sincères, et honnêtes. Il en est de même des paysans qui sollicitent le champ d’un tiers pour cultiver en guise de “Bwasa” (location). Après chaque saison, ils doivent en principe verser un dû au propriétaire (chèvre). Mais, beaucoup de ces paysans, au lieu de payer leur redevance, ils préfèrent créer un problème en vue de s’approprier définitivement le champ. Des fois, ils vont même poser plainte chez le chef revendiquant ce champ. Mais, quand la justice est rendue équitablement, ils perdent définitivement le champ qu’ils avaient en location (bwasa ) et l’estime des autres chez qui ils pouvaient demander un tel service. Ainsi, il est aussi dit en français : Qui trop embrasse mal étreint. De plus, ce proverbe peut également aborder le pragmatisme dans la vie. Dès qu’un Mushi attrape une bonne occasion dans sa vie, il doit s’empresser à en profiter au maximum.
8. Mpulule akabona ehinyama anasheke La pâte de manioc sourit de joie quand elle voit la viande. La pâte de manioc ou de sorgho et la viande sont le repas préféré des Bashi. Quand vous avez un ami qui vient vous visiter ou à visiter, vous aurez toujours tendance à lui emmener un peu de viande et de la pâte à défaut d’une chèvre et d’une poule. En effet, le pouvoir coutumier au Bushi reposait sur la vache. C’est le Mwami qui avait plus de vaches que tous les autres Bashi. Car même les vaches de ses sujets étaient considérées siennes. C’est à dire qu’à chaque fois qu’il y avait une cérémonie coutumière quelconque tout le monde était mobilisé pour emmener soit la chèvre ou la vache. Beaucoup des bashi considéraient les légumes comme étant la nourriture de leurs bêtes et s’ils en mangeaient, c’était contre leur gré suite à la pauvreté. D’ou les feuilles de manioc (Isombe) seront appelées ‘’Kalala‘’ . Ceci, seulement pour les minimiser. Comme le Bushi avait beaucoup d’éleveurs de bétail (petits et gros bétail) et des volailles, ce dernier a pris goût à la viande si bien qu’on devrait en trouver à leur table à chaque repas. Maintenant qu’il n’y a presque plus de bétail et que ce n’est plus tout Mushi qui peut s’en procurer, la viande comme repas semble disparaître dans plusieurs foyers au Bushi. Ce proverbe va à l’encontre de ce qui disent les dénigreurs des Bashi qui déclarent que les Bashi élèvent par sentiment et ne mangent pas la viande COLLE (2 ) et CUYPERS (3 )
9. 0mwenge w’amiru agashwekera Le malin friand de viande optimise bien ses animaux. Il est beaucoup préférable d’élever le bétail au lieu de demander au voisin de la viande. Dans la société traditionnelle chez les Bashi, le Mushi élevait la vache pour plusieurs raisons ; le prestige, se procurer du lait et de la viande, prendre femme, marier ses enfants, trouver la bouse pour la bananeraie et le champ en guise d’engrais, offrir au Mwami, ses amis et frères, payer le “kalinzi”. Mais il est établi que personne ne pouvait assouvir à tous ses besoins en demandant à son ami ou à son chef une viande. Ce qui était préférable était d’élever soit même en vue de palier à toutes ses besoins. Ce proverbe interpelle encore tous les Bashi à relancer cette activité combien louable et économique que nos ancêtres avaient toujours respecté. CONCLUSION A travers ces différents proverbes étudiés tout au long de notre travail, nous remarquons que les Bashi non seulement s’intéressent à l’agriculture mais aussi ils s’occupent de l’élevage. En effet, si les Bashi sont en contact avec les animaux domestiques, ils n’en sont pas moins avec les animaux sauvages car de ces derniers on trouve le caméléon qui joue un rôle non moins important. De plus, ces proverbes nous apprennent la façon de vivre du mushi. Nous pouvons lire à travers eux, certaines techniques de l’élevage qui peuvent même maintenant nous inspirer sur ce noble métier. Nous avons aussi épinglé les proverbes qui montrent que le mushi a toujours était friand de la viande depuis longtemps, ce qui contredit la thèse selon laquelle le mushi aime tellement la vache qu’il ne peut pas en manger la viande. Certains animaux ont disparus tel est le cas de ‘LUGAVE’ et qui malheureusement n’a pas été scientifiquement identifié, d’autres sont devenus rares ou presque absents tels que l’hyène, le léopard, le lion… BIBLIOGRAPHIE 1. COLLE P. 1971 : Essai de monographie des Bashi. Société des missionnaires d’Afrique, Pères blancs. Centre d’étude de langues Africaines BP 186 Bukavu 2. CUYPERS, B. 1970 : Alimentation chez les Shi. usée royal de l’Afrique Centrale, Tervuren, Belgique, Série In-8è, SCI.HUM n° 67, 249p. 3. KAGARAGU NTABAZA A. : Emigani bali bantu 2ème partie 14, p. 252-257.
LA PERCEPTION DU DEVELOPPEMENT DANS LES PROVERBES SHI. Innocent NTAMBAKA MASHONGOLE, ISDR/BUKAVU Les Bashi (si) est un peuple qui habite (originaire) la (de la) Province du Sud Kivu, courant les collectivités de Ngweshe, Kabare, Kaziba, Luhwindja, Burhinyi et Ninja. Ce peuple parle le Mashi. Chaque peuple pour se maintenir, pour confirmer ses valeurs culturelles, utilise plusieurs voies de transmissions de son héritage culturel à ses descendants. Les moeurs, coutumes, croyances religieuses, mode de vie d’une ethnie ou tribu donnée se transmettent de génération en génération par les anciens du clan ou simplement de la famille étendue. Parmi les moyens traditionnels de transmission de cette richesse culturelle figurent la chanson, la danse, les contes, les proverbes, etc… Dans notre travail, ce sont les proverbes qui ont attirée notre attention dans l’étude de la perception du développement chez les Bashi. Les proverbes sont liés à la dimension culturelles de l’homme car « sans une culture dans laquelle l’homme se retrouve et à laquelle il se réfère, on ne peut avoir de vrai développement dans son milieu de vie ». (G. DEFOUR, 1994). Cette confiance en « soi », la confiance de l’homme dans ses « racines » pour vivre, pour s’épanouir, se libérer et se développer constitue, selon Thierry VERHELST (1987), un atout essentiel pour le développement véritable de celui-ci. En effet, la facilité avec laquelle on recourt aux proverbes dans la communication est une des marques spécifiques des sociétés orales traditionnelles. Il ne semble pas qu’il y ait en Afrique des sociétés où ce genre ne soit connu, sinon fortement développé. Toutes les couches de la population ne parlent pas toujours en proverbes, mais toutes semblent aptes à les comprendre. C’est que les proverbes forment l’armature et la fine pointe d’un type de communication plus vaste : le langage en images. Les proverbes est donc une des voies de communication. Elle est liée étroitement à la culture, philosophie, expérience, éducation…. en bref à la vie de la société qui l’utilise. Ainsi il est rare que un proverbe étranger soit exprimé dans une couche sociale si celui-ci ne se rapporte pas à la culture ou expérience de celle-ci. Les Bashi reconnaissent dans les proverbes une véritables courroie de transmission culturelle qui fait leur fierté. Les interprétations données à tel ou tel proverbe incitent les membres de la tribu shi à se découvrir, à se situer, à réfléchir sur la situation ; et même à s’unir pour parler le même langage. Les Bashi est un peuple, comme tant d’autres, soucieux à améliorer leurs conditions de vie, chercher leur bien-être. Pour se faire, ils mettaient en pratique tous les moyens possibles leur permettant d’améliorer leur façon d’être. Parmi ces moyens figuraient les proverbes considérés très efficaces en fonction de son expansion communicationnelle. Cette étude se propose de travailler sur les proverbes shi collectionnés par l’Abbé Arestide KAGARAGU NTABAZA dans « Les proverbes et Maximes des Bashi ». Après l’introduction, l’étude va consister à relever la fréquence d’un trait dominant dérivant de plusieurs proverbes et cette fréquence témoigne l’importance capitale qu’une société donnée met sur un trait mis en évidence. Notons en passant que le trait dominant dans les proverbes shi est la solidarité (unité). Collecte et regroupement de proverbes Dans la deuxième édition de ‘’ EMIGANI BALI BANTU , Proverbes et Maximes des Bashi ‘’, l’Abbé A. Kagaragu se force de grouper dans différentes catégories les proverbes qu’il avait recueillis en fonction des traits respectifs dominants. Ainsi il est arrivé à cent et quinze thèmes ou traits dominants. Il est à noter que plusieurs proverbes ayant le même trait dominant sont regroupés ensembles. Voici en effet, les cents et quinze thèmes. Nous ne faisons que les citer sans pour autant mentionner les différents proverbes y relatifs.
01. Abashi (les Bashi) 25) Izino (le nom) 02. Abazimu (les mauvais esprits) 26. Nyamuzinda (Dieu) 03. Akalamo (la vie) 27. Obubi (le mal) 04. Amalibuko ( les souffrances) 28. Obucibone (l’orgueil) 05. Amakwanane (le mérite) 29. Obudufu (la nuit) 06. Amango (le temps) 30. Obufumu (le médicament) 07. Amashumi (le mensonge) 31. Obufunzi (l’état d’être orphelin) 08. Amanvu (la biere) 32. Obugale (la richesse) 09. Amiru (l’envie de la viande) 33. Obugikulu (la vieillesse des femmes) 10. Ebisomerine (l’étonnement) 34. Obugoli (l’état d’être reine) 11. Eka (à la maison) 35. Obuguma (la fraternité, l’unité) 12. Ekuli (loin, à la distance) 36. Obuhanya (le malheur) 13. Emirongwe (la querelle) 37. Obuhumba (la solitude) 14. Emyanzi (les nouvelles, les infos) 38. Obuhwinja (la sotise) 15. Endwala ( les maladies) 39. Obuhya (le mariage) 16. ENFULA (l’ainé) 40. Obujinisi (la cupidité) 17. Enkomedu (l’habititude) 41. Obukenge (le respect) 18. Enshombo (la haine) 42. Obukenyi (la pauvreté) 19. Iburha (la descendance) 43. Obukulu (l’état d’être d’autorité) 20. Enshonyi (la honte) 44. Obulamba (le célibat) 21. Ihano (le conseil) 45. Obulangalire (l’espérance) 22. Iragi (la chance) 46. Obulenga (le zèle) 23.Ishali (la faim) 47.Obulezi (l’éducation) 24.Isirhe (la folie) 48.Obulonza (la volonté) 49. Obulozi (la sorcellerie) 50. Obulyalya (la fourberie) 51. Obulyo 52 (le moyen ; la méthode). Obunji (le bien d’être en grand nombre) 53. Obunyi (à un petit nombre) 54. Obunywesi (le mesonge) 55. Oburhabale (l’entraide) 56. Oburhe (le mécontement) 57. Omurho (le plus jeune) 58. Omurhogozi (celui qui est gateux) 59. Omurhonyi (le bien aimé) 60. Oburhunzi (le commerce) 61. Oburhwali (la bravoure) 62. Obushambo (le vol,de quelque chose) 63. Obushashu (la traite du lait) 64. Obushosi (la vieillesse) 65. Obusole (la jeunesse 66. Obutwendu (la grosseur) 67. Obuzibu (la dureté) 68. Obuzigire (l’amour) 69. Obwabiranyi, (le banditisme) 70. Obwami (le royaume) 71. Obwenge (l’intelligence) 72. Obwikebwe (la prudence) 73. Obwinja (la beauté) 74. Obwira (l ’amitié) 75. Obwirhohye (l’humilité) 76. Obwirhonyi (la sagesse, la prudence) 77. Obwoba (la peur) 78. Obwolo (la paresse) 79. Obwonganwa (la jalousie) 80. Obwonjo (la piétie) 81.Obworhere (le comportement) 82. Okubalama (voyager) 83. Okubunga (émigrer) 84. Okuderha (parler, dire) 85. Okudosa (se renseigner) 86. Okugayana (se haïr) 87. Okuhaba (ne pas connaitre) 88. Okuhana (punir) 89. Okuhimwa (être vaincu) 90. Okuhinva (chasser un gibier) 91. Okujija (blaguer) 92. Okuli (la vérité) 93. Okulwa (se bagarrer) 94. Okulya (manger) 95. Okusama (danser) 96. Omuyira (qui n’est pas satisfait de ce qu’il a) 97. Okuyubaka (construire) 98. Okuyumva (comprendre) 99. Olubanja (la palabre) 100. Olufu (la mort) 101. Olugendo (la marche) 102. Olugero (l’équivalence) 103. Omubusi (le parent) 104. Omunganda (le page) 105. Omukazi (la femme) 106. Omukolo (le travail) 107. Omilume (l’homme) 108. Omukura (le remerciement) 109. Omunyere (la fille) 110. Omurhima (le coeur) 111. Omushigo (être sujet de quelqu’un) 112. Omwana (l’enfant) 113. Omwanya (la conduite) 114. Omwenda (la dette) 115. Omwifinjo (l’envie)
III. L’INTERPRETATION DE PROVERBES
L’interprétation de proverbes est la troisième phase du travail après la collecte de proverbes et l’organisation du recueil. L’interprétation est la phase la phase la plus intéressante mais aussi la plus difficile. Nous cherchons de réponses aux questions suivantes : Que dit le proverbe ? Que montre ce recueil de proverbes ? Que font savoir les proverbes au sujet de la société qui les utilise ? Quel est le message véhiculé par le proverbe ? En effet, pour les interprétations des proverbes, trois méthodes sont proposées par le Dr. Jean Couvin : la méthode des thèmes, la méthode structurale, et la méthode thématico-structurale. Dans notre travail, nous avons utilisé la méthode des thèmes qui consiste à regrouper les proverbes selon les thèmes, avec ou sans commentaires. En général, ces différentes thèmes concernent la famille, la vie en société, la religion, les qualités et les défauts, l’éducation, etc… Les proverbes doivent être regroupés par les thèmes en prenant les proverbes dans toute leur épaisseur ou profondeur : situation d’origine, situation d’emploi, valeur des images, valeur de la norme, dénotation, constatation, etc… Donc il s’agit de faire toute interprétation, distinguant ce que tel émetteur a voulu dire et faire et ce que conseille la tradition comme norme habituelle dans tel cas. Une étude de thèmes concernant les proverbes doit être consciente de la dialectique pour essayer de dégager en même temps les valeurs permanentes que la société se donne pour modèle et la négociation concrète de la vie quotidienne . Le caractère pragmatique de la vie quotidienne doit apparaître dans une étude des thèmes sans peine de faire de ces thèmes des absolus normatifs, alors qu’il n’en est rien. Ils sont plutôt des lignes directrices de la compréhension et de l’organisation du monde selon la perception des gens d’une société. Certes, le thème doit être défini dans ses grandes lignes. On le fait en évitant de se servir des notions venues d’ailleurs et en tenant compte le plus possible de ce que l’on soit de la société en question. Cela étant, la solidarité est le trait dominant retrouvé dans plusieurs thèmes de proverbes décrivant la vie du peuple Bashi. Cela n’est pas un hasard. Les proverbes décrivent l’environnement socio-culturel et traditionnel du peuple qui les utilise comme message social. En d’autres mots, le peuple Bashi (shi) forme la situation d’origine alors que la situation d’emploi est faite de la culture de Bashi. Alors la question qui mérite une réponse est de savoir pourquoi la solidarité est le trait dominant dans beaucoup des thèmes décrivant les proverbes shi. Pour répondre à cette question, il est impérieux que la situation socio-culturelle de Bashi soit décrite. Les Bashi vivaient de l’agriculture, de l’élevage et un peu de la chasse. L’agriculture nécessitait plusieurs personnes pour cultiver un grand espace rapidement surtout que tout se fait à la main. A une seule personne, cette tâche est très difficile. Ainsi pour alléger cette difficulté, les paysans shi s’entraidaient, s’unissaient, se complétaient pour réaliser un projet de grande envergure. Un village par exemple, pourrait inviter ses voisins dans son village pour labourer ou sarcler son champ, et pratiquement ses voisins répondaient favorablement à l’appel et le travail était vite accompli. Le propriétaire du champ ne payait absolument rien à ses invités à part un peu de la bière de banane qu’ils partageaient tous au moment du repos. De même pour construire une hutte, le Bashi s’entraidaient mutuellement à travers le système appelé ‘’kuyubasa ’’. Un groupe amenait la paille, un autre les cordes ou les bois de construction et tous ensemble construisaient la maison au bout d’une journée alors que la tâche serait des plusieurs mois à une seule personne. Dans le domaine de l’élevage, une seule vache pouvait sauver plusieurs familles voisines à la famille propriétaires. En outre, un seul taureau pouvait être à la portée de tout le village sans que le propriétaire n’en demande un gain. En bref, plusieurs exemples témoignent combien de fois les Bashi mettaient plus d’importance à la solidarité afin d’arriver à la promotion de leurs conditions de vie. Ceci est rencontré à travers tous les proverbes recueillis par A. KAGARAGU et retrouvé dans divers thèmes. Les paragraphes suivants vont maintenant consister à l’évaluation de chaque thème. La procédure est de sélectionner certains proverbes qui font partie d’un même thème et ensuite les interpréter. En d’autres mots, il s’agit de dégager ce qu’ils révèlent de la société. La question est de savoir quel rapport existe-t-il entre ce proverbe et le thème ou encore que nous apprend le proverbe sur ce sujet. Donc, il faut chercher ce que l’émetteur a voulu dire, ce qu’il a voulu faire comprendre et même faire réaliser au récepteur.
Ier THEME : L’UNITE (OBUGUMA)
– Ecinyabuguma co cilwa amatumu (C’est par l’union qu’on gagne une guerre). Le peuple Bashi ont connu beaucoup de guerres contre d’autres groupes sociaux surtout pour les conquêtes des terres. La plupart des fois, ils arrachaient des victoires car tous combattaient dans l’unité. Ainsi ils restaient solidaires en tout et pour tout. – Ecinyabuguma co ciyirha E ngwi (C’est par un effort conjugué de tous qu’un groupe arrive à tuer un léopard). Le léopard dans la culture shi est considéré comme un animal très terrifiant, méchant et très dangereux pour la vie des hommes et de leurs animaux domestiques. Cependant les hommes unis, solidaires parvenaient à le mettre hors d’état de nuire. – Hungwe arhagwa aharhali wabo (le corbeau ne se pose pas là où il n’y a pas un autre). Certes, ceux qui se ressemblent, s’assemblent. Les Bashi reconnaissent que tous étaient les mêmes, étaient des frères et que par conséquent, il fallait s’unir pour résoudre divers problèmes dans leur société ou village.
II ème THEME : OBURHABALE (L’ENTRAIDE)
Ce thème est aussi composé des proverbes décrivant comment par la solidarité, les Bashi parvenaient à atteindre l’amélioration de leur vie. – Omulume ajirwa n’owabo (un homme vaut ce que un autre a fait de lui). En effet, à lui seul, un homme ne peut rien. On a toujours besoin d’un soutien (appui) d’une autre personne pour aller de l’avant. Ce proverbe insiste sur l’utilité de la solidarité dans un groupe social. – Oluzege luli omunda lwo lurhuma oluli emugongo lwajegera (le grelot qui est à l’intérieur cause la sonorité à celui de l’extérieur). L’absence de un cause l’autre à ne pas vibrer). Ce proverbe souligne l’importance de la complémentarité entre les personnes voulant améliorer leurs vies. Chaque personne a besoin de l’autre. C’est pourquoi les Bashi sentaient l’obligation d’être solidaires. Quelques autres proverbes démontrant que c’est par la solidarité que les Bashi pouvaient améliorer leurs conditions de vie sont nombreux, nous pourrons citer : – Maboko abirhi gakalabana (ce sont deux mains qui se lavent) – Akarhenga ah’irhwe, ahalurhugo kaja (une fois la tête fatiguée, on met le fardeau aux épaules) – Maboko gabiri gashurha engoma (ce sont deux mains qui tambourinent).
IIIème THEME : OBUNJI (LE GROUPE)
– Orhunyegere rhubiri rhurhayabirwa n’ihanzi (Deux fournis noires ensemble parviennent à transporter un criquet). Une fourmi est plus petite qu’un criquet. Malgré leur petitesse, deux fourmis unies deviennent plus fortes. – Okugenda banga burhalibwoba (En groupe la peur disparaît).
IV ème THEME : OBUHUMBA (LA SOLIDARITE)
– Okuboko huguma kurharhimba ngoma (Une seule main ne tambourine pas) – Okugulu kuguma kurhashokola kabirhi (Quand on marche, un seul pied ne va pas devant deux fois successives). – Olunu luguma lurhaniga muda (Une seule ongle n’écrase pas un poux) Ces trois proverbes pris par hasard parmi tant d’autres relatifs à la solidarité démontrent que la complémentarité conduit à la prospérité, au succès dans les activités quotidiennes.
V ème THEME : OBWENGE (L’INTELLIGENCE)
– Empanga nguma erhabika bwenge (Un seule crâne ne contient pas toute la connaissance). Les Bashi reconnaissaient qu’en certaines circonstances une seule personne ne pouvait pas bien réfléchir, raisonner et trouver de solutions aux différents problèmes. Ainsi, il fallait réfléchir ensemble pour que des solutions adéquates soient trouvées. Un autre proverbe appuyant le premier est: Bwenge bwa muguma nshoho ntule (L’intelligence d’une seule personne est comme une poche trouée).
VI ème THEME : OKUDOSA (S’INFORMER)
– Abadosinye barhahusha (Ceux qui se concertent se trompent rarement). Une consultation mutuelle conduit à une bonne réflexion et au bon jugement. En effet, un Mushi ne faisait rien à lui seul sans demander conseil à un autre. Tout cela leur permettait de trouver des solutions favorables à leurs problèmes.
VII ème THEME : OKURHAYUNVANYA ( LA MESENTENDE) –
Abarhunvanya barhula magulu abirhi (Les frères qui ne s’entendent pas offrent à leur chef deux pattes d’une seule vache alors que c’est seulement une qui était prévue). La mésentente conduit à des conséquences négatives : manque d’effort, la fragilité, la haine, la pauvret2, etc… – Bene rhuderhe kuguma bairha akabwa, bene ntuvanya bakafakwo (Les fils qui s’entendent ont tué un chien mais les fils qui ne s’entendaient pas en ont été victimes). Les Bashi, en bref, étaient éduqués sous la couverture de la solidarité (l’amour, l’unité) comme source de progrès de leurs conditions de vie.
C O N C L U S I O N
Pour Albert Tévoedjré (1978) « Nous sommes pour le développement qui résout des problèmes chez nous et qui ne veut pas nécessairement rattraper les autres dans les chiffres qui sont fallacieux….. ». Dans le même ordre d’idées, Paul VI (1967) ajoute que « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à -dire promouvoir tout homme et tout l’homme ». Dans cette conception, le développement africain vise à la fois la promotion de l’homme dans son rapport avec Dieu, avec lui-même, avec ses semblables et avec le monde. Pour les Bashi, la promotion sociale n’est possible que grâce à la solidarité. Ceci est vrai et ressort de notre recherche que pour étudier un thème à travers un recueil, nous ne devons pas choisir des proverbes provenant des langues différentes de celle du groupe social qui est la base de l’étude. Ensuite, on fait l’inventaire de tous les proverbes se rapportant de près ou de loin au sujet. L’autre étape est de regrouper les proverbes ayant le même sens et nuancer les différentes affirmations. L’affirmation de l’appartenance d’un proverbe à un thème donné peut de fois être justifiée par son contre exemple. Par exemple, Bagenda banga burhali bwoba (A plusieurs on n’a pas peur). Son contre exemple est Omuguma arhajira igendo (il est dangereux de se promener seul). Tout cela focalise sur l’avantage de l’unité, l’union, l’entraide, la complémentarité. Ainsi la solidarité était considéré comme le pivot du progrès et de succès par les Bashi dans leurs activités quotidiennes telle que l’agriculture, l’élevage, la construction, l’éducation, le mariage, le deuil, etc. C’est pourquoi ils enseignaient cette conviction d’une génération à l’autre à travers les proverbes, le majeur moyen de communication de l’époque. En bref nous concluons que la perception du développement dans les proverbes shi passe par la solidarité. Pour y arriver, à cette assertion, nous avons fait une analyse thématique telle que cela est présenté par l’Abbé ARISTIDE Kagaragu dans son recueil des proverbes, Emigani bali bantu. Dans cette analyse et interprétation des thèmes, le constat établi est que le thème principal commun à la majorité des thèmes est la SOLIDARIITE. Il fallait enfin chercher le pourquoi de la dominance de ce thème. En plus de la domination écrite, nous avons interviewé certaines personnes sages de ce groupe social et avons découvert que les Bashi cherchaient toujours à améliorer leurs conditions de vie. Ainsi pour y arriver seule la solidarité était le moyen le mieux indiqué comme nous rappelle ce proverbe : OMULUME AJIRWA N’OWABO.
REFERENCES
I. Ouvrages Généraux : 1. Jean CAUVIN, Comprendre les proverbes, Ed. Harmattan, 1982 2. Arestide KAGARAGU, Emigani bali bantu, 1 ère et 2 èmes parties
3. Georges DEFOUR, Le Développement Rural en Afrique Centrale, Théories et Essai d’Analyse Critique, Ed. Bandari, Bukavu 1994 4. MEISTER, A, Participation, Animation et Développement, Ed. Antrepas, Paris 1960 II. Revues : 1. R. KIZITO, African Proverbs for human dignity, dans ‘’ Pluriverse Africa, vol 27, n°4 October – December 1996 2. Revues ‘’ Cultures et Développement ‘’, Sud-Nord n°1, 3 et 4, 5 et 6, 13 et 14 de Déc. 1990 à Févr. 1994
14 Qualité des participants et Recommendations
a/ Qualité des participants
Au 1er jour, 322 participants et 200 au 2ème jour, distribués en 4 ateliers Animateurs de Développement Secrétaire/Bureau liaison /PREFED Etudiants : (ISDR, CUB, CUP, ISTM, ISGEA, ISECOF, UCB) Directrice Centre Olame Inspecteur Développement rural/Territoire Kabare Ingénieur Agronome SGAC/CUP Fonctionnaires de l’ISDR Coordonnateur Radio/KAHUZI Journalistes Agents de développement Autorités académiques des Universités et Instituts Supérieurs de Bukavu et de ses environs (Lwiro et Walungu) et CIDEP Directeurs Généraux et chercheurs de Centre de Recherche) de Bukavu, Lwiro, INERA Agents Bralima & Pharmakina Bourgmestre de la commune de Kadutu Autorités politiques & Administratives de la ville de Bukavu et de la Province du Sud-Kivu Chefs de Bureaux de l’Environnement Sud-Kivu Entrepreneur Chercheur ICCN/PNKB Superviseur comité Anti-Bwaki SCADM/ISIG-Goma PDG ISIG/Goma Animateur PLD, AFECEF Agents CARITAS, UNHCR Enseignants Instituts Supérieurs Privés de Bukavu Représentants des Eglises Animateur Pastoral Bibliothécaire Conseiller de bourgmestres Institutions représentées 1. Enseignement Supérieur et Universitaire Le Centre Interdisciplinaire pour le Développement (CIDEP)
01. Le Centre Universitaire de Bukavu (CUB)
02. l’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR-Bukavu)
03. L’Institut Supérieur de Développement Rural d’Itebero (ISDR-Itebero)
04. L’Institut Supérieur d’Ecologie et Environnement (ISEC-Lwiro)
05. L’Institut Supérieur de Gestion du Développement (ISGD-Walungu)
06. L’Institut Supérieur d’Informatique de Gestion (ISIG-Goma)
07. L’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu (ISP-Bukavu)
08. L’Institut Supérieur des Techniques du Développement (ISTD-Mulungu)
09. L’Institut Supérieur des Techniques Médicales (ISTM-Bukavu)
10. L’Université Catholique de Bukavu (UCB-Bukavu)
11. L’Université du CEPROMAD (ISGEA). 2. Centres de Recherche Scientifique
01. Centre de Recherches Géologiques et Minières (CRGM-Lwiro)
02. Le Centre de Recherches en Sciences Naturelles (CRSN-Lwiro)
03. L’Institut National pour l’Education et la Recherche Agronomiques (INERAMulungu) 3. Services Etatiques
01. Division Provinciale de l’Environnement et Conservation de la Nature
02. Division Provinciale du Plan
03. Service de l’Environnement / Commune de Kadutu
04. Parc National de Kahuzi-Biega 4. Organisation et Association non Gouvernementales 01. Association de Femmes cadres pour l’épanouissement de la Femme (AFECEF)
02. Pain pour les Déshérités (PLD)
03. Programme Régional pour la Formation et le Développement (PREFED)
04. Comité Anti-Bwaki
05. Bureau d’Etudes scientifiques et Technique (BEST)
06. Société Coopérative pour la Promotion Sociale (SOCOPS)
07. AJCEA (Nyangezi) HOGOLA
08. Comité Inter-marais du Bushi (CIM)
09. Centre OLAME
10. CARITAS – BUKAVU
11. Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR-Bukavu)
12. UPDBU
13. VAS – Kalonge
14. Promotion des Initiatives Locales (PIL)
15. Association Coopérative d’appui aux Populations (ACAP/Pharmakina)
16. Centre Universitaire de Paix. 5. Media
01. RTNC
02. Radio Kahuzi
03. Service Diocésain de Communication Sociale (SEDICOS)
6. Entreprises privées et chercheurs indépendants 1. BRALIMA
2. Un enseignant
3. Un Ir entrepreneur.
14 RECOMMANDATIONS
01. Au sujet de la dégradation de l’environnement constatée notamment par : – la urbanisation de la ville de Bukavu – le déboisement – les constructions anarchiques – les érosions et glissements de terrain – perturbations climatiques, hydrologiques. Les participants recommandent : * Que les structures étatiques concernées coordonnent l’action de tous les partenaires impliqués (associations à la base, les universités, ONGD, Sociétés privées, paraétatiques, Collectivités, etc.) Ensemble ils monteront un programme global et réuniront les moyens d’intervention et de suivi. * Que les universités, Instituts Supérieurs et les centres de recherches scientifiques soient dotés de moyens nécessaires pour démarrer urgemment un observatoire de prévention et de suivi des calamités naturelles. * Que soient promues les solutions alternatives telle que la tourbe dans l’exploitation des ressources énergétiques.
02. Concernant la baisse des productions agricoles et d’élevage liées à la diminution de la fertilité des sols, réductions des espaces culturaux et pastoraux, les maladies des plantes et bétail, la dégénérescence des semences, la persistance d’un élevage et une agriculture extensifs. Les participants recommandent : * Que les services publics et ONGD impliqués orientent les exploitant vers les types de productions intensifs et durables * Que la collaboration entre les institutions de recherche soient renforcées * Que les vulgarisateurs des semences améliorées tiennent compte des conditions agro-écologiques et habitudes alimentaires locales avant les diffusions des innovations.
03. A propos des problèmes de conditionnement, transformation et commercialisation des produits agricoles et d’élevage. Les participants constatent que les techniques simples de stockage et conditionnement ne sont ni assez étudiées ni vulgarisées. Il y a insuffisance des entreprises de transformation et la paralysie des filières de commercialisation consécutive à la détérioration des infrastructures de base. Il s’en suit une rupture entre les centres de production et les centres de consommation. Les participants recommandent :
* Que les efforts soient conjugués pour valoriser la production agricole locale avant de recourir à l’étranger. * Que les centres et Instituts de recherche soient dotés de ressources suffisants pour vulgariser en milieu paysan les techniques de stockage et de transformation & conditionnement déjà testées, pour poursuivre la recherche y afférente. * Que le pouvoir public remette urgemment en état de praticabilité les routes de desserte agricole et les autres voies de communication. 4. Concernant l’insécurité foncière et l’instabilité du pouvoir coutumier. Ce problème se manifeste à travers la multiplication des conflits fonciers, les rotations très rapides dans l’exercice du pouvoir coutumier, la très forte poussée démographique faisant pression sur les ressources foncières disponibles.
14 Les participants recommandent : * Que soit élaboré une politique cohérente des structures foncières tenant compte des besoins des paysans, * Que les programmes d’immigration des zones fortement peuplées vers les zones moins peuplées ainsi que la planification responsable des naissances soient bien étudiés et encouragés 5. Au sujet du problème épineux de malnutrition attestée par la recrudescence du kwashiorkor, marasme et autres avitaminoses, Les participants recommandent : * Que les Instituts et Centres de recherche soient encouragés à poursuivre les études sur les plantes sauvages, alimentation riches en nutriments. Que les résultats positifs de ces recherches soient vulgarisés en milieu paysan. Il en est de même du mini-élevage (élevage des aulacodes, des serpents, des cobayes, des grenouilles, chenilles, etc.) * Que tous les centres piscicoles existant soient réhabilités * Que les services publics encouragent une pêche rationnelle sur nos lacs et rivières. *Que soit renforcé et vulgarisé auprès des paysans, l’élevage laitier avec des géniteurs performants (vaches, chèvres,…) 6. A propos des problèmes de Santé Publique Il y a prévalence des maladies telle que le choléra, la bilharziose. Les participants recommandent : * Que les résultats positifs déjà obtenus dans les études sur les plantes molluscicides disponibles servent au démarrage de programmes de multiplication et de vulgarisation dans les périmètres irrigués.
* Que les mesures d’évacuation des déchets et ordures soient renforcées. Il en est de même des autres mesures de salubrité publique. 7. Concernant la question de “Gender” ou de l’égalité de droit de participation des femmes et des hommes dans le développement, les participants recommandent : * Que les sociologues, juristes, et autres spécialistes de la question soient encouragés à rechercher les amendements juridiques nécessaires * Que l’Etat et les ONGD accorde une place de choix à l’entreprenariat féminin et la formation de la femme. 8. Au sujet des difficultés de communication et gestion de l’information : Les participants constate que la Radio RTNC ne couvre pas assez la province du Sud/Kivu, la vétusté des appareils de communication, l’inadaptation des programmes et émissions par rapport aux besoins des auditeurs aux radios tant publiques que privées, persistance d’une technologie dépassée à l’aube du 3è millénaire, la paralysie des services postaux. Les participants recommandent : * Que les promoteurs de ces radios les dotent d’équipements performants. * Que la liberté de presse garantie par la Loi soit rigoureusement respecté. * Que les responsables de ces radios fassent participer les auditeurs à la conception et l’évaluation des émissions. * Que les voies de télécommunication actuelles (E-mail, Internet, Téléphone cellulaire et satellitaire) soient suffisamment accessibles aux populations. Il en est de même de l’informatique surtout dans les Universités et Instituts Supérieurs. 9. La crise des approches de développement. Les participants constatent un manque de synergie entre acteurs de développement à la base, l’absence de politique rationnelle de micro-crédits et des prix de produits agricoles, et l’exclusion des données culturelles dans la planification des actions de développement. Ils constatent aussi une forte dépendance financiers de beaucoup d’acteurs. 14, p. 247-251 Les participants recommandent : * Qu’il y ait un cadre de concertation et d’action qui permettrait d’éviter la dispersion des énergies et moyens ainsi que la répétition des erreurs. * Que soit redynamisé les divisions provinciales du plan et développement rural pour une meilleure coordination de ces actions. * Que l’Etat assure le contrôle de l’aide et garantisse son aboutissement à la base.
* Que l’aide financière extérieure soit planifiée en fonction de besoins de la base (pays demandeur, groupe à problème, etc.) * Que le bénéficiaires de l’aide extérieure développent des mécanismes d’autofinancement progressifs pour être à l’abri des aléas du financement extérieur. * Qu’à la base les promoteurs privés de micro-entreprises soient encouragés, particulièrement par l’octroi de micro-crédits. 10. A propos de la grave délinquance de l’Etat, Les participants observent : – L’insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire – La non exécution des planifications régionales existants – Une administration tracassière et inopérante – Impayement du modique salaire du personnel des services publics – Les participants recommandent que les efforts soient déployés pour instaurer un Etat de droit (Justice distributive, démocratie, bonne gouvernance, respect des droits humains, élections libres et transparents. * Que l’Etat garantisse la sécurité des personnes et de leurs biens ainsi que les droits élémentaires, tel que le salaire. * Que l’aide financière extérieure soit planifiée en fonction de la base (pays demandeur, groupe à problème, etc.) * Que les bénéficiaires de l’aide extérieure développent des mécanismes d’autofinancement progressifs pour être à l’abri des aléas du financement extérieur. * Qu’à la base les promoteurs privés de micro-entreprises soient encouragés. Particulièrement par l’octroi de micro-crédits. 10. A propos de la grave délinquance de l’Etat, les participants observent : – L’insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire – La non exécution des planifications régionales existantes. – Une administration tracassière et inopérante – Impayement du modique salaire du personnel des services publics – Les participants recommandent que les efforts soient déployés pour instaurer un Etat de droit (Justice distributive, démocratie, bonne gouvernance, respect des droits humains, élections libres et transparents. * Que l’Etat garantisse la sécurité des personnes et de leurs biens ainsi que les droits élémentaires, tel que le salaire.
L’application « Emigali bali bantu » pour Android désormais sur Play store. La télécharger et la vulgariser SVP
Très bien merci
Ogishwe lqrha.